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(video) Blessé dans une manifestation à Paris : le Défenseur des droits ouvre une enquête

Publie le lundi 30 mai 2016 par Open-Publishing

Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a annoncé, lundi 30 mai, l’ouverture d’une enquête sur les conditions dans lesquelles un jeune homme a été gravement blessé à la tête à la fin de la manifestation de jeudi 26 mai à Paris contre la « loi travail ».

L’homme, présenté comme un journaliste indépendant de 28 ans, « s’est effondré après le jet par les forces de police d’une grenade de désencerclement dans des circonstances qui restent à préciser, au-delà des images filmées par certains témoins de la scène », écrit le Défenseur des droits dans un communiqué.

Accord nécessaire de la victime et du parquet

Jacques Toubon, dont l’une des missions est le respect de la déontologie des forces de sécurité, peut se saisir de lui-même de ce cas, mais pour cela, il doit avoir au préalable « l’accord de la victime et celui du parquet de Paris, qui doit lui adresser une autorisation d’instruire cette affaire ».

La victime, Romain D., se trouvait toujours maintenu en coma artificiel à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Son état est stable, mais il souffre d’un œdème cérébral et d’un enfoncement de la boîte crânienne et risque des séquelles neurologiques. Ses parents ont été reçus Place Beauvau, samedi, par le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, en présence du préfet de police de Paris, Michel Cadot, et de Marie-France Moneger, directrice de l’inspection générale de la police nationale (IGPN). Une enquête a été confiée à cette dernière pour déterminer si Romain D. a été blessé par la grenade de désencerclement et dans quelles circonstances le fonctionnaire l’a utilisée. Dans ce cadre, les vidéos ont pu être exploitées et des témoins et des policiers ont été entendus, a indiqué une source proche de l’enquête.

« Contexte de violence » depuis des mois

Elle doit déterminer si le recours à la grenade — qui projette dix-huit galets en caoutchouc — s’est fait dans le respect des règles d’emploi. Son utilisation est prévue « lorsque les forces de l’ordre se trouvent en situation d’encerclement ou de prise à partie par des groupes violents ou armés ». Plusieurs témoins de la scène estiment que ce n’était pas le cas. Olivier Laban-Mattei, photographe de l’agence MYOP, qui couvrait les manifestations pour Le Monde, confirme : « Les manifestants n’avaient pas l’intention de s’en prendre physiquement aux forces de l’ordre. »

Ces dernières décident pourtant de les disperser. Sur des vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux, on voit un policier en tenue antiémeute jeter vers le sol une grenade de désencerclement dans leur direction. La prudence reste de mise : si la concomitance entre l’explosion de la grenade et la chute de Romain D. est évidente, il n’est pas encore établi que c’est un éclat de grenade qui l’a atteint à la tête.

D’après une source au sein de la police, « si les manifestants n’ont effectivement pas l’air menaçant sur les vidéos, ils sont toutefois nombreux, certains pouvaient présenter un danger. L’état de la menace est difficile à établir. Mais pour les forces de l’ordre, vu le contexte de violence qu’ils subissent depuis des mois, il est de plus en plus difficile de faire preuve de discernement face une centaine de manifestants qui leur font face ».

http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/05/30/manifestant-blesse-a-paris-le-defenseur-des-droits-ouvre-une-enquete_4929045_3224.html