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ELECTIONS PRESIDENTIELLES : LA TENTATIVE DE VOLDEMORT par Nemo3637

Publie le mardi 17 janvier 2017 par Open-Publishing

Le candidat de droite pour la présidence de la république française ne brille ni pour son optimisme ni pour son imagination. Rappelons-nous de celui qui, déjà au pouvoir alors, l’air sombre, nous déclarait être à la tête d’un état en faillite (1).
A présent il pilote le « bolide » de la droite et du libéralisme. Mais que représentent encore aujourd’hui ces deux concepts. Voldomort, (2) comme les autres candidats brasse dans son programme cauchemardesque, des milliards dont il ne disposera pas.

Le faux problème de la réduction des déficits.

L’objectif affiché de la droite reste la relance économique et la réduction des déficits. Mais pour bien comprendre ce dernier enjeu il faut s’attarder, une fois de plus, sur la nature de la crise économique qui se manifeste depuis le krach financier de 2008.

A partir de la fin des années 1970 et des deux crises pétrolières qui ont marqué cette période, il devient de plus en plus difficile de relancer la production marchande, de trouver des produits où les investisseurs retrouveraient l’équivalent de ce qu’avait pu rapporter une industrie comme celle de l’automobile dans l’après-guerre ou comme celles concernant les infrastructures d’équipement. L’informatique, les nouveaux moyens de communication, internet, sou tendent la naissance d’une économie à caractère trop virtuel, fragile, où la réalité des investissements devient de plus en plus difficile à discerner, et la crise prévisible comme celle de 2001 (3).

Il y a bientôt saturation des marchés et inadéquation entre l’offre et la demande.

Si la baisse des coûts du travail est le moteur de l’économie capitaliste, on comprend qu’à terme la consommation de masse doit disparaitre puisque le pouvoir d’achat d’une grande partie de la population est appelé à baisser (4). Pendant longtemps, surtout pendant la période d’après-guerre, ce syndrome ne semblait pas menaçant tant que la confiance concernant les marchés et leur pérennité existait.

Confiant en l’avenir on vivait à crédit. Moins confiant aujourd’hui, on continue quand même mais on sait que cela ne peut durer….

Cette vision keynésienne est donc remise en question après 1970 quand on s’aperçoit que les perspectives de retour sur investissement deviennent improbables. Les remèdes des néo libéraux n’y font rien. La seule issue des investisseurs devient la spéculation financière avec ses risques. Les déficits deviennent abyssaux puisqu’à chaque crise on doit renflouer les institutions financières. Ce qui relance encore mieux ladite spéculation, seule activité « économique » rentable.

On a vu aussi que face à une crise systémique, les « j’ai-ma-combine » d’aujourd’hui ressemble aux docteurs Diafoirus de toujours.
Voldemort, lui, voudraient combler ces déficits qui sont, c’est vrai, la promesse de graves crises à venir. Et sa solution réside en fait à une nouvelle pression sur les coûts du travail. Ce qui permettrait, croit-il, de relancer l’économie, entendez les profits des grandes entreprises. Notez à quel point il se place ici docilement dans la perspective allemande dont le crédo est ladite réduction des déficits.

Mais cette vision « classique » a fait long feu. Des Etats-Unis à la grande Bretagne, même les conservateurs au pouvoir (4) en reviennent aujourd’hui à une politique de la demande dans laquelle on place ses derniers espoirs. On laisse filer les déficits avec tous les risques que cela peut comporter. La vision de Voldemort, rétro, plongera la France dans une récession sans issue (5).

Un programme de destruction des services publics.

Ne lésinant pas sur les doses de démagogie, le candidat de la droite a « cru bien faire » en annonçant « la suppression de 500 000 emplois dans la fonction publique ». C’est effectivement un effet d’annonce car une telle mesure, même étalée dans le temps serait impossible à réaliser (6). Le statut desdits fonctionnaires serait bien sûr remis en question comme il en est régulièrement question dans les programmes électoraux de la droite.

Signalons au passage, compte tenu des salaires inconsistants, et malgré la situation du marché de l’emploi, qu’il est déjà difficile de recruter dans certains secteurs, comme dans l’Education Nationale où l’on manque, par exemple, de profs de math.

Selon le candidat, une prétendue efficacité retrouvée pallierait à la réduction des effectifs. Mais en réalité on sait à quoi mène une telle politique. Vers la « bienfaisante » privatisation. Un regard sur le fonctionnement des services publics dans un pays comme la Grande-Bretagne durant les 20 dernières années par exemple, nous le désastre qui en découle et la nécessité d’un revirement (7).

Le code du travail serait « revisité » entendez aboli de fait tout comme les prudhommes pour permettre surtout le licenciement plus aisé et les recours impossibles. Cette revendication récurrente du patronat illustre son esprit d’entreprise et sa confiance dans l’avenir ( !). Cela irait de paire, comme toujours, avec les exemptions fiscales et les passe droit pour les plus malins.
Dans ce pays, où l’entreprise perçoit souvent son profit dans la seule exploitation du travail, la recherche de subventions, voire la fraude fiscale, on perçoit bien la joie de nombre de margoulins qui pourront continuer tranquillement leurs grandes ou petites exactions.

Le leurre du déficit de la Sécurité Sociale.

Quelques paroles de trop à propos de la gestion des remboursements de la sécurité social ont déclenché un tollé telle que le candidat a du faire marche arrière pour rassurer (8).

Non seulement sa vision de la sécurité sociale est combattue de l’extérieur, par la gauche, mais dans son propre camp ont surgi, sur cette question, des oppositions radicales comme celle de Martin Hirsh proposant une prise en charge totale des soins par la Sécurité Sociale comme c’est aujourd’hui le cas en Alsace-Moselle.

Selon le ministère du Budget, le déficit des régimes de base de sécurité sociale a atteint 14,2 milliards d’euros en 2013. Il était initialement prévu à 19,1 milliards d’euros. Le Ministère de la Santé a évalué à 12,5 milliards d’euros le déficit pour la même année 2013 (source wikipédia)

La branche retraite est devenue excédentaire en raison des effets de la réforme de 2013, qui prévoyait une hausse du montant et un allongement de la durée de cotisation - des efforts qui pèsent sur les salariés.

La branche maladie a déjà été fortement ponctionnée pour réduire les déficits, mais c’est là que les efforts les plus drastiques sont prévus pour 2017 : poursuite de la baisse du prix des médicaments, limitation des hospitalisations (en développant les soins ambulatoires), réduction des remboursements de certains spécialistes (radiologie). L’objectif est de réaliser plus de 4 milliards d’euros d’économie

En 2014, le rapport de la cour des comptes publiait : le « trou de la Sécurité sociale » aurait atteint (régime général + fonds de solidarité vieillesse), 16 milliards d’Euros.

Mais ce rapport complète son information par ceci : « Le montant de la « fraude patronale » aurait atteint 20 à 25 milliards d’Euros en 2012 ».

Les chiffres de la Cour des Comptes nous expliquent que « du côté de l’Etat et du Patronat, les taxes destinées à la SS, qui devraient lui être reversées, ne le sont pas, hélas, elles avaient été prévues en partie pour cela, c’est un peu comme l’histoire de la vignette automobile souvenons-nous, en direction des personnes âgées, qui n’ont jamais été reversées.

1/ Les taxes sur le tabac. Ne sont pas reversées – représentent 7,8 milliards d’Euros.

2/ Les taxes sur l’alcool – Ne sont pas reversées – 3,5 milliards d’Euros

3/ Les Primes d’assurances automobiles – Ne sont pas reversées - 1,6 milliard d’Euros

4/ Les taxes sur les industries polluantes – Ne sont pas reversées - 1,2 milliard d’Euros

5/ La part de la TVA – n’est pas reversée – 2,0 milliards d’Euros

6/ Retard de paiement par les entreprises – Ne sont pas reversés - 1,9 milliard

En soustrayant le total des taxes, au prétendu « trou », nous avons donc un excédent de 9 milliards d’Euros.

La Sécurité Sociale a été fondée, dès le départ en 1947, sur le principe des transferts entre les caisses, « qui n’ont rien à voir avec les dépenses des assurés », et que les successives « exonérations des charges patronales non compensées par l’Etat, ont fabriqué une situation ambiguë, complexe, sur laquelle se sont engouffrés les ultra-libéraux et le patronat en tête, pour dire Stop à la Sécurité Sociale et bienvenue à la privatisation ! » (Nicole Cheverney « La fameuse expression "déficit de la Sécurité Sociale" est une légende urbaine, un mythe, une mystification, un mensonge, une manipulation dialectique et comptable. » Article sur AgoraVox du 06/12/2016.)

Mais l’objectif de la droite et des intérêts qu’elle représente, on l’a bien compris, ne réside pas dans la recherche d’une meilleure gestion, mais plutôt dans l’objectif d’une privatisation au profit des intérêts particulier que sont les compagnies d’assurances du privé (assurances et « mutuelles »).

Traquer tous ces pauvres « qui nous ruinent » en cherchant à mettre un peu de beurre dans leurs épinards est donc la cible, le leurre, que veut nous montrer Voldemort.

L’électorat du candidat de la droite institutionnelle recevrait, semble t-il, l’appui d’un certain nombre de personnes âgées. Ont-elles réellement conscience de ce qui va arriver aux régimes de protection sociale si celui-ci est élu ? Alors que la branche retraite de la Sécu n’est plus déficitaire, il voudrait, entre autres mesures, que l’âge de la retraite soit encore reculé avec tout ce que cela implique comme diminution des montants.

Le démantèlement prémédité du système éducatif

Remédier à l’inefficacité du système éducatif ? Quoi de mieux que de l’affaiblir un peu plus et favoriser l’école privée ?

Voldemort, dans les arcanes du pouvoir depuis fort longtemps, issu lui-même de la fonction publique, a été ministre de l’éducation nationale en 2004 et 2005. Son idée de « socle commun des connaissances » avait été torpillée par ses propres amis et il n’avait pas pu mettre non plus en application ni le rétablissement des punitions collectives ni la suppression des TPE. Mais il avait donc esquissé dès 2004 l’essentiel de son programme de 2017.

Si l’un des points essentiel du programme du candidat de droite est la suppression de 500 000 emplois dans la fonction publique, en toute logique la moitié devrait être trouvée dans l’Education nationale. En allongeant de 24% du temps de travail des enseignants en établissement il pense ainsi s’y retrouver. Tous les examens seraient reportés sur le mois de juillet de façon à maintenir les cours sur l’ensemble de juin.

Les directeurs et chefs d’établissement auraient le droit d’embaucher, d’évaluer et de licencier les enseignants. Ils décideraient aussi de la dotation horaire des disciplines. Et encore plus de polyvalence dans le secondaire pour les enseignants de 6ème et 5ème. On aurait ainsi un seul enseignant pour les sciences et un seul pour les lettres et l’histoire géographie.

Le candidat de la droite n’a pas dit ce que deviendraient les écoliers qui n’atteindraient pas le niveau requis en fin de Cm2. Le filtre s’installe à coup sur au collège avec la promotion des sorties précoces grâce à trois dispositifs : l’examen final d’entrée au lycée, la promotion de l’apprentissage et la création d’établissements de relégation. Les objectifs européens de 50% de diplômés du supérieur pourront-ils ainsi être atteints ? Cet objectif préoccupe t-il vraiment Voldomort

Viviane Micaud, sur le site du « café pédagogique » le 15/04/2014 avait émis quelques réflexions pertinentes :
« Par ailleurs, sortir les perturbateurs de l’établissement n’est pas une solution, car cela créera des groupes d’inadaptés à la société qu’il faudra gérer par la suite. Par contre, je pense que les enseignants doivent pouvoir sortir temporairement de leur classe les élèves qui ne respectent pas les règles et ceux-ci doivent être pris en charge dans l’établissement : ce qui nécessite des moyens humains.
Par ailleurs, j’aimerais bien savoir où il trouvera l’argent pour augmenter le salaire des enseignants. Il n’a pas vu une contrainte d’organisation. S’il n’y a pas un bureau par enseignant, c’est totalement illusoire de demander aux enseignants de rester plus longtemps dans l’établissement. La salle des profs ne permet pas de recevoir les élèves qui ont besoin de parler. Ce n’est pas non plus idéal pour recevoir les parents.

Notre Voldomore est peut-être un bon chrétien mais ce n’est pas le critère d’une égalité des chances qui semble l’objet de ses prières

Une politique étrangère marqué par « l’esprit de Munich ».

A Munich, les représentants de la France et du Royaume Uni en 1938, se couchèrent face à Hitler qu’ils voulurent toujours considérer comme un interlocuteur de bonne foi. Face à l’intransigeance du dictateur, ils ne firent que plier en faisant croire qu’ils « négociaient » sans pour autant sauver la paix.
Aujourd’hui face à Bachar El Assad et à Poutine, le raisonnement de capitulation est le même. On faiblit devant celui qui semble fort.

Et du coup tout le monde cherche à se concilier l’autocrate du Kremlin.
C’est un blanc seing donné aux assassins de Syrie. Qu’espère t-on gagner ainsi ?
S’il est vrai que la Russie a des droits qui internationalement n’ont pas toujours été respectés, qu’elle a du se défendre pour conserver son indépendance et développer son économie, c’est toujours néanmoins un état sans démocratie ni liberté, où les droits individuels sont régulièrement bafoués.

La droite la plus bête du monde.

Henri Guaino, qui compte toujours se présenter à ces élections, même après avoir été destitué par son parti Les Républicains « a également souligné son "refus total" du programme de François Fillon, désigné par la primaire de la droite, "parce qu’il est contraire à tous mes engagements, à la fois politiques, moraux, intellectuels, depuis toujours". Comme on lui demandait pourquoi il restait dès lors chez Les Républicains, il a fait valoir que ce n’était pas "le programme du parti". "Il n’a pas été approuvé par les militants du parti", a-t-il affirmé. » (Dominique Faget AFP 16/01/2017)

Certes la gauche française semble en pleine déconfiture. Mais la droite a souvent brillé pour son manque de perspective et une cécité proverbiale. Elle représente un patronat français conservateur peu audacieux, tablant surtout sur la baisse du coût du travail, les exemptions fiscales, des rêves de rentier.

Son candidat, pendant la campagne qui s’annonce, devra affronter, en sus de l’extrême droite et de la gauche, des candidats venus eux aussi de la droite, comme Dupont-Aignan, crédité régulièrement de quelques pour cent de voix, et qui n’est pas encore apparu dans les sondages.

Sans compter le smiley Macron « ni de droite ni de gauche ».
Et si Voldemort ratait le tremplin ?

(1) « Au cours de son premier déplacement officiel en Corse, le premier ministre François FILLON a déclaré : "Je suis à la tête d’un Etat qui est en situation de faillite sur le plan financier, je suis à la tête d’un Etat qui est depuis 15 ans en déficit chronique, je suis à la tête d’un Etat qui n’a jamais voté un budget en équilibre depuis 25 ans, ça ne peut pas durer". Document INA du 21/09/2007
On aurait pu pensé qu’il avait eu le temps, depuis, en tant que premier ministre, de redresser la situation…

(2) Voldemort est le méchant principal de la saga Harry Potter. C’est sorcier doté de pouvoirs considérables, il essaie de prendre le pouvoir pour remodeler le monde des sorciers selon ses idéaux…

(3) Le modèle économique du commerce électronique fait rêver à une croissance faramineuse .La bulle internet démarre dès 1999 et se termine par une crise en 2001 où plusieurs grandes sociétés de télécoms, mais aussi de petites start-up, font faillite….

(4) Mais ce modèle de société basée sur la consommation de masse, est-il pérenne ? N’est-il pas remis en cause ? Le système capitaliste a fonctionné, du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, autour d’une élite de nantis qui « consommait » entre eux. Même si c’était au prix d’une régression, on peut imaginer un tel retour où les « pauvres » de plus en plus pauvres seraient parqués réduits à un minimum vital alors que les « riches », aux commandes, seraient de plus en plus riches… Cauchemardesque mais pas si irréaliste que ça !

(5) « Ce n’est donc pas la thérapie de choc que nous promet François Fillon, mais le choc sans thérapie. Les conséquences en seront une nouvelle poussée du chômage, une nouvelle montée de la précarité. Ces politiques sont l’équivalent, en ce début du XXIème siècle, des politiques désastreuses menées par le Chancelier Brünning en Allemagne, Ramsay MacDonald en Grande-Bretagne, et Pierre Laval en France, au début des années 1930. » Jacques Sapir, FigaroVox, 23/11/2016

(6) Après avoir annoncé vouloir supprimer « 500 000 postes de fonctionnaires » le candidat de la droite a préféré jonglé avec la sémantique en évoquant par la suite la suppression « 500 000 EMPLOIS dans la fonction publique »…
« Selon le projet de rapport annuel sur l’état de la fonction publique , les trois fonctions publiques employaient 942.000 contractuels en 2014. Le nombre de fins de contrat tourne bien autour de 100.000 par an . Mais ne pas les remplacer ne sera pas si facile qu’il y paraît. D’abord parce que bon nombre de ces fins de contrats correspondent à des titularisations - au bout de six ans en contrat temporaire, l’employeur public est obligé de proposer un CDI. Et d’autres sont des CDD renouvelés, des quasi-permanents en somme. L’utilité sociale de ces emplois rendra leur suppression difficile (aides-soignants en renfort dans les hôpitaux submergés, personnels de voirie, contractuels de l’Education nationale, de la police etc...). » Les Echos du 17/11/2016.

(7) On peut noter ce revirement au Royaume Uni :
« On rappellera également que le salaire minimum sera relevé en avril de 25 % à 7,5 livres par heure, soit un gain de 500 livres par an pour un employé à temps plein. » (…) « Cette fois, et c’est la principale nouveauté de la stratégie conservatrice, il y a une volonté de rééquilibrage et de préparation de l’avenir par un soutien à l’investissement et par un soutien à la demande intérieure. L’idée serait donc de réduire l’effet du Brexit par une stratégie agressive, le temps de mettre en place un nouveau modèle, plus solide, fonder sur une industrie technologique et une demande des ménages plus durable. »
« Brexit : le gouvernement britannique donne la priorité à l’investissement » Roaric Godin, « La Tribune » du 23/11/2016.

(8) Le candidat de la droite a d’abord évoqué l’idée de déremboursement pour certaines maladies pour se rapidement raviser. C’est bien sûr ce qu’il pense faire mais en période électorale c’est évidemment une maladresse de l’annoncer.