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Le "oui" nationaliste ou François Fillon explique la constitution à Villemomble (93)

Publie le samedi 28 mai 2005 par Open-Publishing

de Luc Colpart - Simple Citoyen

En cette fin de campagne, les masques tombent. Néanmoins pour voir les vrais visages il faut se rendre dans les réunions publiques de ses adversaires : mercredi 25 mai un rassemblement était organisé à Villemomble (93) devant la salle où se tenait une réunion publique autour de F. Fillon, ministre de l’Education ; sept d’entre nous ont réussi à entrer pour écouter et rendre compte.

Bien sûr, nous n’étions pas nécessairement dupes, mais d’entendre dire clairement, ce dont nous ne doutions pas, est intéressant : le « oui » de l’UMP n’est pas si éloigné que cela du « non » du Front National. En résumé, la Constitution garantirait une place dominante à la France au sein de l’Europe, bonjour la fraternité entre les peuples européens et le respect de nos voisins ; l’arrêt de la « menace » qui pèse sur nos frontières, bonjour la fraternité entre les peuples du monde et bonjour l’Europe de la paix !

Lorsque F. Fillon est entré dans la salle aux côtés, entre autre, de E. Raoult et de R. Pandraud la salle s’est levée, disciplinée, pour applaudir, hormis sept intrus ?, et pour écouter sollennellement l’hymne européen. Nous avons été très vite encadré par le service d’ordre qui bloquait les entrées de la salle. Notre sortie, à la fin du discours du ministre, a été remarqué, d’autant que nous avons dénoncé en sortant la répression qui touche les lycéens. Entre 300 et 400 personnes étaient présentes, déjà de toute évidence convaincues des affirmations qui leur seront assénées ; mais peut-être ont-ils pu être surpris de l’analyse de F. Fillon, analyse fondamentalement patriotique (« je suis un patriote ! ») car, selon lui, cette constitution permettra de « hisser le drapeau de la France au c ?ur de l’Europe ».

Quelques réflexions sur l’Ecole ? Accusation du mouvement lycéen et justiification de la répression

Quelques « piques » ont été adressées aux mouvements lycéens. La réunion était présidée par E. Raoult qui a ouvert le cycle des interventions en donnant du « cher François » toutes les deux phrases (c’est marrant on se serait cru au PS ?). Il a commencé par dire que « la Seine-Saint-Denis, c’est comme la Samaritaine, il s’y passe toujours quelque chose ». Il a remercié le ministre de l’Education pour la fermeté avec laquelle il a mené la répression du mouvement lycéen, de ces extrémistes qui « cassent » et qui « crachent » à la figure des policiers, cette minorité composée des « fils de l’irresponsabilité passée » .
Il est croustillant de penser à nouveau à F. Hollande, chef des irresponsables, faisant campagne avec ses accusateurs, et à Julien Dray qui a demandé que les lycéens, traités comme des criminels politiques coupables de ne pas accepter la soumission de l’Ecole à la logique d’entreprise, soient condamnés par la justice. La meilleure preuve qu’ils n’ont rien compris au 21 avril est qu’ils espèrent retrouver la victoire électorale alors qu’ils ont ce discours de condamnation des enfants qui luttent pour l’égalité à l’Ecole et contre l’exclusion.

Le maire de Villemomble, M. Calméjane, a présenté son intervention comme un sujet de baccalauréat qu’il a explicité en fin d’intervention : « Est-ce que c’est l’homme qui fait l’histoire, ou l’histoire qui fait l’homme ? » ? Pour lui c’est bien évidemment l’homme qui fait l’histoire.

Il a affirmé qu’il ne remercierait pas ceux qui sont dans la rue qui n’ont toujours pas compris ce qu’est la démocratie. Il oublie simplement que les lycéens qui étaient dans la rue ce soir ont été empêché d’entrer dans la salle (sans doute ont-ils voulu éviter de se sentir obligé de frapper sur eux, comme c’est le cas depuis trois mois dans les rues des villes de France ? et étaient-ils énervé,, dans le même temps, de ne pas pouvoir faire taire le cri qui montait de la cours ?).
Il a ensuite montré la conception de son parti, sans aucun doute la lecture à avoir de la Loi Fillon, concernant le système éducatif : le lycée G. Clémenceau de Villemomble serait « un des trois meilleurs lycées de Seine-Saint-Denis ». Cette conception est fondée sur la concurrence entre les établissements et, par voie de conséquence, la concurrence entre les élèves. La fraternité et l’égalité républicaine ne seraient-elles pas ainsi soumises à la rentabilité recherchée d’un Service d’Intérêt Economique Général de l’Education ?

Il a dénoncé aussi le département « socialo-communiste » qui aurait refusé la mise en place du soutien scolaire de la fin de journée pour les « élèves en difficulté », soutien scolaire demandé par la droite au Conseil Général. Cette proposition est assez extraordinaire puisque d’une part la loi Fillon et la politique budgétaire ont pour conséquence la réduction des budgets et la suppression des structures d’aide aux « élèves en difficulté » ; d’autre part la décentralisation, augmentant les dépenses des collectivités territoriales sans leur garantir d’augmentation de leur budget, interdit toute politique scolaire au département.

Une Europe nationaliste ou mise en place d’une dictature libéral et sécuritaire

La juxtaposition de ces termes peut paraître bizarre. Pour l’UMP qui a « décentralisé » en 2003, ce traité est cohérent : les politiques économiques (« libérales ») seraient mises en place en s’appuyant sur trois échelons décisionnelles : l’Europe, l’Etat, la région. L’Europe impulserait la libéralisation de l’économie (en particulier dans le domaine des services), les deux autres échelons étant là pour appliquer, imposer ces politiques à des citoyens européens privés de tout contrôle sur ce qui détermine leur vie.

R. Pandraud a en particulier expliqué pourquoi il appelle à voter « oui » alors qu’il s’était opposé au traité de Maastricht. Alors que le traité de Maastricht consacrait l’indépendance totale de la banque européenne et une politique d’immigration non-contrôlée, la constitution permettrait au pouvoir politique de contrôler la banque centrale et d’établir un contrôle aux frontières de l’Europe pour stopper « l’invasion qui nous menace ». A ce sujet il a également prétendu que les soldats européens qui s’enlisent au Kosovo pourraient être affectés à des missions plus utiles.

Pour F. Fillon, cette constitution permettrait de créer un rapport de force avec les Etats Unis dont la place est démesurée depuis la chute du rideau de fer. Il a voulu nuancer son propos en disant que les américains sont les amis de l’Europe. Il pense que cette constitution est à ce titre une garantie pour la paix, opposant la période historique actuelle à celle de la guerre froide dont une des logiques étaient la prolifération des armes nucléaires.

Ce qu’il oublie de dire est qu’un des objectifs de cette constitution est l’accroissement des budgets militaires des Etats européens, placés sous le commandement de l’OTAN (article I-41). Ce qu’il propose de fait est pourtant clair : une gestion du monde par des « blocs » qui ne seraient plus idéologiques comme dans les années de « guerre froide », mais simplement géographiques ; la mise au pas des peuples du monde, une paix romaine libérale et mondialisée, un Empire dont l’échelon supérieur serait, peut-être, l’entente des blocs au sein de l’OMC.

F. Fillon a également dénoncé l’Europe fédérale : « Europe fédérale dont je ne veux pas ». Il a vertement critiqué la commission européenne qui fait tout pour empêcher le conseil des ministres d’avancer. Pour lui il n’y a pas de transfert de souveraineté des Etats membres ; il serait même impossible d’envisager une Europe fédérale avec ce traité : on se demande bien pourquoi une partie des socialistes appellent à suivre l’UMP. La contradiction est flagrante.
En ce qui concerne la pétition que les citoyens européens pourraient soumettre au pouvoir européen, Il a choisi un bon exemple : un millions de chasseurs européens pourraient modifier certaines législation en matière de chasse.

Alors, quelle alternative pour l’Europe en cas de victoire du « non » selon F. Fillon :

 une constitution d’extrême gauche consacrant la dictature du prolétariat ;
 une constitution d’extrême droite ;
 une constitution ultra socialiste : nouveau concept spécialement inventé pour, artificiellement, essayer de trouver une différence avec le parti socialiste.