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Sarkozy, Chirac, VGE : le palmarès des ex-présidents qui coûtent le plus cher aux contribuables

par David Bensoussan

Publie le mardi 27 janvier 2015 par David Bensoussan - Open-Publishing
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Le député René Dosière, grand pourfendeur du train de vie de l’Etat, publie ce mardi un rapport au vitriol sur les frais des anciens présidents de la République. Il en coûterait 6 millions d’euros par an aux contribuables.

Revoilà René Dosière. Le grand pourfendeur du train de vie de l’Etat s’attaque à une nouvelle cible et révèle ce mardi 27 janvier, sur son blog, le détail des frais des ex-présidents : il en coûterait aux contribuables plus de six millions d’euros par an ! Le député socialiste s’est même risqué à concocter un petit palmarès. Et c’est Valéry Giscard d’Estaing qui arrive en tête des dépenses avec 2,5 millions devant Nicolas Sarkozy (2,2) et Jacques Chirac (1,5). Comment expliquer ces chiffres ?

Le régime de faveur des "ex" est décrit sommairement dans une lettre envoyée par Matignon à VGE en 1985, qui est longtemps restée secrète. Il y est précisé que l’Etat prend à sa charge "un appartement de fonction meublé et équipé", les frais courants, la protection des résidences privées et les salaires d’au moins treize employés (assistants, secrétaires, officiers de sécurité rapprochée, chauffeurs, intendants). La lettre ne fixe aucun plafond de dépenses ni aucune limite de temps. Reconstituer la taille des effectifs et le coût de ces avantages relève du parcours du combattant. Mais cela n’effraie pas Dosière, qui a multiplié les questions écrites auprès de Matignon des ministères.
Chauffeurs, conseillers, secrétaires...

Premier poste de dépenses : les frais de personnel. Selon le député, ils seraient de 0,9 million pour Jacques Chirac, 1,1 million pour VGE et 1,2 million pour Nicolas Sarkozy. D’après des documents officiels obtenus par un ancien élu écologiste Raymond Avriller et révélés récemment par Mediapart, Nicolas Sarkozy dispose de deux chauffeurs et huit collaborateurs (sept quand sa conseillère com’ Véronique Waché rejoindra l’UMP). Cinq d’entre eux sont contractuels, rémunérés entre 5.200 et 7.000 euros nets par mois.

L’équipe de VGE se compose elle aussi de dix personnes auxquels il faut ajouter trois maîtres d’hôtel détachés par la Marine. "Le rythme d’activité de Valéry Giscard d’Estaing n’a pas baissé : il siège au Conseil constitutionnel, à l’Académie française, donne des conférences et continue d’écrire", justifie Olivier Revol, son chef de cabinet, qui a joué le jeu de la transparence et accepté rapidement de répondre à nos questions. A noter que depuis un décret de 2004, les collaborateurs des anciens présidents bénéficient, comme les conseillers ministériels, d’ "indemnités de sujétion particulières". Au total, ces primes se sont élevées, l’an passé, à 579.000 euros dont 300.000 euros pour l’équipe de Nicolas Sarkozy.

et 15 gendarmes autour de la maison de VGE

Un flou règne néanmoins autour des officiers de sécurité. Officiellement, ils sont deux à chaque fois. Mais des sources policières, évoquées par l’AFP dans une dépêche de 2013, indiquaient que dix agents étaient mobilisés pour protéger Nicolas Sarkozy, huit pour Jacques Chirac, six pour VGE, les équipes se relayant par binôme pour assurer une présence continue. Olivier Revol s’en tient lui au chiffre de deux. Pour y voir plus clair, René Dosière a demandé des précisions au ministère de l’Intérieur. Mais il attend depuis plus de six mois.

Le député n’a pas non plus obtenu de réponse de la place Beauvau sur le coût des dispositifs de protection des domiciles et résidences secondaires. Faute de mieux, il l’a estimé à 1,1 million pour VGE, s’appuyant notamment sur un rapport parlementaire de 2009, qui mentionnait la présence de 15 gendarmes pour garder sa propriété d’Authon dans le Loir-et-Cher. La dépense pour Jacques Chirac est évaluée à 0,4 million, le même rapport indiquant que six gendarmes veillaient sur le château familial de Bity en Corrèze. Enfin, le coût pour Nicolas Sarkzoy serait de 0,7 million. Là encore, des incertitudes demeurent sur la surveillance de la propriété du Cap Nègre, appartenant à la famille de Carla Bruni. Le Parisien avait évoqué cinq équipes de trois CRS se relayant, Nicolas Sarkozy s’en tenant au chiffre de trois.
Un débat public sur ces aides

Denier poste de dépenses : les frais de fonctionnement. Là aussi, c’est VGE qui s’avère le plus "coûteux". Ses superbes bureaux du boulevard Saint-Germain sont plus chers (277.000 euros par an) que le onze pièces de Nicolas Sarkozy rue de Miromesnil (226.000 euros) ou que l’appartement de Jacques Chirac rue de Lille (193.000 euros). Les chiffres de Dosière n’incluent pas les frais de déplacements, les billets SNCF et Air France étant intégralement pris en charge. Ils n’intègrent pas non plus les "dotations" personnelles versées à vie aux anciens présidents, de l’ordre de 6.000 euros par mois. Ces dernières s’ajoutent aux pensions de retraite issues d’autres mandats nationaux et locaux ou de leur carrière dans la fonction publique. Ainsi, Jacques Chirac touche plus de 13.000 euros par mois comme ancien député, maire de Paris et magistrat de la Cour des comptes.

Au-delà des chiffres, René Dosière plaide pour plus de transparence et souhaiterait qu’un décret fixe le statut des "ex" et leurs moyens. "Le débat sur ces avantages doit avoir lieu publiquement. Personnellement, je suis favorable à ce que l’Etat assure leurs dépenses mais pendant une durée maximale de cinq ans." Autre condition : que les anciens chefs d’Etat ne touchent pas de rémunération privée (hors activités intellectuelles) ou n’aient pas de rôle politique de premier plan. Nicolas Sarkozy doit avoir les oreilles qui sifflent : le contribuable finance une partie de sa logistique alors même qu’il bénéficie déjà d’une équipe de collaborateurs comme patron de l’UMP. Mais Dosière la joue prudent : "pour éviter tout procès d’intention, le décret préciserait que ces restrictions ne s’appliqueraient pas aux anciens présidents actuels."

Enfin, l’élu rappelle une fois de plus que les "ex" ne devraient pas être membres de droit du Conseil constitutionnel. Si Nicolas Sarkozy n’y siège pas tout comme Jacques Chirac en raison de ses ennuis de santé, VGE fait lui bien partie des sages de la rue de Montpensier. Il touche à ce titre 12.000 euros de plus par mois. Mais Dosière ne voudrait pas léser son glorieux aîné. Il propose qu’en échange la dotation de 6.000 euros soit revalorisée.

http://www.challenges.fr/politique/20150127.CHA2561/sarkozy-chirac-vge-le-palmares-des-ex-presidents-qui-coutent-le-plus-cher-aux-contribuables.html

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