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C’est l’honneur de la CGT de mener le combat contre la loi El Khomri

par Gérard Le Puill

Publie le jeudi 26 mai 2016 par Gérard Le Puill - Open-Publishing
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Depuis le début du conflit, la CGT demande le retrait du projet de loi El Khomri , considérant que ce texte débouche sur un processus continuel de précarisation de l’emploi , du statut des actifs et d’une fragilisation de la protection sociale induite par les bas salaires et la précarité...

Pour toute personne dotée d’une capacité de raisonnement « normale », comme dirait l’autre, ce constat est suffisant pour expliquer le rôle joué par les militants de la CGT fidèle à leur mandat et à leur éthique sur le terrain et notamment dans les entreprises de l’industrie chimique dont on parle de plus en plus avec le blocage des raffineries.

Les raisons de l’opposition de la CGT de FO et d’autres syndicats ainsi que de millions de salariés à la loi El Khomri sont de plus en plus occultées par des journaux dont la ligne éditoriale consiste à défendre coûte que coûte la précarisation de l’emploi et le recul du pouvoir d’achat.

Comme souvent, c’est du Figaro, propriété de Serge Dassault, connu pour son goût de la démocratie à Corbeil, que viennent les accusations de « prise en otage » et d’utilisation de moyens « illégitimes » pour caractériser les actions syndicales de ces derniers jours . La CGT, selon l’éditorialiste du Figaro de ce mardi est « opposée à tout par principe, elle guerroie contre les réformes, paralyse la modernisation des services publics, empoisonne la vie des entreprises et pourrit celle des usagers »

Dans cet édito, comme dans les trois pages consacrées au conflit que provoque le projet de loi El Khomri , il n’y a aucune information pour éclairer le lecteur sur l’objet du conflit. Mais il suffisait de lire attentivement les pages 24 et 25 du Figaro du 21 mai pour voir quel type de société a les faveurs de l’organe central du parti que préside Nicolas Sarkozy.

Ces pages nous donnaient l’analyse du Figaro sur la société de demain telle que l’envisagent les possédants. L’évènement économique de ce 21 mai était : « La course de vitesse de la livraison des repas à domicile ». Le sous titre du sujet faisait presque penser au Tour de France car « une dizaine d’applis de commandes aux restaurants se livrent une guerre féroce depuis des mois. Pour devenir rentables au plus vite, ces start-up mènent bataille à la fois auprès des financiers, sur internet, à la télévision, en cuisine et aussi à vélo ».

On avait droit au top 10 des sites de livraison à domicile, aux 6.000 restaurants impliqués dans ce nouveau travail à la chaîne, aux 50 millions de commandes annuelles, aux 15.000 livreurs impliqués chaque jour dans cette course contre la montre en vélo ou en scooter. La firme « aloresto.fr » est le numéro 1 de ce top 10. Son patron « fait appel à des sociétés de coursiers telle All in Box, qui lui fournit 200 livreurs ». Mais pourquoi cette sous-traitance de la livraison ? Le dénommé Gilles Raison donne ses raisons en ces termes : « Nous attendons que le cadre légal se clarifie sur la possibilité d’utiliser des auto-entrepreneurs à vélo. Il y a un vide juridique dans lequel un leader ne peut pas s’engouffrer alors qu’une start-up le peut ».

D’autres n’auraient plus ces « scrupules « et la rédaction du Figaro a consulté un avocat pour se faire expliquer le meilleur moyen de s’en sortir à moindre coût en faisant appel à des auto-entrepreneurs du pédalage en ville : « La législation sociale rend très compliquée l’embauche de salariés pour ces tâches de livraison, qui se font en soirée, la nuit, le week-end , sur des plages horaires courtes et variables. Il faut respecter de nombreuses conditions et signer un accord avec les syndicats pour organiser le travail après 21 heures. Or ces start-up n’ont pas d’organisations syndicales. De plus, la loi prévoit de nombreuses garanties pour les salariés à temps partiel, notamment qu’ils fassent au moins 24 heures par semaine, sauf s’ils acceptent expressément de travailler moins ; des règles perçues comme rigides par les start-up », confie au Figaro un avocat associé chez Capstan .

L’article du Figaro nous dit aussi que le rythme de travail de ces cyclistes est « sportif », que les auto-entrepreneurs qui pédalent pour « déliveroo.fr » lui facturent à 7,50€ l’heure de pédalage et qu’ils peuvent les jours de pluie réclamer un bonus de 15€ au terme de leur journée. On le voit, cette mise en place d’une flotte de pédaleurs précaires fait vivre pas mal de petites entreprises parasitaires qui ne créent aucune richesse mais exercent une nouvelle forme de proxénétisme à l’encontre des personnes qu’elles exploitent dans du travail à l’abattage comme nous le dénoncions sur l’Humanité.fr le week-end dernier, avant d’avoir prix connaissance des pages saumon du Figaro en date du 21 mai qui confirment notre analyse. Ce que confirme aussi, à sa manière, un dénommé Michael Azencot , associé à la financière Cambon quand il affirme que « gérer le recrutement d’une flotte de coursiers indépendants au turnover très élevé tout en assurant une qualité de service est un métier à part entière ».

Un métier de maquereau, assurément. Un métier dont on sait que l’adoption de la loi El Khomri favoriserait le développement au service de nouvelles formes d’esclavage. S’opposer à cette loi est à l’honneur de la CGT comme des autres syndicats et de tous les travailleurs, syndiqués ou pas, qui prennent part à ce combat. S’opposer à cette loi devrait aussi être le combat de tout député, socialiste ou pas, qui ne souhaite pas que ces nouvelles formes d’esclavages se substituent aux emplois encore dotés d’un niveau convenable de protection sociale si nous voulons continuer de vivre dans une société civilisée.

D’ailleurs, ils étaient bien pauvres les arguments avancés ce matin par Manuels Valls depuis Jérusalem quand il a dit sur Europe 1 que « la CGT est dans une impasse et que l’impasse n’est jamais le bon chemin ». D’autant que ses « arguments » pour défendre la loi El Khomri se limitaient aux propos suivants : « Il y a un texte de loi qui a été adopté par l’Assemblée (sans vote, via le 49-3 NDLR). Ce texte va poursuivre son cheminement. Nous sommes dans une démocratie. Il n’y aura pas de retrait du texte, sinon dans ce pays, on ne peut plus réformer ».

Quelle pauvreté dans la recherche d’un argumentaire pour tenter de justifier l’injustifiable !

Mardi, 24 Mai, 2016—Humanite.fr---

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