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Nouvelle purge massive en Turquie : 1.000 arrestations et plus de 9.000 policiers suspendus

Publie le jeudi 27 avril 2017 par Open-Publishing

Tous sont soupçonnés d’entretenir des liens présumés avec le réseau du prédicateur Fethullah Gülen.

Plus de 1.000 personnes arrêtées et plus de 9.100 policiers suspendus : les autorités turques ont procédé à une nouvelle purge contre des partisans présumés du prédicateur Fethullah Gülen, dix jours après la victoire de Recep Tayyip Erdogan au référendum renforçant ses pouvoirs.

Dans la soirée, le président turc a, comme si de rien n’était, partagé sur Twitter la vidéo d’une cérémonie d’hommage aux pilotes turcs.

Selon l’agence de presse progouvernementale Anadolu, quelque 1.120 personnes soupçonnées d’appartenir au réseau de Fethullah Gülen, accusé par le gouvernement turc d’avoir ourdi la tentative de putsch de juillet, ont été arrêtées mercredi matin à travers la Turquie. Au total, plus de 3.200 personnes sont visées par un mandat d’arrêt et 8.500 policiers sont mobilisés pour les interpeller, a précisé l’agence de presse.

Par ailleurs plus de 9.100 policiers ont été suspendus, pour des liens présumés avec le réseau de Fethullah Gülen, a indiqué la police dans un communiqué sur son site internet.

Un immense coup de filet

Le coup de filet, d’une ampleur inégalée ces derniers mois, survient dix jours seulement après la victoire étriquée du président Erdogan à un référendum constitutionnel sur l’élargissement de ses prérogatives, dont la légitimité est remise en cause par l’opposition. Le principal parti d’opposition en Turquie, le CHP, a annoncé ce mercredi qu’il allait saisir la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) pour contester le résultat du scrutin.

Avec ces arrestations et des bombardements menés mardi contre des combattants kurdes en Irak et en Syrie, le pouvoir turc semble vouloir montrer qu’il ne faiblira pas dans sa lutte contre le "terrorisme", à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières. Cette nouvelle vague de purges se produit à trois semaines d’un déplacement du président turc aux Etats-Unis, lors duquel la demande d’extradition de Fethullah Gülen devrait être abordée.

Le gouvernement turc a exhorté à plusieurs reprises Washington à lui renvoyer le prédicateur, qui vit reclus en Pennsylvanie, mais ses demandes sont restées lettre morte. Selon le ministre de l’Intérieur turc Süleyman Soylu, les arrestations de mercredi visent à "nettoyer" les rangs de la police des éléments soupçonnés d’appartenir à la mouvance güléniste.

Après les interpellations de mercredi, le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel a fait part de son "inquiétude" face à "ces arrestations de masse", et appelé à "respecter les mesures de l’Etat de droit". Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a demandé ce jeudi à la Turquie de respecter "pleinement l’Etat de droit" en arrivant à une réunion de l’UE à Malte.

Bombardements en Irak et en Syrie

La nouvelle purge survient au lendemain du bombardement par l’aviation turque de positions de forces kurdes dans le nord-est de la Syrie et dans la région de Sinjar dans le nord-ouest de l’Irak, qui a fait plus de trente morts. Les frappes ont visé les Unités de protection du peuple kurde (YPG) en Syrie et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et ses alliés en Irak.

Les autorités turques accusent Fethullah Gülen, un ancien allié du président Erdogan, d’être à la tête d’une "organisation terroriste" ayant infiltré les institutions pour construire un "Etat parallèle". Mais le prédicateur pour sa part affirme diriger un réseau d’écoles, d’ONG et d’entreprises visant à promouvoir un islam progressiste et éclairé.

Depuis le putsch manqué, plus de 46.000 personnes, notamment des policiers, des magistrats et des enseignants, ont été incarcérées et plus de 100.000 limogées ou suspendues. Ces mesures ont suscité l’inquiétude d’ONG et de pays européens qui dénoncent une répression tous azimuts qui vise notamment les milieux prokurdes et des médias critiques.

Les Etats-Unis, à la tête de la coalition internationale luttant contre le groupe Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, avaient exprimé leur "profonde préoccupation" après les bombardements turcs, mais Ankara a affirmé mercredi avoir préalablement informé les Etats-Unis et la Russie avant ses frappes.

L’aviation turque a de nouveau bombardé mercredi des cibles du PKK dans le nord de l’Irak. L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a décidé mardi de rouvrir sa procédure de suivi à l’égard de la Turquie en raison de la situation de l’Etat de droit dans le pays.

Le député allemand Bernd Fabritius a indiqué que le gouvernement turc avait annulé toutes les rencontres qu’il devait avoir dans le cadre d’une mission d’observation du Conseil de l’Europe en mai.

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20170427.OBS8621/nouvelle-purge-massive-en-turquie-1-000-arrestations-et-plus-de-9-000-policiers-suspendus.html

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