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Au débat sur TF1, Mélenchon veut "réquisitionner" Lafarge pour son rôle en Syrie

Publie le mardi 21 mars 2017 par Open-Publishing

Lutter contre le terrorisme, aujourd’hui essentiellement islamiste, par tous les moyens y compris lorsque l’ennemi est un grand groupe français. Jean-Luc Mélenchon s’est montré ce lundi 20 mars intraitable sur le sujet en pointant lors du grand débat sur TF1 la stratégie du cimentier Lafarge en Syrie.

"Que tous ceux qui, en matière de lutte contre le terrorisme, collaborent avec l’ennemi soient châtiés". Les mots de Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle, lors du grand débat qui a opposé ce lundi 20 mars les cinq principaux prétendants à l’Elysée sur TF1, sont sans concessions. "Combattre l’ennemi" avec davantage "de renseignements", y compris lorsque l’ennemi est insoupçonnable, promet le tribun s’il est élu. Dans sa ligne de mire, le grand cimentier franco-suisse Lafarge, accusé d’avoir fait des affaires avec Daech en Syrie jusqu’en 2014, soit bien après le début de la guerre.

"Le terrorisme, est pour l’essentiel le fait de l’islamisme politique", commence le candidat. Et de poursuivre : "Régionalement, ce sont des groupes qui se battent pour de l’énergie et des richesses". Or, cette lutte pour les richesses, au détriment de toute autre considération, notamment éthique, est précisément ce qui a été reproché à Lafarge sur son site de Jalabiya, dans le nord-est de la Syrie, comme l’a rappelé Jean-Luc Mélenchon pendant le débat : "Ceux qui pactisent avec l’ennemi doivent être punis, par exemple le groupe Lafarge".

Il lance également : "Ceux qui collaborent avec l’ennemi doivent être châtiés, en particulier l’entreprise Lafarge qui a payé les troupes de gens qui ont assassinés des gens chez nous. Ceux là doivent être punis, réquisitionnés et en tout cas leur faire payer chèrement ce qu’ils ont fait."

Jusqu’en septembre 2014, les dirigeants de l’usine - sous les directives de la hiérarchie parisienne entre autres - n’auraient de fait eu aucun scrupule à s’arranger avec les chefs de l’Etat islamique, en particulier afin d’obtenir d’eux des autorisations de circulation sur les routes placées sous le contrôles des terroristes ou encore afin d’obtenir le carburant - du pétrole - nécessaire à la fabrication du ciment alors même que tous les pays de l’Union européenne étaient interdits d’en acheter en Syrie depuis 2012.

Des accusations que ne conteste pas Lafarge, en interne. D’après les conclusions d’une enquête interne rendues publiques début mars par Le Monde qui a révélé l’affaire en juin dernier, le groupe reconnaît en effet avoir "remis des fonds à des tierces parties afin de trouver des arrangements avec un certain nombre de ces groupes armés, dont des tiers visés par des sanctions". Inacceptable donc pour Jean-Luc Mélenchon, qui appelle par conséquent à des sanctions. Le ministère de l’Economie a d’ailleurs d’ores et déjà saisi la justice, en septembre 2016, pour enquêter sur ces "possibles infractions."

https://www.marianne.net/societe/au-debat-sur-tf1-melenchon-veut-requisitionner-lafarge-pour-son-role-en-syrie