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Le Japon ébranlé par l’assassinat de ses deux otages par Daech

par François d’Alançon

Publie le dimanche 1er février 2015 par François d’Alançon - Open-Publishing

Daech a revendiqué le meurtre de l’otage japonais Kenji Goto, le deuxième assassinat d’un otage japonais en une semaine.

Le premier ministre japonais Shinzo Abe s’est indigné contre un « acte de terrorisme ignoble ».

Le premier ministre japonais Shinzo Abe a réaffirmé sa détermination dimanche 1er février 2015, après la diffusion de la vidéo du groupe État islamique, affirmant avoir « exécuté » le journaliste Kenji Goto, enlevé l’automne dernier en Syrie.

« Le Japon est fermement résolu à prendre ses responsabilités en lien avec la communauté internationale pour combattre le terrorisme » et pour que ceux qui en sont responsables « soient traduits en justice » a assuré Shinzo Abe, visiblement très ému. « C’est un acte de terrorisme ignoble contre lequel je suis très en colère. Nous ne pardonnerons jamais aux terroristes. »

Kenji Goto, né en 1967 et père de deux jeunes enfants, était un journaliste indépendant qui fournissait des reportages sur le Moyen-Orient aux chaînes de télévision japonaises.
La mise en scène de Daech

Daech (acronyme arabe du groupe État islamique, EI) a revendiqué, samedi 31 janvier, l’assassinat de l’otage japonais. L’EI avait déjà annoncé, il y a une semaine, avoir tué un premier otage japonais, Haruna Yukawa, capturé en août en Syrie, avant que Kenji Goto n’aille à sa recherche et ne soit enlevé à son tour.

Dans la nouvelle vidéo, diffusée samedi 31 janvier sur Twitter, on voit Kenji Goto en tenue orange à genoux, à côté d’un homme debout, masqué et tout de noir vêtu, avec un couteau à la main. La dernière image présente un corps sans vie. Selon le centre de surveillance des sites islamistes SITE, le bourreau à l’accent britannique est le même que sur les précédentes vidéos de décapitation d’otages occidentaux par l’EI. Cet homme affirme que l’exécution de Kenji Goto « punit » la « participation irresponsable » du Japon à la guerre de la coalition internationale contre les djihadistes.
Condamnations internationales

Le président américain Barack Obama a condamné un « meurtre odieux ». Son homologue français François Hollande a fait part de son indignation, soulignant que la France était « solidaire du Japon dans cette nouvelle épreuve ». Le premier ministre britannique, David Cameron, a qualifié cet acte de « méprisable » et « effroyable ». Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a condamné « l’assassinat barbare de Kenji Goto » et « appelé à la libération inconditionnelle de tous les otages détenus par Daesh (EI) et d’autres ».
Incertitudes sur le sort du pilote jordanien

Les djihadistes n’ont fait aucune mention du pilote jordanien Maaz al-Kassasbeh, lui aussi menacé de mort. Ils avaient fixé un ultimatum qui expirait jeudi, jurant de le tuer si la Jordanie ne relâchait pas Sajida al-Rishawi, une Irakienne condamnée à mort dans le royaume, en échange de Kenji Goto.

La Jordanie « fera tout pour sauver et libérer son pilote » et « condamne vivement » l’exécution d’un second otage japonais par l’EI, a déclaré, dimanche, le porte-parole du gouvernement jordanien. Le porte-parole a également assuré que la Jordanie n’avait « épargné aucun effort, en coordination avec le gouvernement japonais, pour sauver la vie » de Kenji Goto.

Dans une déclaration à l’AFP, le père du pilote, Safi al-Kassasbeh, a exprimé « sa solidarité » avec la famille de l’otage japonais décapité et a formulé l’espoir que son fils était toujours en vie. « Maaz est notre fils et il est aussi le fils de l’armée, l’État (jordanien) est responsable de sa vie. J’espère qu’il est en vie. »

Maaz al-Kassasbeh a été capturé par l’EI en décembre après l’accident de son F-16 en Syrie où il menait un raid dans le cadre de la coalition internationale dirigée par les États-Unis. Depuis plusieurs jours, Amman exige une preuve que son pilote est vivant avant d’envisager de libérer la prisonnière irakienne, condamnée à mort pour son implication dans des attentats ayant fait 60 morts en Jordanie en 2005.

http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Le-Japon-ebranle-par-l-assassinat-de-ses-deux-otages-par-Daech-2015-02-01-1275544