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Ma vision : qu’est-ce que la décroissance ?

par Michel Piriou

Publie le jeudi 19 janvier 2017 par Michel Piriou - Open-Publishing
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Ma vision : Qu’est-ce que la décroissance ?
dans Mes articles le 12 Juin 2012 à 10:05

La décroissance n’est pas un concept mais je dirais quand même que c’est une conception de la vie pour démontrer le côté mortifère de l’idéologie de la croissance pour la croissance. Cependant la décroissance n’est pas le contraire de la croissance économique, elle n’est donc pas la récession. Elle n’est pas l’inverse de la croissance dans une société de croissance. La décroissance n’est donc pas, pour l’instant, un autre modèle économique, ni même politiquement une alternative économique. Ce qui ne veut pas dire que les décroissants ne recherchent pas à mettre en place dans le foisonnement des idées et des initiatives un autre modèle de société et à mener parallèlement un combat sur le plan politique pour une alternative économique. Pour mieux comprendre la signification du mot d’ordre de « décroissance », on devrait même parler d’« a-croissance » comme l’on parle d’a-théisme ainsi que l’exprime Serge Latouche. La mouvance de la décroissance entend ainsi faire décroître l’empreinte écologique de nos sociétés, tout en remettant en cause l’économisme qui sature nos imaginaires collectifs et individuels. C’est-à-dire qu’il faut par la décolonisation de notre propre imaginaire « sortir de l’Economie » pour la remettre à sa place originelle, nous déconditionner, nous désintoxiquer du productivisme, c’est-à-dire la réenchâsser (l’économie) dans le social et le politique, et plus largement dans nos vies. Pour une vie sociale où il y ait « plus de liens et moins de biens ! » La décroissance est un "dépassement" de la modernité au sens d’une opposition à l’essence même d’un système capitaliste comme condition de sa réalisation. C’est l’esprit (le gène) même de la démesure et de la domination qu’il faut extraire de l’ovule.

Quand on prend l’exemple de la croissance, on devrait penser à la nature et aux bébés. Nous sommes heureux de la croissance de notre enfant, il grandit, forcit, devient un beau graçon, une belle fille. On en parle aux voisins, on le/la montre à tout le monde, nous sommes satisfait de sa croissance. 5ans, 10 ans, 15 ans, il a bien profité. 20 ans il continue de grandir, il est parfait... Oui mais il continue sa croissance... il grandit...grandit... On s’inquiète, on en parle beaucoup moins, est-il normal ? il est dérèglé... C’est toute la différence ; nous voulons toujours sa croissance mais dans la pleinitude. Qu’il fasse de bonnes études, qu’il apprenne les langues, qu’ils connaisse le monde...Il y a un au-delà entre la croissance quantitative et la croissance qualitative. A un moment donné la croissance quantitative doit cesser pour laisser la place à la croissance qualitative qui est le développement de l’harmonie, de la maturité et aussi de celui qui est l’optimal allant vers le déclin.
La décroissance est par essence qualitative, il ne faut pas absolument décroître mais décroire.

Dennis Meadows l’auteur de "halte à la croissance" a bien signifié l’arrêt de la croissance quantitative en 2010 dans son rapport, faute de ressources suffisantes, de pollutions généralisées, de terres épuisées ou mortes.
C’est aussi l’idée de ne produire que ce qui est vraiment utile et de se questionner sur nos besoins réels en opposition au superficiel, de trouver des modes de productions cohérents avec des besoins cernés. Nous voulons être responsables et gagner notre autonomie.

C’est enfin, maintenant que nous approchons sensiblement des limites de notre écosystème, l’idée d’apprendre à vivre et collaborer avec lui au lieu de le détruire. C’est le souci du milieu de vie en tant que déterminant de la qualité de la vie qui fait la qualité d’une civilisation.

Ce n’est qu’une petite idée de la notion de décroissance…(Nous sommes bel et bien entré dans une erre de pénurie).

Quelle est la différence entre "décroissance" et "développement durable" ?

Ces deux notions peuvent paraître proches mais ne le sont pas.
En quelques mots on peut dire que le ’développement durable’ cherche à concilier croissance économique et respect de l’environnement alors que la ’décroissance’ considère que la croissance économique est un des principaux facteurs de la destruction de notre environnement. Par ailleurs la problématique de la ’décroissance’ déborde largement la question écologique. Le développement dans un monde fini ne peut pas être durable s’il n’aborde pas les notions de cycles et de recyclages d’un système fermé propre à sa survie.

Si le terme "décroissance" vient s’opposer à "développement durable", c’est aussi en raison de la récupération simple et sans complexe qui a été faite de ce dernier par les industriels, les politiques et les médias. On ne pas simplement tout repeindre en vert et continuer à vivre sur des apparences. Sous la peinture s’installe aussi la rouille qui n’est que poussière. Nous ne pouvons pas attendre que la réalité tombe en poussière. Notre réalité…

Qu’est ce que la simplicité volontaire ?

C’est le fait d’adopter un mode de vie sans fioriture, où seul l’essentiel a sa place, en tout cas d’un point de vue purement matériel.
En pratique, cela va consister à avoir peu de besoins et à utiliser les produits de la manière la plus économique, de manière à aller le moins souvent possible nous ravitailler.

Cela a pour conséquences directes de tranquilliser l’esprit, d’économiser la planète, et de faire gagner moins d’argent aux multinationales. Mais la meilleure définition est celle-ci :

On peut tenter de résumer la simplicité volontaire en citant Ghandi : « Vivre plus simplement pour que d’autres puissent tout simplement vivre » Par d’autres, il ne faut pas entendre seulement le genre humain, mais tout les autres, les animaux, les arbres, les plantes, les rivières…les insectes. Le monde du vivant.

Est-ce que la simplicité volontaire c’est se priver ?

Certains reprochent aux décroissants de refuser en bloc le confort et la technologie, de prêcher l’ascétisme et la privation lorsqu’ils parlent de simplicité volontaire, bref comme on nous le sort trop souvent, de vouloir nous éclairer à la bougie et de vivre dans une caverne. C’est là se méprendre sur un point essentiel, car cela sous-entend qu’une simplicité volontaire ne peut pas être agréable, et qu’on ne peut adopter un tel mode de vie qu’en s’y contraignant.

Une simplicité volontaire est un mode de vie qui pollue moins, produit moins de déchets, et qui consomme moins de ressources non renouvelables. Mais vivre dans une simplicité volontaire ne consiste aucunement à se priver ni à s’auto-réprimer, ce n’est pas vivre dans la frustration. Il ne s’agit pas par exemple de prendre les transports en commun ou son vélo "simplement pour la bonne cause". Il ne s’agit pas de se forcer à le faire, mais de le faire parce qu’on en a envie. La simplicité volontaire consiste dans un premier temps à penser autrement, à désirer autrement. Comment peut-on trouver le vélo plus désirable que la voiture individuelle ? Comment cultiver un potager peut-il être plus désirable que de consommer des légumes achetés en grande surface ? Comment, faire autre chose que regarder la télé plutôt que bricoler avec son voisin et partager les outils.

Pour cela, il s’agit d’abord de garder un regard critique, de ne pas considérer comme une certitude que le mode de vie classique est par essence le meilleur, et surtout il s’agit de découvrir d’autres modes de consommation associés à d’autres modes de vie, plus riches, plus agréables, plus conviviaux.

Pourquoi la décroissance propose de " sortir de l’économie " ?

Pourquoi les objecteurs de croissance ne revendiquent-ils pas une économie plus sensible à l’écologique, ni une croissance économique zéro et encore moins une croissance économique à l’envers (une décroissance économique), mais carrément une sortie de l’économie ?

« Sortir de l’économie », c’est loin d’être évident pour tout le monde tellement l’économisme universel est évident, tellement les échanges sont réglés par l’argent, le salaire, la valeur d’échange plutôt que la valeur d’usage, les prix, « les lois » dites économiques ? En effet l’économie néo-libérale n’est pas la seule possibilité d’échange ? Je renvoie là à toutes les perspectives de l’économie sociale et solidaire.
En sortant des conditions actuelles de nos existences réduites à des marchandises nous montrons clairement que nous pouvons construire sur autres choses que l’universalisme d’une vision dominante qui réduit la réalité du monde et la sensibilité humaine à de la simple « réalité économique ». La vie n’est pas la « vie économique ».
Peut on être décroissant et être en faveur de l’accroissement de la population mondiale ?

On ne peut pas considérer la démographie humaine au même titre que la production de biens et de services...Cependant les deux sont liés ainsi que le démontre l’empreinte écologique. Ainsi, sans nous voiler la face et sans cautionner les idéologies « anti-natalistes » nous serons amener à nous déterminer face à une réduction de la population mondiale si nous voulons vivre dans un monde « habitable » en cohabitant avec toutes les espèces vivantes harmonieusement.
De la même façon, nous réfutons le principe selon lequel tous les êtres vivants se valent. Que la vie d’un homme en quelque sorte vaut autant que celle d’une fourmi ou d’un ver de terre. Nous considérons qu’une vie humaine ne peut pas être comparée à une autre forme de vie et ce, sans pour autant considérer l’humain comme une espèce supérieure et dominante.

D’une manière générale, nous refusons les pensées et les théories qui désignent "toute" l’humanité comme un « problème » ou un « cancer ». Nous cherchons avant tout à regarder le monde sans haine et à ce titre les propos et les mots qui respectent la dignité humaine. Le langage actuellement utilisé et largement diffusé dans notre éducation et nos apprentissages est un langage guerrier : conquête, concurrence, compétition, gagnant perdant, le plus fort, et nous sommes évalués, mesurés selon ces termes. Nous devons prendre le contre-pied pour changer notre rapport à nous même, aux autres et au monde, pas qui nous entoure mais dans lequel nous baignons comme élément. « Le mot environnement est largement galvaudé ». Pensons coopérations, union, renoncement, altruisme, solidarité, fraternité, alliance, entente…et nous aurons le miracle d’une autre vision.

Cela étant dit, il existe bien évidemment des limites à la densité des populations, temporellement et géographiquement variables. Sur cet épineux problème, deux tendances se dégagent et peuvent être énoncées comme suit :

Soit, on adapte la population mondiale aux ressources globales et on programme arbitrairement un éventuel gouvernement mondial une diminution de la population de telle ou telle région, avec tous les effets désastreux qu’on peut imaginer.
Soit on vise à ce que telle population soit capable de s’approprier les ressources du territoire sur lequel elle vit (et donc à ne pas voir d’autres populations s’installer à sa place), à ajuster elle-même sa reproduction dans le temps en fonction de ces ressources ainsi auto-contrôlées. C’est ce que l’on peut appeler une « autonomie relocalisée » Là aussi la symbiose homme/nature est notre guide.

Quand je dis que la nature est notre guide, c’est essentiel, car nos pas laissent des empreintes, pas très écologiques.

Qu’est-ce que l’empreinte écologique ?

L’empreinte écologique est une mesure de la pression qu’exerce l’homme sur la matière et notamment sur celle qui peut servir nos projets énergétiques. C’est un outil qui évalue la surface productive nécessaire à une population pour répondre à sa consommation de ressources et à ses besoins d’absorption de déchets.
Par exemple : Un européen a besoin de 5 Hectares pour maintenir son niveau de vie, Si tous les êtres humains vivant comme des européens, il faudrait 2 à 3 planètes supplémentaires. Si tous… vivaient comme les américains, il faudrait 2 à 5 planètes et, si tous les chinois vivaient comme les américains, il faudrait 2 à 10 planètes. Donc, la solution n’est vraiment pas dans le développement, puisque l’homme épuiserait sans vergogne 10 planètes.

EN CONCLUSION

Une autre façon de considérer la décroissance
On peut aussi définir la décroissance comme une résistance « l’ensemble des combats menés au nom de la sauvegarde de la planète, du vivant et de la dignité humaine » contre l’occupant (les libéraux et ses "kapos"). La décroissance doit être appelée à s’organiser comme une logique d’occupation, à laquelle correspondent des mouvements et les formes civiles (fondations, associations, coopératives, éco-reseaux...etc) Ou bien, en fonction des réactions des dominants, comme une logique de guerre à laquelle se rattacheront des réseaux plus ou moins clandestins et donc à une lutte selon une logique militaire. C’est un peu ce qui se passe au -chiapas- avec la rébellion zapatiste. Disons que c’est une forme d’insurrection et de résistance intelligente et humaine qu’on aimerait planétaire. Un tel recours à l’idée de réseau doit certes travailler à se différencier de la pacotille horizontaliste pseudo-libertaire. Ce qui suppose en premier lieu d’indiquer clairement qu’un réseau de résistance ne serait se réduire à des moyens d’information et à Internet aujourd’hui. L’idée de réseau signifie d’abord le refus de constituer une structure organisatrice centralisée, unifiée et stable. Pour privilégier la recherche d’un "écho" qui se convertisse en de nombreuses voix, en un réseau de voix, qui opte pour se dire à lui-même, se sachant un et multiple, se connaissant identique dans son aspiration à écouter et se faire écouter, se reconnaissant différent dans les tonalités et les forces des voix qui le forment.

Dépourvu de direction centrale, le réseau se définit comme un moyen de mettre en résonance, afin qu’elles s’appuient (les voix) mutuellement et se renforcent les unes et les autres, toutes les résistances pacifiques, toutes les singularités, toutes les nouveautés, toutes les idées, tous les esprits et tous les cœurs. Sachant qui et quoi et affrontent, pour qui et pourquoi, ce qu’elles contestent en s’insurgeant dans de multiple cercles de résilience rétroactifs. Sans pour autant imposer qu’elles adoptent la même forme ni qu’elles se fondent dans le moule préétabli d’un concepteur.
Cette lutte peut consister en des actions de renseignements et de compréhension des aspects civils et non-violents comme l’existence d’une vaste toile web chiffrée, la diffusion de tracts, l’organisation de grèves et de manifestations, la mise sur pied de multiples filières autonomes pour initier les citoyens conscients, les réfractaires au système libéral.

La résistance peut se manifester en ville comme à la campagne, surtout après la naissance de zones privilégiées en rupture et en transition du modèle néolibéral. Les décroissants formeront l’avant garde de l’armée des clairvoyants rassemblant des hommes et des femmes de tous horizons, exposés tous à une forte répression de la part du système capitaliste ou encore de l’État français.

Si la Résistance active et organisée compte au moins 2 ou 3 % de militants, elle doit s’appuyer sur l’ensemble de la population française pour survivre et se développer, avec de multiples complicités populaires si nous devions basculer à une époque "d’îlots".

L’histoire du monde fini commence disait Paul Valery, c’est celle de la décroissance et de la résistance intérieure qu’il s’agit d’unifier sous l’égide d’un grand mouvement citoyen par La création du Conseil national de la décroissance puis celle des Forces militantes de l’intérieur marquant les jalons essentiels d’un processus d’unification qui sera parfois difficile, mais sans équivalent dans le reste de l’Europe dominée.
Quand un système est incapable de traiter ses problèmes vitaux il se dégrade, et meurt s’il n’est pas capable de susciter un méta système : une métamorphose, comme la chenille devient papillon mais conserve son essence.
C’est à cette métamorphose que je vous convie toutes et tous, car si nous ne sommes pas, nous décroissants, les pionniers de ce méta système, alors effectivement il se pourrait que nos descendants vivent dans des cavernes et s’éclairent à la bougie.

« Il ne faut pas s’accrocher aux alternatives en se disant qu’elles vont changer la société.

La société changera quand la morale et l’éthique investiront notre réflexion.

L’avenir ne se décrète pas, il se construit.

Michel Pirou

Messages

  • Monsieur Piriou, votre idée de décroissance concerne quelle(s) partie du monde ?

    Autre question, liée, que pensez-vous de la monnaie coloniale du Franc CFA et des comptes d’opération qui confisque l’argent (par centaines ; voire milliers de milliards d’euros) de quinze pays Africains ?

  • La décroissance, une logique en temps de crise capitaliste ! Et c’est bien pour ça que se plonge dans la difficulté d’explication la propagande bourgeoise et notamment sa roue de secours "la social-démocratie" ! MARX ne niait pas que le capitalisme pouvait à certaines périodes de croissance apparaître comme créateur de richesses ! Ce qui permettait à la social-démocratie à se faire paraître comme génératrice de progrès social ! Que nenni, l’avalanche de décroissance ! Plus rien à distribuer sur la marge concédée par le capital ? Voilà nos sociaux- démocrates coincés dans leurs illusions à planifier quelque peu de progrès social ! Vous ne voudriez pas qu’ils s’en prennent aux distributions de dividendes des actionnaires, ils sont gérants du capitalisme et même à se battre pour apparaître comme les meilleurs gérants loyaux (dixit : Léon Blum) ! D’où la foire d’empoigne à laquelle nous assistons, je dirai : tempête sous des cranes ! CQFD ! Ils tombent sous les coups d’une peur "bleue" de ces choix : Ou la peur du Peuple ou celle d’un coup d’Etat ? Beaucoup de sociaux- démocrates savent la réalité des écrits de MARX sur la violence innée et dogmatique du capitalisme qui peu à quelconque période déclenchée un autre cataclysme !