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LA BEAUTE DU NON

Publie le lundi 30 mai 2005 par Open-Publishing
17 commentaires

de Franca Maï

« ...Tous les référendums emboîtés les uns dans les autres ont été perdus par l’Europe. Référendum sur l’élargissement. Entre le spectre turc qui désignait sans ambages les musulmans, et le malheureux plombier polonais, les étrangers ont été invités à rester chez eux. Le Pen xénophobe, c’est son fonds de commerce, mais que des dirigeants de gauche fassent campagne sur ce terrain comme Chirac en 2002 sur l’insécurité, on croyait cette xénophobie-là impensable... » Serge July

Serge July, directeur d’un journal qui s’appelle Libération -titre en illusion optique- a roulé pour la droite et le OUI avec ce petit air de supériorité si seyant aux intellectuels de salon. Il a donc aujourd’hui la nostalgie des référendums perdus. Il eut été si simple et si pratique de se garder d’interroger le Citoyen et surtout cette France d’en-bas, réputée analphabète.

En serinant sur les ondes que les Nonistes possédaient un degré d’instruction inférieure aux Ouitistes et qu’ils étaient xénophobes dans le seul but de diaboliser leur intégrité et leur démarche, la presse officielle de propagande a découvert avec stupeur que les moutons noirs savaient décrypter les mots. Les maux.

Et ce ne sont pas seulement « des cris de douleur, de peur, d’angoisse et de colère que l’électorat de gauche a poussés dans les urnes » ce sont le mensonge et la manipulation crucifiés à l’autel d’une lecture très approfondie du TCE .

C’est également une volonté ferme et farouche de ne plus s’en laisser conter en prenant son destin en mains.

Un travail de longue haleine sur le terrain, une presse alternative sur le qui-vive cruellement performante, des vagues de bénévoles soutenues non pas par des affichages publicitaires éhontés mais par une capacité et énergie à donner du temps gratuitement à la Communauté pour expliquer et comprendre la « bible indigeste » qu’une majorité cynique tentait de noyer sous un flot de contre-vérités.

Epinglés par une envie réelle d’un changement de société où le mot Démocratie ne serait aucunement un sucre d’orge pour demeurés, ces hommes et ces femmes n’ont pas lésiné aux lueurs blanches de la nuit, malgré la fatigue d’un quotidien souvent difficile à assumer.

Des kilomètres avalés... Ils ont marché, défriché, dialogué, ouvert les portes cadenassées du Savoir et de la Connaissance. Ils ont partagé leurs doutes et leurs envies. Le feu coulant en leurs veines.

Et ...la chaleur humaine fut au rendez-vous.

Celle-là même qui change la donne.

Monsieur Serge July nous parle de « chef-d’oeuvre masochiste » il ajoute « les Français savent d’expérience que notre pays va mal. Malheureusement, il va encore plus mal ce matin. »

Le peuple est heureux aujourd’hui, il danse, ne vous en déplaise Monsieur et je peux comprendre votre amertume à peine déguisée. Mais votre gueule de bois est inesthétique et inappropriée.

Une lueur d’espoir s’infiltre en nos rétines : La construction d’une nouvelle société. C’est réellement bandant.

Enfin on peut rêver. Les contours du possible...

L’idée de collaborer à un capitalisme sauvage livré à la seule libre concurrence a subi la strangulation qu’elle méritait.

Nous voulons une Europe qui nous ressemble : Ouverte, équitable, humaine.

L’acuité de ce réveil citoyen n’est pas une pose.

Nous serons très vigilants et nous nous attacherons à édifier -pierre par pierre- cette merveilleuse Europe pour que ses fondations soient insubmersibles.

La beauté de ce NON est époustouflante.

http://e-torpedo.net

Messages

  • Voici ce que disait déjà le regretté François Béranger à propos de l’individu dans un entretien au monde diplo :

    "La plupart des vrais soixante-huitards ont rangé leurs rêves dans leur poche et leur mouchoir dessus ... Une minorité d’entre eux a embrassé les idéaux (si l’on peut dire) combattus becs et ongles pendant quelques années. Les plus radicaux des maoïstes sont devenus de respectables et efficaces chefs d’entreprise, soucieux de leur réussite, puisque, n’est-ce pas, nous sommes condamnés, dans cette société, à réussir ou à crever. Ils ont trahi leurs idées, et surtout leur jeunesse.

    Serge July est le plus célèbre d’entre eux. On dit que la physionomie d’un homme de cinquante ans
    ne peut mentir sur ce qu’il est vraiment. Celui-là, dans son costard gris boudinant sa bedaine
    d’amateur de bonne bouffe, fumant le cigare, l’expression satisfaite et suffisante sous son brushing
    au rasoir, a vraiment tout pour plaire. C’est ce que j’appelle une gerbe ambulante. (La première
    fois que je vis le personnage, en 70, il se planquait des flics chez un ami commun, et prêchait
    sentencieusement sur les écrits Militaires de MaoDzéDung... Quel chemin parcouru !) July
    minaudant avec Michèle Cotta, sur la chaîne de Bouygues, quels grands moments de rigolade ! C’est
    un de nos grands patrons de presse. Un maître à penser. Tout le monde lit Libé. Pas moi."

  • ... July, Libé, les autres jounaux bourgeois et les medias institutionnels (publics ou privés) sont un problème majeur pour le peuple de France et la démocratie.

    Ce problème doit être abordé, sereinement, sérieusement, URGEMMENT !
    Il doit, à moyen terme au plus, trouver une solution.

    Des actes politiques forts, doivent être envisagés, posés, par une future gauche (je parle de la gauche réelle, pas des Bobos ni de la "gauche Caviar-bonne conscience et autres petits fours dans les salons où l’on cause du bien et du mal"...) revenue au pouvoir.

    Bon courage à tous et poursuivons sur la lancée.

    Amicales salutations

  • Vieillir est un exercice difficile, manifestement !
    Quelle tristesse d’assister au naufrage d’un journal né après 68 qui a porté et soutenu nos rèves et nos espoirs d’alors pendant si longtemps.
    Si le résultat du vote d’hier peut s’apparenter à une sorte de petit mai 68, toutes proportions gardées, le journal qui portera nos désirs et nos espoirs reste donc à créer, si tant est qu’il y ait un besoin car maintenant c’est clairement le Net qui remplit ce rôle.
    Monsieur July nous vous disons au revoir sans remord ni hésitations.
    nb : le dernier sondage en ligne de libé donnait plus de 70% pour le non...
    Magnus

  • Et voilà un compagnon d’infortune à ce pauvre Serge, petit extrait de l’éditorial de Jean-Marie Colombani dans "le monde " du jour :

    "Une Constitution est en effet un contrat passé entre les citoyens. Comme tout contrat, les termes dans lesquels il est rédigé ont moins d’importance que l’attrait de ce qu’il promet. Le rejet du traité constitutionnel révèle, d’abord, qu’une majorité de Français n’a pas, ou n’a plus, envie de l’Europe. Au point d’avoir pris le risque, et de devoir assumer désormais d’avoir affaibli la position et les capacités de la France en Europe. "On a tous une bonne raison de voter non", avait dit Philippe de Villiers, donnant ainsi un parfait exemple de cynisme dans la démagogie. Tel était, en effet, le message du non. Peu importaient les motifs, pourvu que l’on vote non. "

    Il est clair que nos chers éditorialistes ont tous pété les plombs...

  • Belle réponse à M. Serge July, j’ai été choquée, révoltée en lisant son article dans Libération, article à la limite de la diffamation, virulent, agressif envers ceux qui ont voté non. N’étant pas "maso" j’ai voté non, en connaissance de cause, après, justement, m’être informée sur le danger du texte de ce TCE, danger souligné par le travail, les articles explicites de gens mobilisés à qui je dis, MERCI, et dont je me sens proche, oui, une chaleur humaine circulait et je souhaite qu’elle se propage !

  • Malheureusement ce n’est pas le seul exemple de ces bon intellectuels qui nous délivrent une analyse soit disant pertinente (et dévalorisante au possible) des motivations des partisants du non.
    Allez lire quelques autres torchons de ce cher Jean-Marie Colombani sur le site du Monde, c’est à tomber cul contre terre tellement ça dégouline.

    Ca me conforte vraiment dans l’idée que nous avons vraiment mérité notre victoire hier, quand on voit la pression politique et médiatique que nous avons devons encore continuer à subir.

    Je suis RAVI !!

  • Pauvre July !

    L’édito du "libé du jour" (lu sur internet, faudrait quand même pas croire que j’achète encore ce torchon !) pondu par le patron de presse, engraissé aux petits fours des réunons de salons ou ministères, reflète, on ne peut plus, l’abjection du personnage.

    La collusion de ce triste sire avec les pouvoirs en place, de quelque bord qu’ils soient d’ailleurs, n’est certes pas nouvelle, allez July dis-nous ! 15 ans ? 20 ans ? Que tu cires les pompes des soc-dém-libéraux et libéraux tout court !

    Déjà en 91, tu me débequetais ! Va savoir pourquoi ?
    Ceci dit, à cette époque tu n’étais pas le seul ! Les articles d’un certain J.G. avec ses entrées au ministére de la défense (ou de la guerre, c’est selon...), ça te dit quelque chose ?

    Je me demande comment des Florence Aubenas ou Pierre Marcelle (il y en a peut-être quelques autres ???...), peuvent encore travailler, sans rougir de honte pour ce canard de merde !

    C’est ça leur "journalisme" ? Leur "objectivité" ? Leur "information" ?

    Même Le Figaro a plus de tenue ! (Loin de moi l’idée d’en faire une référence ! Mais il faut bien en reconnaître le professionnalisme !)

    July, ta soupe, elle pue trop ! Tu peux te la garder, et tu peux même te l’enfiler en guise de lavement !

    Des ex-mao ou ex-GP recyclés en chefs d’entreprise, j’en ai connu... et des bien pourris, mais ils ont eu au moins la décence de ne pas tenir publiquement ce genre de discours, et de ne surtout pas se prendre pour des journalistes !

    J’ai honte pour votre profession !

    Un grand MERCI à Franca Maï pour tous vos articles ! Un grand MERCI à Bellaciao pour relayer !

    oveja negra

    • il fauda penser à demander à JULY de rembourser aux premiers actionnaires de LIBERATION
      celles et ceux qui ont donné de "petits chèques" pour amorcer la pompe, avec les intérêts composés comme on dit chez les notaires. Le club du Siècle, ou sévit également DELORS- quant il n’est pas au club confrontations.fr a en compagnie de LE DUIGOU de la CGT et Roussely ancien Président d’EDF - pourait avancer les fonds, une partie des sommes pourrait permettre l’entretien de la tombe de Pierre OVERNEY.
      A part ça, la confiscation de ressources collectives, on profit de quelques individus n’est pas l’apanage des ex maos, autre exemple DENIS COHEN secrétaire de la Fédération energie de la CGTqui a négocié la privatisation d’EDF ET DE GDF avec Jérôme MONOD conseiller de Chirac.
      LA CFDT n’est pas mal non plus etc, cette longue période d’impostures -dont Mitterand est l’emblème- que nous avons traversé autorise malgré tout une archéologie de la politique : il conviendrait d’entamer les fouilles. Cela permettrait de mettre au jour, preuve à l’appui le fonctionnement réel de nos démocraties où le peuple est largement exclu, ce qui ne manque pas de sel et de ne pas attendre trente ans pour en connaître comme on dit (cf résistance guerre d’Algérie, Afrique etc etc).Place aux jeunes qu’ils disent, il serait opportun de la nettoyer que chaque génération ait des cartes mises à jour.

  • Chère Franca : Voilà le non , OK , che ne facciamo ??? Qu’est-ce qu’on en fait ?? Va savoir...
    Franco Petri Vence.

    • Caro Franco Petri Vence : stata spiacente per il mio italiano tradotto dalla macchina virtuale. Dopo... Dobbiamo costruire ma occorre fare uno incoronato fornisce perché personalmente non credo che i pachydermes aiuteranno a costruire l’Europa dei nostri sogni. occorre creare un movimento e molto sangue nuovo.

      Franca Maï

  • bonjour

    Avant de juger le comportement d’un esclave,

    Demande toi qui est son maître.

    victorino

    le94educ@wanadoo.fr

  • Serge July le fameux soixante-huitard fut membre de la fondation Saint Simon, un think tank dont le rôle fut d’infiltrer la gauche française pour la convertir au néolibéralisme et à la pensée unique.

    pour plus d’info :

    http://www.reseauvoltaire.net/article12431.html

    http://www.monde-diplomatique.fr/1998/09/LAURENT/10967

    http://perso.wanadoo.fr/metasystems/Organisations/SaintSimon.html

    Leila Salem

  • Ne nous y trompons pas quand meme:le NON ne réunit pas (loin s’en faut) que de sympathiques altermondialistes éduqués politiquement qui ont refusés l’europe libérale qu’on essaye de fourguer a toute force.
    Le NON c’est aussi le fait d’une créature engendrée par la bourgeoisie libérale et ses relais (cadres médias...) ,une créature qu’on a cherché à faire taire en la précarisant à outrance ,qu’on reussi à soumettre en la transformant en bete aux abois,une créature désormais incontrolable et imprevisible electoralement pour laquelle tous les moyens sont bons y compris les plus irrationels pour faire vaciiler l’espace d’un moment un establishment qui l’opresse mais contre lequel elle a renoncé à lutter "politiquement",ayant perdu clés et reperes pour déchifrer la réalité.
    Le PS est le premier responsable de ce monstre mutant et il constate avec effroi aujourd’hui et hier (21 04 02) que la créature qu ’il a contribué a engendré se retourne contre lui.

  • Et ça continue aujourd’hui !
    Extrait de la prose julyenne du jour :

    "Le non du 29 mai ressemble une fois encore à un manifeste pour que le monde se fige, pour freiner à tout prix le déchaînement des forces qui bousculent irrésistiblement le monde. Il y a une tentation du repli protecteur dans le vote du 29 mai, pour tenter d’échapper à une insécurité sociale, urbaine, mondiale."

    Au secours, Sartre, il est devenu fou !