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ART ARTISTES et MIGRANTS

par lili-oto

Publie le vendredi 17 mars 2017 par lili-oto - Open-Publishing
9 commentaires

Des milliers de migrants meurent chaque année dans la Méditerranée. L’artiste Ai Weiwei met en place un bateau en caoutchouc géant pour représenter la crise européenne des réfugiés.

j’avoue qu’on aimerait bien avoir les budgets de l’artiste chinois Ai Weiwei pour dire nous aussi en France par des expos notre ressentiment d’artiste pendant cette présidentielle 2017 sur ce qui se passe avec les migrants, les SDF, la pauvreté de + 10 millions de français face à la richesse exponentielle des milliardaires français dit l’artiste lili-oto.

La liberté de création artistique a un prix ! Les artistes plasticiens en France ne sont pas égaux face aux subventions, face aux parrainages ou face aux sponsors. 99,7% des artistes plasticiens en France ne peuvent pas comme le citoyen lambda exprimer dans l’espace public leurs regards, leur colère, leur part du sensible.

L’espace public a été privatisé grâce à l’argent du contribuable, grâce à la législation, grâce à la spéculation immobilière, grâce à la mainmise et l’appropriation de la presse par les + riches, grâce à la confiscation des institutions publiques qui diffusent l’art contemporain, grâce à l’influence et le réseautage de communautés d’intérêts comme le CIPAC (association où se mélangent, s’associent scandaleusement intérêts privés et intérêts publics (conservateurs fonctionnaires et galeriste d’art privés, critiques, agents d’art, (etc) et où surtout les artistes plasticiens sont interdits).

Les artistes plasticiens en France ne sont pas égaux non plus dans la vente publique (collection des collectivités territoriales) de leurs oeuvres grâce à l’association des directeurs de FRAC qui rendent opaque cette institution régionale d’achat d’oeuvres d’art, des FRAC qui violent les recommandations de l’UNESCO fondatrice de ce concept de collections régionales (et non pas créés par J Lang comme le marketing politique a voulu le faire croire depuis 30 ans). Les artistes plasticiens en France ne sont pas égaux non plus dans la vente publique grâce au CNAP collection d’état qui siège à la Défense à Paris composé d’un jury issu exclusivement du réseautage avec des achats d’oeuvres bien souvent à des artistes d’un jour et où des artistes talentueux présents sur la scène public depuis 30 ou 40 ans ont été exclus afin de ne pas faire de l’ombre aux amis artistes institués par ce petit réseautage qui dirige toutes ces institutions d’art contemporain main dans la main et s’auto-nommant aux commandes institutionnelles avec la bénédiction des élus locaux ou du ministère de la culture (...).

La violence des riches avec leurs sbires est une réalité de tous les jours dont nous sommes tous victimes, artistes et le citoyen lambda mais aucun débat à ce sujet dans la présidentielle 2017 comme d’habitude. On nous bassine dans cette élection avec une égalité virtuelle et éphémère face à l’accès à la culture, mais en écartant partout les artistes des centre-villes, en les excluant via les maires et leurs mairies de l’espace public, en les chassant des institutions publiques ou en légiférant contre les artistes squatteurs assimilés à des terroristes, alors qu’ils ne font que de prendre des ateliers que les élus refusent leur donner pour pratiquer et pérenniser leurs activité artistique. On a ouvert en grand les portes du pouvoir à l’extrême droite en excluant les artistes de l’espace public partout sur le territoire français... C’est la créativité, l’ingéniosité, l’intellect qui sont fondateurs d’évolution, de justice sociale, de bien être, pas l’entrepreneuriat en mode libéral, pas le conservatisme ou la haine de l’autre. L’espace public est bon par la culture, bon pour la création artistique, bon pour la liberté d’expression, pour la liberté de manifestation, bon pour le lien social, bon pour l’effervescence mais mauvais pour la guerre civile (le cheval de Troie de l’extrême droite) ou mauvais pour la confiscation des biens communs par des riches spéculateurs rêvant d’autoritarisme, de société autoritaire, de société de contrôle, de surveillance et de confiscation.

Lili-oto artiste plasticien

http://www.lili-oto.com/

Portfolio

Messages

  • Voici le poème

    Méditerranée

    . .

    La femme allongée sur la plage bronze,

    aucun mouvement, le soleil si fort, si haut,

    pas un bruit, hormis le léger clapotis,

    des vagues qui inlassablement se suivent.

    . .

    Là, dans l’immensité, seule couchée sur le ventre,

    ni vent, ni nuage, le temps semble définitivement arrêté,

    un monde de douceur sur le sable trop fin,

    la chevelure brille, humide sur sa peau.

    . .

    C’est trop de bronzage, trop de soleil, trop de sel,

    trop de silence, trop de vagues, trop d’azur,

    trop de douceur, de sable et d’immobilité,

    une épeire besogneuse tisse un suaire diaphane.

    . .

    Fabrice Selingant

    déjà publié ici : bellaciao.org/fr/spip.php ?article153186

    Fraternellement. Fabrice le Rouge-gorge

  • réponse à Rouge-gorge par poésie, débattre à coup de poème, pourquoi pas !

    les deux petits fragments

    Tantôt à venir, tantinet prochain

    D’un jour tant attendu...

    Un petit glaçon

    S’est épris

    D’un petit caillou...

    Blé d’orge sur canapé de glace

    Dièdre et Polyèdre prirent place.

    Et

    De ce jour tant attendu

    Le petit caillou s’est épris du petit glaçon...

    Conjugués, conjuguant

    Mêlant aux pétales de ses cristallines

    Le parfum de ses silices

    Au grand désespoir des quatre saisons

    Ils se sont enfuis

    Quelque part...

    Où d’étranges silences viennent s’échouer

    Dans un jardin sacré humide et doux

    Dont seules tes deux lèvres ont encore le secret...

    Lili-oto, poésie perso d’un artiste plasticien...

    • Belle histoire d’une amour surprenante et ambiance poétique volontairement enfantine, la fin, elle se fait délicatement adulte.

      Mais, par ailleurs, relis le poème Méditerranée, il évoque la mort d’une migrante sur une plage. Ce n’est pas forcément évident, lors d’une première lecture, mais les indices sont bien là, de plus en plus précis, au fil du texte et de son ambiance.

      Ainsi, le commentaire de cette lectrice qu’est Chrys : "On pense à Et Dieu créa la femme, aux mauresques de Lodève, enfin tout ce qui fait le sel de la vie pour les vacanciers de cette sucrée méditerrannée, et puis la chute est brutale, et me ramène à l’horreur vécue par les migrants."

      Et l’une de mes réponse à Essim, un autre lecteur : "Bien sûr, j’ai écrit ceci avec une pensée pour le poème de Rimbaud."

      Le dormeur du val

      C’est un trou de verdure où chante une rivière
      Accrochant follement aux herbes des haillons
      D’argent ; où le soleil de la montagne fière,
      Luit : C’est un petit val qui mousse de rayons.

      Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
      Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
      Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
      Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

      Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
      Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
      Nature, berce-le chaudement : il a froid.

      Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
      Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
      Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
      Arthur Rimbaud

      Fraternellement.

      Fabrice le Rouge-gorge

  • Les cheveux de papier d’un assassin au piquet
     
    As-tu vu au loin d’une giboulée de plis immolés
    Pleurer la chair d’un papier au velours démembré
    Ironie d’un Feuilleté calciné au seul signet vivifié
    Féeriques vapeurs grisées des scellés d’un état brisé
     
    Oscille rêve de vie sur le lys d’une jouvence à hier
    Tout est sable sous ces pages noircies de poussière
    De fêlures en volutes cousues de soie de sorcières
    Que leurs palais hâlés délestent au cul de leurs prières
     
    L’encre d’amertume achemine ce charnier à la plage
    Nul ne console ces chimères résidus au cruel voyage
    D’une déchéance ailée de néant en marge de ce rivage
    Les écœurés gîtent sur ce fil confus aux pluriels visages
     
    Sous les cheveux de papier de ce démoniaque artifice
    Se brode un silence retrempé des plis cruels du sacrifice
    Où s’abreuve de suc ce boit-sans-col aux rêves d’édifices
    D’ivresse en bévues, le farfelu se fouille encore l’orifice !
     
     
    lili-oto, poésie perso, artiste plasticien, (sur les migrants)

  • Ils se meurent sans vous ni vous
     
     
    Ils se meurent sans vous ni vous
    errance d’un voyage sans extrémité
    des secrets d’une route en tourment
    gouttelette cruelle d’un désordre illicite
    liberté dévoyée d’une autorité zélée
    fracture abjecte de l’inconvénient d’être
     
    Ils se meurent sans vous ni vous
    dans les crues d’une larme de bitume
    au gré des chemins de choses en loin
    inaccessibles pétales fleuries de l’oubli
    au delà de nos mondes amers d’érection
    semblables aux vivants en octroi du vivant

    Ils se meurent sans vous ni vous
    proies de dissonances distanciées
    perfides plaies vibrantes d’ostentation
    en calamité statufiée en ministère défroqué
    de ses sombres desseins d’impératifs funèbres
    d’un hymne au cynisme aux viscères de l’impitoyable
     
    Ils se meurent sans vous ni vous
    étrangeté primitive de cette symphonie contre humaine
    d’énigmes post-modernes aux essences défragmentées
    entrailles du chaos courtisan d’archaïsme prédation
    démoniaque dévotion juteuse d’expédients meurtriers
    édulcoration d’effigies primaires aux substrats barbares
     
    Ils se meurent sans vous ni vous
    algorithme réquisitoire de l’homme à l’état baveux
    cliché sordide du déterminisme en équations cupides
    boursicotage et oscillations flottaison de l’horreur
    lèvres externes d’une vie déférée aux auspices du signe
    unité de vie désossée du sens émincé de vie aux phonèmes de l’existence
     
    ils se vivent sans vous ni vous et se meurent disparus de nous
     
     
    lili-oto, poésie perso, artiste plasticien, sur les migrants, je l’ai écrit en 2011

    • Merci pour ces deux textes qui ont toute leur place comme articles de Bellaciao, pleinement vis en valeur.

      C’est beau, chargé de sens, empli d’images fortes, empathique et humaniste.

      Il faut pour chacun une présentation qui les fera lire et permettra à d’autres de s’en emparer, pour mettre la poésie au mains des militants, là, où, on ne l’attend pas, mais bien là, où, elle a complètement sa place vraie, loin des livres empoussiérés et plus proche des lecteurs qui en ont soif.

      Fraternellement.

      Fabrice le Rouge-gorge

    • Bravo pour ce pamphlet et ces poèmes vigoureux , accordés qu’ils sont d’ indignation devant les travers de la société et de nécessité d’un combat.
      Rien à ajouter à ce que dit très bien Fabrice, si ce n’est pour mettre un autre grain de sel à la cuisine de l’écriture :
      « Mon point de départ est toujours un besoin de prendre parti, un sentiment d’injustice. Quand je m’installe pour écrire un livre, je ne me dis pas "Je vais créer une œuvre d’art." J’écris ce livre parce que je voudrais dénoncer un mensonge, je voudrais attirer l’attention sur un problème, et mon premier souci est de me faire entendre. Mais il me serait impossible de poursuivre la rédaction d’un livre, ou même simplement un long article, si cette tâche ne constituait pas aussi une expérience esthétique. »
      Orwell,« Pourquoi j’écris », 1946

    • Je ne connaissais pas ce « Pourquoi j’écris » d’Orwell.

      Je souscris pleinement à cet engagement d’écriture avec la dimension esthétique, j’ajoute, pour ma part, le sentiment d’urgence d’écriture, fait qu’il y a la part non contrôlée qui prend le pouvoir, s’accommodant, plus ou moins, avec l’initiative première, il arrive souvent que trois textes s’écrivent au même moment, en concurrence, à trois heures du matin, avec un sommeil brisé par l’impériosité de la page.

      « Un poète doit développer son propre rythme… Le rythme magnétise et électrise la poésie ; chaque poète doit trouver le sien ou les siens. » disait Vladimir Maïakovski. et : « Je suis là où se trouve la douleur / à chaque larme qui s’enfuit / sur ma croix je me crucifie » « L ‘univers dort / l’oreille énorme posée / sur sa patte nuitée d’étoiles »

      Fraternellement.

      Fabrice le Rouge-gorge