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Loi sur le renseignement : après Altern.org, Eu.org déménage ses serveurs hors de France

par Fouzi Habibi

Publie le vendredi 17 avril 2015 par Fouzi Habibi - Open-Publishing
1 commentaire

Suite au vote à l’assemblée nationale de la loi relatif au Renseignement, Eu.org annonce qu’il procédera au déménagement de tous ses serveurs de noms hors de France.

Pour l’hébergeur, cette loi, dont le texte doit encore être voté définitivement à l’assemblée le 5 mai 2015, puis au sénat, « instaure une surveillance légale systématique du trafic Internet par les services de renseignement français, dans des conditions d’opacité complète, sous la seule responsabilité de l’exécutif, sans contre-pouvoir. Ce trafic inclut notamment des requêtes de résolution DNS des utilisateurs accédant aux 28 000 domaines délégués par Eu.org ».

Eu.org explique qu’il ne peut « moralement laisser en toute connaissance de cause le trafic de ses utilisateurs — incluant des sites d’activisme politique dans le monde entier — et, par ricochet, le trafic d’accès de leurs propres utilisateurs, exposé à de telles écoutes ».

Eu.org invite « les citoyens à contacter les députés et sénateurs pour leur faire part de leur inquiétude via le site sous-surveillance.fr, créé par l’association de défense des libertés Quadrature du Net. Fondé en 1996 pour faciliter l’accès aux noms de domaines par les particuliers, eu.org a toujours eu à cœur la protection de la vie privée et a déployé le protocole DNSSEC, destiné à authentifier ses services contre les attaques par usurpation et DNS menteurs. Il a attribué plus de 28 000 noms de domaine à ce jour » conclut le communiqué de l’hébergeur.

Eu.org et Altern.org ont pris leurs responsabilités vis-à-vis de leurs utilisateurs, contrairement à certains grands noms de l’hébergement qui n’ont pas mis à exécution leur menace de partir à l’étranger. Un petit rendez-vous Place Beauvau et la modification d’un amendement ont suffit.

C’est dans ce contexte que, lundi 20 avril, le Ministre de l’intérieur et la Secrétaire d’Etat en charge du Numérique recevront les principaux dirigeants des fournisseurs d’accès à Internet, à la Place Beauvau, pour débattre de la loi sur le renseignement.

Pour rappel, le projet de loi reprend les dispositions existantes en matière d’interceptions de sécurité et d’accès aux données de connexion. Il transpose dans le domaine de la prévention des techniques de recueil de renseignement (balisage de véhicules ou d’objets, sonorisation ou captation d’images dans des lieux privés, captation de données informatiques). Il permettra également un accès aux réseaux des opérateurs de télécommunications et aux serveurs des hébergeurs, en instaurant un mécanisme de détection (algorithme).

A suivre...

http://www.universfreebox.com/article/30013/Loi-sur-le-renseignement-apres-Altern-org-Eu-org-demenage-ses-serveurs-hors-de-France

Messages

  • C’est dans ce contexte que, lundi 20 avril, ..., pour débattre de la loi sur le renseignement.

    Débattre ? Est-ce vraiment le bon verbe ? Et avec l’entité "gouvernement", qui a le rôle d’exécutif dans notre système constitutionnel.
    Ne faudrait-il pas plutôt que le débat se passe au niveau du "législatif", rôle joué par le Parlement (Assemblée Nationale et Sénat) ?
    C’est ce même Parlement (et plus directement à l’Assemblée) qu’il revient de faire des propositions de lois. Mais dans les faits, on s’aperçoit que ce n’est plus trop le cas de nos jours, en constatant que 80 à 90% du corpus légistatif émane directement de l’exécutif via une "validation" en conseil des minitres.
    Ce qui fait écrire à plus d’un observateur de la vie politique française que le Parlement n’est plus qu’une chambre d’enregistrement et a depuis belle lurette lâché son rôle de force de proposition d’avancée de la société. Si l’on osait mettre en concordance les moyens aloués et la production de ces godillots, force serait de constater le piteux rendement du bouzin, qui, dans l’intraitable et sans pitié modèle capitaliste, serait déjà déclaré en faillite !

    Et finalement quelque soit le verbe employé, le plus révélateur c’est que l’éxécutif imagine et publie une pareille invitation à un stade du procesus aussi avancé. Car les choses sont déjà bien cadrées, actuellement en débat à l’Assemblée et déjà adoptée, comme projet de lois, en Conseil des ministres. Dans la réalité, il s’agit juste d’éteindre l’incendie qui couve avec un extincteur qui prend la forme d’un agréable buffet de chez Fauchon payé par le contribuable.

    On croit rêver, mais, en fait, on est en plein cauchemar. Surtout ne me pincer pas pour me réveiller, je risque de ne pas le cap du choc traumatique.

    Continuons donc à nous faire bercer par ce pouvoir démocratiquement faussement choisi qui a tant de bienveillance pour son peuple.