Accueil > Le ministre des Affaires religieuses : « Les Algériens ne doivent pas (...)

Le ministre des Affaires religieuses : « Les Algériens ne doivent pas céder à la provocation »

par El-Houari Dilmi

Publie le mardi 20 janvier 2015 par El-Houari Dilmi - Open-Publishing

« Les conséquences des attentats de Paris seront lourdes sur la communauté musulmane en général, et les Algériens en particulier », a indiqué hier, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, M. Med Aïssa.

En effet, répondant à une question sur les retombées des attentats contre le périodique satirique Charlie Hebdo et à Montrouge, Med Aïssa a indiqué que « les conséquences de ces attentats seront, à l’avenir, lourdes, et même très lourdes, la stigmatisation touchant particulièrement les Algériens », a-t-il souligné. Le ministre des Affaires religieuses s’est dit « inquiet », en particulier, expliquant que les rapports fournis par l’observatoire sur l’islamophobie, dirigé en France par le professeur Zekri, « ne sont pas très rassurants ». « Nous sommes en contact permanent avec la fondation de la Grande Mosquée de Paris pour essayer d’apaiser les tensions, et surtout sensibiliser les Algériens sur la nécessité de respecter les mesures exceptionnelles de sécurité prises par le gouvernement français », a-t-il expliqué. « La période de l’après-attentat contre Charlie Hebdo sera difficile pour tout le monde », a encore alerté Med Aïssa, ajoutant que le gouvernement algérien « fera tout pour protéger ses ressortissants établis en France et en Europe ». Parce que « le terrorisme n’a pas de nationalité ni de religion, ce serait une grave erreur que d’incomber la responsabilité de ce qui s’est passé à Paris aux Algériens ; le fait que ceux qui ont commis ces attentats soient d’origine algérienne ne veut pas dire que nos ressortissants, installés en France ou en Europe, en sont responsables », a tranché Med Aïssa, ajoutant que « ce n’est pas les musulmans ni le Coran qui sont responsables de cet attentat ; il s’agit d’une dérive qui relève d’un problème franco-français », a-t-il expliqué. Rappelant le message fondamental de l’islam, l’invité de la radio a estimé qu’il était « essentiel d’immuniser la communauté algérienne établie en Europe ; parce qu’il faut arrêter d’éclabousser l’islam, une religion de modération, d’acceptation de l’autre et de convivialité », a-t-il indiqué. Rebondissant sur les attentats de Paris du 7 janvier dernier, Med Aïssa a considéré qu’il « était doublement faux pour les responsables de l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo de continuer à heurter la sensibilité des musulmans avec leurs caricatures clairement blasphématoires ». Au sujet des attentats, Med Aïssa s’est dit « très intrigué quant aux motivations des auteurs des attentats », les imputant à des « conditions sociales particulières », mais également par la « stigmatisation et l’islamophobie persistantes distillées dans les médias et dans les soi-disant débats intellectuels ».

Au sujet des nouvelles caricatures ciblant le Prophète (QSSL), le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a appelé les Algériens « à ne pas céder à la provocation », rappelant, au passage, qu’il s’agit-là « d’une provocation à l’égard des musulmans du monde entier, et ce n’est ni la première ni la dernière », a-t-il regretté. A propos des manifestations de vendredi dernier, dans certaines villes d’Algérie, en réaction aux dernières caricatures sur l’islam, Med Aïssa a d’abord rappelé que les imams des 15.000 mosquées d’Algérie ont appelé à ne pas sortir dans la rue, avant de reconnaître le « caractère spontané » des manifestations, « avant que des personnes malintentionnées ne les récupèrent, provoquant des situations qui ne relèvent pas de l’éthique des Algériens », a-t-il expliqué. Parlant de mouvance dite « islamiste » selon lui, et qui serait derrière la récupération de ces mouvements de colère, il a expliqué que « les Algériens sont immunisés contre toute tentative de récupération ». Rappelant que le pape François avait lui-même appelé à ne pas insulter la foi des autres ni à tourner en dérision la religion, le membre du gouvernement a estimé que la liberté d’expression avait des limites, « surtout lorsque celle-ci attente aux sentiments des personnes et à ce qu’ils considèrent comme sacré », a-t-il souligné.

http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5208651