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Karl Polanyi en conférence à Genève contre l’OMC ce 9 décembre 2017

par Károly Pollacsek

Publie le mercredi 6 décembre 2017 par Károly Pollacsek - Open-Publishing

Karl Polanyi en conférence à Genève contre l’OMC ce 9 décembre 2017.

S’en suivra une manifestation pour dénoncer le bluff de la société de marché et ses institutions du pillage, du viol et du meurtre.


 Extraits :
«  Permettre au mécanisme du marché d’être l’unique directeur du sort des êtres humains et de leur environnement naturel aurait pour résultat la démolition de la société. »

p134 "Les traquenards du système du marché ne furent pas immédiatement manifestes."

p194 "La production est l’interaction de l’homme et de la nature"[...]
"La fiction marchandise ne tenait aucun compte du fait qu’abandonner le destin du sol et des hommes au marché équivaudrait à les anéantir"

p235 "Séparer le travail des autres activités de la vie et le soumettre aux lois du marché, c’était anéantir toutes les formes organiques de l’existence et les remplacer par un type d’organisation différent, atomisé et individuel. Ce plan de destruction a été fort bien servi par l’application du principe de la liberté de contrat."[...]"Les conséquences de l’établissement d’un marché du travail sont manifestes aujourd’hui [1944] dans les pays colonisés. Il faut forcer les indigènes à gagner leur vie en vendant leur travail. Pour cela, il faut détruire leurs institutions traditionnelles et les empêcher de se reformer, puisque, dans une société primitive, l’individu n’est généralement pas menacé de mourir de faim à moins que la société dans son ensemble ne soit dans ce triste cas. Dans le système territorial des Cafres (kraal), par exemple, "la misère est impossible ; il n’est pas question que quelqu’un, s’il a besoin d’être aidé, ne le soit pas"(Mair). Aucun Kwakiutl "n’a jamais couru le moindre risque d’avoir faim"(Loeb). "Il n’y a pas de famine dans les sociétés qui vivent à la limite de la subsistance"(Herskovicts). C’était également un principe admis qu’on était à l’abri du besoin dans la communauté de village indienne,et, pouvons nous ajouter, dans presque n’importe quel type d’organisation sociale jusqu’à l’Europe du début du 16e siècle, quand les idées modernes sur les pauvres proposées par l’humaniste Vivès furent débattues en Sorbonne. C’est parce que l’individu n’y est pas menacé de mourir de faim que la société primitive est en un sens plus humaine que l’économie de marché et en même temps moins économique. Chose ironique, la première contribution de l’homme blanc au monde de l’homme noir a consisté pour l’essentiel à lui faire connaître le fléau de la faim. C’est ainsi que le colonisateur peut décider d’abattre les arbres à pain pour créer une disette artificielle ou peut imposer un impôt sur les huttes aux indigènes pour les forcer à vendre leur travail. Dans les deux cas, l’effet est le même que celui des enclosures des Tudors avec leur sillages de hordes vagabondes."[...]"Or ce que le Blanc pratique aujourd’hui encore à l’occasion dans des contrées lointaines, à savoir la démolition des structures sociales pour en extraire l’élément travail, des Blancs l’ont fait au 18e siècle à des populations blanches avec les mêmes objectifs."

[...]
p243 "Accepter une sphère économique séparée d’une sphère politique, cela aurait impliqué qu’elle reconnaissait le principe du gain et du profit comme force organisatrice de la société"
[...]

p245 "Personne ne peut mettre en doute la sincérité qui inspire la conviction de Hannah More : plus les pauvres se plient à leur condition dégradée, plus ils vont se tourner facilement vers les consolations célestes."[...]
p258 "En fait, le problème de la protection s’est posé pour les agriculteurs de pays entiers, de continents. Le libre échange international, si on le laisse faire doit nécessairement éliminer les producteurs agricoles par plein contingents, et en quantité toujours plus grande (Borkenau1939). Ce processus inévitable de destruction a été fortement aggravé par la discontinuité inhérente au développement des moyens de transport modernes, trop coûteux pour être étendus à de nouvelles régions de la planète, à moins qu’il n’y ait beaucoup à gagner."[...]"les continents entiers se sont ouvert" et une avalanche de grain"[...]"confrontée à une destruction totale de la société rurale, elle fut forcée de protéger sa paysannerie en instaurant des lois sur les céréales. Mais si les Etats organisé d’Europe étaient capables de se protéger contre les remous du libre-échange internationale, les peuples colonisés inorganisés ne le pouvaient pas. En se révoltant contre l’impérialisme, les peuples d’outre mer visaient surtout à obtenir le statut politique qui les mettrait à l’abri des bouleversements sociaux causés par les politiques commerciales des Européens."[...]
p266 "On ne prit pas garde que leurs démonstrations prouvaient purement et simplement la grandeur du péril encouru par un peuple qui confiait sa sécurité à une institution aussi fragile que le marché autorégulateur."[...]
p274 "Pour l’économiste, aucune nation n’existe ; les transactions s’effectuent non pas entre nations, mais entre individus, dont l’allégeance politique était aussi hors de propos que la couleur de leurs cheveux."

p288 " Il était encore plus évident que l’on avait besoin de méthodes interventionnistes si la région en question se trouvait riches en matières premières nécessaires aux manufactures européennes,"[...]"Or de plus en plus souvent, on ne remboursait que sous la menace de l’intervention armée ; de plus en plus souvent les routes ne restaient ouvertes qu’à l’aide de canonnières." p297"extinction physique des colonisé".[...]
p308 "La séparation des pouvoirs, inventée entre temps (1748) par Montesquieu, était désormais utilisée pour séparer le peuple du pouvoir sur toute sa propre vie économique."[...]
p309 "Les chartistes s’étaient battus pour obtenir le droit d’arrêter la meule du marché qui broyait la vie du peuple. Mais on n’accorda de droit au peuple que lorsque l’affreuse adaptation se fut achevée."[...]

p314 "En réalité, rien ne peut mieux illustrer la nature utopique d’une société de marché que les absurdités dans lesquelles la fiction du travail-marchandise doit entraîner la collectivité."[...]
p319 "L’obstination avec laquelle, pendant dix années critiques, les tenants du libéralismes économique avaient soutenu l’interventionnisme autoritaire au service de politiques déflationnistes eût pour conséquence pure et simple un affaiblissement décisif des forces démocratiques qui, sans cela, auraient pu détourner la catastrophe fasciste. La GB et les US, qui n’étaient pas les serviteurs mais les maîtres de la monnaie, abandonnèrent l’or assez tôt pour échapper à ce péril."[...]

p321 "système politique et économique menacé de paralysie totale"[...]"Les temps étaient mûrs pour la solution fasciste"[...]"Solution à l’impasse où s’était mis le capitalisme libéral.[...]

p322"Elle proposait une manière d’échapper à une situation institutionnelle sans issue qui était, pour l’essentiel, la même dans un grand nombre de pays, et pourtant essayer ce remède ; c’était répandre partout une maladie mortelle. Ainsi périssent les civilisations."[...] « solution à l’impasse où s’était mis le capitalisme libéral »[...] 

p323 "Si il y avait un trait caractéristique du fascisme, c’est qu’il ne dépendait pas de ce genre de manifestations populaires. Bien qu’il eut d’habitude pour but d’être suivi par les masses, ce n’était pas le nombre de ses adhérents qui attestait sa force potentielle, mais l’influence des personnes haut placées dont les dirigeants fascistes avaient acquis les bonnes grâces : ils pouvaient compter sur leur influence sur la communauté pour les protéger contre les conséquences d’une révolte avortée, ce qui écartait les risques de révolution. »[...] 
 
p324 « En France le culte du mythe politique de Georges Sorel ont été quelques-uns de ses avant-coureurs multiples et divers. » [...] 

p325 « C’est la situation qui a donné naissance au mouvement » [et non l’inverse] [...] 
Le fascisme comme le socialisme, était enraciné dans une société de marché qui refusait de fonctionner .[...] Il était mondial dans sa portée .

P327 « Dans sa lutte pour le pouvoir politique, le fascisme est complètement libre de négliger ou d’utiliser les questions locales, à son gré . Son objectif transcende le cadre politique et économique : il est social. Il met une religion politique au service d’un processus de dégénérescence. »[...] 
p329 « En réalité, le rôle joué par le fascisme a été déterminé par un seul facteur, l’état du système de marché. »[...] 
p337 « La civilisation du 19e siècle n’a pas été détruite par l’attaque extérieure ou intérieure de barbares. »[...] « Sa désintégration a été le résultat [de l’action] des mesures adoptées par la société pour ne pas être à son tour, anéantie par l’action du marché autorégulateur.[...] Les guerres extérieures n’ont fait que hâter sa destruction. »
Après un siècle d’ « amélioration » aveugle, l’homme restaure son « habitation ». Si l’on ne veut pas laisser l’industrialisme éteindre l’espèce humaine, il faut le subordonner aux exigences de la nature de l’homme. » « pas reposer sur » une économie fondée sur l’intérêt personnel. Une telle organisation de la vie économique est complètement non naturelle. »[...] 
p338 « L’histoire économique révèle que les marchés nationaux ne sont pas du tout apparus du fait que la sphère économique s’émancipait progressivement et spontanément du contrôle gouvernemental. Au contraire, le marché a été la conséquence d’une intervention consciente et souvent violente de l’État, qu a imposé l’organisation du marché à la société pour des fins non économiques » [...] 

p345 notion de liberté personnelle « Dans une société établie, le droit à la non conformité doit être protégé par les institutions. L’individu doit être libre de suivre sa conscience sans craindre les pouvoirs qui se trouvent être chargés de tâches administratives dans certains secteurs de la vie sociale. [...] La contrainte ne devrait jamais être absolue ; il faudrait offrir à « l’objecteur » une niche dans laquelle il puisse se retirer, un « deuxième choix » qui lui laisse une vie à mener . Ainsi la marque d’une société libre.[...] La véritable manière de répondre à la menace que la bureaucratie devienne source d’abus de pouvoir est de créer des sphère de liberté arbitraire protégées par des règles infrangibles. »[...] 
p347 « Pour le tenant du libéralisme économique, l’idée de liberté dégénère ainsi en un pur et simple plaidoyer pour la libre entreprise – laquelle est aujourd’hui réduite à l’état de fiction par la dure réalité des trusts géants et du pouvoir princier des monopoles. » [...] 

p349 « Nous voilà arrivés à l’étape finale de notre raisonnement. Débarrassés de l’utopie du marché, nous voici face à face avec la réalité de la société. C’est la ligne de partage entre le libéralisme,d’une part, le fascisme et le socialisme de l’autre. La différence entre ces deux derniers n’est pas seulement économique. Elle est morale et religieuse. Même dans les cas où ils professent une économie identique, ils ne sont pas seulement différents, mais incarnent en vérité, des principes opposés. Et le point ultime sur lequel ils se séparent est, une fois de plus, la liberté.
Les fascistes comme les socialistes acceptent la réalité de la société, avec la finalité que la connaissance de la mort a imprimée à la conscience humaine. Le pouvoir et la coercition sont une partie de cette réalité, un idéal qui voudrait les bannir de la société doit être invalide. La question sur laquelle ils se séparent est de savoir si à la lumière de cette connaissance, l’idée de liberté peut ou non être soutenue ; la liberté est-elle un mot vide, une tentation, destinée à détruire l’homme et ses œuvres ou bien l’homme peut-il réaffirmer sa liberté en face de cette connaissance et s’efforcer de la réaliser dans la société sans tomber dans l’illusionnisme moral ?
Cette question angoissée résume la condition humaine. L’esprit et le contenu de cette étude devraient donner l’idée d’une réponse.

« Nous avons invoqué ce que nous croyons être les trois faits constitutifs de la conscience de l’homme occidental : la connaissance de la mort, la connaissance de la liberté, la connaissance de la société. La première selon la légende juive, a été révélée dans l’histoire de l’Ancien Testament. La deuxième a été révélée par la découverte de l’unicité de la personne dans les enseignements de Jésus-Christ tels que les rapporte le Nouveau Testament. La troisième révélation nous est venu par le fait que nous vivons dans une société industrielle. Aucun grand nom ne s’y rattache[...] 

p350 Owen a été le premier à reconnaître que les Évangiles ignoraient la réalité de la société. [...] Owen reconnaissait que la liberté que nous avons acquise par les enseignements religieux était inapplicable dans une société complexe. Son socialisme [Robert Owen] était la prise en charge de l’exigence de liberté dans cette société là. »[...] L’homme atteint la maturité et devient capable d’exister comme un être humain dans une société complexe. »[...] 
« l’homme a accepté la réalité de la mort et a bâti sur elle le sens de sa vie physique. Il s’est résigné à la vérité qu’il a une âme à perdre et qu’il y a pire que la mort, et c’est là-dessus qu’il a fondé sa liberté. Il se résigne, à notre époque, à la réalité de la société qui signifie la fin de cette liberté. Mais encore une fois, la vie jaillit de l’ultime résignation. En acceptant sans se plaindre la réalité de la société, l’homme trouve un courage indomptable et la force de supprimer toute injustice susceptible d’être supprimée et toute atteinte à la liberté. Aussi longtemps qu’il est fidèle à sa tâche de créer plus de liberté pour tous, il n’a pas à craindre que le pouvoir ou la planification s’opposent à lui et détruisent la liberté qu’il est en train de construire par leur intermédiaire. Tel est le sens de la liberté dans une société complexe : elle nous donne toute certitude dont nous avons besoin. »

(Karl Polanyi "La Grande Transformation" 1944)
extrait de http://elianguesard.l.e.f.unblog.fr/files/2017/03/amimos.pdf

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https://viacampesina.org/fr/appel-manifestation-paysanne-contre-lomc-geneve-samedi-9-decembre/
https://www.uniterre.ch/fr/thematiques/mobilisation-contre-lomc-et-les-traites-de-libre-echange

Manifestation paysanne contre l’OMC, Genève, samedi 9 décembre

Uniterre appelle les paysannes et paysans d’Europe à venir manifester contre l’OMC, qui a son siège à Genève, le samedi 9 décembre. Cette action annoncera celle de nos camarades mobilisé.e.s en Argentine pour le Sommet des Peuples « Contre l’OMC – Construisons les alternatives » qui se déroulera du 10 au 13 décembre à l’occasion de la Conférence ministérielle de l’OMC, à Buenos Aires.

Depuis le mois de janvier, la Suisse a entamé les négociations de libre-échange avec le MERCOSUR (Marché commun Amérique Latine). Ces accords auraient des conséquences dramatiques pour la production alimentaire indigène. Pour le gouvernement suisse tous les moyens sont bons pour avancer avec son agenda de dérégulation. Ce faisant il méprise ses propres déclarations et refuse de tenir compte de la volonté populaire qui s’est pourtant exprimée avec une écrasante majorité pour la sécurité alimentaire.
Mais la résistance grandit. Partout dans le monde, des plateformes citoyennes puissantes, réunissant paysans et paysannes, mouvements écologistes, mouvements de défense des consommateurs et syndicats se battent contre le libre-échange et l’industrialisation pour enfin imposer un cadre équitable et durable au marché  !

Depuis ses débuts en 1995, l’Organisation Mondiale du Commerce s’est engagée à généraliser la libéralisation des marchés nationaux au détriment de la souveraineté. Dans ce cadre, les multinationales utilisent les gouvernements complices pour saper la démocratie et tous les instruments institutionnels qui servaient à défendre les vies, les territoires et les écosystèmes alimentaires et agricoles. Ce n’est pas seulement le système alimentaire mais également tous les services et les biens publics que l’OMC entend privatiser.
Depuis 20 ans, les peuples résistent aux tentatives de marchandisation de la vie, à commencer par le système agroalimentaire. Nos luttes ont été un obstacle majeur à la progression de l’OMC.
Le 9 décembre, Uniterre et l’Alliance Suisse pour la Souveraineté Alimentaire, invitent les organisations paysannes européenne à Genève, ville qui accueille le siège de l’OMC, entre les banques, les institutions internationales et les multinationales complices, afin de brandir la bannière de la souveraineté alimentaire. Ensemble, nous dénoncerons l’OMC et les gouvernements qui recourent aux traités de libre-échange, menaçant d’anéantir nos systèmes alimentaires.

Nous insistons pour que l’agriculture ne fasse partie d’aucune des négociations de l’OMC  !
POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE !
L’OMC HORS DE L’AGRICULTURE !
NON AUX ACCORDS DE LIBRE-ÉCHANGE  ! NON AUX ACCORDS SUR LES SERVICES  !
MONDIALISONS LA LUTTE  ! MONDIALISONS L’ESPOIR  !
MANIFESTATION INTERNATIONALE Genève, 9 décembre, 14h, Place de la Navigation

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https://www.solidarites.ch/geneve/images/stories/agenda/2017/omc_a5.pdf

09.12.2017 : Dégageons l’OMC ! Manif · 14h · Pl Navigation (Pâquis)
 
MANIFESTATION INTERNATIONALE
Samedi 9 décembre · 14h
Place de la Navigation, Genève
Télécharger le Flyer (PDF) 
 
Communiqué de presse 
Un large front pour dire "Dégageons l’OMC" !
Ce lundi 4 décembre, le comité d’organisation de la manifestation contre l’Organisation Mondiale du Commerce du samedi 9 décembre 2017 à Genève (14h · Pl. de la Navigation) tenait une conférence de presse pour exposer quelques unes des nombreuses raisons de se mobiliser massivement contre l’OMC et son agenda destructeur de libéralisation des échanges synonyme de catastrophes sociales, écologiques et sanitaires, au Nord comme au Sud.
 
Rudi Berli, Uniterre : « Le fait que la 11e conférence ministérielle de l’OMC la semaine prochaine se tienne à Buenos Aires en Argentine est une aubaine pour cette organisation, qui veut précisément profiter de la brèche ouverte par les changements de gouvernements en Amérique du Sud pour tenter de pousser sur place son agenda de libéralisation et d’ouverture des marchés, dans un contexte où traditionnellement les mouvements sociaux sud-américains souvent opposé une forte résistance à l’agenda néolibéral. Car les politiques de dérégulation de l’OMC sont un désastre pour le Nord comme le Sud. En Suisse, la question est cruciale : le secteur alimentaire, sur l’entier de la chaîne alimentaire (de la production agricole à la vente de détail ou la restauration) représente une part très importante de l’économie du pays. Dans ce contexte, la volonté du Conseil Fédéral de poursuivre l’agenda de l’OMC représente un véritable déni de démocratie par rapport à la volonté populaire de favoriser l’agriculture de proximité, comme cela s’est encore manifesté récemment par le vote écrasant en faveur de l’initiative pour la sécurité alimentaire. Le déni démocratique qui accompagne l’action de l’OMC s’est encore manifesté il y a quelques jours avec le banissement de 63 ONG et d’organisations de la société civile du sommet. Ces organisations, dont l’ONG suisse Alliance Sud, se sont en effet vues retirer par l’OMC leur accréditation pour cette conférence ministérielle. C’est un scandale ! »
 
Thibault Schneeberger, solidaritéS : « L’OMC a toujours servi de pied de biche aux pays du Nord pour ouvrir de force les marchés des pays du Sud à la concurrence, alors que ces derniers, contrairement aux pays occidentaux, n’ont pas eu le temps de se protéger pour se développer, avec à la clef les désastres sociaux et écologiques qu’on sait : destruction des normes sociales et environnementales, appauvrissement des paysans au Nord comme au Sud, etc. Le principe même des avantages comparatifs sur lesquels repose le socle idéologique de l’OMC qui consiste à déplacer des denrées alimentaires d’un bout à l’autre de la planète au motif d’une prétendue rationalité économique est totalement hors sujet dans un monde où le réchauffement climatique et la rareté énergétique obligent à une relocalisation de l’économie, en particulier dans le domaine de l’alimentation. Aujourd’hui, l’OMC passe un peu sous les radars médiatiques mais son influence reste très forte : c’est en effet sous sa pression que l’Inde a dû renoncer en 2016 à un projet de développement des énergies renouvelables sacrifiant des dizaines de milliers d’emplois dans la transition énergétique, que la France a divisé par 4 son projet de taxe sur l’huile de palme (« taxe Nutella »), ou encore que l’Union Européenne a dû reculer lorsqu’elle a voulu classer les sables bitumineux du Canada comme source d’énergie particulièrement polluante. À l’ordre du jour de cette 11e réunion ministérielle, la question de la présence résiduelle des pesticides dans l’alimentation, des perturbateurs endocriniens ou encore du glyphosate seront au cœur des débats et controverses. Sur ces trois sujets, l’OMC fait pression contre toute législation un tant soit peu contraignante, avec un certain succès déjà sur la question du glyphosate puisque l’Union Européenne vient de renouveler pour 5 ans l’autorisation de cet herbicide - pourtant reconnu comme cancérogène par l’OMS – au mépris du principe de précaution et de la large mobilisation populaire et citoyenne hostile au Roundup. Comme d’habitude avec l’OMC, ce sont les multinationales qui sont à la manœuvre et qui sacrifient l’intérêt de la population, des travailleurs·euses et de la planète sur l’autel de leur profit… Ne les laissons pas faire ! »
Esther Hartmann, Les Verts : « Ce qui se passe au niveau global avec l’OMC nous concerne directement au niveau local et a des conséquences bien réelles sur toute la population et sur les travailleurs agricoles. Il faut donc maintenir la mobilisation, car même si certains votes de circonstance au niveau parlementaire donnent parfois l’illusion que tout le monde est d’accord sur la nécessité d’une agriculture de proximité, dans les faits, l’agenda de l’OMC et de la dérégulation environnementale progresse. La volonté populaire, sur la sécurité alimentaire par exemple, doit être respectée ! »

Gérard Scheller, Comité STOP-TiSA : « Les méthodes gravées dans les traités de libre-échange comme TiSA (accord sur le commerce des services) s’apparentent à celles utilisées par l’OMC : ce sont des multinationales qui attaquent des Etats a travers des tribunaux privés parce que leurs législations sont contraires à leurs intérêts. Le traité TiSA contient notamment une clause cliquet qui permet d’empêcher tout « retour en arrière » lorsqu’un secteur a été privatisé. Mais la mobilisation contre ces traités donne de l’espoir : ainsi, le traité TAFTA - ou TTIP - a été mis en échec en grande partie grâce à la mobilisation populaire, partie de la base. À Genève, plusieurs communes ainsi que le Grand Conseil ont voté des résolutions déclarant leur territoire zone hors-TiSA. Ces victoires ne sont pas définitives mais elles comptent dans le rapport de force. C’est la démonstration que les manifestations et mobilisations fonctionnent, c’est pourquoi il est plus qu’indispensable d’être nombreux·euses ce samedi à la manifestation ! »
 
Contacts :
Rudi Berli, Uniterre                    
Thibault Schneeberger, solidaritéS 
Gérard Scheller, Stop TiSA       
Esther Hartmann, Les Verts