1 er Mai : CFDT pro-Macron anti-FN : crise de la collaboration de classe.

1 er Mai : CFDT pro-Macron anti-FN : crise de la collaboration de classe.

Le 1 er Mai est la journée internationale de lutte des travailleurs et travailleuses salariées. On s’attend donc à ce que les différents syndicats de salariés manifestent et s’expriment, soit à l’unisson soit avec quelques discordances secondaires, mais bien pour défendre les intérêts matériels et moraux de l’ensemble des travailleurs et travailleuses du privé et du public, à statut précaire ou stabilisé, nationaux ou simples résidents. On s’attend aussi à ce que les chômeurs ne soient pas oubliés.

Quand pointe la menace fasciste, on s’attend aussi à un rappel contre MLP sur de ce qui menace le monde du travail tant en matière salariale et fiscale mais aussi en termes généraux de liberté et d’égalité, tant pour les hommes que les femmes, tant au travail que hors travail.

Ces deux volets vont en principe ensemble. Le syndicat n’est pas une association anti-raciste et anti-fasciste bien qu’il dispose de ce volet dans ses projets d’orientation.

Le problème vient quand un syndicat se tait sur les revendications sociales car il s’est lié auparavant à un candidat centriste voire de droite . La CFDT a défendu un candidat aux élections politiques : M Macron (1). Cela n’est pas une première dira-t-on. La Charte d’Amiens de 1906 n’a pas toujours été respectée. Mais ici, ce qui est nouveau, c’est quand même d’avoir défendu la candidature d’un ex-banquier qui va poursuivre une politique pro-capitaliste et anti-sociale. Je renvoie à mon article précédent (2) ou à d’autres plus complets écrits depuis (ou avant : notamment Martine Orange sur la régulation financière - lien sous mon texte 2) .

Cette collaboration de classe avec l’élite néolibérale - qui ne date pas d’aujourd’hui - qui va elle poursuivre la casse du code du travail comme protection des travailleurs, la casse des services publics comme pourvoyeur des appuis sociaux pour le développement humain et comme vecteur de réalisation des droits sociaux, la casse de la protection sociale et des retraites par répartition... empêche évidemment toute alliance provisoire avec les autres forces syndicales qui entendent non seulement s’opposer à Marine Le Pen mais aussi aux politiques économiques libérales attendues, très assurées ou simplement probables, eu égard au programme annoncé et aux non-dits, et ce via quelques revendications basiques (pas un texte de congrès).

Il y a sans doute une raison à cette logique. C’est de penser grosso modo que ce ne sont que les racistes ou des nationalistes xénophobes qui votent FN et que le vote FN n’a pas de causes sociales et économiques. Or on sait - cf dernier livre de la Fondation Copernic - que c’est faux ! Archi-faux.

Quelqu’un qui votait à droite et qui subit la crise au plan social tout en pointant l’Union Européenne - un agriculteur par exemple - ne va pas voter Mélenchon ou Poutou, il va voter MLP relookée. Cet agriculteur devenu pauvre - exemple - souffre de la politique néolibérale menée depuis 10 ou 20 ans par la droite ou par la gauche PS tant pour le volet national que le volet européen. Comprendre çà permet de réorienter l’action revendicative. Car la politique d’un Macron ou d’un Valls ou d’un Fillon prépare assurément la montée du FN. Plus la casse sociale s’approfondie avec des riches hyper-riches et des couches sociales modestes maintenues dans les bas-revenus et la précarité et plus cela pousse à des votes qui ne vont pas nécessairement vers JLM ou Poutou ou Arthaud. C’est ainsi. C’est le réel.

Le syndicalisme indépendant, agissant sans considération de personne ou de parti, a donc là plusieurs tâches : montrer que MLP ne défend pas les travailleurs fussent-ils français. Pas d’augmentation de salaire, pas de RTT, pas de retraite par répartition maintenue, etc, etc, avec elle. Rien ! Le FN défend l’Etat et sa souverainté ce qui n’a rien à voir chez elle avec les fonctionnaires (sauf peut-être les policiers car il y a là sa clientèle ) ni avec la défense du peuple ni au sens de peuple démocratique ni au sens de peuple social de peuple d’en-bas.

Christian DELARUE

1) Sur la CFDT ces dernières semaines :

Souvenir : 25 févr. 2015 La CFDT au secours de la loi Macron

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article154149

Nicole Notat, ancienne patronne de la CFDT, apporte son soutien à Macron

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article154092

Présidentielles : le chien « Berger » est lâché – la CFDT soutient Macron le candidat des patrons. - jo Hernandez

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article154090

Berger Medef - Front Syndical de Classe

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article154087

La CFDT ne fait pas de politique…mais… - Charles Hoareau

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article154073

2) MACRON et néolibéralisme : La pente vers le bas va se poursuivre

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article154189

ajout : Il y a beaucoup de non-dits chez M Macron. Mais la Bourse, le CAC 40 et la finance de façon générale a bien salué l’un des siens hier, lendemain des résultats du premier tour !

et

1) Emmanuel Macron veut réécrire la régulation financière | Mediapart

https://www.mediapart.fr/journal/economie/070317/emmanuel-macron-veut-reecrire-la-regulation-financiere?onglet=full

et

Programme Macron : un copier-coller des recommandations européennes

https://www.mediapart.fr/journal/france/100317/programme-macron-un-copier-coller-des-recommandations-europeennes?page_article=2