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R T Erdoğan et Thanatos : Vers un hyperpatriarcat musulman en Turquie

par Christian DELARUE

Publie le mercredi 10 janvier 2018 par Christian DELARUE - Open-Publishing

R T Erdoğan et Thanatos : Vers un hyperpatriarcat musulman en Turquie

http://amitie-entre-les-peuples.org/Erdogan-et-Thanatos-Vers-un-hyperpatriarcat-musulman-en-Turquie

Un vent mauvais souffle sur la Turquie de R T Erdoğan. Thanatos est le nom de ce vent mauvais.

Thanatos c’est ici un « surmoi autoritaire et hyperpatriarcal  » (de facture intégrisme musulman) ; c’est la logique impitoyable de mort, de régression, de destruction (cf plusieurs études d’Erich Fromm ) des acquis de la civilisation, des progrès sociaux et notamment de l’égalité hommes-femmes et de la liberté des femmes. On se retourne vers le crépuscule ai lieu d’aller vers l’aube (cf Ernst Bloch) .

On voit Thanatos à l’oeuvre dans toutes les régressions sociales ou les humains perdent leurs qualités pour aller vers la barbarie dont le viol des femmes exprime le franchissement ultime des limites. (cf note sur un projet avorté)

Le discours du Président RT Erdogan prend régulièrement appui surtout sur le Coran dans ce qu’il a de plus conservateur en moeurs mais aussi secondairement sur la nature humaine (le joker de tous les préjugés).

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I - VOILE ET ISLAM PARTOUT

 L’islamisation comme entreprise de conquête

Il y a 20 ans, en décembre 1997, M Erdogan donne un condensé de la doctrine de l’islamisation.

"Le 21 avril 1998, Erdoğan est condamné à une peine de 10 mois de prison, pour avoir, lors d’un meeting le 6 décembre 1997 à Siirt dans l’est du pays, repris une citation du poète nationaliste Ziya Gökalp qualifiée d’incitation à la haine : « Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats » (sur wikipedia - cf note)

 Le voile partout dans la société.

Vouloir favoriser par le voile, le recouvrement textile et symbolique (islam) des femmes mais aussi de la société est une pratique politique décisive de l’islamisation mais ce n’est pas la seule on le verra.

RT Erdogan avait autorisé du temps ou il était chef du gouvernement le port du voile dans les universités (2008) et comme Président de la République il l’autorise dans l’appareil d’Etat chez les fonctionnaires les personnels auxiliaires de l’administration (2014 - 2015).

La religion musulmane se déploie donc partout, avec lui et son équipe, sous cet aspect tout à la fois matériel et symbolique (étendard) dans touts les espaces de la société. Aucun espace n’est à l’abri.

Quand de très nombreuses femmes portent le voile dans une société donnée il y a aussi un effet induit de surveillance générale de toutes femmes par les hommes. La « police des moeurs » n’est pas que celle officielle (quand elle existe).

XX

II - VERS UN HYPERPATRIARCAT

Peu après son élection comme Président de la République, en aout 2014, RT Erdogan, fait un certain nombre de déclarations particulièrement réactionnaires concernant les femmes :

1 «  les femmes ne pouvaient être considérées comme les égales des hommes »

C’est la pièce maîtresse des intégrismes religieux mais les intégrismes musulmans la considère comme importante. A partir de là il n’y a plus qu’à dérouler les fils du contre-mouvement réactionnaire visant un recul sans précédant des droits mais aussi des pratiques établies peu à peu avec la « seconde modernité ».

2 « les deux sexes ne pouvaient pas être traités de la même façon parce que c’est contre la nature humaine » et qu’on ne peut pas mettre sur le même plan une femme qui allaite et un homme. »

3 « le rôle des femmes dans la société est de faire des enfants » Et bien sûr de les garder .
Une telle proposition peut être comprise comme justifiant le sexoséparatisme : les femmes au foyer, les hommes dehors.

Si l’on évoque une « seconde modernité » c’est bien qu’un mouvement féministe a pu avoir une certaine audience dans la société, suffisamment pour y conquérir des droits mais aussi certaines pratiques et attitudes. C’est ces conquêtes mais aussi ces pratiques qui reculent. Il faut bien mesurer que c’est plus difficile de conquérir - plusieurs décennies sont nécessaires - mais beaucoup plus facile de détruire. Quelques années suffisent.
Il s’attaque frontalement aux féministes et au-delà à tous les hommes qui considèrent que les différences entre hommes et femmes ne doivent pas justifier des inégalités, de moindre droits humains et des libertés au rabais pour les femmes.

Son discours et celui des intégristes musulmans derrière lui n’est pas sans effet. Les violences conjugales se sont accrues en Turquie. Les machos se sentent libres sous Erdogan de violenter épouses et filles pour les tenir dans la voie de l’hyperpatriarcat.

Christian DELARUE

note - La formule exacte d’Ernst Bloch est « Toute vie psychique est encadrée d’un côté par son crépuscule et de l’autre par son aube » in Le Principe espérance p 144 Galimard 1976.

note : Turquie : retrait du sulfureux projet de loi sur le viol des mineurs
Ce projet de loi prévoyait l’annulation des condamnations de certains auteurs d’agressions sexuelles sur mineur s’ils épousaient leur victime.
http://www.lepoint.fr/monde/turquie-retrait-du-sulfureux-projet-de-loi-sur-le-viol-des-mineurs-22-11-2016-2084760_24.php

note : sur le refus de l’égalité homme-femme.

http://www.huffingtonpost.fr/2014/11/24/turquie-erdogan-femme-egalite-homme_n_6213078.html

note : Sur Recep Tayyip Erdoğan voir Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Recep_Tayyip_Erdo%C4%9Fan#%C3%89galit%C3%A9_homme-femme

Retenons :

Erdoğan est élu en 1994 maire d’Istanbul, grâce à une image efficace de porte-parole de l’anti-corruption.

En 2001, Erdoğan fonde le Parti de la justice et du développement (AKP), parti conservateur.

Il devient chef du gouvernement - Premier ministre -à partir de mars 2003 puis président de la République de Turquie en aout 2014.

L’un des aspects essentiels de la politique menée par Erdoğan est un ancrage du pays dans un conservatisme religieux plus affirmé. Ce rejet d’une partie de l’héritage laïciste kémaliste est marqué par un grand nombre de réformes.

Le 15 juillet 2016, une tentative de coup d’État militaire, finalement repoussée, menace le pouvoir d’Erdoğan. Celui-ci appelle ses partisans à braver le couvre-feu décrété par les putschistes. Quelques jours plus tard, il fait licencier des dizaines de milliers d’employés du secteur public (armée, médias, enseignement, magistrature). Au 29 juillet, plus de 18 000 personnes ont été placées en détention et 50 000 se sont vu confisquer leur passeport. Ces actions renforcent les accusations de dérive autoritaire du pouvoir turc.