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C’est votre étonnement qui m’étonne.

par irae

Publie le lundi 20 novembre 2017 par irae - Open-Publishing

Qu’est-ce que vous n’avez pas compris pas à la faiblesse des manifestations quelles soient politiques ou syndicales depuis l’élection présidentielle ? Ce qui m’étonne, c’est votre étonnement tant les choses sont d’une clarté limpide à mes yeux.

Dans une manifestation qui compose la foule dont l’ampleur aura une chance d’être retenue par les merdias et mettre en place l’effet d’entraînement indispensable au réveil d’un nombre plus vaste de citoyens ? Ni les élus de droite ou de gauche, ni les célébrités de la politique ou des merdias. Se comptant sur les doigts de la main, leur seule présence ne suffit, d’évidence pas, à créer cet effet de foule tant désiré par les partis ou les syndicats pour attester de leur puissance à mobiliser et peser en tant que contre pouvoir.

Qui compose la masse des manifestants, chômeurs, smicards, salariés, patrons des toutes petites entreprises, esclaves d’uber, d’amazone,....etc. Or ces catégories de citoyens, les plus nombreux, les petits, les sans grades, ceux qui ne sont rien dans les gares et y croisent ceux qui ont réussi, sont aussi les mêmes qui font les foules qu’il faut à tout prix mobiliser pour envoyer au pouvoir en place un signal de puissance.

Visiblement, les appels aux trop nombreuses manifestations post présidentielle produisent des effets plus que décevants. Alors même que les manifestations particulièrement impressionnantes en volume de participants contre les loi de destruction du code du travail avaient fait l’objet de manoeuvres systématiques de minimisation de la part des merdias transformés en relais de communication de la préfecture de police (en particulier, aucune image aérienne de la dernière manifestation qui eut été trop éloquente et une communication appuyée sur les échauffourées), comment rendre visible l’expression du mécontentement du plus grand nombre s’il refuse de venir l’exprimer sur la voie publique et en masse ?

C’est qu’entre temps, l’élection a produit 2 séries de conséquences.

Tout d’abord, les ordonnances dites « travail », alors qu’esclavage serait plus conforme à leur réalité, produisent leurs effets sur l’aptitude à manifester. En effet, elles privent les salariés des moyens d’être grévistes et de manifester. D’une part, la précarité organisée prive de fait le salarié, sous le coup permanent de la menace de la perte d’emploi, de son droit constitutionnel à faire grève, d’autre part, conséquence de la précarité, la contraction continue des salaires ne permet plus de sacrifier une journée de salaire, d’autant plus lorsque les appels à manifester se multiplient à un rythme toujours plus soutenu.

Seconde hypothèse, l’ambiguïté de ceux qui dans l’organisation de la vie collective sont supposés faire sens et indiquer les voies de convergence, à savoir les partis politiques et leurs dirigeants. Or à quoi avons nous assisté lors du second tour de l’élection présidentielle. D’une part, un ordre dispersé des organisations et des personnes susceptibles d’influencer les indécis émettant des consignes totalement illisibles. Des appels d’une incohérence, proprement hallucinante d’autre part. En effet, appeler à voter pour un homme pour mieux le combattre par la suite relève au mieux de la faiblesse dans le raisonnement au pire de la pathologie. Pour prendre une image, c’est comme accepter de passer le volant à un irresponsable et prétendre ensuite pouvoir contrôler sa conduite. Pour l’heure pour le contrôle du fou du volant c’est raté et il continue de foncer vers le précipice imbu de ses certitudes.

Ainsi peut-on s’étonner sérieusement de voir les « dirigés » courber l’échine et attendre résignés la prochaine élection pour enfin dégager celui qu’ils sont refusé ou ont accepté, perdus de mettre au pouvoir ?

Si mes idées sont claires depuis que je suis devenue abstentionniste en avril 2002 et avoir déposé sous la pression familiale un bulletin chirac dans l’urne, je comprends que certains se soient retrouvés égarés, notamment les primo votants. Pour mémoire, je me souviens du premier tour de la présidentielle de 2002, Besançenot pratiquement en larmes et de la belle unanimité à faire barrage.

Or en 15 ans qu’ont fait les gauches pour combattre l’influence du FN auprès des classes moyennes et populaires à part afficher leurs divisions ? Qui va pouvoir affaiblir ce parti que les droites capitalistes et libérales et leurs merdias s’emploient à entretenir et à dédiaboliser à longueur d’année pour mieux réactiver les peurs lors des seconds tours ? Cette tactique parfaitement menée en 2002 nous a encore apporté la preuve de son efficacité sans qu’en face, la gauche (le ps ne pouvant plus prétendre à cette qualification depuis l’élection du mandarin de jarnac) ne soit capable d’élaborer une stratégie commune de lutte. Notamment, que ce soit sur ce site ou d’autres, certains pourtant classés à gauche, semblent avoir trouvé en la FI leur cible de prédilection. On pourrait s’attendre à ce qu’ils dirigent leurs critiques à l’endroit d’un wauquier ou d’une le pen, voire du président, non ils ont du temps et de l’énergie à perdre à critiquer le parti de gauche ayant réuni le plus grand nombre de voix lors de la présidentielle et qui reste à ce jour la seule alternative valable.

Ainsi, après avoir stigmatisé les abstentionnistes ou laissé les électeurs livrés à eux-mêmes et par conséquent contribué à l’élection du président (même si l’effet s’est légèrement émoussé depuis 2002), les mêmes s’étonnent que ces derniers ne se mobilisent plus ? C’est pourtant simple les citoyens adhérents ou non des partis, syndiqués ou pas, intéressés par la vie politique ou pas qui ont été égarés ou manipulés par l’ensemble des élites en payent déjà dans leur vie quotidienne les inconséquences et font l’amer constat de leur impuissance dans le système politique tel qu’il est.

Or, ce qui peut faire l’objet d’un véritable étonnement c’est que le nombre des abstentionnistes ne soit pas bien plus important et que notre système électoral, protecteur des oligarchies, ne soit pas plus questionné.