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Nos pensées, comme un kaléidoscope (Essai de Philosophie pratique)

par Paul Saint-Sernin

Publie le jeudi 30 juin 2016 par Paul Saint-Sernin - Open-Publishing

La pensée Kaléidoscope

Très chers lectrices et lecteurs du Blog « Bella ciao » ;

J’ai le plaisir de vous faire connaître ce texte sur la "Liberté de l’Esprit" et selon moi, son bon usage.
Je vous en souhaite une agréable et surtout fructueuse lecture aiguisant le silex de vos propres réflexions.
Nous ne sommes plus ici dans « la » politique dite « politicienne », ni même dans « le » Politique avec un grand « P » au sens que lui donnait Machiavel ce grand penseur Toscan de la Renaissance si mal lu, si mal reçu et tant caricaturé en France, dans « Le Prince » ; qui nous sortit pourtant des illusions de le pensée théologique pour retirer ses masques à l’art de la « libido dominandi ».
Non je suis plutôt dans l’investigation de la méthode de la pensée en m’inspirant de la démarche de Georges Canguilhem regardée aujourd’hui comme une épistémologie de l’Esprit et de la recherche de vrais débats et d’échanges mutuels ce qui s’avèrerait particulièrement utile « à gauche » ou nous avons perdu le goût d’échanger, de nous parler et de s’efforcer de nous convaincre et ou l’anathème mutuel sert souvent de viatique.

Paul Saint-Sernin

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Nos pensées, comme un kaléidoscope

(Essai de Philosophie pratique où bref éloge de la diversité des pensées, de la diversité et de la Modestie)

La pensée est avant tout, liberté, qui se déploie parmi d’autres pensées. Mais bien sûr, pas avec la solitude altière, du « cogito ergo sum » de René Descartes (JE pense donc je suis).
La pensée est libre mais ne vit pas sur une île déserte, elle se forge parfois dans la solitude mais jamais toute seule et jamais en ne partant de rien.
La pensée se forme et s’exprime à partir de l’humus de ce terreau des idées toujours contradictoires des pensées d’hier, remaniés par les êtres d’aujourd’hui. L’on nomme cela, la tradition.
Cependant toute pensée vivante et neuve se déploie et s’exprime en dépassant le voile des conditionnements de notre présent et l’incertitude de notre avenir.
Nous pensons personnellement mais jamais seuls, avec les outils que notre histoire, de notre langue, de notre éducation que les expériences de notre vie passée nous ont données.

Aussi, le plus humble d’entre nous « pense » fut-ce sans le savoir comme Monsieur Jourdain faisait de la prose et la fonction des systèmes démocratiques les plus ouverts et perfectionnés devrait être d’intégrer la richesse de ces pensées des humbles trop doivent laissées en jachère et rarement pour ne pas dire jamais prises en considération et que les penseurs professionnels, lesquels empêchent souvent de pousser des pensées originales et nouvelle comme certaines plantes ou certains arbres le font a leur insu même des plantes qu’ils dominent par leur ombre portée de leur hauteur sur ce qui pourrait pousser plus bas.

Il existe aussi une pensée des groupes sociaux dominés comme il existe une pensée des Peuples premiers, souvent « magique » pour leur permette d’apprivoiser leurs souffrances et leurs peurs et bien souvent cette « pensée pratique » est utile pour donner à ces groupe humains l’outil adéquat de leur cohésion et de leur survie.
Toute pensée ne s’élabore pas avec la même matrice culturelle et les mêmes codes.

C’est ainsi qu’un jeune sorti du système scolaire sans ce sésame imparfait et partiel qu’est le diplôme pensera souvent plus court et avec moins de médiation que le thésard ou le député au Parlement.
La pensée du premier sera plus tourné vers la survie et l’adaptation à sa vie précaire, cette « vie en fait guerre de tous contre tous » ainsi que la définissait Thomas Hobbes dans le « Léviathan » et dont aiment tant à prôner les « biens assis » disposant d’une sécurité dont ils ont oublié le fondement et le financement.
Pour sa part le « parlementaire » ou son adversaire/complice dans le jeu des Pouvoirs, le « technocrate » sont plus savants et expérimentes mais manifestent aussi moins vraiment libres de pensée et d’expression. Ils sont le plus souvent tenus d’obéir fût-ce implicitement à cette fameuse contrainte implicite des milieux ou l’oxygène se raréfie au fur et à mesure du gravissement des hauteurs. C’est encore plus vrai pour ce qui est de la « discipline » de chaque partis et leur attristante mais inévitable « langue de bois » qui est la règle implicite de tous les milieux clos et/ou oligarchiques.
Il n’est parfois rien de plus pénible que la personne qui fait semblant d’échanger des idées avec vous mais ne donne pas prise a aucun vrai échange lequel est seul de nature à modifier les deux Esprits qui échangent vraiment et ne restituent qu’une élégante « doxa », un vrai « dogme », de cette « pensée unique/inique » laquelle masque souvent un abus d’autorité ou votre interlocuteur ne met rien de lui-même mais beaucoup de la place qu’il défend.
Il y a encore, il reste bien des buttes témoins et des parcelles de cette interprétation erroné du Jacobinisme ou d’un post Stalinisme « mou » qui aurait survécu au naufrage du « Stalinisme » !

Toute pensée est réputée « égale » mais cela reste une égalité abstraite jamais mise en pratique. C’est dommage car le paysan, l’ouvrier, le chômeur sont des êtres pensants a part entière, bien loin de se confondre et d’être absorbés par leur seule identité professionnelle ou sociale et auraient chacun d’entre-deux beaucoup à nous dire sur la gestion publique de la Cité.

Le vrai enjeu et le vrai devenir de la pensée sont ceux de leur meilleure prise en considération. Nous gagnerions à avoir plus de législateur peut être moins bien expérimentés mais surtout moins assurés et parfois moins jaloux de leur savoir et de leur mandat, mais plus proches et plus soucieux de vraiment défendre les opinions réelles de leurs mandants.

Nous aurions besoin de moins de délégation, de moins de représentation mais de plus de vraie écoute et de respect des pensées diverses et multiples et de mieux d’efforts réels pour les traduire dans la réalité et les faits.
Notre pensée Républicaine, héritière plus qu’elle ne pense de la tradition autoritaire d’obéissance et de hiérarchie monarchique a une passion excessive pour l’ « unanimisme » que n’ont pas les anglo-saxons, plus soucieux de réussite personnelle que d’égalité. Or cette passion un peu déclinante d’ailleurs de l’égalité est souvent confondue avec l’uniformité.

Parfois notre passion Française excessive pour l’approbation et le faux « consensus » tourne au ridicule et à l’intolérance. Ce fut le cas de la désastreuse révocation de l’Edit de Nantes qui fit perdre plusieurs centaines de milliers d’artisans émérites et de lecteurs cultivés à la France de Louis XIV. Il en est hélas bien d’autres exemples dans notre histoire plus récente avec des hommes politiques foncièrement démagogues qui sont prêts à assumer les pires excès verbaux et les fractures l’ex plus dangereuses pour courir après les solutions qui peuvent s’avérer les plus liberticides.

Le processus de la pensée

Débouche nécessairement sur la nécessité démocratique et scientifique d’une « pensée multiple » et d’une « pensée plurielle. Les vérités ne peuvent être que multiples et toute pensée forcément partielle, ressemblent beaucoup et se fondant dans le kaléidoscope. C’est ce processus même de la pensée qui nous crée l’obligation d’Ouverture et de Tolérance à la pensée des autres.

Nul ne peut avoir de vérité que fragmentaire et partielle comme dans un puzzle ou les pensées s’imbriquent entre-elles. Je ne fais pas l’éloge du « relativisme » par ailleurs si rare et bien peu pratiqué dans notre Histoire, dont les esprits ont souvent été tellement épris d’absolu. Nous avons souvent versés dans une culture façonnée par la « passion de l’unité » et peut être même de « l’uniformité. »
Or le devenir des sciences et de la gestion des sociétés humaines devrait nous pousser à la recherche des multiples, des interrelations et des réseaux, un aussi l’expression humaine ce précieux « chaos créateur » de l’univers.
Il faut que nous réapprenions à penser ce kaléidoscope ensemble à gérer nos crises politiques, non comme une perturbation d’un ordre intangible et pesant mais comme une manifestation normale de la complexité et de la multiplicité des pensées et de l’infini multiplicité des êtres et des formes de vie et de leurs virtualités en devenir.

Paul Saint-Sernin

D’autres textes comme celui-ci peuvent être lus sur son Blog « Lepaulinfo »