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Wolinski : un article publié dans "l’Humanité" en 2010

par José Fort

Publie le mercredi 7 janvier 2015 par José Fort - Open-Publishing

Mais que nous fait-il Georges ? Une petite déprime, un moment de nostalgie ? Voilà qu’en refermant son dernier ouvrage « Pitié pour Wolinski » (1) on verserait presqu’une larme. Le petit juif de Tunis raconte sa jeunesse, sa famille, ses amours, ses drames, ses copains avec sa patte talentueuse de dessinateur et son humour décapant. Mais il prévient ses juges : « Je préfère mourir idiot que mourir odieux » réplique-t-il dans une bulle destinée à son éditeur qui lui demande « moins de cul » et plus « d’insultant, d’obscène, de méchant, de cruel, de malsain… »

Wolinski met en scène sa vie familiale, amoureuse (ses parents, sa première femme disparue dans un accident, Maryse sa compagne dont il reste follement amoureux) son parcours professionnel. Avec, comme à son habitude, des seins nus et des scènes cocasses. Il y a aussi une certaine tristesse lorsqu’il fait dire à son héros – lui même à vingt ans - : « Je n’aime pas cette époque, son indécence, son immoralité, sa littérature écrite à la va vite, l’escroquerie de l’art contemporain, les chansons sans romantisme, le rire sans humour. »

Ses vieux copains de Hara-Kiri, Cavanna, Cabu et les disparus Reiser et Choron en prennent une louche, toujours avec une forte amitié et une complicité sans faille. Quant aux lecteurs de « l’Humanité », ils en sauront un peu plus sur son entrée au journal (1976) et les réactions qu’elle a suscitées puis son départ vers d’autres aventures. « Es-tu libre de faire ce que tu veux chez les cocos » lui demande un de ses interlocuteurs. « Je t’assure on ne me censure jamais », répond Wolinski qui s’attire cette réplique : « Alors, ils sont plus malins que je le pensais ces fumiers ! »

Georges Wolinski n’a jamais été communiste et encore moins membre du PCF. Cet homme que j’ai approché lors de voyages ou au cours de dîners est un humaniste, un révolté par toutes les injustices d’où qu’elles viennent. On connaît son talent (un jour ouvrira-t-il son atelier secret et ses toiles ?), on connaît moins sa sensibilité, son sens de l’écoute, sa générosité. Deux personnages à « l’Humanité » l’ont marqué à jamais : René Andrieu et Roland Leroy à qui il voue une grande amitié. D’autres n’auraient certainement pas convaincu l’ami Georges de dessiner à la « une » de « l’Huma ».

Il ne loupe aucune fête du journal, hier à la Courneuve, aujourd’hui au Bourget. Pour une simple raison : « J’y suis chez moi et je rencontre de vrais gens, des gens qui ne trichent pas. »

Wolinski est un type bien. Plongez-vous dans son dernier ouvrage. Pour rire, bien entendu. Mais pas seulement : découvrez l’autre facette du personnage, celle d’une célébrité qui a su rester un honnête homme et qui en rigole encore et encore.

José Fort

Un article publié dans "l’Humanité" du 23/2/2010