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Les dévôts de la religion cathodique

Publie le dimanche 8 mai 2005 par Open-Publishing
8 commentaires

de Michel ONFRAY

La mort de Jean-Paul II a confirmé ce que je pense de la clique journalistique définitivement... sans foi ni loi ! Je ne veux pas compter les sollicitations venues de journaux, de radios, de télévisions, province et Paris confondus, sans oublier l’étranger, pour connaître mon sentiment sur la mort annoncée du pape, sa mort programmée, sa mort en live, sa mort réelle, son après mort. D’aucuns voulaient même de l’antipapisme sanglant.

Trois ou quatre feuillets... Je ne répondis à personne, sauf un bref texte, notamment par AFP qui m’a aussi poursuivi, pour préciser que, bien évidemment j’aurais à redire d’un si long pontificat de vingtsix années, mais qu’il me semblait que Jean- Paul II pas même enterré un minimum de décence s’imposait. Car ce n’est pas mon genre de cracher sur le cadavre d’un homme, fut-il un adversaire sur le terrain des idées.

Le crachat n’est pas dans mon arsenal conceptuel, plutôt dans celui d’un certain nombre de croyants glaireux à la seule apparition de mon ombre ! En revanche je retiens dans l’avalanche de demandes une question récurrente, car elle ne relève pas de la polémique mal venue : comment expliquer l’hystérie - le mot n’est pas de moi - des foules à cette occasion ?

Voici l’un des éléments de réponse : Jean-Paul II fut un réel dévot de la religion cathodique. Premier pape élu dans l’ère médiatique, il a su utiliser à son profit la religion de l’image dans laquelle notre modernité est confite en dévotion et se met à genoux sans vergogne.

Ainsi, la longue et pénible maladie du citoyen Wojtila exhibée sur plus de dix années, la déchéance de son corps spectacularisée, la fin médiatiquement annoncée, l’agonie retransmise en direct, le cadavre exposé aux appareils photos et aux caméras du monde entier, puis à une foule aux sentiments probablement pas tous bien nets, les obsèques mondialement retransmises, tout cela le confirme : ce pape fut bien l’homme le plus filmé et le plus photographié de tous les temps, sous toutes les coutures, y compris celle du suaire.
Pourquoi ?

A des fins apologétiques chrétiennes : montrer la Passion en direct, témoigner sur le petit écran des valeurs chrétiennes, évangéliser via les images. Le Polonais savait que la modernité se nourrit essentiellement de virtualité médiatique, d’où la pertinence missionnaire à utiliser ces armes-là.

Que Benoît XVI réserve sa première intervention à la presse témoigne en ce sens : l’Eglise doit bien aux journalistes un pareil sucre d’orge pour leurs bons et loyaux services. Pardonnez leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.

http://info.club-corsica.com/index.php?art=54onfray001

Messages

  • Une fois encore, face aux hyènes médiatiques, tu prouves par ton comportement et tes mots, la force de l’intelligence et de la dignité. Etre athé n’est pas être irrespectueux de l’individu quand bien même ce serai le représentant d’un courant de pensée obcurantiste, dominateur et sectaire...Seul le combat des idées permet d’être dans l’humanité.
    Flo.

  • On aura eu droit à toutes les outrances.

    Personnellement, sa mort me désole , mais pas plus que celle de chaque personne morte ce jour là (même un salaud est irremplaçable)

    Ce spectacle de la déchéance est pornographique. Que ceux qui prétendent "guider la penser" aient pu organiser cette mascarade devrait nous alerter.

    Ci-après, réaction de notre syndicat :

    Nous avons découvert avec stupéfaction que les drapeaux ont été mis en berne à l’occasion du décès du pape.

    Sur quelle instruction ? Nous rappelons que la CRAM n’est pas soumise aux directives du ministère !

    Nous sommes « étonnés » de cet « hommage » rendu, foulant aux pieds la laïcité du Service Public.

    La CRAM est chargée de la prévention de la santé, et à ce titre, organise des campagnes pour la prévention du Sida, par exemple préconisant l’usage du préservatif.

    Nous sommes étonnés que dans ce contexte, le rapprochement n’ait pas été fait avec les positions rétrogrades du pape défunt, fustigeant l’usage du préservatif, le droit à l’avortement, le droit à la contraception.

      Faut-il rappeler les positions rétrogrades de l’Eglise vis à vis des femmes, notamment en Pologne et au Portugal ?
      Faut-il rappeler que le pontificat de Jean-Paul II a commencé avec la pandémie du Sida, qualifiée par l’Organisation Mondiale de la Santé de« plus grande catastrophe sanitaire de toute l’histoire de l’humanité » ?
      Faut-il rappeler qu’en France, l’Eglise condamne l’usage du préservatif, seule mesure efficace de prévention du Sida ?
      Faut-il rappeler la situation dramatique aux Philippines, pays foncièrement catholique, où l’Eglise a une influence politique prépondérante et les millions de morts dus au Sida ?
      Faut-il rappeler les dizaines de millions de morts dus au Sida en Afrique, et singulièrement dans les pays majoritairement catholiques où l’Eglise combat l’usage du préservatif ?
      Faut-il rappeler qu’en 1988, une encyclique papale disait :« Aucune considération personnelle ou sociale n’autorise l’emploi de contraceptifs »
      Faut-il rappeler que le pape n’a jamais entendu le plaidoyer lancé en 2001 par l’évêque sud-africain Kevin Dowling « en faveur d’une levée par l’église de l’interdiction de l’utilisation des préservatifs », alors que ce pays est l’un des plus atteints par l’épidémie du Sida ?
      Faut-il rappeler que le 18 janvier 2005, le secrétaire général de la Conférence épiscopale espagnole, Juan Antonio Martinez Camino déclarait « le préservatif a sa place dans le contexte de la prévention intégrale et globale du sida » et que le lendemain l’Église espagnole sous la pression de l’Opus Dei infirmait définitivement cette position : « il n’est pas possible de conseiller l’usage du préservatif, contraire à la morale de l’individu ». Les évêques espagnols ont été contraints de se rétracter et le ministre de la Santé du pape, le cardinal Lozano Barragan, a expliqué que l’Eglise interdit le recours au préservatif dans la lutte contre le Sida parce que "l’objectif est d’empêcher la fornication".

    Nous demandons que la CRAM respecte la laïcité du Service Public : la religion doit rester du domaine privé !

    ce spectacle, c’est décidément indécent !

    Patrice Bardet, délégué Ufict-CGT

    • Comme on dit par chez moi : “Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables...”

    • Je ne crois que pas l’usage du préservatif soit la seule mesure efficace contre le sida, je dirais de préférence l’abstinence. Cependant, soyons réalistes, celle-ci ne s’avère pas facilement applicable du point de vue physiologique et d’autant plus à une époque où l’on ensence le sexe tout en le banalisant. Faites votre boulot de sensilisation au port du préservatif et cessez de tirer à boulets rouges sur l’Eglise catholique, ne la rendez pas coupable de l’expansion du sida. Un jour, j’en suis sûr, elle redéfinira sa morale sexuelle.

      A chacun d’être raisonnable et de protéger son corps et sa santé.

  • Rappelons la signification du drapeau de l’Union Européenne, symbole que les rédacteurs de la constitution européenne n’ont même pas eu le courage d’expliquer dans leur pavé.

    Les 12 étoiles jaunes sur fond bleu, c’est la médaille miraculeuse de la "sainte vierge" !

    (lire le monde du 21-4 ou voir le site ativ.free.fr).
    Les parisiens retouveront avec grand plaisir ce symbole au 140 rue du bac, une chapelle célébrant le culte de Marie ( Marie qui sortait beaucoup, sous forme d’apparitions miraculeuses, au 19eme siècle )

    Ah, si elle avait connu l’avortement....

    • "Aux grands hommes la patrie reconnaissante", telle est la devise au fronton du Panthéon (ça sent la pompe, mais bon ça passe, le laïcisme républicain nous en a fait d’autres encore plus grand"heures").

      Le vrai "hic", et il est de taille, c’est la croix au sommet de la coupole du Panthéon, et qui couronne donc l’édifice. Je veux bien que soit un vestige, mais quand même on la voit de loin, dans son infini contradiction, alors ne soyons pas mesquins, rajoutons une étoile de David et un Croissant. On aura la totale...Le plus logique serait de l’enlever, de toute manière, ce ne sont pas ses qualités esthétiques qui l’étrangle....Ou alors demander à Cristo (sic) qu’il l’emballe...ça c’est de l’art (humm).

      P.S. : Si quelqu’un si connait en cordée, ça peu se faire à l’oeil. Faut juste voir avec le proprio d’en face, c’est à dire Fabius, pour voir si on peut pas tirer un filin de son appart jusqu’à la susdîte croix.

      Tigre de Tasmanie (indigène de la République)

    • Après avoir lu l’article de Michel O. et les messages de ses adulateurs, est-ce qu’un calotin (un véritable démon dans ce site que je découvre, puisque je suis prêtre catholique) qui est aussi citoyen républicain de la douce France a le droit de vous poser la question suivante : que veut dire pour vous le mot "laïcité" ? Après ce que vous avez écrit, j’espère que vous ne me répondrez pas avec les mots de"neutralité" ou de "respect" ?

    • Il me paraît évident que l’usage des mots "neutralité" et "respect" ne saurait aller de soi afin de donner une définition de la laïcité à qui ne veut pas en entendre parler et qui, il est évident, n’a jamais eu la plus infime notion ni de l’un, ni de l’autre. Pourquoi faut-il toujours expliquer aux "démons calotins" (sic) les textes qui sont pourtant écrits noir sur blanc. Sans doute qu’à force de se voir systématiquement dicter depuis Rome ce qu’il est bon de penser ils ont perdu l’usage de leur raison. Au moins, qu’on nous épargne cette posture de vierge effarouchée ; cette mièvrerie est à vomir.
      Si môsieur le curé veut une définition de la laïcité, qu’il nous donne donc d’abord une définition de la foi qui tienne la route.
      Samir
      Ps : Je suis athé !!!! mille fois athé. Et surtout que monsieur le "citoyen républicain" ne saute pas sur l’étrangeté de mon prénom pour élaborer une théorie fumeuse de choc des religions. Au fait, la "douce France" (sic) se demande si le curé obéit d’abord aux lois de l’Eglise ou à celles de la République lorsque celles-ci s’opposent. Moi, je porte des préservatifs, quel manque de respect et de neutralité, un vrai p’tit démon !