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Pourquoi « Réveil Communiste » votera Jean Luc Mélenchon aux deux tours.

par Gilles Questiaux

Publie le mardi 13 septembre 2016 par Gilles Questiaux - Open-Publishing
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Signez cette pétition : Communistes, nous soutenons Jean-Luc Mélenchon pour 2017 ici : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article151154

On ne peut pas attendre de résultat révolutionnaire d’une élection, à elle seule ; même Chavez n’est pas issu d’une élection, mais des rangs d’une armée politisée. Les élections, on dirait que ça vient toujours après les résultats, pour confirmer des choix toujours déjà faits. Cela ne signifie pas qu’elles sont dépourvues d’importance.

Mais quitte à y participer, mieux vaut que ce soit pour atteindre un résultat.

Or Il n’y a qu’un candidat qui peut rassembler. Jean Luc Mélenchon est à 12% dans les sondages sans avoir fait campagne et son score peut monter, car sa notoriété est faite, alors si nous voulons un candidat « de gauche » qui perce, au moins dans les chiffres, c’est lui le bon. Surtout pas un de ces « frondeurs » pourris que favorise la direction du PCF, pas même capables de censurer le gouvernement sur la loi El Khomri.

Je doute de la pertinence d’une « candidature communiste ». Ce « communiste » si on le trouvait voudrait-t-il seulement quitter l’OTAN ? Du PCF tel qu’il est pourrait-t-il sortir autre chose qu’un second Tsipras, qui pour Pierre Laurent était la perle rare ?

On pourra directement aller à la pêche en mai 2017 si on a décidé de faire de la figuration. La « gauche » y compris le PCF n’y a jamais joué d’autre rôle aux élections présidentielles depuis la première en 1965. Cette année-là ce sont les magouilles de l’aile droite de la direction du PCF qui ont crédibilisé la candidature de ce cheval de retour fasciste qu’était Mitterrand. Opportunisme et bêtise conjuguée, il fallait le faire ! L’histoire montre qu’il ne faut pas trop compter sur la clairvoyance, ni sur la transparence des objectifs du groupe dirigeant du PCF. Alors si le parti tourne aujourd’hui le dos à Mélenchon après être allé le chercher, sans demander l’avis des militants ni dans un cas ni dans l’autre, on peut s’interroger sur la qualité de sa stratégie, voire s’il en a une.

Donc si le but est de faire bonne figure, 10%, le seul à l’avoir fait récemment et à pouvoir le refaire facilement est Mélenchon ; car ce n’est pas la machine à perdre du PCF (3% en 2002, 1% en 2007) qui l’a hissé à ce niveau, mais à quoi bon en effet ne faire que 10% ?

Il faut avoir 50% des votes, et faire en sorte de conserver ce résultat. Ce serait du travail de professionnel. Il fut un temps, dans d’autres pays, où les communistes étaient des pros.

Le président français de la Cinquième République concentre pas mal de pouvoir, et un président bien marqué à gauche et déterminé à appliquer son programme devrait être un élément important pour changer la société ; mais pas à lui seul. Il pourrait le faire à condition que la situation déclenche comme en 1936, ou mieux, au Venezuela en 2002, un authentique mouvement populaire.

Tous les actuels politiciens « de gauche » ont peur du peuple, pas assez mondialiste à leurs yeux, il n’y a qu’à voir comme ils emploient avec prédilection le terme bourgeois stigmatisant de « populiste ». Mélenchon est « trop populiste » à leur goût, paraît-il, je considère que c’est un bon point pour lui. Le peuple, il en a peut-être un peu moins peur que les autres.

Quitte à participer à une élection, autant tenter le coup pour gagner ; ce qui est une perspective complètement oubliée par le PCF depuis 1946.

On dit que Mélenchon est une figure parmi d’autre de la gauche petite bourgeoise avec un passé mitterrandien et trotskyste. Bon. Comme tous ceux qu’on nous présentera. Pas un seul ne sera politiquement correct si c’est cela qu’on recherche.

Ce qui compte, c’est qu’il a une chance, limitée mais non négligeable de gagner cette élection présidentielle.

Les légitimistes du PCF, ceux pour qui le parti a toujours raison, surtout quand il a tort, se répandent en aigreur sur le net en lui reprochant d’avoir un « ego » surdimensionné. Il s’est déclaré tout seul, sans demander le feu vert à l’appareil, ni aux milieux bavards et improductifs du militantisme gauchiste. En tout cas on ne pourra pas dire de lui cette fois-ci qu’il est sorti comme la dernière fois des manipulations de leur groupe dirigeant comme un lapin du chapeau.

Si Mélenchon obtient environ 17 ou 18 % des voix, avec la multiplication des candidatures, il pourra être au second tour. Il est manifestement le seul candidat potentiel de la gauche à pouvoir le faire. Ce qui aura déjà pour effet immédiat de couler le PS, et ce ne sera pas si mal je crois, ce sera même le principal objectif rationnel à atteindre dans l’année électorale 2017, une priorité stratégique (il est clair qu’il faudra pour ça voter contre les « socialistes » aux législatives, quelque soit l’alternative. Ce qui sera le vrai « vote utile »).

Il y a une probabilité forte de voir Mélenchon rassembler suffisamment « à gauche » pour accéder au deuxième tour. Mais cela dit, à quoi bon figurer au deuxième tour ?

Et bien au deuxième tour, si Mélenchon est opposé à Marine Le Pen, et qu’il ne se met pas tout à coup à faire des manières sur l’euro ou sur le terrorisme, il a de grandes chances de gagner.

Ce qui n’est pas rien il me semble !

Ceux qui défendent Mélenchon au PCF et ailleurs et qui n’ont pas l’air d’envisager autre chose que « encore 10% » vont être surpris. Ils pourraient être emportés bien plus loin qu’ils ne le voudraient par une vague historique qui se saisirait de l’occasion-Mélenchon.

Les légitimistes « pur-jus » qui rêvent d’une campagne « communiste » pour apporter le résultat en cadeau au PS au deuxième tour sont des ultra-droitiers. C’est la fine équipe de la gauche plurielle de1997-2002 qui théorisait au PCF les privatisations Gayssot.

Sans parler de l’opposition communiste interne ou externe au PCF, qui n’agit jamais et qui est tout juste bonne à avaler des couleuvres, et qui finira par voter PS comme les autres par peur des calomnies et de la mauvaise réputation qu’on colle aux « radicaux » ces temps-ci.

Mélenchon est soutenu par des forces gauchistes, écologistes, il est vrai bien contestables. Mais si les forces communistes pures et dures était un peu moins … faibles on pourrait peut être se passer d’elles, et de lui.

Signalons aussi que en cas d’échec au second tour contre Marine Le Pen beaucoup de masques tomberaient à droite et à gauche, et cela ne signifierait pas pour autant le FN au pouvoir : il lui faudrait encore emporter les législatives, qui sont hors de sa porté. Le FN n’est qu’un épouvantail qui va faire « pschitt » comme disait l’autre.

Dans le programme de Jean Luc Mélenchon, on trouvera l’abolition des lois Khomri et Macron, et l’accent sur la souveraineté (les autres politiciens « de gauche » ne savent même pas ce que ça veut dire). Il veut quitter l’OTAN et s’il ne veut pas quitter l’UE il prétend au moins pouvoir le faire si elle ne fait pas de concession. Or elle n’en fait jamais. Là aussi, on verra.

Ce qui est sûr c’est que si ce n’est pas lui qui représente la gauche au deuxième tour on ne verra rien (si c’était Jacques Nikonoff on aurait en théorie un meilleur programme … mais Nikonoff peut-il faire 1% ?).

Quant au nucléaire, je pense que si Mélenchon devenait président, il aurait d’autres chats à fouetter que de provoquer des pannes de courant en fermant des centrales. Et entre les Verts et la CGT il aura vite fait de ne pas choisir les Verts.

Voilà pourquoi je voterai Mélenchon aux deux tours. S’il ne commet pas d’impair du style de son vote pour l’invasion de la Libye, ou s’il ne se dégonfle pas comme en 2012, quand il a manifestement eu peur de faire réélire Sarkozy. Maintenant il a l’air d’avoir pris conscience de ce que Hollande est le choix le pire de tous du point de vue de la pratique réelle.

Un président de gauche élu déterminé à appliquer son programme doit être courageux. Il court le risque de finir comme Salvador Allende, un autre 11 septembre. Je pense que Mélenchon, pour « changer de République » est prêt à assumer ce risque, et surtout à ne pas se laisser faire.

Nous voterons Mélenchon parce qu’il a pris de bonnes positions sur des enjeux importants, et parce qu’il peut gagner pour les concrétiser. C’est aussi simple que cela, et personne d’autre à gauche ne le peut. C’est le seul qui peut gagner cette élection, et c’est le seul qui ait assez de caractère pour ne pas se faire lessiver par le déchainement de haine qui lui tombera dessus dès qu’il sera élu.

Réveil Communiste est animé par Gilles Questiaux (GQ), né en 1958, professeur d’histoire, membre du PCF et du SNES.

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