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LIBERTE DE PRESSE : Fallouja, Guernica irakienne

Publie le samedi 7 mai 2005 par Open-Publishing
1 commentaire

de John et lucio Manisco traduit de l’italien par karl&rosa

Le général de brigade des marines John Sattler, mieux connu parmi les chiites et les sunnites modérés comme "le boucher de Fallouja", a manifesté une grande satisfaction du succès de sa mission. Faisant écho à la funeste nouvelle du maréchal de France Horace Bastioni, "la tranquillité règne à Varsovie", il a déclaré à Wolf Blitzer de la Cnn : "Aujourd’hui Fallouja est un des lieux les plus sûrs de tout l’Irak". Il a ajouté quelques données à l’appui : 2000 insurgés tués, 100.000 des 300.000 habitants ayant réintégré leurs habitations. La "sécurité" de la ville et de n’importe quel autre centre du Pays est démontrée par le fait que l’interview, à la veille du rappel aux Usa du général, a été donnée par Blitzer bien loin du théâtre de guerre, c’est-à-dire à Kuwait City ; toutes les autres données ont d’ailleurs été contestées par la Croix Rouge Internationale, par le Croissant rouge, par le haut fonctionnaire de la Santé irakienne Khalid as-Shaykhli, par Reporters sans Frontières, par Human Rights Watch et même par les institutions internationales plus ou moins alignées sur les positions de l’administration Bush.

Les rares témoins oculaires qui ont réussi à percer le rideau de fer érigé par les forces d’occupation autour de la ville ont présenté une image terrifiante des dévastations et des massacres perpètrés à Fallouja par les marines. Les autorités américaines ont imposé une censure de fer et ces journalistes non "embedded" qui ont essayé d’interviewer les réfugiés et de faire émerger par d’autres moyens la vérité sur ce qui s’est passé, de novembre dernier à mars de cette année, l’ont payé cher : les cas les plus connus sont ceux de Giuliana Sgrena, de Florence Aubenas, de Hussein Hanoun, d’un caméraman irakien de la Cbs arrêté à Mosul, du journaliste de la chaîne Al-Arabya Wael Issam, arrêté lui aussi à l’aéroport de Bagdad en possession de quelques films d’amateur tournés parmi les ruines de Fallouja et de nombre d’autres expulsés de l’Irak avec des motivations fictives.
Tout cela dans le tableau plus sombre des 14 opérateurs de l’information tués par les militaires Usa ces derniers 18 mois. Les exclusions et les représailles contre les témoins non désirés ont été assorties de restrictions tout aussi sévères à l’encontre des réfugiés réadmis dans la ville : : environ 20 000 et non les 100 000 dont a parlé le général des marines, tous soumis à des identifications biométriques, à des photos signalétiques, à des empreintes digitales et à des limitations sévères de leurs mouvements. Le retour est aussi interdit aux habitants de la ville, nés ailleurs.

Un "blackout" total donc, parce que le monde ne doit pas savoir de quelles infamies se sont couvertes les force occupantes, même si le Pentagone n’est pas arrivé à supprimer tous les témoignages : comme celui rendu par le susmentionné Khalid-as-Shaykhli, dirigeant de la santé irakienne, et donc source gouvernementale non suspecte, qui, dans une conférence de presse du 16 mars, transmise en directe par Al-Jazeera et ignorée par tous les journalistes occidentaux présents, a déclaré textuellement : "Les enquêtes effectuées par une de mes équipes de médecins ont prouvé que les forces d’occupation ont eu recours à des substances mises au ban par la communauté internationale comme l’ypérite, le gaz nervin et le napalm". L’usage de ces armes de destruction massive a été assorti, même avant l’offensive déchaînée par les chars Abrams en dotation à 10 mille marines, de trois mois d’intenses bombardements aériens avec des F-16 et des hélicoptères de combat.

Mais le compte n’y est pas dans les calculs du général John Sattler : aux 2000 dits insurgés tués il faut ajouter encore des milliers de civils péris sous le feu américain ; et puis s’il est vrai que les réfugiés réadmis dans la ville dévastée sont au nombre de 100000, que sont donc devenus les 200 000 autres ? Selon le Croissant rouge et d’autres organisations humanitaires qui oeuvrent sur le terrain, ceux qui ont été retrouvés dans les campements de tentes de Bagdad et de ses alentours ne sont pas beaucoup plus de 100 000. En calculant que ceux qui sont dispersés chez des parents ou des amis dans tout l’Irak sont entre 40 000 et 50 000, il en manque encore 50 000 à l’appel.

Dans le quotidien britannique " The Guardian", Johnathan Steele et Dahr Jamail ont écrit que "Fallouja est notre Guernica". Une analogie approximative par défaut parce que statistiquement inexacte : le 26 avril 1937, le bombardement "expérimental" des avions allemands de la légion Condor tua environ 1.500 civils dans la petite ville espagnole et tout porte à croire que le massacre à haute technologie perpétré à Fallouja a fait un nombre bien plus élevé de victimes. Dans l’histoire sans fin de la barbarie humaine, Coventry et Dresde pourraient fournir des comparaisons plus appropriées.

Plus facile, mais pas moins appropriée, la citation de Tacite : "Là où ils font un désert, ils l’appellent paix".

http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...

Messages

  • Quoi !!? Des gaz de combats ?

    Filez nous des liens precis, que cela ne reste pas une internet hoax comme une autre. Je me souviens avoir lu dans le Boston Globe que l’armee Us avait oblige les hommes de Fallouja a porter un badge avec leur donnees anthropometriques et avait ainsi constitue une base de donnee des combats et des habitants de Fallouja. De meme il avait force ses meme hommes a constituer des brigades de travail pour deblayer les restes de leur ville. L’info avait ete confirme mais n’a jamais fait les gros titre de la Presse Corporate comme on s’en doute...

    Y a en a Marre de la Presse et de leur connerie ! Vive Karl Kraus ! Vive PLPL !