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Usine à poulets de Lannepax : déni de justice, le préfet aux bottes de Vivadour

par md

Publie le lundi 5 janvier 2015 par md - Open-Publishing

Bien vivre dans le Gers a gagné son recours contre l’élevage industriel de Lannepax

Dans son jugement du 14 octobre 2014, notifié le 10 décembre 2014, le tribunal administratif de Pau a donné raison à Bien vivre dans le Gers (dont le NPA 32 est membre fondateur) et certains des riverains de l’élevage industriel de Lannepax. La sentence est claire : « l’arrêté du 6 novembre 2011 est annulé ». Il s’agit de l’arrêté préfectoral qui autorisait l’exploitation de cet élevage par Mme Pelizza, une agricultrice de Lannepax qui servait de prête-nom à Vivadour.

Les motivations du jugement sont limpides. L’administration n’a pas pu vérifier que Mme Pelizza avait les capacités techniques et financières pour exploiter un tel élevage (en particulier en cas de fin d’exploitation). Et ce pour deux bonnes raisons, celles-ci ne sont pas démontrées dans l’enquête publique qui a précédé l’arrêté préfectoral. Et elles ne le sont pas car Mme Pelizza ne les a pas. Sa seule formation a consisté en quelques heures de cours sur le bien-être animal, un peu léger pour gérer une exploitation qui va voir passer plus de 725 000 poulets par an. D’ailleurs les échos que nous avons de cette exploitation depuis le début 2014 ne sont pas encourageants : de nombreux dysfonctionnements, une mortalité élevée, des problèmes sanitaires, et tout laisse penser que l’usage d’antibiotiques va bon train… Quant aux capacités financières, Mme Pelizza a dû emprunter la totalité des quelque 900 000 € à… Vivadour.

Le NPA 32 est mobilisé depuis août 2011 contre ce projet (maintenant en activité). Et notre opposition ne se limite évidemment pas aux seuls points retenus par le tribunal. Nous avons montré que cet élevage était au seul service de Vivadour, qu’il ne servait pas les intérêts des agriculteurs et des éleveurs gersois, qu’il était mauvais pour l’environnement, et en particulier pour l’eau, qu’il ne servait pas les intérêts des consommateurs, au contraire et qu’il maltraitait les animaux. Quant au chantage à l’emploi, nous avons aussi montré que de petits élevages et abattoirs créaient beaucoup plus d’emplois que cette monstruosité.
Le déchainement de Vivadour

Visiblement Vivadour et son emblématique président Christophe Terrain n’apprécie pas du tout de perdre un procès. Les réactions ne se sont pas fait attendre.

Les mêmes qui s’offusquent que les opposants du barrage de Sivens ne “respectent pas des décisions démocratiques”, n’hésitent pas à s’attaquer à la validité du jugement.
Christophe Terrain, patron de Vivadour

Commençons par celui qui mène le bal, C. Terrain qui s’exprime dans la Dépêche du 23 décembre : « Je trouve assez léger que le tribunal ne mesure pas les conséquences économiques de telles décisions. Il faut savoir par exemple que cette exploitation est un gros fournisseur de l’abattoir de Condom. » Donc selon M. Terrain, le droit devrait être asservi aux intérêts économiques. Pourtant le tribunal ne fait pas la loi, il ne fait que l’appliquer. En l’occurrence il n’a fait que suivre une jurisprudence bien établie. Quant à l’argument de l’abattoir de Condom, il aurait sans doute un peu plus de poids si M. Terrain nous rappelait que Vivadour était actionnaire de ce même abattoir.

Henri-Bernard Cartier, président de la chambre d’agriculture

Pour le patron, FNSEA, de la chambre d’agriculture du Gers (interviewé dans la Dépêche du midi du 2 janvier dernier), « le renard est dans le poulailler ». Qu’on le rassure, aucune renarde un peu futée n’irait manger des volailles aussi mauvaises de peur d’empoisonner ses renardeaux.

« Veut-on encore de la croissance, du développement en France ? Une partie de la société avec des relais forts dans les médias, la magistrature, paraît ne plus en vouloir. » Au risque de nous répéter, la magistrature des tribunaux administratifs ne fait qu’appliquer la loi. Si elle est au service de quelqu’un, c’est de celui de l’État, certainement pas de Bien vivre dans le Gers et de ses membres.

Et de reprendre la rengaine des emplois. Alors que la FNSEA pousse ses adhérents à toujours s’agrandir, ce qui entraine mécaniquement une baisse des agriculteurs dans notre département, M. Cartier comme M. Terrain voudraient nous faire croire qu’ils se soucient des salariés des abattoirs. Ces mêmes salariés qui sont payés au salaire minimum et qui travaillent dans des conditions extrêmement pénibles font partie du “Lumpenproletariat” (le sous-prolétariat décrit par Marx).

D’après M. Cartier, « les agriculteurs ne savent plus si la société veut encore d’eux ou pas ». MM. Cartier et Terrain, comme M. Beulin (patron de la FNSEA) passent leur temps à mettre de l’huile sur le feu et à essayer de monter les agriculteurs contre le reste de la société. C’est de ce genre de personnages que nous ne voulons plus. Non seulement nous n’avons rien contre les paysans mais nous voudrions que leur nombre augmente.
Jean-Marc Sabathé : le préfet a choisi son camp

M. Sabathé, préfet du Gers, fait semblant de ne pas comprendre le jugement de Pau, ce qui est évidemment pour le moins surprenant puisque c’est à lui, en tant que représentant de l’État, de faire appliquer le jugement.

Dans la Dépêche du midi du 2 janvier, M. Sabathé cherche clairement à gagner du temps et veut nous faire croire qu’on peut justement le remonter, le temps. Il suffirait donc à Mme Pelizza de montrer avec trois ans de retard qu’elle a les capacités financières et techniques pour que tout rentre dans l’ordre.

Inutile de dire que nous ne laisserons pas se réaliser ce petit-tour de passe passe et que le NPA 32 restera mobilisé au sein de Bien vivre dans le Gers.
Quelques mots sur l’agriculture et l’élevage que nous prônons

Le NPA est évidemment favorable à l’emploi, qu’il soit salarié ou paysan. Et pour cela, il faut changer de type d’agriculture. L’agriculture et l’élevage bio ont montré qu’ils étaient beaucoup plus créateurs d’emploi, entre 2 et 10 fois selon le secteur. Ils sont beaucoup plus respectueux de l’environnement et permettent même d’améliorer les terres qui ont été dégradées. Les petites exploitations, outre qu’elle créent des emplois pérennes, participent pleinement à l’aménagement du territoire. Il est vain de se battre pour le maintien des services publics dans les territoires ruraux si le nombre de paysans continue de décroitre.
http://www.npa32.fr/spip/spip.php?article1106