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Lepaon divise la CGT pour tenter de rester en place

par Leïla de Comarmond

Publie le mercredi 17 décembre 2014 par Leïla de Comarmond - Open-Publishing
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Mardi, la commission exécutive de la CGT a renvoyé la question du départ de son numéro un, Thierry Lepaon, à une nouvelle réunion le 6 janvier. Avec ses soutiens, il tente de détourner le débat sur une démission du bureau confédéral.

La rencontre, lundi, de tous les dirigeants de fédération et d’unions départementales a eu beau montrer qu’il a perdu la bataille, le secrétaire général de la CGT, Thierry Lepaon, s’obstine. A la suite de ce rendez-vous, se déroulait ce mardi une nouvelle commission exécutive, la direction élargie de 56 membres de la centrale, qui devait fixer l’ordre du jour de la réunion extraordinaire du parlement du syndicat - son Comité confédéral national - que le syndicaliste a dû se résoudre à convoquer le 13 janvier. «  Laissez moi du temps  », a demandé en substance le leader cégétiste, qui n’a manifestement pas perdu espoir de l’emporter, malgré la multiplication des appels à sa démission. La commission exécutive a décidé de renvoyer le sujet au 6 janvier après une journée de débats violents. Derrière cette décision se cache une offensive interne pour tenter de sauver la tête du secrétaire général de la CGT ou, à tout le moins, de lui permettre d’organiser sa succession.
«  Le fusible du bureau  »

L’alliance qui avait commencé à se dessiner la semaine dernière des partisans des deux perdantes de la bataille de succession de Bernard Thibault, Agnès Naton et Nadine Prigent, avec les soutiens de Thierry Lepaon s’est confirmée. Elle s’est cristallisée dans la tentative d’obtenir une démission de l’ensemble du bureau confédéral mais pas forcément celle du secrétaire général de la CGT. «  Après le fusible du trésorier, c’est le fusible du bureau  », a contesté un membre de la Commission exécutive en désaccord. Tout le paradoxe est en tout cas que la direction resserrée de la centrale qui est ciblé désormais (8 membres autour de Thierry Lepaon depuis le départ de l’argentier, Eric Lafont) n’a aucune compétence financière, alors que la Commission financière de contrôle présidée par Michel Faivre-Picon n’est absolument pas inquiétée.

Mieux, alors que c’est à elle qu’il aurait dû incomber d’empêcher les dérives financières dans lesquelles est impliqué le leader de la CGT, elle est au contraire confortée puisqu’elle est censée faire le clair sur les responsabilités dans le coût exorbitant de la rénovation de l’appartement de fonction situé dans un quartier chic de Vincennes du numéro un de la CGT comme de son bureau et de sa prime de (faux) départ de la CGT (de son comité régional de Normandie vers la confédération).
Préparer le terrain à Philippe Martinez

La manoeuvre a l’intérêt de déplacer le débat de ces affaires qui contreviennent aux valeurs «  morales  » de la centrale vers un problème censé être politique qui serait celui d’une incapacité de l’équipe resserrée de direction autour de Thierry Lepaon à «  mettre en œuvre les orientations du 50e congrès  », selon les termes d’un de ses soutiens. Avec ce scénario de la table rase - car en réalité seul le leader cégétiste croit encore qu’il va pouvoir se maintenir -, il s’agit de préparer le terrain à Philippe Martinez.

On se souvient que début décembre, le secrétaire général de la fédération de la métallurgie a participé, avec quelques autres dirigeants de fédérations, à une réunion discrète avec Thierry Lepaon où a été évoqué le maintien de ce dernier à la tête de la CGT avec passage de relais au métallurgiste. Ce n’est pas un hasard si celui-ci s’est gardé de prendre position ce lundi lors de la réunion des fédérations et unions départementales. Cultivant une image de rassembleur et de légitimiste, cet ancien délégué syndical central de Renault est sorti de son silence ce mardi. Il aurait demandé la démission du bureau confédéral, en précisant avoir un avis moins tranché sur celle du secrétaire général... Il doit d’ailleurs contribuer à une note interne à diffuser aux organisations qui va affirmer la probité de Thierry Lepaon en reprenant probablement les arguments de la campagne médiatique et du complot interne ; une note au nom de la Commission exécutive, mais qui ne sera pas soumise pour validation à ses membres - une pratique devenue courante.
Aucun «  enrichissement personnel  »

C’est aussi la teneur des propos d’Agnès Naton ce mardi à l’AFP. A l’issue de la réunion de la commission exécutive, elle a déclaré que Thierry Lepaon avait reçu un soutien de ses pairs qui ont reconnu qu’il n’a profité d’aucun «  enrichissement personnel  » durant son mandat, même si «  des fautes individuelles et collectives  » ont été commises nécessitant des corrections dans les procédures.

C’est aussi la réplique de la défense du numéro un de la CGT le 9 décembre devant cette instance où celui-ci affirmait n’avoir commis aucune erreur, justifiant y compris sa prime de départ lorsqu’il a quitté le comité régional CGT de Normandie pour rejoindre la confédération CGT.

http://www.lesechos.fr/economie-france/social/0204022199500-cgt-lepaon-obtient-un-sursis-jusquau-6-janvier-1075940.php

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