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Non-réponse à Philippe Corcuff...

par Antoine (Montpellier)

Publie le mercredi 25 novembre 2015 par Antoine (Montpellier) - Open-Publishing

J’avais rédigé hier soir aux trois quarts une réponse aux divers commentaires que Philippe Corcuff a posté sur mon billet "En réponse à Philippe Corcuff et à sa charge contre le "crétinisme" du NPA" (1)... Une malencontreuse panne de Firefox a tout annulé. J’avais oublié de sauvegarder. Je me proposais de remettre cela. Pourtant je me suis ravisé...

Pourquoi ce revirement ? Parce que, à la réflexion, le ton adopté et la nature desdits commentaires de mon interlocuteur n’appellent pas que je les cautionne par une "réponse" sur le fond : ils ne sont qu’un tissu de démolissages méprisants de parties éclatées de mon billet et s’économisent le minimum d’argumentation que toute réfutation et un minimum de respect du "réfuté" impliquent. Qu’on en juge, en passant sur l’accusation, lancée à mon endroit, d’user de la langue de bois : c’est un lieu commun des polémiques vaines. Est langue de bois ce qui ne parle pas comme "moi", spécialement quand ce moi, comme c’est le cas ici, cède à la paresse analytique. Donc voilà la litanie des gracieusetés lâchées par la kalach corcuffienne (2) : mélasse politicienne, béni-oui-oui, bétonnage (discursif), bourbier rhétorique, pitoyable... Le plus étonnant est que notre auteur puisse penser qu’il y a là l’expression de ce statut d’intellectuel auquel il tient tant et qu’il feint de voir attaqué dans ce que j’écris. Après cela il peut se revendiquer de la belle tradition intellectuelle de la LCR, chacun qui connaît ce que cette tradition "porte" sera tenté de conclure à l’usurpation. 

A ces insultes s’ajoutent des remarques à l’emporte-pièce qui trafiquent ce que je dis et parfois amènent Philippe Corcuff à de curieux tortillements, paradoxes ou même contradictions. Ainsi du crétinisme du NPA d’’où partent en fait les disqualifications au couteau dont je suis gratifié : un crétin npaesque ne mérite pas qu’un intellectuel de la trempe de Philippe Corcuff s’abaisse à argumenter avec lui. Trois gifles "politiques" suffisent. Mais voilà que, dans sa "réponse" notre homme nous la joue "idiot"...Plus exactement il me pose en figure hautaine surplombant le petit monde des "émotifs" primaires, idiotisés, dénués de capacité réflexive, dont, voyez-vous, il ferait miraculeusement partie. Risible acrobatie rhétorique m’imputant ce qu’il est en train de pratiquer à mon encontre : l’exercice du mépris. Sur le fond, Philippe Corcuff ne se donne la peine de rien démontrer de ce qu’il avance. Il crapahute au gros sel et pour cela s’émancipe de toute rigueur dans l’approche textuelle. Je renvoie les lecteurs à mon billet, j’ai confiance dans l’intelligence et l’honnêteté de la majorité d’entre eux pour qu’ils vérifient que Philippe Corcuff évolue argumentativement en crabe.

Sur mon supposé paraléninisme, mon intellectualisme anti-intellectuel, etc. il n’y a même pas l’esquisse d’un début de démonstation. Tout n’est au fond que recours à l’argument d’autorité convoqué à travers la lancinante, et par là assez suspecte, autoproclamation de fidélité à la LCR et à ce que ses pépites intelectuelles Rousset-Sabado, toujours sur la brèche... au NPA, en reconduisent ! Sans craindre le ridicule, ne nous sussurre-t-on pas que ces duettistes mirifiques seraient en connivence politique avec ce que l’on écrit (et figurez-vous qu’à eux trois et quelques autres ils auraient permis au NPA de "rectifier") ? Bel argument qui "déchire" n’est-ce pas sur la justesse de ce qu’on dit sur le sujet en jeu : les attentats et le positionnement à adopter appelé à ouvrir sur une relance des logiques d’émancipation  ! Le plus cocasse reste cependant qu’ainsi il nous est montré que le crétinisme du NPA n’est pas tel qu’il ne puisse s’ouvrir lui-même à la supérieure lumière de ce que la LCR a semé et que, en affinité idyllique avec Rousset-Sabado, Philippe Corcuff perpétue par son billet. Bien sûr tout cela tourne autour d’un rapport d’esprit éclairé à minable valetaille militante npaesque. Mais convenons que cela rassure : l’appel à reconstruire la gauche radicale a de beaux jours devant elle, une élite veille, certes sans ménagement, à éduquer les crétins, à les sortir de la mélasse, du bourbier dans lequel ils pataugent pitoyablement... Retenons enfin le paradoxe que cette élévation du bas peuple militant du NPA à la haute politique doive en passer (je parle de Philippe Corcuff, pas de Rousset-Sabado dont le texte mentionné est au demeurant intéressant quoique non exempt d’affirmations et de propositions discutables) par un régime d’insultes qu’on pourrait penser superficiellement être l’apanage des... crétins ! Les voies de la reconstruction de l’émancipation, dont, rappelons-nous, Phiippe Corcuff a brillamment édicté qu’elle n’a de sens que comme auto-émancipation, en deviennent décidément impénétrables...

Je vais arrêter là car j’espère avoir donné une (petite) idée de ce que je pense d’une démarche intellectuelle pour le coup carrément anti-intellectuelle. Avec aussi l’espoir sincère qu’il s’agisse là d’une parenthèse malheureuse, anecdotique (avoir à répondre à Antoine de Montpellier !), dans le parcours d’une personne qui a écrit ailleurs des choses que j’estime souvent pertinentes. Qu’il me soit permis de poser que la théorie réussit mieux à Philippe Corcuff, tellement mieux, que la politique ... Question de sang froid sans doute. que la prise de distance académique impose.

(1) En réponse à Philippe Corcuff et à sa charge contre le "crétinisme" du NPA

(2) Philippe Corcuff s’émeut que je puisse user du vocable "corcuffien" : pour ne prendre que cet exemple, l’évocation de la théorie bourdieusienne de l’habitus serait-elle, par cette adjectivation, d’emblée disqualifiante de ladite théorie et de son auteur ?

https://blogs.mediapart.fr/antoine-montpellier/blog/251115/non-reponse-philippe-corcuff]}}

On pourra retrouver le dossier sur cette discussion ici