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La CGT s’enfonce dans la crise, Lepaon s’accroche à son fauteuil

Publie le jeudi 18 décembre 2014 par Open-Publishing
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La CGT s’enfonce dans une des plus graves crises de son histoire : en refusant de démissionner, le numéro un Thierry Lepaon semble décidé à entrainer dans la tourmente toute ou partie de la direction confédérale, augurant de manoeuvres de succession périlleuses.

Epinglé pour des dérives financières liées à son train de vie, le secrétaire général n’a pas présenté sa démission mardi devant la Commission exécutive (direction élargie de 56 membres). Il a obtenu un délai de "réflexion" jusqu’à la nouvelle réunion de cette instance les 6 et 7 janvier.

Mais la réflexion de M. Lepaon semble s’orienter vers des initiatives pour préserver son fauteuil en faisant porter la responsabilité de la crise à d’autres membres du bureau confédéral qu’ils verraient bien prendre la porte.

"Il y a un problème de cohésion au sein du bureau confédéral qui nécessite des modifications", affirme une note adressée à toute l’organisation mercredi. La réunion des 6 et 7 janvier devrait "valider des propositions d’évolution totale ou partielle de la composition du bureau confédéral".

Au sein de ce bureau de dix membres (dont le secrétaire général et le trésorier qui a déjà rendu son tablier) plusieurs, notamment Eric Aubin - ancien candidat à la succession en 2012 - se sont opposés à la gestion de la crise depuis septembre par le numéro un.

Au départ larvée, la bataille est désormais ouverte au sein de l’appareil, dans une ambiance délétère. M. Lepaon dénonce ceux qui à l’intérieur de la CGT l’ont "jeté en pâture aux médias". Allusion aux révélations de presse sur les dépenses coûteuses dans son appartement de fonction et son bureau et le montant de ses indemnités, à l’origine de la crise.

Selon les Echos, cette tactique de "table rase" ne sera pas d’un grand secours à M. Lepaon et finira par préparer le terrain pour Philippe Martinez, numéro un de la fédération de la métallurgie.

Mais le métallurgiste - à supposer qu’il soit intéressé - devra encore recueillir une majorité, ce qui tient de la gageure.

 ’Une nouvelle équipe’ -

Le dernier mot revient le 13 janvier au Comité confédéral national (CCN, "parlement" de la CGT), seule instance habilitée à révoquer le numéro un et le bureau et à nommer une nouvelle direction, sur proposition de la Commission exécutive.

Plusieurs fédérations (services publics, fonction publique, construction) ont déjà réclamé la démission de M. Lepaon, mais pas celle du bureau.

La fédération du commerce, réunie mercredi, a, elle, "appelé à la démission du bureau confédéral. C’est la motion qui sera présentée au CCN", a indiqué à l’AFP son numéro un, Amar Lagha.

Tout en apportant son "soutien" à Thierry Lepaon, qui "subit une attaque injuste", M. Lagha estime qu’il ne pourra "pas repartir comme secrétaire général" et qu’il faut "une nouvelle équipe".

Il plaide pour la mise en place d’"un collectif collégial, pour aller vers le 51è congrès" de la CGT en 2016. D’autres fédérations, comme les services publics, se sont aussi prononcées pour "une direction collégiale" afin d’éviter une nouvelle guerre des égos.

Trois ans après la bataille pour la succession de Bernard Thibault - qui s’était dénouée par le choix en mars 2013 d’un leader par défaut, Thierry Lepaon - le premier syndicat français semble revenu à son point de départ.

Pour Jean-Marie Pernot, chercheur à l’Ires, la direction de la CGT devrait "trouver des compromis internes et faire taire les rancoeurs" et "donner des signes forts de rupture avec l’année et demie d’errance dans la gestion" de la centrale.

"S’ils ne bouchent pas les trous dans la coque, ça va prendre l’eau très vite" et "ce que la chute du mur de Berlin en 1989 n’aura pas réussi à faire à la CGT" alors inféodée au Parti communiste, "elle se le fait toute seule vingt ans après", relève cet analyste.

"Thierry Lepaon doit démissionner", il a "perdu sa légitimité", estime dans une tribune publiée dans le Monde Jean-Louis Moynot, ancien dirigeant de la CGT de 1967 à 1982.

Selon lui, les "fautes commises" par M. Lepaon, "graves et contraires à l’éthique du mouvement syndical et ouvrier, lui rendent impossible de conduire l’évolution culturelle de la CGT".

http://www.lepoint.fr/societe/la-cgt-s-enfonce-dans-la-crise-lepaon-s-accroche-a-son-fauteuil-18-12-2014-1890866_23.php

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