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LA DICTATURE DES RESEAUX

par Raymond H

Publie le lundi 5 février 2018 par Raymond H - Open-Publishing

Depuis quelques années, quasiment tout ce qui doit se savoir et/ou se combattre et/ou être aimé et/ou être détesté, et/ou être dénoncé, et/ ou applaudi, passe par les réseaux. Les « hashtag », les « tweets », les « blogs », les « facebooks », les pétitions … sont devenus des lieux de passage obligés.
Ce sont des lieux exutoires où chacun déverse ses colères en même temps que des lieux d’information diversifiés et rapides. Là est le paradoxe.
Ce sont des amplificateurs de bonnes et fausses informations, de par leur rapidité et le nombre de personnes touchées au même instant.
Des lieux d’égocentrisme (les fameuses 15 mn de A Warhol).
Des lieux où même les journalistes, chroniqueurs et autres faiseurs du discours dominant (ou pas) vont piocher des idées et où ils s’épanchent également en redressant le cours de la bien-pensance si besoin était, jusqu’à réclamer la censure (plutôt que le débat) et parfois la Justice quand cela ne leur plaît pas et/ou qu’ils sont à cours d’arguments et/ou d’éléments de terrain.
Pour autant ce n’est pas le lieu d’organisation, pas plus que d’élaboration ou de défense d’un projet de société communiste ; même si ces thèmes sont abordés.
Cela ne remplace pas et ne remplacera jamais le travail militant de masse, de terrain, de formation et d’action. Ce que certains militants de la gauche radicale n’ont pas comprit et qui compensent par le réseau leur manque de présence sur le terrain et/ou de projet de société et/ou de formation politique.

Il est vrai qu’une bonne partie de la petite-bourgeoisie urbaine branchée, qui baigne dans cette technologie, se contente de ce mode de « militantisme », pas trop prenant (même si elle sort dans la rue, c’est toujours après une convocation via ces réseaux). Elle n’hésite pas à fluidifier et augmenter le flot de nouvelles (même fausses dès l’instant que ça sert leur vision politique) comme un acte militant, sans se soucier de vérifier d’où ça vient et où ça tombe ; sauf quand cela lui paraît politiquement incorrect. Dans ce cas, alors le déchaînement, l’invective, l’injure et la qualification de fausse nouvelle font office d’ultimes arguments. Ces réseaux se transforment alors en outil de dictature des idées. Car la rapidité et l’extension des réseaux laissent à penser que tout est vrai alors que cela peut être faux ; la rumeur devient une information avant même d’être vérifiée et démentie au besoin. L’enquête, nécessaire à tout travail militant sérieux, ne se fait pas ou mal.
Seule la vérité est révolutionnaire, même si elle déplaît.

Une poignée de contributeurs, détachés du terrain pour la plupart, fixent implicitement les limites de la pensée correcte et passent leur temps à surveiller, à gendarmer ; tuant ainsi tout débat d’idées et donc de progrès de l’intelligence humaine, notamment du prolétariat.
La majorité des thèmes qui passent dans ces réseaux sont sociétaux et traités de façon partielle et parcellaire.
Ils concernent la vie sociale, mais sans remettre en cause le fondement du système économique capitaliste, sa domination. Sauf parfois à la marge mais de manière réformiste donc acceptable par le capitalisme. Cela est typique de cette petite-bourgeoisie urbaine postmoderne, de gôche qui constitue le gros des contributeurs et utilisateurs de ces réseaux et qui acquière un poids idéologique dominant dans la société, bien supérieure à ce qu’elle représente en nombre. C’est un cadeau que leur fait la grande bourgeoisie pour les cantonner à une révolte de papier plutôt que de pavés et pour préserver un tampon social d’avec le prolétariat en en faisant de faux alliés politiques (toute révolte ou rébellion n’est pas révolutionnaire mais c’est ce que laisse à penser ces contributeurs et utilisateurs).
Bref, ces réseaux ont un aspect positif mais ils sont insuffisants pour une transformation sociale et économique profonde et réelle.
Les communistes doivent les utiliser comme un des outils de leur action mais ne pas se laisser entraîner par des habitudes et des coutumes qui leurs sont inhérentes et par leur superficialité.