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Rêve de grand soir place de la Bastille à Paris

Publie le lundi 30 mai 2005 par Open-Publishing
3 commentaires

de Jean-Marie Godard

Entre musique et appels à la « grève générale » ou à la démission du gouvernement, quelque 2.000 personnes se sont rassemblées sous une pluie battante dimanche en fin de soirée place de la Bastille à Paris pour fêter la victoire du « non de gauche », qualifiée de moment « historique » par les organisateurs de la manifestation.

Le Parti communiste français, une partie des Verts, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), l’association Attac, ainsi que le syndicat anarchiste CNT avaient appelé à se rassembler place de la Bastille en cas de victoire du « non ».
Si la foule des grands soirs n’était pas au rendez-vous, les manifestants qui avaient fait le déplacement ne boudaient pas leur plaisir et ne cachaient pas leur joie.

Peu après 22h, les premières estimations annoncées depuis un podium installé pour l’occasion ont été accueillies par des applaudissements et des « On a gagné ! »

« Chirac, Raffarin, démission ! », « Chirac en prison ! », scandait-on sur la place, sur laquelle flottaient les drapeaux rouges de la LCR ou du PCF, aux côtés de quelques drapeaux européens et tricolores.

Sans-papiers, lycéens de la Jeunesse communiste révolutionnaire, intermittents du spectacle ou encore militants CGT étaient au rendez-vous.

« Ce résultat, c’est trop beau. J’ai voté ’non’ parce que je veux une Europe plus sociale et que je suis contre une Europe libérale. Cette Constitution, trop longue et trop figée, devait être inscrite dans le marbre », a déclaré à l’Associated Press Michel Joncquel, un retraité de 64 ans membre du Parti socialiste. « J’espère que ce qu’on a vécu pendant cette campagne va permettre l’émergence d’une autre politique en France. Et à partir du moment où un autre système se mettra en place, d’autres pays pourront s’y accrocher », a-t-il ajouté avant de plaider pour un « grand référendum unique dans toute l’Union européenne ».

« On a pris beaucoup de coups durs ces dernières années, mais ça ne mobilisait personne. Les gens semblaient résignés », constatait de son côté Yasmine, 28 ans, responsable de marketing. « Aujourd’hui, l’espoir renaît, je ne pensais pas que le référendum mobiliserait autant les gens. Maintenant, j’attends un grand bouleversement. La France n’en sortira pas indemne mais dans le bon sens du terme », a-t-elle ajouté dans un grand sourire.

Quelques personnalités du monde syndical étaient également présentes sur la place, comme Annick Coupé, secrétaire nationale du Groupe des Dix-Solidaires -regroupant essentiellement les fédérations du syndicat Sud.

« C’est un grand moment. Après une campagne aussi longue, aussi intensive, cela montre un échec du libéralisme, surtout avec une participation aussi élevée », a-t-elle dit. Pour elle, « tout commence ce soir. Il faut stopper un certain nombre de choses, l’ouverture du capital d’EDF-GDF ou encore la directive Bolkestein. Et on espère que ça va insuffler dans les semaines et les mois qui viennent d’importantes mobilisations sociales unitaires. C’est à la fois un non à l’Europe libérale et un non à Chirac. »

Sur la place de la Bastille, au fur et à mesure que les heures passaient, entre concert de percussions et morceaux de « punk musette », on trinquait à la bière tout en s’arrachant la maquette de « une » du journal « L’Humanité » distribuée un peu partout et sur laquelle on pouvait lire : « L’Europe libérale, c’est non ! »

L’Internationale a également été chantée et à plusieurs reprises. A l’applaudimètre, c’est Alain Krivine, figure historique de la LCR, qui a remporté le plus gros succès. « Je crois que ce n’est pas la peine de s’éterniser dans des discours parce que cette victoire, ça fait des années qu’on l’attendait », a-t-il lancé sous les applaudissements.

« Ce n’est pas la victoire de la droite ou de la gauche, c’est la victoire du monde du travail. C’est un immense ras-le-bol qui s’est manifesté dans cette campagne », a-t-il poursuivi avant d’asséner : « Les gens qu’on a élus il y a quelques années ne nous représentent plus. Quatre-vingt pour cent des parlementaires auraient voté oui, alors que le peuple vote non à 56%. Raffarin et son Parlement doivent foutre le camp ! ». PARIS (AP)

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Messages

  • Héroïques autonomes, héroïques dissidents des partis ! OUf belle victoire mais on a eu chaud !

    Une chose est absolument certaine, c’est que Chirac n’est pas de Gaulle : la première chose que de Gaulle faisait dans pareil cas le soir même, c’était d’annoncer à la télévision qu’il avait entendu la voix populaire et dissolvait l’assemblée nationale ! Exactement ce que Bayrou a demandé d’ailleurs (le seul mec pour le oui retrouvant soudain sa dignité hier soir, par cette proposition)...

    Notamment la première chose serait de révoquer la modification constitutionnelle qui a été entérinée par ce parlement avant notre décision souveraine, il y a deux mois ; ce n’est donc pas celui qui l’a votée en masse qui reviendra dessus ni Chirac qui persiste et signe dans l’intention de la rigidité sécuritaire et autoritaire avec le changement de premier ministre proposé... Et, il faut bien le dire, le seule qui a parlé de ça hier soir est Villiers, grand perdant de l’affaire en sorte, puisque son départemetn l’arécuséen votant Oui !

    Preuve que le Oui c’était le oui de droite hier !

    Ce n’était pas un Villepin (la carte anthropométrique) ni un Sarkozy, que de Gaulle proposait pour honorer les voix de gauche : mais de réélire les députés pour que la Chambre redonne ses voix à la gauche - ainsi il avait fait un Parti communiste fort - et fort du bulletin blanc d’ailleurs !

    Après,le gouvernement c’était sa propre salade, mais du moins, personne n’était dupe.

    Quel frileux et pervers ce Chirac ! Quel dictat-magouilleur ! Et comme les petits tyrans il y trouve une excellente santé !

    Que dire du maire de Paris, qui pavoise avec une majorité de oui - quelle ville réac quand même - sauf Nous ! Normal, ils la vident de ses habitants populaires, ce qui veut dire que le prochain coup des municipales il va se ramasser avec des bulletins de droite... Tant pis pour nous ? ça va être chaud encorte pour sauver la gauche sans ce compromis, là :)))

    O.