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Maintenant au travail !

Publie le mercredi 1er juin 2005 par Open-Publishing
18 commentaires

Par la Rédaction de Bellaciao

L’expérience de ces semaines de discussion collective sur le Traité constitutionnel européen, entre citoyens de cultures et d’orientations idéologiques différentes, a redonné le goût de la politique, la vraie, à tant de gens qui s’en étaient éloignés. Le débat d’idées et l’intérêt populaire, sans précédent dans l’histoire de la construction européenne, représente un patrimoine à développer et à traduire en proposition politique et en proposition d’organisation.

70% des Français ont trouvé que cela valait la peine de voter à l’occasion de ce référendum : la majorité des votants (55%) a voté NON. Cela devrait faire réfléchir les indécis : ceux qui considèrent qu’il est inutile d’aller voter ("de toute façon, tout est déjà décidé") ceux qui s’avouent battus d’avance.

C’est un résultat éclatant, si l’on considère le bruit assourdissant de la propagande qu’a faite le gouvernement en faveur du OUI, se servant de tous les moyens à sa disposition, y compris la radio-télévision publique et l’immense majorité des médias, réservant souvent un traitement de véritable boycottage aux tenants du NON.

Le NON au TCE n’est pas homogène, mais c’est naturel, étant données les contradictions profondes et déchirantes qui traversent notre société tant au niveau structurel que, aussi et surtout, au niveau super-structurel.

L’homogénéité du refus, la vraie, se retrouve dans la composition sociale du vote : on découvre que la grande majorité des ouvriers (80%), des employés, des artisans, des agriculteurs ont voté NON. Les classes moyennes, qui représentent le gros de la base électorale du PS, se sont partagées entre ceux qui espèrent encore échapper à la crise en se réfugiant sur les barreaux les plus élevés de l’échelle sociale et ceux, si nombreux, que l’on peut désormais assimiler à un demi-prolétariat à cause de l’aggravation continuelle de leurs conditions de vie.

Un autre facteur d’homogénéité est le facteur géographique si l’on considère que les régions qui ont voté OUI sont celles les moins touchées par la désindustrialisation galopante (sidérurgie, mines, textile), et qui présentent le moins de problèmes socio-économiques. Perdus au milieu d’un immense territoire marqué par le NON, seulement 3 îlots du OUI se sont dessinés, d’une part aux endroits où le capitalisme regroupe les plus nantis, et d’autre part où un traditionalisme teinté de religion aura finalement primé sur le souverainisme.

A Paris, la répartition des votes entre la ville et la banlieue est pratiquement une photographie de la composition sociale. La ville est désormais devenue tellement chère et les logements sociaux tellement insuffisants (100 000 demandes insatisfaites) que sa composition sociale est aujourd’hui fortement et de plus en plus déséquilibrée, en faveur des classes moyennes hautes, les seules à pouvoir se permettre le "luxe" d’y vivre. Alors que dans la banlieue "riche", à l’Ouest, le OUI prend le dessus, dans la banlieue "pauvre", celle du Nord-Est, c’est le NON qui conquiert une large victoire.

Dés à présent, on peut voir clairement les grandes lignes du document/proposition pour une autre Europe que s’apprête à rédiger le cartel du NON, des partis de gauche aux mouvements, des syndicats aux associations, en passant par les représentants du monde culturel et artistique :

 l’Europe doit être indépendante, ne pas se fermer comme une forteresse, mais s’ouvrir aux migrants et à des rapports équitables et solidaires avec le Sud ;

 l’Europe doit représenter la démonstration qu’il est possible d’aller au-delà du nationalisme, vers un internationalisme qui barre la route au dumping social ;

 l’Europe doit se développer sur la base de politiques qui vont prioritairement à la rencontre des couches les plus faibles de la société, quant au revenu, à l’âge, aux conditions physiques et psychiques ;

 l’Europe doit entamer un programme de rééquilibrage environnemental en commençant par l’agriculture, les transports et l’énergie, s’engageant sur une réduction progressive mais déterminée et contraignante, de l’utilisation des énergies fossiles, l’abandon du nucléaire et le développement de l’utilisation des sources d’énergie renouvelable (biodiesel, énergie solaire, éolienne, géothermique...). l’Europe doit aussi s’engager de façon résolue vers le développement durable de concept écologique fort, comme les programmes à « émission zéro » ou la philosophie « Glocal » (penser globalement, agir localement).

 L’Europe doit profiter du potentiel inestimable que représente sa communauté scientifique pour développer une recherche de pointe dans les domaines de l’écologie, des énergies renouvelables et du biomédical, indépendamment d’une logique commerciale ;

 l’Europe doit mettre en œuvre une politique de paix en soulignant que la guerre n’est pas un moyen de résoudre les conflits internationaux. Ses états-membres doivent sortir des alliances militaires et réduire progressivement leurs dépenses d’armement, reconvertissant les emplois dans une économie de paix ;

 l’Europe doit œuvrer à de nouvelles formes de démocratie, le plus prés possible des citoyens, de leurs exigences et de leurs aspirations, en abandonnant les pratiques décisionnelles analogues de celles des organismes comme la Banque Mondiale, le FMI, l’OMC, l’OCSE qui se sont emparé du gouvernement du monde ;

 l’Europe doit mettre en œuvre une politique d’alignement du droit du travail et de sa rémunération sur les conditions les plus favorables dans le territoire de l’Union, en aidant les pays les plus pauvres, pour repartir ensuite vers un alignement analogue au niveau intercontinental qui permette d’en finir avec les délocalisations et les migrations ;

 l’Europe doit souligner le caractère laïque de l’Union en garantissant à tous la liberté de culte, en protégeant les minorités, en sauvegardant la culture de tous ses peuples ;

 l’Europe doit réaliser la parité homme-femme non seulement sur le plan des rétributions mais aussi sur celui des infrastructures et de la législation qui rendent possible cette parité, elle doit garantir aux femmes le droit à l’avortement et à la contraception ;

 l’Europe doit garantir les mêmes droits et la même dignité à tous ses citoyens, indépendamment de leurs préférences sexuelles, en combattant les préjugés encore largement répandus envers les homosexuels et les pratiques discriminatoires dont ils sont l’objet ;

 l’Europe doit sauvegarder et développer le caractère public des services, tels que la santé, l’éducation, l’énergie, les retraites, de tout ce qui justifie et rend indispensable l’existence d’un état qui garantisse à tous les citoyens des conditions de vie dignes.

Les prochains référendums sur le TCE se dérouleront aux Pays-Bas, au Luxembourg, au Portugal, au Danemark et seront autant d’occasions pour se confronter sur ces thèmes avec d’autres peuples européens qui les enrichiront de leur apport.

L’immensité et la complexité de ce programme ainsi que l’attitude fermée et arrogante des forces politiques et sociales aujourd’hui au pouvoir en Europe imposent que, en même temps que le programme, se développe l’instrument politique capable de le réaliser.

De manière analogue à ce qui se passe dans le monde syndical, où depuis des années la dimension nationale des revendications est désormais en voie d’être dépassée et où, depuis longtemps, un processus de construction de plateformes revendicatrices européennes est en cours - comme par exemple celle qui réclame un salaire minimum européen - dans le monde politique aussi, le besoin d’un instrument nouveau, à la mesure du défi néo conservateur, se fait de plus en plus pressant.

Les recettes de la social-démocratie ou de la "troisième voie" ont fait la preuve de leur inconsistance, hier avec Clinton et Jospin, aujourd’hui avec Schröder, tandis que la chute de l’Union Soviétique et des pays du socialisme réel a sanctionné une application aberrante de la théorie marxiste : il y a aujourd’hui urgence à refonder la gauche, une Gauche Européenne qui sache recueillir la contribution des forces nouvelles qui émergent de la société en ce qui concerne non seulement le problème traditionnel de l’exploitation de l’homme par l’homme, mais aussi les problèmes des jeunes, des femmes et l’environnement. Une Gauche Européenne qui sache organiser ces forces nouvelles autour d’un projet de nouvelle société, en mettant maintenant en pratique les objectifs qui le constituent chaque fois que ce sera possible.

Paris, le 30 mai 2005

Messages

  • Le 29 mai,

    le peuple a dit

    chômage, précarité, misère

    Cela suffit !

    Rupture avec Maastricht

    et les directives

    européennes !

  • BRAVO, mais croyez-vous que des VRAIS POLITIQUES VONT enfin se réveiller car pour l’instant
    je n’entends aucune proposition rien il y a un trou noir
    une pétition existe à TOULOUSE à vous de voir www.appel-constituante.org

  • La "Gauche" , il est peut être temps de se demander ce que serai une "Gauche", une seule ?

    Certe la convergence des luttes est essentielle à la proposition d’une alternative mais personnellement je ne me vois pas collaborer avec des soç-dems à la sauce nouveau PS ni avec des trotskystes/marxistes/stalinistes (nous n’oublierons jamais 1917 et la récupération des soviets paysans, 1921 Cronstadt et 1936 CNT/Durruti pour lesquels aucunes excuses n’ont jamais étées faites)

    Il y a beaucoup trop de hierarchie et d’idéologie dans ces mouvements pour qu’ils soient capables de maintenir leurs promesses si un jour ils accédaient au tant-convoité pouvoir.

    Ca fait peut-être rabat-joie mais non la Gauche "unie" n’existe et n’existera jamais tout simplement parceque la gauche c’est la diversité.

    Le Peuple se considère d’égal à égal et le peuple hait les idéologies, sources de tous les fanatismes et des plus grands meurtres/massacres/destructions/débilitations que l’Histoire ai connue.

    Et il a raison ; l’unique direction à suivre c’est l’éducation intellectuelle et pratique, remettre les savoirs utiles tous les jours dans les mains et les têtes de tous et non de les confiner à des secteurs et à des élites ultra-minoritaires ; je suis désolé mais à part pour Cuba et encore, on ne peut pas dire que les régimes communistes du 20eme aient réellement éduqués leurs prolétaires soit-disant "chéris"...

    La responsabilisation de tous pour tous iz zi only way !!!

    Au fait je suis à 100% avec mai68.

    @+

    b0bK

    • "on ne peut pas dire que les régimes communistes du 20eme aient réellement éduqués leurs prolétaires soit-disant "chéris"..."

      Et pour cause : ils étaient "communistes" comme Blair, Schröder et Jospin sont socialistes !

  • D’accord avec vous sur l’essentiel...
    Je pense qu’il faut cesser de hocher des formules toutes faites, de bramer des slogans vides de sens...
    Il faut réfléchir encore et encore, donner de la consistance aux propositions, sur le terrain... agir.
    il faut être créatifs et ne jamais perdre de vue que nous devons faire tout cela ensemble !
    Cela implique donc le respect de chacun. (Elle est très belle la photo du haut.)

    Jean-Jacques POIGNANT.

  • Une europe à 25, hétérogène, c’est bien pour faire un marché et mettre tout le monde en concurrence, comme voulait nous l’y obliger ce traité rejeté, sans fixer de limite d’ailleurs pour l’avenir. Mais est ce possible de faire un espace démocratique, d’union de peuples conservant tous leur identité (culture, langue), leurs droits nationaux, et leur souveraineté sur les mêmes bases ?

    Moi je suis pour une union de peuples conservant tout ce qui en a fait des nations, y compris leurs constitutions. Les transferts de pouvoir doivent être débattus démocratiquement et décidés par réferendum. La politique commune dans les domaines définis ainsi, devra s’exercer sous le contrôle des citoyens, dans la transparence, par des représentants élus par tous les européens.

  • Vous trouverez peut-etre ceci débile... Moi même je ne sais pas...

    Et si la droite et la gauche c’était fini, si on ne parlait de politique que comme de quelque chose fait par et pour le peuple, pour son bien, sa sécurité, son évolution, son développement ?
    Si on arrétait de rattacher des idées à des partis qui oscillent d’un côté ou de l’autre ?
    Si une époque nouvelle était arrivée ?

    Pourquoi ne pas unir les gens dans des systèmes d’idées communes ?
    On l’a vu durant ces dernières années : Une politique de développement signifie décroissance des esprits... Vivre pour de l’argent c’est vivre en compétition permanente en écrasant tout ce qu’on peut pour avancer et gagner toujours plus...
    C’est peut etre une utopie mais ne pourrait-on pas penser vivre mieux en complémentarité plutot qu’en compétition ?
    On a tant a apprendre des autres...
    Pourquoi jalouser nos voisins et nos frères, plutot que d’échanger avec eux ?

    C’est utopiste mais peut-etre réalisable ? Si tout le monde y met du sien ?
    Peut-etre que l’homme est encore trop animal, c’est peut etre ça le problème ?

    Tous les événements actuels me font poser beaucoup de question... Comment arriver à rattrapper un tir dévié depuis de nombreuses années ?

     Janus

  • Je suis absolument stupéfaite de découvrir la confusion chez les amis du Non, en train de se demander où est la gauche ?!!! Mais elle est là : celle qui a voté non ! Inutile de la faire elle existe - et heureusement que le vote socialiste n’a pas conforté sa direction, sinon on serait refaits :)

    Voir l’analyse après enquête d’IPSOS :

    http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/arti...

    Sur la question du fond, il est clair qu’il y a une attente du respect de la différence à l’intérieur du même camp, sinon adieu la gauche vivible dans les votes, elle se volatilisera dans l’abstentionnisme (c’est le prochain danger)... ce que d’ailleurs nous pourrions considérer reportable à un pays par rapport à un autre, si au lieu d’une constitution on nous faisait une charte de bonne convivialité confédérale, ce qui après tout supporte les différences traditionnelles ou celles des projets à venir respectifs.

    Peut-être faut-il une charte entre la gauche qui a voté non ? quelque chose qui n’engage pas la ligne d’un parti dans les autres - et réciproquement ? quelque chose qui rompe résolument avec le centralisme démocratique pour ouvrir aux vraies proportionnelles - celle qui ne récusent pas le citoyen 1 - en matière d’union ?

    Il est tout de même incroyable à lire l’interview de Alliot-Marie dans le Herald Tribune international (re-publié ici) que l’Europe telle qu’elle est d’ores et déjà ait pu permettre d’obtenir l’autonomie de l’agence d’armement en faveur de la France et de la Grande Bretagne (qui concentrent ces lobbies et leurs industries), et l’autorisation que les Etats retardataires ne puissent pas contrarier la marche de ceux (représentant ces énormes lobbies) qui veulent avancer dans ce sens, (et cela vaut également pour le nucléaire et les satellites de surveilance associés aux satellites de communication - avec d’ores et déjà des alliances techno-tactiques atlantiques comme celle de Dassault et de microsoft) et ce qui fait avec la banque européenne deux Etats dans l’Etat européen voulu par le TCE... et qu’on ne puisse appliquer ce principe concernant au moins les systèmes de démocratie et le régime des libertés ! Pourquoi ? Voilà une contradiction de plus à manifester pour donner à comprendre que ce ne sont pas des hasards de circonstance mais la caractérisation d’un pouvoir sur le peuple...

    Ne pas manquer dans l’analyse la question des libertés sur laquelle se sont prononcés le Nonistes, sous couvert de faire apparaître plus fortement la question de la production et de l’économie, sinon rien de symbolique ne scellerait à coup sûr le pacte contre le populisme associable à une possible déviation (il suffit que les bulletins de vote qui ne se sont pas portés sur un leader spécifique, lors de ce référendum, se reportent soudain sur un leader unique de l’idée commune lors d’un vote ultérieur (parti ou personnalité)... parce que le vote blanc n’est pas comptable, ce vote blanc qui sauva de Gaulle d’être un dictateur et permit au parti communiste de jouer tout son rôle critique en politique républicaine de puis la 5è constitution ; mais d’autre part aucune véritable proportionnelle qui annule la concentration des oppositions, afin de renforcer d’autre part le bi-partisme, n’ayant remplacé la perte du vote blanc... et par défaut : l’abstention réactive... comme aux Etats-Unis.

    L’abstention se généralise dans les démocraties dont le jeu institutionnel empêche l’impact de l’événement nuancé de l’opposition.

    Partout il y a davantage de demande de liberté ; les hollandais ne veulent pas régresser sur leur droit (les drogues douces, le mariage homosexuel etc...) Il y a différents modèles de structure démocratique, moi je suis une farouche défenseuse du suffrage universel - et plus que jamais, quand le peuple euuropéen consulté prouve loin du populisme qu’il est plus sage que ses dirigeants face à un projet économique global auquel onpropose de sacrifier toutes les libertés, je pense que le suffrage universel devient la marque solidaire et représentative devant laquelle les élus doivent être garants.

    L.

  • Pendant toute la campagne pour le rejet du TCE, il était difficile d’imaginer ce que serait les lendemains de la victoire du non. Toute l’attention était concentrée sur la campagne, sur la nécessité d’aider nos concitoyens à résister aux déferlantes de désinformation, d’intimidation et de décervelage médiatique. "Oui au NON et non au OUI" était l’alpha et l’omega des discours et les perspectives au-delà du scrutin étaient bien floues, d’autant que la victoire du non n’était pas sûr, au moins dans les esprits.
    Depuis dimanche soir les choses se décantent un peu : et c’est sans doute pire que tout ce qu’on aurait pu imaginer. A droite, pas de problème, on sombre dans le sauve-qui-peut et une sorte de cohabitation "maffieuse" à la tête de l’Etat. Sarkozy l’avouait hier sans ambage dans une conférence devant des députés UMP : "Il nous a dit que son retour à l’Intérieur lui permettrait de reprendre la DST et d’éviter les coups tordus montés contre lui" raconte un participant (cf. Libération du 2 juin p.7). Autrement dit la politique se résout ici dans les pratiques policières de manipulation, de coups tordus, de provocation etc. domaine, où, semble-t-il, le "flamboyant" Villepin n’est pas non plus ni un amateur ni un novice. Cela promet ! De l’étrange gestion des récents évènements de Perpignan au parachèvement de la gestion purement policière, provocatrice et répressive du mouvement lycéen, on a un avant-goût de ce qui se prépare pour les deux ans à venir (ajoutons le double épisode parfaitement éloquant : 9 syndicalistes de la Poste sont délogés par le GIGN (!) et immédiatement mis en examen pour séquestration ( passible en théorie de la Cour d’assise !) - au même moment que les Comités d’action viticole du Languedoc peuvent se permettre de commettre 3 ou 4 millions d’euros de dégâts dans un furieux rodéo en autocar, et être immédiatement relachés après un controle qui dura 1/4 d’heures. L’on risque à l’avenir de voir de plus en plus ces "deux poids deux mesures", participant de la stratégie de maintien de l’ordre : l’arbitraire comme méthode de gouvernement).
    Quant à la gauche...!!...., il suffisait d’entendre lundi soir sur France 2 (émission spéciale à heure de grande écoute (21h), initialement non programmée) Bernard Kouchner, Chérèque de la CFDT, une petite bureaucrate verdatre (Aurélie Filipetti (sic))... pour comprendre quelle était la ligne : les dirigeants sont mécontents du peuple, aussi ont-ils décidés de "dissoudre le peuple" (pour faire allusion à la célèbre incise de Brecht) ; ou encore traduit autrement, les français vont en chier dans les années à venir (montée du chomage, baisse du pouvoir d’achat, délocalisations, dégradations générales des conditions de vie...), mais ce sera entièrement de leur faute puisqu’ils ont stupidement rejeté la dernière occasion de limiter la casse de la mondialisation, le fameux TCE. Le peuple sera puni par où il a "pêché", son absence de foi dans le grand projet d’union européenne des élites éclairées. Le fond (ou l’arrière fond) de ce discours évoquant étrangement comme un fumet fétide de catholicisme pétainiste : thème de la collaboration de classe ( sarkozy du medef, Martin Hirsch directeur d’emmaus et chérèque devisant de concert sur le thème "en se mettant autour d’une table tous ensemble, en retroussant les manches et en acceptant certains sacrifices, oui on peut faire reculer le chomage et l’exclusion), du repentir et de la pénitence (de même que c’était les turpitudes supposées des français qui étaient responsables de la défaite militaire de 1940 et de l’occupation nazie, culpabilité morale auquelle la "révolution nationale" apportait une sorte de rédemption ; de même aujourd’hui, l’égoïsme des français, leur absence de générosité à l’égard des "frères-catholiques-polonais-qui-se-sont-libérés-du-joug-du-communisme", se retournera contre eux, et il faudra en passer par des cures d’amaigrissements "ultra-libérales" pour expier ce péché lèse-Union européenne et cette démoniaque méfiance à l’égard de de si vertueuses élites (ces hommes droits et visionnaires comme l’ancien PDG de Carrefour par ailleurs membre des réseaux de l’Opus dei, et tous ces grands hommes du CAC 40, tous si bon catholiques militants (Claude Bébéar en tête).
    Quant au véritable bouffon que s’est révélé être François Hollande (de son côté aussi cà pue très fort l’eau bénite et le touche-pipi dans le confessional), le seul problème qu’aurait aujourd’hui le Parti socialiste serait de sanctionner ceux qui ont milité pour le NON ! Alors que la gauche insitutionnelle "de gouvernement" a un véritable boulevard pour emporter la Présidentielle de 2007, les éléphants socialistes donnent le signal très clair qu’ils préfèreront faire exploser leur parti et perdre ladite présidentielle, plutôt que de composer, ne serait-ce qu’à la marge, avec les partis de la "gauche contestataire" (comme dit aujourd’hui Strauss-Kahn) dans un semblant de "programme de gauche". La direction du PS s’affiche crânement comme solidaire des "global players" de la techno-social-démocratie européenne, et ne veut plus rien devoir à ces has been populistes de la "gauche protestataire". Leur modèle c’est Pascal Lamy intronisé directeur de l’organisation mondiale du commerce, avec le soutien plein et entier de l’administration Bush (le faucon Wolfowitz à la Banque Mondiale et l’ultra-libre-échangiste Lamy à l’OMC, c’est le "new deal" de la réconciliation franco-américaine) et non le néo-molletiste Marc Dolez ! S’appuyant sur les 20 régions et les municipalités qui donnent à crouter aux 100 000 militants du parti, les "global players" de la direction PS sont d’ores et déjà prêts à sacrifier leur retour aux gouvernement, plutôt que de renoncer à leur ligne blairiste. Les plus cyniques pensent sans doute que les réformes, par exemple décrites dans le rapport Camdessus -autre catholique "social" militant, et ancien directeur du FMI, sont inévitables, et que finalement mieux vaut laisser la droite faire le boulot thatchériste, en espérant revenir au pouvoir en 2012, voire un peu avant, si quelque dissolution, ne venait interrompre le futur quinquennat de Sarkozy ou de Villepin.
    Succursale du PS depuis 1996, les Verts ont évidemment emboités le pas, et s’apprêtent aujourd’hui à rompre avec ATTAC, la confédération paysanne ou toute la nébuleuse "altermondialiste", et à se rapprocher de l’UDF de Bayrou. Les quelques minoritaires "de gauche" seront progressivement mis à la porte, et rejoindront le "pôle de radicalité" qui se met en place autour du PCF. Parti petit-bougeois parlementaire type, c’est à dire sans militants dans les mouvements sociaux, sans relais réels dans le mouvement syndical, les Verts ont cependant une capacité électorale (dans le giron "majoritaire" du PS) qui, soit dit en passant, va grandement gêner ledit "pôle de radicalité", dans les différents scrutins.
    C’est ce dernier "pôle de radicalité" - en gros la stratégie d’un cartel électoral, défendue depuis près de 10 ans déjà à l’intérieur du PCF par le courant rénovateur autour de Roger Martelli et Patrick Braouzec, qui, autour du PCF, regrouperait des écologistes, des altermondialistes, la LCR, des syndicalistes, des socialistes de gauche - qui s’est enfin constitué à l’occasion de la "campagne unitaire" contre le TCE (pour reprendre l’expression de Besancenot) que défend la rédaction de Bellaciao. Sur le papier, les choses sont bien parties : Attac s’est entièrement rallié - après des errements diverses en direction du "souverainisme" à la Chevènement ou le syndrome "conseiller du prince" de l’ancienne direction du Monde Diplo - à cette stratégie (Nikonoff en est l’un des promoteurs depuis 15 ans) - Bové (bien qu’il aura sans doute des difficultés avec les plus "syndicalistes paysans" - au sens "pragmatique" négociant avec le pouvoir pour obtenir des retombées corporatives - de sa confédération) est enthousiaste, les futurs exclus du PS et des Verts, dont beaucoup d’élus, rejoindront le mouvement, la LCR, comme d’habitude (cf.candidature Juquin en 1988), est prête à se sacrifier pour fournir les militants et ses réseaux syndicaux.
    Cependant toute la stratégie est suspendue au bon vouloir du PS, et là, on l’a vu plus haut, rien n’est gagné. D’autant que la direction socialiste va développer une double tactique : intransigence sur le programme (refus des "promesses", soutien sans faille au processus d’intégration européenne), marchandage et négociation sur les législatives de 2007 et sur les Municipales de 2008 en direction du PCF. Les Municipalités "détenues" par ce parti sont la condition sine qua non de son maintien comme "parti d’envergure nationale", celles-ci lui permettant, entre bien d’autres choses, d’avoir des députés malgré le scrutin uninominal à deux tours, et symétriquement l’existence de ces députés lui permettant de préserver ces Municipalités. Or ces dernières sont bien menacées pour toute sorte de raisons : zones très souvent économiquement et socialement sinistrées sous les coups de boutoir de la mondialisation libérale et de la crise économique, les équipes PCF se retrouvent très souvent impuissantes à (mal) gérer ces ghettos sociaux, coincés entre les déficits budgétaires, l’effondrement du pouvoir d’achat des habitants, la dégradation avancée du parc de logements sociaux, la pratique de "dumping fiscal" des municipalités de droite, attirant entreprises, emplois et recettes fiscales, la montée des comportements asociaux, de l’économie de la drogue et du trabendo, sur fonds de possibles "tensions intercommunautaires" (par ailleurs parfois sciemment encouragées, dans une stratégie dite du "pourrissement", par les secteurs maffieux de la droite bonapartiste).. Bref, l’abstention est énorme, le vote FN incompressible, et il suffit parfois, d’une toute petite pichenette du PS, pour que le PCF perde un bastion (le PS ayant souvent, ces 15 ou 20 dernières années, dans un premier temps fait chuter une municipalité PC en laissant la droite l’emporter, pour ensuite, récupérer la mise 6 ou 12 ans plus tard). En résumé, la stratégie du "pôle de radicalité" se heurtera fatalement au chantage qu’exerce en permanence le PS sur le PCF sur ces questions de ses "bastions électoraux" , qui sont vitales pour ce parti.
    Beaucoup de lecteurs de bellaciao trouveront sans doute que tout cela est de la "politique politicienne", de l’électoralisme pure, que la vraie question est la lutte sociale, la grève générale etc. Sauf que les deux dimensions interagissent fatalement l’une l’autre. Que la vie sociale a horreur du vide politique et institutionnelle. Qu’en outre la perspective décrite par cette article de la rédaction de Bellaciao s’inscrit clairement dans une problématique politique-institutionnelle et électorale, défendant une sorte de symbiose entre "mouvement social" et représentation insitutionnelle, ou une "traduction politique" (on parlait naguère de "capitalisation politique") des luttes sociales et syndicales ou para-syndicales. Et il ne fait pas de doute que des dizaines de milliers de militants, et parmi les plus actifs, des "mouvements sociaux" , peu ou prou, adhèrent à cette vision d’articulation social/politique (il n’y a pas aujourd’hui en France, et peut-être en Europe, de mouvement comparable à ce que fût la CNT en Espagne dans les années 20 ou 30 ! On peut vivre sur des mythes - mai 68 et tout et tout - mais on reste dans sa petite bulle, coupé des formes de conscience (ou de "fausse conscience") de ses contemporains, et je ne crois pas que cela fasse réellement avancer la nécessaire critique - en acte - de l’ "aliénation politique", des institutions "représentatives", des oligarchies partidaires, de l’idéologie hiérarchique de la "démocratie" parlementaire...). Aussi est-il à mon avis nécessaire d’observer, de sonder et d’explorer la sphère "politique-spectaculaire", voire d’y intervenir directement ou indirectement, y compris pour pointer les impasses à laquelle elle conduit inévitablement, mais en essayant d’analyser au mieux les logiques à l’oeuvre, et ne pas se payer de mots et d’ "illusions lyriques" (pour reprendre une expression du Malraux devenu gaulliste).
    Une dernière chose : on s’est interrogé durant la campagne référendaire sur l’existence d’un "plan B" en cas de rejet français (à ce propos, il est vraisemblable que cela soit sur le forum bellaciao, que cette thématique du"plan B" fut pour l’une des toutes premières fois évoquée : "D’autant que « en bas » on sait très bien que même la victoire du non « ne va pas les faire chier ». Un plan B, puis C, D alternatif à l’évènement x, y, z sont déjà prêts. Pourquoi sinon auraient-ils pris le risque de faire ce referendum ? Veut-on faire accroire (mais au petit peuple, et seulement à lui seul) que les dirigeants sont des imbéciles ? Et qui a intérêt à cela ? Sous-estimer son ennemi, comme le surestimer, voilà qui conduit toujours à de grandes déconvenues." (extrait d’un commentaire à un article-interview de Corinne Maier, mise en ligne le 13 avril 2005 à 14h51). C’est ensuite un article du Figaro le 18 avril qui évoquait la question par une enquête auprès des eurocrates de Bruxelles, puis reprise en première page de la formule par le Parisien du 21 avril 2005, qui la popularisera définitement.). Il était évident qu’il y en avait un, mais quel était-il ? Là était la bonne question. Et comme souvent la réponse était évidente, devant notre nez, si évidente qu’on ne la voyait pas (comme la fameuse "lettre volée d’Edgar Poe") : le plan B, c’est le traité de Nice !!! tout simplement et tout bêtement. Le professeur de droit public à l’université de touloue Serge Regourd qui a écrit sans doute le meilleur article sur le TCE ("Consitution européenne et "modèle social" européen. Analyse juridique d’une imposture politique", publié sur Bellaciao le 28 mars dernier) avait très précisément décrit comment la machine de guerre libérale du droit européen était déjà inscrite dans le traité de Maastricht. Le traité de Nice portait essentiellement sur les modalités de fonctionnement insitutionnel de l’Europe à 25 ou 30 états. Le TCE visait à corriger ce dernier, n’apportant rien de très nouveau sur le plan économico-social, dans un sens donnant un peu plus de prééminence aux grands Etats de l’Union, essentiellement la France et l’Allemagne. Serge july a traité les français de masochistes parce qu’ils ont repoussé un traité, qui, de ce strict point de vue de l’influence relative des dirigeants de l’Etat français dans les débats au sommet de l’Union, était plus favorable à celle-ci que le traité de Nice. Mais ce que n’a pas compris Serge July, c’est qu’en même temps que le TCE, les français, en fait découvrait réellement le traité de Maastricht, approuvé 13 ans plus tôt d’une part ; que ces 13 années, la mise en place de l’euro et le coup d’accélérateur de la mondialisation depuis 10 ans, avaient entretemps rendu parfaitement"lisible" et "audible", ce jargon néo-libéral de la "concurrence libre et non faussée", qui restait énigmatique au moment de Maastricht ; que la perte toujours croissante de crédibilité des dirigeants politiques français, au premier chef dans leur propre pays, ne pouvaient donc voir les électeurs français se désoler ou s’inquiéter de voir le "poids" de leurs dirigeants nationaux risquer de s’amoindrir dans le concert européen d’autre part. Qu’en tous les cas, ce n’était pas un motif suffisant pour accepter ce traité. Mais là où il y a finalement maldonne et jeu de dupes, c’est que c’est moins ce TCE que les français ont rejeté le 29 mai, que le traité de Maastricht lui-même. Or contre celui-ci, leur vote est impuissant, Maastricht continue à s’appliquer, avec toutes ces conséquences destructrices, et on ne demandera pas ni aux français, ni à quiconque de se prononcer là-dessus. A lire dans la presse, les réactions d’électeurs hollandais avant et après leur rejet du TCE, il apparaît que ceux-ci ont beaucoup mieux conscience que nos concitoyens, que c’est bien Maastricht, l’euro, la banque centrale indépendante, la juriprudence communautaire de la cour du Luxembourg (droit de la concurrence contre services et monopoles publics), l’euro-police et la parquet européen de l’espace Schengen, la position commerciale européenne au sein de l’OMC et de l’AMI, qui sont à rejeter, le TCE n’étant que le "leurre" - reprise du dispositif de Maastricht, qui lui, propulsé depuis maintenant 15 ans, poursuit sa course folle et autonome, quel que soient les votes, les alternances, les majorités, dans l’europe des 25, des 27 ou des 30 ! Le contenu du plan B, c’est finalement que tout continue comme avant, sauf que le rejet du TCE- déjà aujourd’hui acté, malgré l’écran de fumée complètement ridicule de la "poursuite du processus de ratification" jusqu’à l’automne 2006 - va servir pendant des années d’antienne et de leitmotiv justificatif de toutes les difficultés présentes et à venir pour les dirigeants : le chomage augmente, les banlieues sont en feu, le pouvoir d’achat diminue, les catastrophes écologiques se succèdent, les guerres néo-impérialistes ravagent le pourtour européen... "Nous ne pouvons pas faire grand chose, notre action est gravement pénalisée par l’absence d’europe politique...", et tout cela c’est de votre fautes, à vous les nantis de l’europe riche, les français, les hollandais, les danois... qui par égoïsme, xénophobie, conservatisme avez fait échoué les promesses de l’europe politique contenue dans le TCE ! Tout cela sera la faute au 29 mai 2005 ! C’est cela aussi le "plan B", contenu dans toutes les menaces et les injures qui ont fleuri depuis le 29 mai au soir, particulièrement chez les dirigeants socialistes "global players" français (la droite aux affaires, comme nous l’avons vu, étant trop occupé à son "Yalta" interne, ou, pour user d’une métaphore plus adéquate, à ses partages de territoires à la mode des capos de la maffia chicagolaise de l’ère de la prohibition !).
    La vraie question donc, sur laquelle le pole de radicalité devrait se positionner (mais ce serait là un véritable caus belli avec les "partenaires socialistes") est celle de la sortie par la France du Traité de Maastricht ! Malheureusement, sur ce terrain, seuls les "souverainistes" (autrement dit les nationalistes !) sont conséquents avec eux-mêmes. Qui osera à partir d’aujourd’hui porter une telle revendication : abrogation du traité de Maastricht ! et y compris sortir, pays par pays, traité de Maastricht ?

    • une signature STP et ont publie en premier page...

      Roberto

    • Je vous remercie, cher Roberto, mais je ne crois pas que ma contribution, écrite un peu à la va vite, mérite cet honneur. Ce n’est qu’une contribution, un peu à "bâton rompu", comme j’ai pris l’habitude d’en faire, comme beaucoup d’autres internautes fidèles de bellaciao, afin de faire avanceer le débat collectif. Les articles que vous publiez en "édito" ou en "une " généralement sont bien écrits, et il faut maintenir cette qualité, qui fait de Bellaciao un très bon site. La partie "commentaire",elle,permet à tout à chacun, quel que soit ses qualités de plume de pouvoir s’exprimer, même d’une façon relachée ou décousue, et c’est très bien ainsi.
      Enfin, pour des raisons personnelles, et particulièrement professionnelles - Je recherche actuellement un emploi dans le secteur de la comptabilité - et les employeurs ont pris l’habitude de faire des "recherches google" sur leurs candidats à l’embauche" ( ce qui m’avait valu l’an passé de perdre un poste pratiquement acquis à la chambre de commerce et d’industrie de Paris, l’employeur ayant découvert avec horreur par ce biais que j’étais un affreux "gauchiste" !) - je tiens à conserver pour le moment un strict anonymat. Et je rechigne à utiliser un pseudonyme.
      Restant fidèle à une lecture quasi quotidienne de Bellaciao, je vous transmet mes amitiés et tous mes encouragements.

    • je suis coincé aux entournures, bien sur que le tce n’est pas de gauche, mais de droite, et la c ’est encore réducteur,moi j’ai opté pour le oui, un peu comme val, sans aucune illusions, si j’ai votés oui, c’ est pour essentiellement les questions et reponses d’odres sociétales,
      il est evident qu il faut que le tce monte par le haut, sur le social, etc....

      mais quant je vois melanchon ancien minnistre, , le pcf qui a collaboré au gouvernement,, emmanuelli, president de l’assemblée nationale, je suis surpris, je ne parles pas de fabius, car la, j’ai la nausée,

      et enfin, il y a eu un vote interne au ps, on peut en dire ce que l’on veut , mais il y a eu vote

      et ses principaux dirigants ont fais scission, j’apelle cela un coup d’etat,
      lorsque que j"étais au ps une motion ou n’importe koi qui etait vote, devait etre respecté, j’e paie encore les conséquences a vitrolles pour avoir dis non.
      et cela me heurte,
      si c est cela la future gauche, je ne me reconnait pas dedans et bons nombres non plus.

      mais peut etre aije rien compris.
      jb