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A Mme le Maire de Lille

par RBK Lille

Publie le mercredi 21 janvier 2015 par RBK Lille - Open-Publishing
2 commentaires

Rudolf Bkouche
5/61 Résidence Citeaux
Parc Saint Maur
Avenue Mormal
59800 Lille
tel : 09 64 18 89 24 & 06 33 31 52 39
émail : <rbkouche>
à Madame La Maire de Lille

Madame la Maire de Lille,
J’apprends qu’il est question de sanctionner trois agents de la Mairie de Lille pour refus d’obtempérer à l’ordre de minute de silence organisée pour commémorer les assassinats de la semaine dernière. Une telle décision me semble incroyable. Comment la Maire d’une grande ville de France, de surcroît membre du Parti Socialiste, peut-elle se livrer à un tel manquement à la liberté d’expression des employés de la Mairie qu’elle dirige.
Enseignant à la retraite depuis quinze ans, je peux vous assurer que si j’avais encore été en activité, j’aurais refusé cette minute de silence imposée par l’Administration.
L’Etat, en la personne du Président de la République, a transformé l’émotion qui s’est développée dans le pays après les meurtres de la semaine dernière en opération à grand spectacle ; d’une certaine façon, cela relève de l’imposture. Il faudrait pour montrer patte blanche d’une part participer à une minute de silence imposée et d’autre part se réfugier dans le nouveau slogan à la mode "je suis charlie". Cette participation à la bêtise ambiante serait ainsi la preuve que l’on condamne les assassinats perpétrés par des terroristes se réclamant de l’Islam. Il m’est impossible d’accepter que l’on fasse de ce rituel imbécile une preuve de bonne foi quant à la condamnation des assassinats. Ce serait prendre les citoyens pour des imbéciles prêts à accepter les injonctions des autorités dites supérieures. Ce serait imposer à ces mêmes citoyens une forme d’expression imposée et tout cela au nom de la défense de la liberté d’expression. Sans oublier que cette mascarade est une injure à la mémoire de Cabu et Wolinsky qui ont appris à nombre de personnes de ma génération la valeur de l’irrespect. Mais il est vrai que, Cabu et Wolinsky assassinés, il est préférable d’en faire des icônes, cela peut toujours servir.
Je vous demande donc, Madame la Maire de Lille, de mettre fin à ces poursuites imbéciles contre des employés qui, pour des raisons que nous n’avons pas à juger, ont refusé de participer à la mascarade officielle.
Je vous prie Madame la Maire de Lille de recevoir l’expression de ma considération.

rudolf bkouche
ancien professeur à l’Université de Lille 1

ps : Le me permets de vous informer que cette lettre sera diffusée autant que nécessaire. Il est inadmissible qu’un gouvernement dit de gauche joue sur les émotions populaires à la façon des pires Etats totalitaires, montrant ainsi le mépris qu’il porte au peuple. Il est tout aussi inadmissible que des édiles, au nom de je ne sais quelle unité nationale se plient à ce jeu.

Messages

  • une chose est sinon rassurante, du moins encourageante, au sens de donner du courage, c’est que des profs, même s’ils n’ont pas les moyens de refuser, disent ce qu’ils pensent devant les classes, sur une base non religieuse, et ils sont appréciés des élèves pour ce démarquage

    nous avons un précédent en France, puisque une minute de silence de ce type a été instaurée (?) après le 11 septembre 2001. Je travaillais alors dans une grande administration d’Etat, et nous étions confrontés à cette "obligation" de participer, des camarades de divers syndicats, partis de gauche et extrême, etc.

    nous avons décidé d’un texte, et nous l’avons lu après la minute de silence (en présence d’un Ministre, on n’avait pas le trop le choix). Je précise que ce n’était porté par aucune de nos organisations, mais par des individus de façon transversale qui n’acceptaient pas de se plier à cette mascarade qui annonçait la suite (PatriotAct, guerre, participation de la France, et désolé : soutien de Charlie Hebdo). Ce fut un petit scandale, et puis tout est retombé... y compris les sanctions masquées, avec le temps, des promos, des "carrières" qui s’arrête-là, comme par hasard, alors que dans la Fonction Publique, les syndicalistes "permanents" ont eux la garantie d’avancer au moins à la moyenne de ceux qui bossent et militent « aux côtés des travailleurs » (expression con-sacrée des directions syndicales)

    choisir, c’est renoncer

  • Espoir : il y a encore en France des gens intelligents qui savent revenir à l’essentiel des "valeurs de la République". Ceux-là n’animeront jamais le bal des faux-culs. Pas nombreux, d’autant plus précieux.