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UNE MAJORITE PRESIDENTIELLE MINORITAIRE

par allain graux

Publie le mercredi 28 juin 2017 par allain graux - Open-Publishing
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local/cache-vignettes/L672xH480/DCpJXepXoAABFmK-e160b3ca-f7014.jpg?1707956237Nous pouvons lire ou entendre des commentateurs, journalistes ou politiques, qui affirment au vu des résultats : la France, ou les Français, les électeurs, ont voulu ceci ou cela. Par exemple « ils ont rectifié ou infléchi les résultats du premier tour ». Comme s’il s’agissait d’une volonté organisée, d’un quasi complot. Quitte d’ailleurs à contredire leurs affirmations précédentes, manipulatrices de l’opinion, alors qu’elles ne correspondent pas à la diversité d’une opinion qui n’est ni unique ni consensuelle.

Ainsi au second tour de la Présidentielle, on joue sur « l’antiracisme sincère qui anime la grande majorité de la population française : ni-ni dimanche, le Pen Lundi prévient la couverture de l’Obs (4 mai). Ne pas voter Macron, c’est voter le Pen ! (Le Point – 4 mai).[1] » Joffrin dans Libé du 6 mai adjure les abstentionnistes de gauche d’empêcher les éventuelles expulsions d’émigrés. Un chantage moral encore accentué auprès de ceux qui se rendraient complices de l’arrivée de Marine Le Pen, un Hitler en jupon, et de la rafle du Vel d’Hiv !

Lors de ces élections, un nombre d’électeurs encore plus important que dans les élections précédentes ont refusé d’obéir à ces injonctions moralisatrices, se sont abstenues ou ont voté nul ou blanc. Pourquoi ?

http://img.humanite.fr/sites/default/files/styles/abonnez_vous/public/images/50166.HR.jpg?itok=BrcrrHfM Tout simplement parce qu’on ne leur permettait pas d’exprimer un choix qui correspondait à leur conscience, à leurs idées, à leur opinion. Elles se sont révoltées de plus en plus contre la nature systémique des institutions de la Vème République dont beaucoup disent maintenant qu’il faudrait les amender pour obtenir une meilleure représentation de la diversité politique des citoyens français. En particulier y introduire la proportionnelle. Mais à quelle dose ? Pour une juste représentation ou pour faire illusion et continuer la perpétuation du système libéral dominant ?

 

Voilà ce que donnerait une représentation proportionnelle selon les résultats de ce vote législatif au premier tour.

Soit 164 députés pour la gauche au lieu de 56 :

27FI -PCF et 29 PS.

Le PCF 10[2], la FI 17[3], soit 27 sièges (+ 4 outre-mer qui ont rejoint le PCF pour former le groupe GDR et 1 LFI ) au lieu de 84 pour les partis qui ont soutenu Jean Luc Mélenchon ?

 

Comment admettre qu’avec 28,21 % des voix au 1er tour, LREM obtienne 350 députés (dont 42 Modem), soit un bonus de 164 élus ?

 

L’ABSTENTION 

51,3 % au premier tour ; 56,52% au second tour auxquels il faut ajouter les votes blancs - 6,93 % -et les votes nuls -2,94 %- : 9,87 %. - pour 44, 60 % en 2012.

Ce qui signifie que 66,39 % des électeurs n’adhérent pas aux projets macronistes ....

Un taux d’abstention qui dépasse les deux tiers dans de nombreux quartiers populaires et
frôle les 70 % chez les moins de 35 ans a une signification politique surtout si on ajoute plus de 10% de bulletins blancs et nuls. Ces couches sociales représentent 53 % des Français et ne seront que peu représentées à l’assemblée.

Soit qu’ils se fichent de la politique, soit qu’ils n’ont pas pu choisir...

« L’abstention écrasante qui s’est exprimée aujourd’hui a un sens offensif. Le peuple est entré en grève générale civique », a assuré Jean-Luc Mélenchon.

 

LES RAISONS 

Comment expliquer qu’une majorité de Français rejetaient la loi travail dite El Khomri, d’inspiration macronienne, et qu’une majorité, certes faible (24% des exprimés au 1er tour, 16 % des inscrits) aient pu voter Macron et ensuite pour les candidats LREM ?

En fait, une majorité d’électeurs n’ont pas pu exprimer leurs objections, exclus de choix pour les seconds tours du fait du système électoral qui, par exemple pour les législatives, exclut les candidats qui n’ont pas obtenu 12, 5 % des inscrits pour avoir la possibilité de se maintenir.

Les projets de réformes antisociales, code du travail, CSG, retraites, sont illégitimes, car elles ne correspondent pas au choix - je devrais dire à l’absence de choix - d’une majorité de Français désireux de s’y opposer.

Pouvait-on voter PS pour cela ? Difficile, car quels socialistes pour quelle politique ? Celle de Valls et El Khomri qui ont fait voter la loi travail préparée par ... Macron ! 

Certains socialistes, de ce fait, ont voté JLM ; mais ils n’approuvaient pas pour autant tous les aspects des propositions de la FI. Beaucoup de ce fait se sont abstenus. De même, des électeurs de la FI se sont abstenus ou ont voté blanc quand ils n’avaient le choix qu’entre un candidat de droite ou du FN et la LREM soumis à la volonté libérale du chef de l’Etat.

La Vème République n’autorise pas les nuances et encore moins Emmanuel Macron qui se sert des institutions, soi-disant démocratiques, en réalité bonapartistes, pour imposer ses volontés depuis son olympe jupitérien.

En tout état de cause, Emmanuel Macron n’a aucune légitimité pour réaliser ses projets : en particulier sur la loi travail, l’augmentation de la CSG et son influence négative sur les retraites.

 

Pourquoi la FI n’a-t-elle pas pu conserver le capital de vote du premier tour de la présidentielle ?

7 059 951 1484 – 14 % des inscrits, 19,58 % des exprimés -

2 497 663 voix, 5,25 % des inscrits et 11,02 % des exprimés au premier tour des législatives.

C’est une perte considérable. Elle touche toutes les formations politiques, et plus particulièrement la FI.

On peut énoncer de nombreuses raisons :

-Tout est déjà joué lors de la présidentielle pour nombre d’électeurs des classes populaires ; après cela ne les intéresse plus. Pour eux, c’est le président qui décide de tout, alors que ce sont les députés qui sont censés faire la loi, au moins les voter. Lors d’un sondage Ipsos : 18% des personnes interrogées répondent : "quel que soit le résultat de l’élection, vous vous dites que cela ne changera rien", 16% pensent que "aucun programme ne paraît vraiment convaincant". Le plus souvent, elles ne l’ont pas lu.

- Le mode de scrutin par circonscription

L’incompréhension du rôle du parlement est renforcée par la confusion entre la fonction locale et la fonction nationale d’un député. Il est l’élu de la nation et non d’une circonscription départementale, pour légiférer dans l’intérêt de toute la nation et non pour défende des intérêts locaux. Pour les intérêts locaux, il y a des élus locaux : conseillers départementaux, régionaux, élus municipaux. Mais, beaucoup trop de gens considèrent leur député comme une assistante sociale, ce qui alimente le clientélisme et la corruption. Ce sentiment est renforcé par le mode de scrutin et la nécessité pour être élu d’avoir un mandat local pour assurer son implantation.

- Le quinquennat et le vote simultané :

L’existence d’un nouveau gouvernement macronien, avant le vote législatif, légitimait en elle-même LREM.

Le Président et les députés représentent la nation, mais l’un est l’élu de tous, les autres ne représentent chacun qu’une part du vote des citoyens. L’enchaînement des deux élections renforce le rôle prioritaire et central du président de la République et donc la confusion pour les citoyens entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif.

 

C’est encore une fois la nature de ce régime outrageusement présidentiel, monarchiste, qui dénature la démocratie représentative jusque dans l’esprit des électeurs les moins informés ou conscients.

 

- le fatalisme :

9 % des personnes interrogées pensent que le vote ne changera rien, « La République En Marche est assurée de gagner ».

 

- Multiplicité des candidatures

Ce fatalisme ou découragement a pu être nourri par la multiplicité des candidatures. Une partie de l’électorat de la gauche traditionnelle a certainement été déboussolée par l’absence « d’unité de la gauche », en particulier entre le PCF et LFI, ou avec les frondeurs socialistes - sauf cas isolés.

L’équilibre était délicat à réaliser entre un électorat populaire reconquis, une nouvelle base militante absolument opposée aux tractations « partidaires » d’arrangements électoraux et sans engagement sur la charte éthique, le programme et l’électorat « social-communiste démocrate »...Si majoritairement, l’électorat a tranché en faveur de la stratégie de LFI, ce fut au prix d’une perte immédiate, mais aussi d’un investissement pour l’avenir de LFI et de la gauche.

Pourquoi tant de candidatures ?

Pour exister, les partis et organisations présentent des candidats dans le maximum de circonscriptions, même s’ils n’ont aucune chance d’obtenir des élus. Cela leur permet d’obtenir une tribune publique  dans les médias (c’est le cas de l’extrême-gauche) grâce aux spots de campagne diffusés sur les télévisions et radios. Mais surtout, depuis les années 1990, pour obtenir un financement public dont le montant est défini en fonction de 2 critères : le nombre de voix obtenues aux élections législatives pour ceux qui ont présenté des candidats ayant recueilli au moins 1% des voix dans au moins 50 circonscriptions et selon le nombre de parlementaires élus. Ce financement constitue la principale ressource pour les dépenses de fonctionnement des partis. En 2012, le PCF avait trusté 80 % des candidatures du FDG, avec l’insuccès que l’on sait, (moins de 10 députés élus) mais avec un bénéfice financier qui explique beaucoup de ses choix ...stratégiques, dans lesquels LFI ne voulait pas se laisser embarquer cette fois. Car le rapport des forces a changé...

 

- Le « dégagisme » : c’est une arme dangereuse qu’il faut manier avec précaution pour ne pas tomber dans le « tous pourris » ; il est alimenté par les « affaires » de corruption dont se sert avec outrance l’extrême-droite. Il a été aussi très puissamment nourri par le quinquennat hollandais où le président « ennemi de la finance » a mené une politique libérale dans la continuité de celle de la droite sarkoziste. Les partis politiques, vecteurs indispensables de la démocratie, et leurs dirigeants, ont été gravement affaiblis et pour le PS quasi éliminé comme le Pasok en Grèce.

Il suffirait de limiter les mandats dans l’espace et le temps : un seul mandat renouvelable une seule fois dans la même fonction, pour éviter la nécrose et limiter les possibilités de corruption en renforçant les contrôles.

 

- La confusion : le ni-gauche, ni droite ou de droite et de gauche qui est en réalité un ni de gauche, ni de gauche, ont entraîné une grande confusion dans l’esprit de nombre d’électeurs devenus perplexes sur les profils des candidats proposés et leurs idées, en dehors de leur adoration pour Jupiter. On a même vu une candidate macroniste voyante !!!

 

- Les médias ont outrageusement favorisé la popularité du nouvel exécutif. Le CSA a dû rectifier les temps de parole accordés aux formations politiques, avec l’apparition de partis comme LFI, et aussi LREM d’ailleurs, qui n’existaient pas auparavant.

 

- Le rejet indistinct de tout ce qui ressemble à la classe politique traditionnelle.

Le label LREM, vaut rédemption de tous les péchés, même pour ceux qui ont trempé dans « les affaires : Ferrand, les Modem », aujourd’hui rattrapés par le boomerang que Macron a lancé.

 

[1] Le Monde Diplo juin 2017 – Pierre Rimbert : Un barrage peut en cacher un autre

[2] Jean-Paul Dufrègne (03), Pierre Dharréville (13), André Chassaigne (63), Fabien Roussel) et Alain Bruneel (59), Jean-Paul Lecoq (76), Sébastien Jumel (76) et Hubert Wulfranc (76), Elsa Faucillon (92), Marie-George Buffet (93), Stéphane Peu (93) élu sous l’étiquette FI et PCF a rejoint le groupe GDR présidé par Chasseigne (PCF).

Les outre-mer : Huguette Bello, Gabriel Seville, Bruno Nestor Azerot, Jean Philippe Nilor.

[3] Jean-Luc Mélenchon(13)Alexis Corbière(93), François Ruffin (80-indépendant), Adrien Quatennens(Lille), Clémentine Autain (93 – Ensemble), Ugo Bernacilis (Nord), Caroline Fiat (Meurthe-et-Moselle), Michel Larive (Ariège), Bénédicte Taurine (Ariège), Stéphane Peu (PCF-93), Eric Coquerel (93) , Loic Prud’homme (33), Danièle Obono (Paris), Muriel Ressiguier (Hérault), Sabine Rubin (93), Mathilde Panot (94), et Bastien Lachaud (93). Le communiste Stéphane Peu avait signé la charte éthique de la France insoumise. Le député réunionnais Jean-Hugues Ratenon, membre de Rézistans Égalité 974 et élu sous la bannière divers gauche, a annoncé sa volonté de siéger dans le groupe des Insoumis.

 

 

http://allaingraux.over-blog.com/2017/06/i-une-majorite-presidentielle-minoritaire.html


II

Comment ont-ils voté ?

Résultats, décomposition et recomposition, c’est en marche, rien n’est achevé.

 

LA DROITE

La droite (LR/UDI/DVD), bien qu’ayant obtenu près de 30% des suffrages en 2012 n’est plus qu’à 21,5%. La droite résiste cependant sur son noyau électoral (28% chez les 60-69 ans, 34% chez les plus de 70 ans, 30% chez les retraités), tout en restant derrière LREM même dans ces catégories qui lui sont traditionnellement acquises.

LR et l’UDI, malgré la déconvenue des aventures abracadabrantesques des emplois familiaux du candidat Fillon, les divisions provoquées par le captage de figures importantes de ces partis comme Bruno Lemaire et le premier ministre Edouard Philippe, a subi une défaite moins lourde qu’au PS car la droite n’a pas à supporter le désastreux bilan du quinquennat Hollande. Elle perd cependant la moitié de ses sièges avec 131 élus sur les 230 sortants. Sont éliminés des ténors comme NKM à Paris, la circonscription de Fillon, réputée imprenable. Les ambitions de cette dernière pour la mairie semblent très compromises. C’est pourtant une femme intelligente, à l’esprit ouvert y compris au macronisme, mais qui ne bénéficiait pas de sa bienveillante neutralité comme d’autres, opposée à un LREM titulaire. Des fiefs de tradition et de réaction ont pu être conservés, comme ceux des Eric : Woerth et Ciotti. Et déjà, tout un groupe d’élus n’a pas résisté à l’attrait d’un pouvoir, en fait dominé par des hommes et des femmes proches de l’idéologie du MEDEF. Un groupe parlementaire qui rassemble une vingtaine de députés LR et 18 UDI aura pour nom « Les Républicains constructifs UDI et indépendants » avec pour ambition d’être la troisième force politique de l’Assemblée nationale. Va-ton assister à la fin de l’UMP créée par Chirac, il y a 15 ans ? Ce qui diminuera d’autant la force de cette opposition-là, d’intérêt partisan et de principe plus que de programme On en revient aux clivages de la droite française entre bonapartistes, conservateurs et libéraux et la fraction centriste du Modem (42 sièges, allié à LREM) issue de la démocratie-chrétienne française qui n’a été vraiment influente que lors de la Libération avec le MRP.

 

LA... GAUCHE ?

Au PS et consorts : Le PS s’effondre partout, n’atteignant les 15% des suffrages que chez les cadres. La majorité (54%) des électeurs se déclarant proches du parti socialiste n’a pas voté PS au premier tour des législatives ; 35% ont préféré le candidat LREM, 8% celui de la France Insoumise, 5% le candidat EELV.

Aux législatives, le bloc PS/PRG/DVG a progressé un peu par rapport à la Présidentielle, tout en restant nettement en deçà des scores obtenus lors des législatives 2012.

Le PS français avait surmonté la défaite de 1993, avec 17,5% des suffrages il était resté la principale force d’alternance face à la droite. Cette fois, c’est l’éclatement sous les coups conjurés de LFI et du macronisme et surtout du PS hollandisé. Cet effondrement doit beaucoup aux socialistes eux-mêmes et à leur réponse ordolibérale à la crise de 2008. La crise a aussi précipité la clôture sur elles-mêmes d’élites politiques fermant la porte à toute politique alternative[1].

L’ensemble des candidats du Parti Socialiste et d’Europe Écologie les Verts a reçu environ 15 % de voix en plus que Benoît Hamon. Ils ont probablement bénéficié de voix de gauche qui s’étaient portées sur Mélenchon par vote de gauche utile, voire de Macron pour les mêmes raisons utiles, selon la nature du candidat PS et de ceux qui lui étaient opposés. La notoriété et la qualité ont parfois joué, mais pas toujours.

Le PS ne compte que 29 élus, profondément divisés entre ex-hollandais, macro-compatibles deux tendances sociales-libérales et un reliquat de frondeurs et sociaux-démocrates. 8 bénéficiaient de la neutralité bienveillante de LREM dès le premier tour, comme Stéphane Le Foll. Des ex-ministres ont été balayés : Najate Vallaud-Belkacem, Myriam El Khomri, Jean-Jacques Urvoas, Marisol Touraine.

Le PRG n’a que trois élus sur 15 précédemment. Le groupe PS ne compte donc plus que 32 députés, presque dix fois moins que lors du quinquennat Hollande. Et quelle cohérence pour ce groupe, déjà divisé sur l’attitude à tenir face au pouvoir ? Un premier projet de communiqué proposait :« Loin de tout populisme, les députés socialistes seront les alliés vigilants de la majorité. Sans cacher leurs désaccords, ils se mobiliseront pour la réussite du quinquennat. » En clair, les députés PS semblaient se préparer à soutenir Macron. Certains s’en émeuvent. Le communiqué est rapidement changé. La phrase devient : « Loin de tout populisme, les députés socialistes seront une force libre et indépendante qui affirmera ses positions au regard de ses valeurs : égalité, justice sociale et protection des plus démunis. » Ce qui ne mange pas de pain et n’engage à rien ! Avec un tel projet la reconquête du « peuple de gauche » est mal partie...

Au passage, la signature de Manuel Valls parmi les députés PS a été retirée…

 

Les EELV sont éradiqués de l’Assemblée. Pas un seul élu.

973 527 voix : 4,30 % au premier tour des législatives.

 

Le PCF, explique Roger Martelli (Ensemble, ex-PCF) à Mediapart, « il s’est rétracté mais avec suffisamment de force matérielle pour marquer de son empreinte l’espace à la gauche du PS. N’étant plus une force d’impulsion, il demeurait une force d’empêchement ». Selon l’historien, JLM a compris assez tôt que ce duopole PS/PCF était « obsolète ». Les dirigeants du PCF, attachés pour des raisons identitaires et d’existence matérielle à leur étiquette dégradée par le stalinisme, leur image dévalorisée des grandeurs dépassées, n’ont rien compris, pas plus que nombre de vieux militants, « socialo-trotsko-libertaires » encore bercés par des rêves unitaires obsolètes ou pour le moins insuffisants pour obtenir un Front populaire alternatif gagnant.

 

L’extrême-gauche

Elle subsiste, divisée en groupes, sectes et groupuscules, mais ne s’est pas remise du FDG et aujourd’hui de LFI qui l’ont reléguée aux présidentielles à :

Philippe Poutou (NPA) 394 505 voix et 1,09 % ; Nathalie Arthaud (LO) 0,64 %...

Aux législatives : 1 ,60 % des exprimés et 0,77 % des inscrits pour les Divers gauche ...

Le NPA ne s’est jamais remis du retrait par renoncement au vedettariat d’Olivier Besancenot et Nathalie n’a pas le charisme exotique d’Arlette Laguiller...

 

L’EXTREME-DROITE

- Debout la France : Dupont-Aignan : 1 695 000 : 4,70 % et 265 420 : 1,17 % aux législatives.

- Asselineau : 332 547 - 0,92 % - Divers, UPR et autres ... 68 320 - 0,30% aux législatives.

 

Le FN 13,20 % aux législatives : 2 990 454 voix

Le FN est en baisse par rapport au score de Marine Le Pen le 23 avril (21,3%). Le FN a été le premier choix des ouvriers (29%) et au sein des foyers disposant de moins de 1250€ mensuels (25%), mais il est devancé par LREM dans toutes les autres catégories d’électeurs.

On nous le promettait au plus haut niveau, on s’en servait comme d’un épouvantail pour discréditer tout vote en faveur de ceux qui refusaient de choisir entre la peste noire fascisante et le choléra libéral. Il a perdu les ¾ des 10,6 millions d’électeurs de Marine le Pen. Il recule même de 600 000 voix sur le premier tour des législatives de 2012. Cependant au deuxième tour, il confirme son ancrage populaire dans le Pas de Calais où il rafle 4 sièges dont celui de sa présidente qui obtient 58,6 % des voix et 1 dans le Nord. Louis Alliot, son compagnon et vice-président est aussi élu député de la 2è circonscription des Pyrénées-Orientales. Malgré cela, il n’aura même pas le minimum de quinze députés pour pouvoir former un groupe au Palais-Bourbon. Et pour le clan Philippot c’est l’échec. Au total l’assemblée comptera 8 élus FN dont deux apparentés.

Ce vote exprime des colères, parfois des espoirs mais surtout une grande désespérance. Il rassemble des disqualifiés, des réprouvés, des exclus du monde tel qu’il devient, un peu plus à la campagne oubliée qu’à

la ville et en fonction du degré d’instruction reçu ou de l’absence de diplôme. La géographie des votes est structurée par des contrastes entre les centres urbains et les espaces qui en sont les plus éloignés – les cartes du second tour le montrent[2]. Sans pourtant généraliser ce qui est une tendance. Ces écarts expriment avant tout des contrastes sociologiques – en matière d’âge, de catégories socioprofessionnelles, de revenus, etc. – et donc que « toutes les grandes villes françaises ne se ressemblent pas[3] ».

Tous n’ont pas les mêmes intérêts, entre les petits patrons, artisans et commerçants, hostiles par principe aux allocations et prestations sociales et les salariés qui regrettent de soi-disant usages abusifs des aides chez les « immigrés et les feignasses, mais n’envisagent pas un instant leur suppression[4]. » 

La surreprésentation des enfants de l’immigration, discriminés à l’embauche, dans les structures aidées du marché de l’emploi alimente le sentiment que les aides publiques, les aides sociales sont captées par les immigrés à leur détriment[5]. « Dans le monde rural pauvre où domine le vote FN, les écoles, les magasins, les cafés, les bureaux de poste, les églises ferment. Trains et cars sont supprimés. » Dans les zones périurbaines, techniciens et agents de maîtrise, des petits propriétaires se voient victimes de frustrations identitaires causées par un management de plus en plus inhumain et disqualifiant. C’est pourquoi les espaces populaires d’ouvriers et employés, techniciens, se fédèrent derrière le populisme mariniste, car les lieux de socialisation, de formation, d’éducation populaire ont disparu avec :

- La professionnalisation des partis politiques de la gauche traditionnelle, PS et PCF inclus, devenus des partis d’élus. C’est cela qui est rejeté aujourd’hui et a produit leur effondrement.

- L’évolution des milieux industriels, la fin des grandes concentrations, les horaires variables, qui défavorisent l’action syndicale de masse.

La domination des appareils de la « vieille gauche » détruits, le champ s’est libéré pour qu’une force nouvelle puisse exprimer le clivage latent suscité par la mondialisation néolibérale. La question n’est pas manichéenne entre gauches irréconciliables comme le pense Valls et le reproche qui est fait par Noël Mamère à JLM de se vouloir tout aussi inconciliable. Elle consistait à tracer une frontière nette, non seulement avec le PS en perdition, mais avec toutes les forces qui y restent associées par des intérêts à préserver.

C’est à ce défi qu’il faut répondre par de nouvelles alternatives non seulement politique comme celle de LFI, mais aussi sur le terrain par des projets alternatifs : boulangerie, commerces, cafés associatifs et coopératifs, initiatives culturelles, éducation populaire, pour reconstruire les solidarités collectives nécessaires à la résistance et pour préparer la transition, non d’une simple alternance, mais de l’alternative écosocialiste. 

  

LREM : UNE MAJORITE MINORITAIRE

Selon l’IFOP, L’électorat de LREM est diplômé, aisé, enclin à se mobiliser. Il a progressé de 8 points entre le score d’Emmanuel Macron au premier tour de la Présidentielle (24%) et celui des candidats LREM au premier tour des Législatives (32,2%). Il est arrivé en première position dans toutes les catégories socio-démographiques testées par l’institut de sondage à l’exception des ouvriers et de la tranche de revenus la plus basse. Au premier tour des législatives, LREM est aussi en tête dans toutes les catégories d’âge, chez les cadres mais aussi les professions intermédiaires, les employés, chez les retraités, les salariés du privé et du public, les personnes à leur compte, les chômeurs, quel que soit le niveau de diplôme, dans toutes les tranches de revenus sauf la plus basse, dans les zones rurales comme dans les villes, moyennes ou grandes. Les meilleurs scores sont enregistrés au sein des foyers les plus aisés (43%), chez les diplômés au moins Bac + 3 (38%) ; on relève surtout des progressions spectaculaires auprès de catégories que lui disputait JLM à la Présidentielle : les chômeurs (32%, +18), les 18-24 ans (32%, +14 points), les employés (29%, +10), les ouvriers (26%, +10).

Cependant, selon un sondage de LCI, cité par Laurent Joffrin dans Libé, 52% des électeurs ne sont pas satisfaits des résultats du premier tour et 61 % souhaitaient rectifier la tendance pour éviter de donner aux macronistes une majorité qui s’apparenterait aux pleins pouvoirs. Il n’en reste pas moins qu’avec 32 % du corps électoral, ce gouvernement possède une majorité absolue de 60 % des députés. Sera-t-elle aux ordres ?

Et les candidats LREM, qui sont-ils ? Plutôt des candidats en haut de l’échelle sociale, à 68,6 % selon le Cevipof. « On enregistre une très forte présence de chefs d’entreprise, surtout de PME et TPE (17 %), en particulier dans la gestion des ressources humaines et de la communication », relève le Cevipof. Les cadres supérieurs et les cadres dirigeants représentent de leur côté 20 % des candidats et les membres des professions libérales, 12 %. »

On y trouve une parité réelle femmes-hommes 267 femmes contre 262 hommes. Cependant, c’est parmi les 284 novices que les femmes sont les plus nombreuses : 57 %. L’âge moyen est de 47 ans, il varie de 24 à 72 ans. 33% d’entre eux viennent de la gauche au sens large dont 24,8% du PS, alors que 15% sont issus de la droite (LR, Union des démocrates et indépendants, UDI, divers droite), 12,3% du MoDem et que 39,7% n’ont pas de proximité politique particulière. Presque la moitié de ceux qui ont été déjà élus viennent de la gauche pour 23% qui viennent de la droite et 9% des novices. On perçoit les effets de la reconversion des anciens élus, notamment socialistes en direction de LREM ; ce ralliement a également poussé des socialistes à se revendiquer de la majorité présidentielle...

Il appert donc de cette étude que le personnel directement issu de la société civile n’est pas si vierge politiquement que ça ! « La notion même de « société civile » est d’ailleurs assez ambiguë puisqu’elle désigne ici des candidats qui n’auraient eu aucune responsabilité électorale à gauche comme à droite pour se consacrer uniquement à leurs affaires privées et qui seraient censés représenter la « vraie société » au terme d’un raisonnement aux consonances quelque peu populistes. » On pouvait remarquer : 25 députés, dont 21 étaient au PS, 2 au PRG, 1 EELV et seulement 1 LR (Bruno Le Maire). L’équilibre droite-gauche était atteint au sein des 32 conseillers régionaux avec 11 PS, 6 « divers gauche » et 10 au MoDem. Pour les 76 maires candidats, 23 avaient été élus sur des listes PS, 7 « divers gauche », 6 PRG mais 13 sur des listes « divers droite », et 11 sur des listes MoDem. Au total, 47% appartiennent à la gauche (sans aucun représentant ni du Front de gauche ni de EELV), 29% à la droite, 14,5% au MoDem et 9% environ sans étiquette ou se réclamant de LREM. Cela confirme une forte attraction de LREM sur les élus du PS et traduit l’incapacité corrélative du PS à garder sa cohésion.

Plusieurs candidats se sont présentés comme des produits de la société civile au titre de leurs fonctions de chefs d’entreprise alors qu’ils ont été auparavant assistants parlementaires...

Le parti du MEDEF et de la CGPME...

On enregistre une très forte présence de chefs d’entreprises, surtout de PME ou de TPE, notamment dans le domaine de la gestion des ressources humaines et de la communication, qui constituent plus de 17% des candidats... []Il faut ajouter à ces patrons les cadres supérieurs ou dirigeants d’entreprises, qui constituent 20% des candidats et les membres des professions libérales qui en offrent 12%.

Les candidats des classes populaires ne constituent que 8,5% du total, les représentants des classes moyennes 23% et ceux des classes supérieures 68,6%[6].

Conséquences :

Si le carriérisme politique est un danger pour la démocratie, il peut être régulé facilement par un statut du contrôle des mandats : non-cumul dans l’espace et le temps pour une même fonction. La formation d’élites politiques au sein des appareils des partis, en particulier à gauche permet à des candidats d’origine modeste de progresser sur le plan social et de se présenter. Cette fonction d’ascendance par la politique pourrait être remise en cause par la généralisation d’un recrutement direct ne profitant qu’à des personnes déjà suffisamment dotées en ressources sociales et financières. En outre, puiser largement dans le milieu de l’entreprise privée ou des professions libérales déjà très représentées par le passé (avocats...), est également porteur de risques de conflits d’intérêts à moyen ou long terme et ne peut qu’exiger un renforcement drastique des contrôles qui vont devoir peser sur le personnel politique.

Comment réagiront les « braves gens » issus de la vie civile ?

Comment réagiront les gens à la sensibilité de gauche face aux mesures de droite (Code du travail, retraites, fiscalité favorable aux plus riches) et aux atteintes à la démocratie : l’inscription des mesures d’urgence exceptionnelle dans la Constitution. Par exemple ce texte : au cas où serait repérée une personne "à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace d’une particulière gravité pour la sécurité et l’ordre publics". Avec ce texte particulièrement flou, un préfet pourrait juger que votre comportement porte atteinte à l’ordre publique parce que vous avez manifesté pour une raison ou une autre et vous placer sous surveillance électronique, en résidence surveillée, hors de votre lieu de résidence habituel, vous obliger à déclarer vos identifiants, e-mails, mots de passe, à ne plus fréquenter certains de vos amis syndicalistes ou associatifs, ou connaissances, à vous présenter  périodiquement à la police, sans décision de justice ! C’est un texte liberticide. Tout comme les textes concernant le code du travail la CSG ou les retraites, qui sont des projets attentatoires aux droits des travailleurs.

Quelques semaines avant les élections, ces électeurs LREM qui ne connaissaient rien des idées des candidats Macron, de leur représentation du monde et de leur projet pour demain. Leur attitude, assez fascinante est plus proche de celle du consommateur que de celle du citoyen éclairé. C’est plutôt inquiétant si on observe l’incohérence à élire de candidats aux profils décrits ci-dessus, appartenance politique et sociale, sur des critères de moralité et de renouvellement dont on peut observer qu’il n’y a pas corrélation pour une majorité d’entre-eux. Un seul critère semble avoir été déterminant : la mention « La République en marche » accolée sur l’affiche, un réflexe de consommateur victime – consciente ou non – d’une publicité mensongère ou masquée : élire un pur produit de la finance, qui a gouverné avec un président honni et se présente comme le sauveur de la nation et de l’Europe. 

Cela nous ramène au « confusionnisme de l’illusion » que je décrivais dans un article précédent.

 

[2] Ripoll et Rivière 2007

[4] Source : Le mode Diplo – juin 2017 Vote FN, une bataille de proximité –Willy Pelletier

[5] Ibid

[6] Source et citations de : Luc Rouban Cevipof ( Sciencesn Po : ROUBAN (Luc), « Le profil des candidats investis par la République en marche : un renouveau limité », Note ENEF 39, Sciences Po CEVIPOF, juin 2017, 9 p. URL : https://www.enef.fr/les-notes/

http://allaingraux.over-blog.com/2017/06/ii-comment-ont-ils-vote-resultats-decomposition-et-recomposition-c-est-en-marche-rien-n-est-acheve.html


III - LA FRANCE INSOUMISE ET LA STRATEGIE DE JLM

 

Après le résultat de JLM au 1er tour de la présidentielle qui le plaçait loin devant le candidat socialiste, la question de l’hégémonie du PS pour représenter la gauche et au-delà les forces populaires, a été réglée et confirmée lors des législatives, même si par la notoriété et le système des circonscriptions, le PS a retrouvé certains de ses électeurs qui avaient voté JLM ; ce qui leur a permis d’obtenir 29 sièges et seulement 17 pour les insoumis et 11 pour le PCF. 

La FI ayant obtenu quatre fois plus de voix que le PCF au premier tour des législatives, 2,4 millions de suffrages, malgré sa concurrence et mieux que le Front de gauche en 2012 où il trustait 80 % des candidats, la question de la stratégie d’Union de la gauche ou de la Fédération du Peuple est aussi tranchée ...par le peuple ! 

Selon les enquêtes Ipsos (ici et ), JLM aurait culminé à 23 % auprès des électeurs ne se déclarant proches d’aucun parti, donc au-delà de la gauche traditionnelle. Ce qui justifie la stratégie de la FI, c’est-à-dire du Parti de Gauche depuis qu’il a constaté l’impasse du Front de Gauche dans lequel l’avait enfermé le PCF après 2012. Pour les législatives, les électeurs de LFI étaient plus politisés, quoique 10 % des électeurs s’autodéfinissant « ni droite, ni gauche » lui ont accordé leurs suffrages.

Autre élément caractéristique de l’électorat Mélenchon et LFI, la structure par âge des électeurs et de ses candidats montre une représentation très élevée, plus élevée, auprès des 18-34 ans, et auprès des actifs en général.

JLM et LFI ont capté un électorat métropolitain populaire, ainsi que de classes moyennes dotées d’un capital culturel plus élevé que leur capital économique. Ces deux couches sociales, en ascension démographique, sont aussi celles dont les intérêts sont au cœur du nouveau clivage idéologique, lequel oppose ceux qui acceptent la mondialisation du capital et ceux qui aspirent à une mondialité égalitaire pour une France dans une autre Europe et un autre monde possible[1].

La moindre mobilisation des catégories populaires a contracté l’électorat de la France Insoumise (11,0%), qui ne retrouve pas le score qu’avait obtenu Jean-Luc Mélenchon à la Présidentielle (19,6%). La France Insoumise a notamment perdu du terrain chez les 18-24 ans (18%, contre 30% pour Jean-Luc Mélenchon dans cette catégorie au premier tour de la Présidentielle, -12 points), chez les employés (14%, -8 points), les ouvriers (11%, -13), les chômeurs (18%, -13), les bas-revenus (13%, -13).

La FI ne peut cependant se contenter de l’espace conquis, il reste insuffisant, il faut élargir son audience, tout en construisant une culture et une conscience politique. La difficulté consiste à « combiner dimension identitaire et dimension de rassemblement[2] ». Car Même dans sa propre circonscription, le Mélenchon législatif a perdu du terrain par rapport au Mélenchon présidentiel (34 % contre 39 % le 23 avril). Il lui faut veiller à se défaire de l’image préfabriquée par les médias libéraux d’un apprenti dictateur populiste tonitruant qui l’exclut d’un rassemblement majoritaire tout comme Marine Le Pen pour d’autres raisons. La presse libérale renvoie à des extrêmes qu’elle voudrait symétriques pour mieux faire admettre un pouvoir central hégémonique et bien plus dictatorial que celui prêté à JLM et à la FI. 

 

 

Allain Louis Graux 

 

 

http://allaingraux.over-blog.com/2017/06/iii-la-france-insoumise-et-la-strategie-de-jlm.html

Cordialement
Allain Graux

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Messages

  • Un calcul à faire : diviser le nombre de députés obtenus par chaque organisations/partis/mouvements au terme du second tour des législatives 2017, par le nombre de voix obtenues par chaque au 1er tour.
    Très instructifs, on verra, entre autre, qu’un député LREM n’a besoin que de 22300 voix environ, là où un candidat FI+PCF a besoin de plus de 115000 voix.
    Vive la démocratie bourgeoise ... de qui, bien sûr, il n’y a plus rien à attendre vu cet exemple.

  • Beau travail qui dénonce le caractère profondément anti-démocratique du système. Justement que voulons-nous comme système ? Pour ma part des élections législatives NATIONALES sur listes à la proportionnelle intégrale, et donc à un seul tour.
    Quelle est le scrutin récent le plus proche de ce système proportionnel à un tour ? Pour moi le premier tour de la présidentielle qui escamote avec brio... la démocratie électorale. Pourtant le plus révélateur en termes de proportionnalités : Liste Macron 24 % 138 députés,
    liste LEPEN 12,3% 123 députés
    liste Fillon 20,01% 116 députés
    liste Mélenchon 19,58 % 113 députés,
    etc...