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#SansMoiLe7mai. La radicalisation des électeurs de Jean-Luc Mélenchon à Toulouse

par Stéphane Thépot

Publie le mercredi 26 avril 2017 par Stéphane Thépot - Open-Publishing
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Plus de 55 000 Toulousains se sont portés sur le candidat de La France insoumise. Ils comptent bien faire entendre bruyamment leur voix.

Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon vont-ils rejoindre, à Toulouse, la poignée de militants de Nuit debout qui ont refait surface sur la place du Capitole, dimanche dernier, pour tenir l’un de ces « bureaux d’abstention » qui se proposaient de « donner la parole » aux votes blancs et à tous ceux qui, en toute bonne conscience politique, refusent de glisser un bulletin dans l’urne ? Plus de 56 600 électeurs ont voté pour le candidat de La France insoumise dans la Ville rose. Une semaine plus tôt, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon affirmait avoir réuni 70 000 personnes venues de toute la région au bord de la Garonne pour un pique-nique géant. « Mes enfants m’ont dit que c’était bourré de jeunes, je me suis dit que c’était l’avenir, qu’il y avait encore une gauche en France », raconte Pablo, 49 ans. Membre du Parti communiste, il n’a pas assisté au meeting, mais a fini par se résoudre à glisser un bulletin Mélenchon dans l’urne. Il confie « ne pas comprendre le silence » du candidat face au score du Front national. « En 2002, il y a eu un sursaut général quand Le Pen s’est qualifié pour le deuxième tour. Aujourd’hui, ça devient banal et ça me gonfle. » Une manifestation à l’appel de SOS Racisme a réuni une petite soixantaine de personnes lundi place du Capitole. On est loin des foules manifestant en 2002 dans les rues de la ville après l’élimination-surprise de Lionel Jospin. L’épouse de Pablo est tout aussi effarée. « Est-ce que c’est parce qu’on se sent protégés à Toulouse ? » se demande Nicole, faisant référence au score relativement faible de Marine Le Pen ici (6,77 %) par rapport au reste du pays ? Le couple avoue avoir fort à faire pour convaincre ses enfants de faire barrage au FN, le 7 mai prochain. « Mon fils veut partir en rando », maugrée Pablo, qui se dit prêt à reprendre ses gants Mapa et sa pince à linge pour aller voter Macron, comme il le fit jadis pour Jacques Chirac.

Appeler à voter Macron, c’est appeler à voter McDo

Sur les réseaux sociaux, les électeurs de La France insoumise se déchaînent contre Emmanuel Macron. « Appeler à voter Macron, c’est appeler à voter McDo », tranche Francis, qui vit dans l’Ariège, où Jean-Luc Mélenchon est aussi arrivé en tête au premier tour. À Colomiers, dans la banlieue toulousaine qui abrite les usines d’Airbus, Alain Refalo théorise son refus de choisir entre les deux candidats restés en lice. « Les électeurs de La France insoumise ne sont pas concernés par le second tour. Sont concernés les électeurs de Hamon et de Fillon, dont les partis sont responsables de la montée de l’extrême droite et qui veulent jouer au front républicain. Si le FN est une menace pour la démocratie dans les urnes, pourquoi ce parti est-il légal et peut se présenter aux élections ? » demande cet instituteur qui pratiquait déjà l’insoumission du temps de Nicolas Sarkozy en lançant le mouvement dit « de résistance pédagogique » contre les réformes de Xavier Darcos. Mettre Emmanuel Macron, présenté comme « le candidat du Medef » ou « de Rotschild », dans le même sac que Marine Le Pen ne choque pas nombre d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Les critiques de la droite contre « Emmanuel Hollande » ont fait mouche à la gauche de la gauche. « Une classe quasi invisible qui détient le pouvoir dans de très nombreux domaines a préparé minutieusement ce qu’il faut bien appeler un coup d’État pour pérenniser, coûte que coûte, la politique engagée par Hollande », affirme Sandrine. Habitante d’une petite ville du Gers, elle appelle les habitants à réunir localement la Constituante promise par le candidat de La France insoumise.

Dans ce contexte de négation du verdict des urnes, les appels à descendre dans la rue se multiplient. Un collectif anonyme baptisé « On vaut mieux que ça » appelait à manifester dès jeudi avec ce slogan : « Ni Le Pen ni Macron ». Mais, contrairement à Rennes, où plusieurs milliers de personnes seraient attendues, la manifestation toulousaine a été reportée de 24 heures. C’est surtout la manifestation du 1er mai, encadrée par les syndicats traditionnels, qui s’annonce comme le véritable test de la mobilisation de l’entre-deux-tours. « Nous ne pouvons pas faire le choix entre le pire et le moins pire », affirme le texte de l’appel à manifester signé par la CGT, Solidaires et la FSU.

http://www.lepoint.fr/presidentielle/la-radicalisation-des-electeurs-de-jean-luc-melenchon-a-toulouse-26-04-2017-2122701_3121.php

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