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La presse française mène la charge anti Syriza

par Marianne

Publie le mercredi 1er avril 2015 par Marianne - Open-Publishing
6 commentaires

"Finis les enfantillages ! Rangez vos jouets, vous vous êtes bien amusés, mais maintenant il s’agit de rentrer dans le rang ! De toute façon, ça ne marche pas et ça ne marchera jamais !" Ils sont comme ça nos éditorialistes. Avec les Tsipras et les Varoufakis, ils aiment jouer les pères Fouettard. Ou plutôt les mères Merkel...

Il faudrait écrire la folle histoire de la cabale anti Syriza menée par la presse française. On y retrouverait la morgue et la suffisance de ceux qui ont mené (et perdu) le combat pour le « oui » au Traité constitutionnel européen, en 2005. Ces grands esprits traitent les nouveaux dirigeants grecs avec la même délicatesse que les partisans du « non » voués au démon de l’inquisition idéologique. A les lire, rien n’est possible hors des traités coulés dans le marbre pour l’éternité. Quiconque en dévie mérite les feux de l’enfer.

Tel est l’antienne de Jean Quatremer, de Libération, de Dominique Seux, du journal Les Echos (et de France inter quand il n’y a pas de grève), et de Nicolas Barré, qui lui officie aussi aux Echos tout en portant la bonne parole à Europe 1, au nom du pluralisme à une voix. C’est également l’avis d’Axel de Tarlé, autre chroniqueur d’Europe 1, et qui agrémente Le Journal du dimanche de sa forte pensée.

Dans l’une de ses dernières chroniques, Axel de Tarlé décrivait un Alexis Tsipras « reparti piteusement de Bruxelles », tancé par un François Hollande lui disant en substance : « Allez ouste ! Fini de rire, au travail ! » Et Axel de Tarlé d’ajouter : « C’est la fin de l’illusion Syriza », dont le programme relevait « du coup de baguette magique ».

Bien informé, le chroniqueur sachant chroniquer notait : « D’ailleurs, les Grecs eux-mêmes ne semblaient pas y croire ». S’ils ont voté Syriza, en somme, c’est parce qu’ils sont masos. Axel de Tarlé pousse alors le cri de victoire qui rallie tous les orthodoxes : « Une fois de plus, on le voit, le plan B n’existe pas. C’est la victoire du “TINA” de Margaret Thatcher, there is no alternative (« Il n’y a pas d’alternative ») incarné aujourd’hui par Angela Merkel ». Merci pour ce moment de liesse générale.

Le Monde, qui mène l’offensive anti Syriza depuis le début (n’est-ce pas Arnaud Parmentier ?) n’a pas voulu perdre la main. Le journal du soir a donc publié une double page dont le titre est tout un symbole : « Le rude apprentissage européen de la Grèce ».

A ce simple énoncé, on devine qu’on va découvrir comment un pays membre de l’UE depuis 1981 peut se voir administrer une leçon de rattrapage sur les us et coutumes et vigueur à Bruxelles. C’est normal vu que Le Monde répète par trois fois qu’Alexis Tsipras est un « jeune » Premier ministre, autrement dit un nouveau venu qu’il est important de bizuter. C’est pourquoi ce dernier « a pris des cours accélérés d’Europe », afin de « respecter les règles ». Comme le dit un ministre : « On te comprend, tu dois comprendre comment l’Europe marche ». Traduit en bon français, cela signifie : « On te laisse parler, mais tu dois nous laisser agir ».

Tsipras entend-il mettre un terme à la folie des privatisations en laissant 51% du capital sous contrôle public ? Réponse d’Angela Merkel : « Ça n’intéresse personne ». Ah bon. Yanis Varoufakis, ministre des Finances, veut-il détailler les dégâts de l’austérité ? Michel Sapin tranche : « Ce n’est pas comme ça que l’Europe fonctionne ». Bien, Michel. A tes ordres, Michel.

A-t-on au moins le droit de penser autrement qu’un eurocrate pur et dur et de le dire à haute voix ? Pas vraiment, si l’on en croit ce commentaire de Michel Sapin à propos d’Alexis Tsipras : « Il faut qu’il fasse atterrir ses troupes et que Syriza s’adapte et resdescende sur terre ». Autrement dit, il faut que Tsipras fasse du Samaras, son prédécesseur, tout comme François Hollande fait du Nicolas Sarkozy avec la réussite électorale que l’on sait.

Pierre Moscovici, ex-ministre reconverti en commissaire européen, le dit d’ailleurs tout de go à ses interlocuteurs du Monde, ravis du propos : « La question est de savoir, maintenant, si le gouvernement grec est capable de présenter un programme de réformes sur lequel il n’a pas été élu ».

A Paris comme à Bruxelles, faire le contraire de ce que l’on dit et dire le contraire de ce que l’on fait, c’est le summum de la politique. Reste à savoir s’il en sera de même, ou pas, à Athènes.

http://www.marianne.net/presse-francaise-mene-charge-anti-syriza-100232462.html

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Messages

  • Il suffisait de le dire et de le publier... Comme au temps du TCE , les mêmes sonnent la charge.

  • Et s’il n’y avait que les médias "mainstream" - qui ne font plus de l’information, mais de la propagande - pour bavasser sur Syriza (ou Podemos)....Je ne citerai personne, Marx reconnaitra les siens.

  • Siryza pour Hollande et Merkel, c’est comme le Vénézuela pour Obama : Le vilain petit canard qui veut pas rentrer dans le rang... Les pauvres dérangent quand ils se battent pour leurs droits et pour l’ensemble de l’humanité !

  • On atteint le fantastique !

    Nos idéologues en chefs font l’éloge du zélé Portugal et tancent l’indocile Grèce. Mais dans le même temps où la même politique voulue par Bruxelles était appliquée volontiers par l’un et était imposée de mauvaise grâce à l’autre, les deux pays ont vu leur dette passer de 90% à 130% du PIB. (Chiffres arrondis, le bon géomètre raisonnant juste sur des figures fausses.)

    Même politique, même résultat fort mauvais, mais "TINA" !

    Nos "européens convaincus" nous ont appelés à voter pour "l’Europe" en 1992 et en 2005, car il faut bien sûr "construire l’Europe", et c’est grâce à eux qu’on aurait la paix sur le continent.

    Sauf que dès qu’un peuple bouge, ils excitent les autres contre lui. C’est ainsi qu’au lendemain des élections grecques ils affirmaient que ça allait coûter plus de 600 € à chaque Français et criaient haro sur les Grecs.

    Les peuples européens en concurrence sauvage les uns contre les autres, on a voté non en 2005, mais ils ont fait comme si on avait dit oui.

    C’est ce qu’ils appellent la démocratie et la paix.

    Et en plus, il y en a qui collent une étiquette de gauche sur tout cela !

    Et quel est le résultat le plus probant de la fraude à l’étiquette de gauche ? Les Allemands l’ont vu en 1933, mais ils l’ont oublié.

    Donc, ça va recommencer.

  • Par contre, si l’on en croit RFI, "L’Allemagne réitère son soutien financier à l’Ukraine" :

    "La chancelière allemande Angela Merkel a rencontré son homologue ukrainien Arseni Iatseniouk, mercredi 1er avril. L’Allemagne, à cette occasion, a réitéré sa solidarité avec le gouvernement ukrainien, également sur le plan financier avec des crédits de 500 millions d’euros."

    Source : http://www.rfi.fr/europe/20150402-allemagne-ukraine-angela-merkel-arseni-iatseniouk/

  • La presse Française s’ incluant dans un lobby je n’attends rien de positif de sa part,
    en effet lorsque l’ on assiste a une dégradation des conditions d’ habitat en ile de France, du à ’une spéculation immobilere et qu’ il n’ y a jamais de tables rondes médiatiques pour envoyer un message d’ alerte aux pouvoir publique, on ne peut pas leurs faire confiance .