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Comment porter l’avenir des idées communistes en 2017

par Francis PARNY

Publie le lundi 4 juillet 2016 par Francis PARNY - Open-Publishing
11 commentaires

Signez cette pétition : Communistes, nous soutenons Jean-Luc Mélenchon pour 2017 ici : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article151154

Des milliers de communistes décident de s’engager hors parti en soutenant la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Est-ce un crime ? Non C’est la révélation que la forme « parti » n’est plus à même de s’imposer sans convaincre à la conscience de chacun. Avec « la France insoumise » 2017 va expérimenter des formes politiques nouvelles. En tant que communistes, nous voulons en être.

Le commentaire porté par Jean-Luc Mélenchon sur les élections en Espagne a troublé et mécontenté nombre de communistes. Je ne suis pas sûr que son interview pourtant claire et précise dans Médiapart suffise à lever ces craintes. Comme communistes, nous devrions débattre de ces peurs générées par des propos que nous suspectons immédiatement d’être une injure à notre égard. L’avenir des idées communistes est-il si évident que nous puissions nous dispenser de ce débat ?

Jean-Luc Mélenchon dit deux choses.

D’abord que l’union entre Izquierda Unida et Podemos n’a pas produit de « plus ». C’est vrai. Il suggère que c’est cette union elle-même et la présence des communistes en son sein qui posent problème. Pouvons-nous rejeter cette hypothèse en criant à l’anticommunisme ? Peut-être, mais c’est une donnée que nous ne pouvons négliger. Quand des candidats communistes aux élections présidentielles font moins de 2 % c’est l’audience nationale des communistes qui est mis en cause.

L’intelligence de la stratégie du front de gauche était de nous avoir rendu une image de force utile au changement par notre volonté de rassembler plus large que nous, au service de la transformation sociale.

Il ne faut pas injurier les citoyens ; ils sont conscients de ce qu’ils font. Toutes les alliances marchent mal. Quand Olivier Besancenot et Arlette Laguiller se sont alliés en pensant que leurs scores aux élections s’additionneraient, le résultat a déçu leurs espoirs : 5+5 n’ont pas fait 10 mais 5% seulement. Plus près de nous aux élections régionales les alliances avec EELV ont permis dans le meilleur des cas au front de gauche de retrouver seulement son propre score, comme Podemos.

Toutes les alliances qui apparaissent guidés par des intérêts de parti sont rejetées.

Là encore le front de gauche a pu séduire la société civile et de nombreux citoyen-ne-s parce que ce rassemblement démontrait que des organisations politiques étaient capables de mettre un objectif politique commun au-dessus de la défense de leur « boutique ».

C’est pourquoi une alliance PCF/ Jean-Luc Mélenchon n’aurait pas la même signification qu’en Espagne car je crois qu’elle serait ressentie comme la continuité du front de gauche qui reste pour l’instant inscrit dans les consciences de nombreuses personnes.

Le deuxième jugement porté par Jean-Luc Mélenchon établit que le risques d’une alliance avec le PCF n’existe pas pour 2017. En tant que « pronostic » est-ce vrai ou faux ?

Qui peut dire aujourd’hui si Pierre Laurent proposera aux communistes de soutenir cette candidature ?

Je vois, pour ma part, tous les efforts de la direction pour imaginer le moyen de « sauter » l’étape présidentielles pour ne s’occuper que des élections législatives.

Jean-Luc Mélenchon par ailleurs ne dit pas qu’il ne veut pas du PCF ; il dit qu’à son congrès celui -ci a rejeté massivement sa candidature, est-ce vrai ou pas ? Dans Médiapart il rappelle que sa porte est grande ouverte et que sa candidature n’est pas anti parti mais hors parti.

Toutes ces réflexions devraient amener les communistes à réfléchir aux formes nouvelles de l’engagement en politique.

On n’est pas forcément « coupables » de trahison quand on s’engage hors parti au service des mêmes valeurs que celles qui nous ont fait agir en société toute notre vie.

Avant de donner mon opinion sur cette question je veux faire une parenthèse sur un autre procès fait à Jean-Luc Mélenchon par d’autres communiste.

Sa formule « l’Europe on la change ou on la quitte » serait inacceptable. On ne dit pas pourquoi d’ailleurs. C’est le fait même de procéder par formule qui semble exécrable. Mais cette formule a-t-elle un contenu ?

Nous savons que la transformation sociale nécessité un programme radical rompant avec les logiques financières et un rassemblement majoritaire dans le pays pour le porter. Mais nous savons aussi que cela ne suffit pas car pour appliquer un tel programme il faut affronter Bruxelles et les traités européens.

Jean-Luc Mélenchon dit clairement qu’il faut procéder par étapes. Que la première étape est de renégocier. Il est même optimiste sur le résultat de cette négociation compte tenu du poids de la France en Europe. Mais si les traités ne sont pas changés on fait quoi ? On signe comme en Grèce ? On passe outre ?

Cette question est cardinale. On n’en trouve pas trace dans la position du PCF qui dit vouloir refonder l’Europe, avec de bonnes propositions d’ailleurs, mais sans jamais indiquer comment on règle les différents avec Bruxelles.

La situation provoque du désarroi chez les communistes.

Beaucoup malheureusement rendent leurs cartes. Mais comment ne pourraient-il pas être déboussolés puisque c’est la stratégie du PCF qui change. Dans le vote intervenu sur les textes présentés au congrès seul un communiste sur deux a voté le texte de la direction. Celle-ci a dit que les communistes avaient manifesté ainsi leur rejet des primaires. Mais ce rejet des primaires est avant tout un rejet de toute alliance avec le parti socialiste. Et la direction du PCF, minoritaire sur cette question, continue pourtant de proposer X nouvelles formes de primaires. Pierre Laurent a même « théorisé » l’alliance avec le PS en la fondant sur le compromis entre le courant transformateur et le courant réformiste. Elle prépare sans aucun doute des alliances avec le PS aux législatives pour « cause de deuxième tour ». Cette stratégie ne peut conduire le PCF qu’à devenir un nouveau MRC.

Seule notre autonomie et notre radicalité peuvent nous garantir un retour d’audience nationale en phase avec le mouvement social où les « nuits debout » qui savent quelles sont les forces qu’on affrontent et qui n’en rabaissent pas, pour autant, sur leurs exigences.

 

Alors comment être communiste aujourd’hui à quelques mois de la présidentielle ?

Mais d’abord en pensant aux autres, à tous les autres. Toutes celles et tous ceux qui souffrent de cette politique. Toutes celles et tous ceux qui rêvent d’une autre République, d’une autre démocratie, d’une autre société, d’un autre monde et qui veulent trouver dans l’isoloir un bulletin qui leur donne une chance d’exprimer leur souhait. Ce bulletin ne peut être ni celui de Hollande ni celui de Sarkozy ni celui de le Pen.

Voilà pourquoi j’ai décidé avec d’autres de soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Je ne « l’épouse pas » comme il a dit lui-même. Je décide librement du combat que je veux mener pour conserver une chance de transformation sociale dans notre pays.

Il faut faire 51 % ? Oui. Et pourquoi ne serait-ce pas possible avec cette candidature ?

Quand Marie-George Buffet en 2005 au début de la campagne sur le projet de traité constitutionnel affirmait que le « Non » l’emporterait, elle était bien seule à le dire. Et nous nous sommes battus. Et le « Non » l’a emporté. Alors aujourd’hui, on jette l’éponge avant le combat ? On rejoint toutes ces Pythies du désespoir ? On « sauve les meubles » en prétendant par exemple que les parlementaires sont décisifs puisqu’ils font les lois. Vraiment ? Mais dans cette cinquième république c’est l’Elysée avec le 49-3 qui fait les lois. Et, semble-t-il, seule la rue peut l’en empêcher, peut-être.

Reste l’avenir des idées communistes.

Ces idées peuvent être essentielles si elles s’organisent pour faire converger une analyse marxiste de la société contemporaine et les valeurs de l’humanisme dans toutes ses dimensions en commençant par la préservation de notre écosystème.

Ces idées sont-elles celles de l’avenir. Pour moi je le pense et c’est pour cela que je me suis engagé dès 1970.

Ces idées pourront-elles continuer à s’incarner dans un parti politique ? Ce n’est pas sûr et ce n’est pas une obligation. Combien de partis communistes restent influents dans le monde et quelle est la société qu’ils mettent en place lorsqu’ils sont au pouvoir ?

Seules des personnes, innombrables, peuvent faire vivre ces idées communistes dans l’action ; dans la rue, dans l’entreprise, dans les votes et dans l’expression citoyenne. 

C’est pour cette raison, compte tenu des tergiversations de « notre » parti, que nous avons décidé à plusieurs de lancer la pétition « Communiste je soutiens la candidature de Jean-Luc Mélenchon ».

Il est indispensable, croyons-nous, que des milliers de communistes s’investissent dans « La France insoumise ».

C’est le seul moyen pour que leurs idées soient bien partie prenante dans la campagne de 2017. Ils et elles le feront hors parti ; et alors ? Les partis ont-ils démontré qu’ils étaient à même, seuls, de changer la société ?

Et notre insoumission de communiste est marquée du refus de se soumettre à qui que ce soit. De plus en plus de communistes et d’anciens communistes se regroupent, créent parfois des groupes d’appuis « jlm 1017 ». Ces groupes sont largement ouvert à toutes et tous. Personne ne les « pilote ». Mais ils constituent une nouvelle façon de faire de la politique, sans tutelle, et dans un cadre général dont ils contribueront à l’organisation.

Si Pierre Laurent décide de proposer au PCF de rejoindre cette campagne, et bien ces milliers de communistes y seront déjà. S’il décide de ne pas prendre position et bien ces milliers de communistes porteront leur drapeau dans le combat commun.

La voie est étroite ? Mais c’est la seule, pour moi, qui dans le contexte actuel permet de se respecter en tant que communiste.

 

 

https://blogs.mediapart.fr/francis-parny/blog/030716/comment-porter-l-avenir-des-idees-communistes-en-2017

Messages

  • "Des milliers de communistes décident de s’engager hors parti ..."

    pourquoi hors parti ? la liberté est respectée depuis toujours de voter pour qui nous semble bon...secret des urnes en plus ! l’organisation fait son boulot et les militants décident le mieux qu’ils leur semble = rien de nouveau !
    JLM rêve qu’il soit suivi sans se joindre aux politiques - pour ratiboiser large - mais qui sera présent à l’AN pour représenter le peuple ???
    ok les socialos n’ont plus la cote ....et leur rêve c’est que les cocos se disloquent......comme tout bienpensant ! rien de nouveau....

  • Ayant répondu à un commentaire injurieux, il est normal que le mien est disparu. Je reprends donc la dernière partie de celui-ci en proposant de signer une pétition demandant la restitution par la société générale des 2,2 milliards d’€ versés par Lagarde et ses copains.

    https://www.change.org/p/la-soci%C3%A9t%C3%A9-g%C3%A9n%C3%A9rale-doit-rembourser-les-2-2-milliards-d-euros-d-argent-public-re%C3%A7us-dans-l-affaire-kerviel?recruiter=311201185&utm_source=petitions_show_components_action_panel_wrapper&utm_medium=copylink

  • Je pense que le PS est un parti néolibéral et moribond. Toute alliance avec ce parti est réactionnaire et contre l’intérêt de la majorité du peuple.

    En meme temps j’aimerai poser les questions suivantes ?

    Francis PARNY peut il prouver que la forme du parti est dépassée ?
    Que doit on penser alors de Syriza( en dehors des partis traditionnels) et de sa politique au service du capital ?

    Francis PARNY et « les idées communistes » :

    Ces idées sont-elles celles de l’avenir. Pour moi je le pense et c’est pour cela que je me suis engagé dès 1970.

    Est-ce que JL Melenchon lutte pour les idéaux communiste ?

    Francis PARNY :

    Seule notre autonomie et notre radicalité peuvent nous garantir un retour d’audience nationale en phase avec le mouvement social où les « nuits debout » qui savent quelles sont les forces qu’on affrontent et qui n’en rabaissent pas, pour autant, sur leurs exigences.

    Le NPA est bien plus radical mais malheureusement sans audience nationale.
    Que reste t- il aujourd’hui du mvt Nuit debout ?

  • Camarades, humer l’air du temps dans les manifestations et ailleurs.
    Les prolétaires (syndiqués ou non) qui se sont engagés dans le mouvement social contre la Loi El Khomri, de façon risquée pour certains, ne comprendraient pas et n’accepteraient pas que la "gauche de la gauche" (à laquelle appartiennent JLM et Laurent entre autre), se divise et se chamaille et donc rate son coup en 2017.
    Il y a une occasion à saisir, sinon de renverser la table (ça c’est la révolution communiste), du moins en attendant pour souffler, de changer les couverts, les convives et une partie du menu.
    En cas d’échec de la "gauche de la gauche" dans sa campagne et en l’absence de réel parti communiste pour l’instant, nous irons de révoltes en révoltes sans lendemain avec une issue fasciste possible pour les plus désabusés (cf l’Histoire).

  • Francis Parny s’indigne que Mélenchon constate que la présence des formations qui se disent communistes, que ce soit en Espagne ou en France, provoque des échecs électoraux. Mais il ne se demande pas pourquoi. Et pour y parer, il se demande “Comment porter l’avenir des idées communistes en 2017”. Mais qu’elles sont ces “idées” ?
    Avant de les examiner, expliquons lui pourquoi. La notion de communisme est devenue négative dans le peuple de gauche. Il y a trois grandes causes qui se cumulent. La plus ancienne, et hélas durable, est l’identité communisme-stalinisme. Le PCF qui fut, dès 1925, le plus ancien des partis communistes stalinisés, ne se déstalinisa jamais totalement, car rompre avec le pouvoir stalinien s’effondrant avec l’URSS (en bon dernier des partis européens) ne suffisait pas. Il lui aurait fallu rompre nettement avec tout son passé, sous Thorez, Duclos et C°, jusqu’à Marchais et C°, tous bons petits soldats aux ordres changeants de la direction de Moscou, “le grand organisateur des défaites” (selon le mot de Trotsky). Cette période, les plus vieux l’on vécu sans comprendre comment et pourquoi, et ce sont ceux qui, en masse, sont passés aux Le Pen. Il y à ceux – des pères de ceux d’aujourd’hui - qui ont vécu le PCF votant les crédits pour la guerre d’Algérie, qui ont accepté la légalisation du coup d’État de De Gaulle créant notre Ve République de merde ! Il y a encore ceux qui ont vécu le PCF sabotant 1968. Et enfin nous avons nos contemporains qui vivent encore un PCF, droite du Front de Gauche, refusant d’être une opposition radicale au PS libéral, ne cessant de s’allier à lui pour sauver leurs misérables petits sièges locaux, et empêtrant le radicalisme de Mélenchon, qui n’a que trop tardé à rompre avec lui.
    Et voilà pourquoi ses ex-électeurs tournent le dos au PCF, et qu’il est devenu un repoussoir pour la nouvelle génération en lutte.
    Alors qu’elles sont les “idées communistes” auxquelles se réfère Francis Parny. Pour le nom de communisme, il n’y a d’authentique que celles de Lénine et de Trotsky. Mais on ne voit nul courant du PCF actuel qui s’en souvienne et qui, en conséquence, se mettrait avec Mélenchon, sur sa gauche.
    Michel Lequenne
    m.lequenne@free.fr

  • Enfin, enfin, enfin, des paroles qui nous appellent, qui nous aspirent, qui nous mettent en mouvement. Appuyons la proposition de jlm2017.fr qu’on en finisse avec les jeux politiciens, pour les bonnes places, avec les arrangements entre-soi. Soyons vraiment insoumis, comme nos anciens les "coco" de 40 qui ont risqué leurs vies (et beaucoup en sont morts pour nous), qui ont refusé l’occupation les envahisseurs et qui se sont rebellés. J’ai vu (en préparation) des travaux universitaires, historiques bientôt publiés, qui nous rappellent que les Résistants (au tout début) était des communistes, contre la résignation pétainiste. Retrouvons les idéos de nos luttes d’antan, de nos pères/mères. Nous devons lutter comme si nous étions attaqués, car nous sommes attaqués. AUX ARMES CITOYENS !!!
    Amis, camarades, voyez- vous, vous aussi que le monde de l’argent, de l’austérité est en train de nous esclavagiser ?
    Sans parler des travaux de Annie La croix-Riz, (il faut, toujours lire Annie La croix-Riz) mon papa, ma maman ne sont pas,morts pour ça !!!! Pas pour le Parti anti-socialiste de Hollande, Valls, Macron et c..