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UN PAYS SANS MIROIRS

Publie le lundi 6 juin 2005 par Open-Publishing
13 commentaires

de Mona Chollet

Tout au long de la campagne, quand on devait se fader à longueur de journée, sur toutes les antennes et dans les colonnes de tous les journaux (rappelons que seuls l’Huma, Politis, Regards et le Monde diplomatique avaient pris position pour le non) les inepties et les injures des éditorialistes oui-ouistes, on se consolait avec cet espoir confus, à peine formulé : si le non passe, alors, ils comprendront... Avec le recul, évidemment, c’était d’une naïveté inouïe. Mais à quoi d’autre pouvait-on se raccrocher, puisque le suffrage universel était le seul moyen d’expression dont disposait ce peuple muet, condamné au seul rôle de cible "pédagogique", pour répliquer à ceux qui l’admonestaient avec tant de docte suffisance ?

Il y avait aussi le courrier des lecteurs et les antennes ouvertes, d’accord, mais ces moyens sont, par définition, trop subordonnés aux supports qui les octroient généreusement pour faire office de contrepoids réel. Quant à Internet, les poissons du bocal médiatique ne s’aventurent presque jamais dans ce marigot, car il paraît, figurez-vous, ô abomination, qu’on n’y dit pas toujours la vérité. Brrrr ! Ça doit être un endroit terrifiant. Pour vous et moi, qui sommes habitués à raconter des bobards, voire qui mentons comme nous respirons, passe encore ; mais pour des professionnels de la vérité, il y a là quelque chose qui heurte la sensibilité.

Qu’ils aient presque tous pris position pour le oui, c’était déjà inquiétant, certes. Mais ça n’aurait peut-être pas été aussi grave s’ils avaient au moins donné un reflet fidèle des termes du débat. Ce qu’il y a de vraiment flippant, ce sont les analyses du vote qu’ils persistent à nous infliger, aussi pertinentes que si elles étaient formulées par des Martiens en goguette sur la Terre avec des traducteurs automatiques martien/français défectueux. Alors que, avec toute la rancœur qu’on avait accumulée en trois mois, on se faisait une joie revancharde de savourer leur déconfiture, dimanche soir, les débats télévisés qui ont suivi l’annonce des résultats ont été bizarrement frustrants ; la matinale de France-Inter, le lendemain, aussi. Il a bien fallu se rendre à l’évidence : la bulle dans laquelle vivent ces gens-là n’avait pas éclaté. Cette fois, c’est sûr : ils ont décroché, ils sont en roue libre. Leurs pseudo-analyses se nourrissent de leurs préjugés, de leurs certitudes d’officines et des pseudo-analyses de leurs confrères : de rien d’autre. Quand ils n’ont pas la franchise d’insulter leurs auditeurs, ils louvoient, ils esquivent, ils noient le poisson, ils se rassurent, ils se justifient. Et il faut encore qu’on les écoute se la raconter. « Si nous méritons la confiance de nos lecteurs, c’est en raison non pas de notre infaillibilité mais de notre liberté », se dédouane Jean Daniel dans le Nouvel Observateur, transformé ces dernières semaines en machine de guerre pour le oui, et dont toute la rédaction en chef semble redécouvrir en chœur les vertus de la méthode Coué. Bla, bla, bla, bla, bla... Depuis dimanche soir, je me rends compte que tout ce que j’entends à la radio et à la télévision, ainsi qu’une bonne partie de ce que je lis, me révolte ou m’indiffère, au choix. Je suis ailleurs - et j’ai vaguement l’impression que je ne suis pas la seule. Ils sont dans leur monde, et au moins 55% de la population française est dans le sien.

Parmi toutes les explications possibles au fait que les Français aient refusé ce projet de Constitution européenne, il y en a une qu’on n’entend quasiment pas évoquer : leur désaccord avec ce projet de Constitution européenne. C’est là une hypothèse audacieuse, j’en conviens ; mais, quand même, ne faudrait-il pas l’envisager ? Au lieu de ça, il semble aller de soi qu’ils ont voté non pour manifester leur hostilité à Chirac et à Raffarin ; on insinue - ou on assène - qu’ils sont incapables de relever le nez de leurs navrants petits soucis quotidiens (du genre chômage, précarité, disparition des services publics et autres peccadilles) pour tourner leur trogne de bouseux probablement avinés vers les sublimes horizons européens qu’était censée leur ouvrir cette Constitution, malgré les efforts désespérés et méritoires de leurs élites pour leur élever l’âme, à ces ingrats. Déjà, interprétant le désaveu comme un désintérêt, on invoque, pour l’expliquer, le déficit d’information sur l’Europe dans les médias. « En France, nous sommes quand même très peu à nous intéresser à l’Europe », se désolait Christine Ockrent à la télévision lundi soir, tandis qu’à la veille du scrutin, un sondeur déclarait que la principale caractéristique du débat en France était qu’on n’avait « jamais parlé du fond » : on croit rêver...

Une population bornée, nombriliste et butée, contre des élites pro-européennes, audacieuses et désintéressées ? C’est drôle, mais on a plutôt l’impression que c’est exactement l’inverse ! S’il fallait une preuve du fait que le souci de l’Europe était plutôt du côté des partisans du non, on l’a eue dimanche soir, sur les plateaux de télévision : alors que l’UMP touillait déjà la cuisine interne de son remaniement ministériel et que le PS affûtait ses longs couteaux, Marie-George Buffet était la seule à parler encore de l’Europe ; et, de toute évidence, elle emmerdait tout le monde, celle-là, avec son Europe. Comment peut-on ne pas voir avec quelle passion ce texte, au cours de la campagne, a été lu, trituré, disséqué, discuté ? Au café, dans les réunions entre amis, au travail, sur Internet, partout les gens se déchiraient pour une divergence sur un alinéa, s’envoyaient des articles à la tête, confrontaient leurs interprétations, et on continue à déplorer qu’ils ne s’intéressent pas à l’Europe ! Du coup, on chialerait presque de reconnaissance en lisant, dans le Nouvel Observateur (mais si !), le papier, lumineux de bout en bout, de Jean-Claude Guillebaud (qui pourtant, si on a bien compris, « inclinait pour le oui » ; comme quoi...). « En s’invitant dans le processus européen, écrit-il, les citoyens ont littéralement transformé le statut symbolique et politique de l’Europe. Ils en ont fait, pour la première fois, un espace public, concret, discernable. Le « plus » d’Europe sera paradoxalement passé par le non. C’est ainsi. Le pari que nous faisons ici consiste à penser que cette transformation substantielle est un acquis si extraordinaire qu’il contrebalance les éventuels retards que le non français fera prendre in concreto aux procédures. Sur le long terme, un tel enrichissement démocratique, une telle transmutation symbolique ne sont-ils pas plus importants que le simple timing procédural ? On disait, hier encore, que le premier handicap du projet européen tenait à l’absence ou au désintérêt des citoyens ? Or ces derniers, à l’improviste, se sont imposés comme partie prenante de l’affaire. D’une certaine manière, tout est changé en Europe. Qui s’en plaindra ? » Oh ! Beaucoup de monde, visiblement... Mais peu importe. Merci, Jean-Claude Guillebaud.

A l’inverse, si les autres commentateurs sont incapables de désigner une autre cause que l’hostilité à Chirac et Raffarin, ne serait-ce pas parce qu’ils prennent leur cas pour une généralité, et qu’eux-mêmes ne voient pas plus loin que leur petit horizon hexagonal et leur petite tambouille politicienne ? Déjà, ils n’ont toujours pas compris que ce scrutin n’était pas une élection, mais un référendum, c’est-à-dire une consultation des citoyens par-dessus la tête de leurs représentants politiques, qui jouent ici un rôle secondaire. « Pour la première fois, dimanche, le chef du FN a voté comme la majorité des Français », écrit sinistrement Jacques Julliard dans le Nouvel Observateur. Mais Le Pen était aussi contre la guerre en Irak, et pourtant, personne ne nous a expliqué à l’époque qu’il fallait approuver l’aventure anglo-américaine pour éviter que le chef du FN ne pense « comme la majorité des Français » ! Dans un dessin odieux de l’Express, Plantu représente les hommes et femmes politiques ayant pris position pour le non (Le Pen, Villiers, Fabius, Buffet, Besancenot, Chevènement, etc.) rassemblés autour d’une table, en compagnie de Chirac et... d’un clochard, apparemment pour démontrer le côté hétéroclite, bras cassé et, pour tout dire, peu fréquentable de la coalition victorieuse. Etroitesse de vues, encore : trois jours avant le vote, sur France Culture, François Hollande, qui vantait depuis plus de six mois les mérites ébouriffants de cette Constitution, sidérait tout le monde en déclarant tout à trac que, si Chirac avait mis son mandat en jeu, le PS aurait appelé à voter non. Et maintenant, il va partout pleurnichant que Fabius, Emmanuelli, Mélenchon et les autres ont triché, qu’ils ont bafoué la discipline du parti, trahi le vote des militants, que c’est pas du jeu, et tout ça. En voilà, une réaction à la hauteur de la situation... L’horizon de Hollande, pour sa part, ne s’étend même pas jusqu’aux frontières de la France : il s’arrête aux grilles du siège du PS, rue de Solférino, dans le septième arrondissement de Paris.

On savait déjà que ces salauds de musulmans étaient tous antisémites ; maintenant, avec le racisme de classe irrépressible qui, le désarroi aidant, se manifeste depuis dimanche, on sait aussi que ces salauds de pauvres sont tous xénophobes. Passons sur la manipulation qui voudrait faire du « plombier polonais », symbole d’un dumping social dont pâtiraient aussi bien les Polonais que les Français, un thème xénophobe - d’autant plus que la campagne du non de gauche est étrangère à cette figure, dont la paternité revient à Frits Bolkestein. Kamikaze du non à Libération, Pierre Marcelle raconte avoir entendu dans les murs de la rédaction que, s’il s’était passé quelque chose dimanche, c’était « la marche en avant du national-socialisme » ; c’était une blague, mais Pierre Marcelle manque d’humour. Sur le plateau d’Arlette Chabot, l’autre soir, Bernard Kouchner, avec l’air machiavélique et triomphant du flic qui vient de confondre un suspect, lisait un sondage annonçant que, parmi les Français qui ont voté non, 67% trouvent qu’il y a trop d’étrangers en France (bonjour la question pourrie !). Serge July, dans son d’ores et déjà célèbre éditorial de lundi matin intitulé « Chef d’œuvre masochiste » (« chef d’œuvre masochiste », en effet, vu le nombre de désabonnements qu’il a dû provoquer à Libération), s’indignait du « spectre turc désignant sans ambages les musulmans » : cette campagne aura au moins permis à Serge July de découvrir l’islamophobie, que lui et ses pairs, jusque-là, renvoyaient généralement à un fantasme gauchiste... Et bien sûr, parmi les Français qui ont voté oui, comme la grande majorité des électeurs UMP, par exemple, aucun ne trouve qu’il y a trop d’étrangers en France, et tous sont prêts à accueillir à bras ouverts la Turquie dans l’Union. Serge July oublie que de bruyants partisans du oui, comme les éditorialistes Claude Imbert et Philippe Val, se sont prononcés contre une éventuelle adhésion turque...

Que les Français aient pu tout bonnement répondre à la question qu’on leur posait, c’est une hypothèse que tout le monde écarte résolument. Et on croit comprendre pourquoi : prendre acte du refus de ce texte obligerait du même coup à prendre acte de ses motifs. Dimanche, pour la première fois, on a vu le thème de l’antilibéralisme déborder des sphères altermondialistes et se propager suffisamment dans la société pour peser sur l’issue d’un scrutin. Certes, tous ceux qui ont voté non ne l’ont pas fait par antilibéralisme ; mais ça a été le cas, explicitement ou non, d’un très grand nombre d’entre eux - un nombre décisif, en tout cas. Mardi soir, sur TF1, on a revu l’étudiant travaillant au noir qui avait participé à l’émission de Chirac avec des jeunes sur l’Europe, et qui a voté non ; interrogé sur le remplacement de Raffarin par Villepin, il commentait sobrement, renvoyant à son insignifiance le ballet des consultations ministérielles de la journée : « Ce n’est pas une question de personnes, mais de politiques. Tant qu’on mènera des politiques ultralibérales, rien ne changera. » Entendre ça sur TF1, quand même, ça fait drôle... Dès lors qu’on prend en compte ce paramètre essentiel, la situation s’éclaire, et on ne peut plus raconter n’importe quoi. On ne peut plus raconter, par exemple, que les partisans du non devraient avoir honte d’avoir voté comme les électeurs du FN (argument particulièrement écoeurant compte tenu de la lepénisation des esprits galopante à laquelle on assiste par ailleurs ces dernières années) : si, parmi ces derniers, un certain nombre votent Le Pen non par racisme, mais par désespoir, il faut plutôt se féliciter de ce que leurs griefs aient enfin pu trouver un débouché noble, et que, pour une fois, ils ne se soient pas « trompés de colère ». Rappelons les remarques de Frédéric Lordon reproduites ici même l’autre jour : « Pour la première fois, le débat roule sur les vraies questions, les questions de structures. On ne parle que de la banque centrale indépendante, des contraintes liées à la monnaie unique et à la déréglementation... Ce n’est pas comme en 2002, où la question sociale et économique s’était trouvée défigurée par le débat sur « l’insécurité », « l’immigration », « les sauvageons », etc. »

Ce débat sur le dogme libéral, et, indissociablement, sur le droit des peuples à décider des politiques économiques menées en leur nom, tout a été fait pour l’éluder, ou, à défaut, pour l’endiguer en abusant l’opinion par des ruses grossières. On a même entendu le Medef s’inquiéter d’une possible victoire du non parce que ce serait une « victoire pour l’ultralibéralisme », alors que le Medef, lui, défend une « société sociale de marché » (cité par l’Humanité, 25 mai) ! Mais ces ânes bâtés de Français, avec une méfiance inexplicable, ont refusé de croire que la construction européenne, s’ils lui donnaient le feu vert pour continuer sur sa lancée, leur assurerait soudain un avenir radieux et solidaire, leur octroierait comme ça, par pure reconnaissance, un petit droit de regard sur les choix de société qu’elle faisait pour eux, et que François Hollande, après avoir défendu de toutes ses forces un texte enfermant le continent dans la « concurrence libre et non faussée » pour les cinquante ans à venir, monterait à l’assaut de Bruxelles, le couteau entre les dents, pour exiger un salaire minimum européen, une grande loi sur les services publics et la tête de Frits Bolkestein.

Si on accepte cette grille de lecture, on ne peut plus raconter non plus que le 29 mai dernier a été un « nouveau 21 avril » (« le syndrome du 21 avril 2002 s’affiche désormais sans complexe », écrit Robert Schneider dans le Nouvel Observateur, tout ça parce qu’il a retenu, la fine mouche, que « les Français ne font plus confiance à ceux qui les dirigent »). Or, le 29 mai est ce qui pouvait arriver de mieux à la gauche française. La campagne référendaire a permis aux antilibéraux en son sein, tous partis confondus, de se compter ; et, vraisemblablement, c’est sur cette ligne qu’elle va se recomposer, en renonçant peut-être enfin à ses querelles de chapelles stériles. La recomposition ne sera peut-être pas achevée pour 2007, mais, de toute façon, elle n’avait rien à perdre. S’il ne s’était rien passé, si la France avait regardé passer d’un œil bovin le train de la construction européenne, François Hollande aurait continué à se figurer que les Français avaient voté socialiste aux régionales par pur engouement pour sa personne, qu’ils ne demandaient pas mieux que de le porter en triomphe jusqu’à l’Elysée, et Sarkozy n’en aurait fait qu’une bouchée. Dans tous les cas, le pays aurait eu le choix, à la présidentielle, entre une gauche de droite et une droite de droite. Alors qu’avec la clarification inespérée opérée par le débat européen, on peut espérer voir apparaître dans ce pays une vraie gauche - à laquelle aspire, semble-t-il, une large partie de l’électorat - tenant sa place à côté d’une vraie droite. Ça n’éviterait peut-être pas les déceptions, mais ça éviterait au moins les malentendus, et c’est déjà beaucoup.

Sauf qu’au sommet de la hiérarchie médiatique, là où on ne s’accommode pas si mal du système, quand on n’en est pas partie prenante, on résiste de toutes ses forces à l’émergence du thème antilibéral dans le débat public. « Libéralisme », pour ces oreilles-là, c’est l’antienne vaine, niaise et irritante, ressassée par des gens que l’on méprise - les Bové, les Buffet, les Besancenot... On s’était accoutumé à vivre et à décider sans le peuple, cette chose sale - au point qu’on confond délibérément « populaire » et « populiste » -, et on n’a aucune envie de le voir faire son grand retour dans la gestion des affaires publiques, au lieu de s’accommoder du rôle qu’on lui réservait, celui de figurant dans une parodie de démocratie. On lui cite en exemple ses voisins européens privés de débat : eux, au moins, ont le bon goût d’avaliser docilement (oups, sauf les Pays-Bas...) un projet de Constitution qu’ils n’ont pas lu, sans avoir l’outrecuidance de se mêler de ce qui les regarde ! Il y a trois mois encore, l’opinion française était prête à en faire autant. Par miracle, le débat a eu lieu ; un débat d’une qualité stratosphérique. Et il faudrait en avoir honte ! Mais c’est ainsi : le moindre espoir qui pointe de faire émerger une contestation large du dogme libéral suscite des ricanements haineux. « La victoire du non a installé durablement dans une bonne partie de l’opinion de gauche le mythe d’une alternative globale, l’espoir d’autant plus ancré qu’il est chimérique d’un grand soir de tous les recommencements », écrit dans Libération d’aujourd’hui Joël Roman, de la revue Esprit, qui, pour la réduire à un caprice de gauchistes, ne doit pas trop voir dans son quotidien la nécessité d’une « alternative globale ». Dans le Nouvel Observateur, Claude Askolovitch consacre un papier à « la victoire de la gauche d’en bas », qui n’a pas l’air de lui faire plaisir. Après avoir évoqué les espoirs qu’elle suscite, il conclut par ces mots : « Soyons lucides, expliquons pourquoi rien n’est possible. »

Le renversement du slogan soixante-huitard, évidemment, n’est pas innocent. Depuis qu’ils ont noyé leur idéalisme de jeunesse dans les compromissions et les vicissitudes mondaines, ces gens-là se sont fait une mission de censurer et de tuer dans l’œuf toute velléité de remise en cause de l’ordre établi. Pourtant, ce que le débat référendaire a réanimé, ce ne sont pas les fantasmes de grand soir : c’est simplement l’espoir d’en finir avec la confiscation du droit des peuples à décider de leur destinée, de retrouver un jeu politique débarrassé de ses faux-semblants, et d’enrayer la trahison systématique des mandats reçus. Et si cela, c’est être radical, c’est parce qu’on est tombé bien bas.

« Dans cette passe difficile, le réformisme lucide retrouve tout son sens et un journal comme le nôtre, sa mission », écrit sans rire Laurent Joffrin dans le Nouvel Observateur - décidément un numéro d’anthologie. All you need is Nouvel Obs ! Ça alors, et moi qui croyais que le « réformisme lucide », c’était précisément ce qu’avaient rejeté 55% des Français dimanche dernier... Désormais, dans leur écrasante majorité, ni son personnel médiatique, ni son personnel politique n’offrent plus à la France de reflet fidèle de ce qu’elle est. S’ils ne la comprennent plus, c’est parce qu’ils ont sur elle un bon train de retard. La crise actuelle était nécessaire, mais cette situation étrange n’est pas rassurante pour autant - surtout en ce qui concerne la représentation politique, parce que, côté médias, on peut toujours se débrouiller avec Internet... Question : combien de temps un pays peut-il vivre sans miroirs ?

http://www.peripheries.net/crnt62.htm

Messages

  • super texte, que je me suis permis d’envoyer sur les listes, l’ayant recopié dans le site périphéries, Les carnets, et en mettant le lien bien sûr...

    L.

    • (ce n’est pas grave, mais pourquoi ne pas indiquer juste le lien et un extrait, histoire de garder une "traçabilité" des articles quand sites et contenus le mérite, comme c’est le cas pour Périphérie ?)

      Excellent article en effet.

      A lire aussi sur les "désillusions" et espoirs du non : http://www.cetace.org/index.html#non

    • http://www.cetace.org : la couleur jaune orangé FFCC00 , le fond "bord déchiré" ... merci Bellaciao :)))

    • Pourquoi ne pas m’être contenté de reporter le lien ?

      Parce que l’usage apprend, quand on publie sur Internet, qu’un lien fêlé est plus triste que tout, le jour où un texte n’est plus en ligne. Je procède de la même façon pour les textes de la Presse sous copyright.

      Les moteurs de recherche (qui font leur fric sur le dos des droits mais dont personne ne songerait à se plaindre) eux-mêmes, mettent les contenus de référence des liens en mémoire cache, où ils sont parfaitement recopiables sans passer par les liens, - et où oeuvrent plus facilement les rcherches par mots clés...

      Par contre je peux vous grantir dès lors que la source est citée avec son lien actif, cela redouble sa communication dans le réseau et - même aussi : dans les moteurs de recherche.

      Contre l’apparence, c’est une façon très positive pour la consultation de la source, au bout du compte.

      O.

  • Et ça repart.
    Ripostes de Moati : Thème "Non, et après“
    Invités : Marie-Georges Buffet, Brice Hortefeux, Marielle de Sarnez,
    Pierre Moscovici, Jean-Michel Apathie et
    Claude Askolovitch.
    Autrement dit un seul (une seule en l’occurrence) défenseur du non sur six invités...

  • merci pour ce texte Mona Chollet
    merci merci et encore merci
    ca va me donner la pêche pour toute la semaine !

  • Extrêment fine et intéressante, en effet, cette analyse de Mona Chollet, même si elle méconnaît par idéologie, et c’est dommage, que le NON est autant anti-libérale qu’anti-fédéral, et bien plus "anti tout au fric" qu’anti libéral - encore que ses deux questions n’aient pas été vraiment sondées pendant la campagne qui, comme le dit Mona Chollet, n’a porté que sur "voulez-vous de ce texte ou non ?".

    On vit dans un monde si joueur ! rendez-vous compte : à peine le projet constitutionnel jeté à la poubelle, le mutin Mammère et quelques débris de l’ancien monde propose la dissolution de l’assemblée ! les médias appointés glosent à n’en plus finir sur le thème "puisque De Villers demande la démission de Chirac, c’est bien la preuve que ces idiots de Français ce sont trompé d’élection !

    Imbéciles ! ils confondent, ou font semblant de confondre avec les causes du NON (le refus d’un mauvais projet de constitution pour l’Europe) ce qui aurait dû en être une conséquence : le respect jusqu’au bout du suffrage implique évidemment que ceux qui se sont résolument (et avec quelle rage !) engagés en faveur d’un résultat contraire et qui donc ne pourront pas le faire respecter, démissionnent des mandats qui requièrent d’être représentatif du peuple pour avoir quelque chance de rendre sa parole si ce n’est efficace, au moins opératoire. Il s’agit tout bonnement d’une affaire d’honneur.

    Hélas ! si la politique avait encore affaire avec l’honneur, si les ventres mous qui nous abreuvent de "gouvernance" se préoccupaient d’efficacité, ça se saurait, et les deux seuls pays fondateurs de l’Europe qui ont eu à se prononcer sur le projet constitutionnel n’aurait sans doute pas voté majoritairement NON !

    Mais au lieu d’être conséquents, au lieu de tirer du scrutin l’unique leçon qu’il y ait à en tirer, "la gouvernance", c’est à dire la médiature (média et pouvoir politique) qui se cache dessous, ainsi que le démontre magistralement Mona Chollet dans son "Pays sans miroirs", met toute sa mauvaise foi à fabriquer au désaveu qu’elle a subi des raisons qui lui permettent de conserver ses privilèges. Mieux, ce faisant les brillantes analyses qu’on voit éclore dans le Nouvel Obs, Libération, l’Express, et les grands rendez-vous audiovisuels du commentarte politique, ne cessent d’affirmer en filigrane que ces privilèges sont mérités, fondés qu’ils sont sur la pertinence de leurs détenteurs, son "savoir d’avance", sa moralité sans faille (pas de racistes ni de xénophobes chez les ouistes), et (c’est nouveau depuis le référendum), son pouvoir économique . En tentant d’essayer de décrire une "France du bas" dont ils n’ont cessé de vilipender l’inventeur, les voilà qui brossent a contrario leur portrait, qui est ni plus ni moins celui de la bien-pensance qu’ils affichent en maître-étalon depuis plus de deux décennies.

    Les privilégiés qui entendent le rester se reconduisent gentiment à leurs postes, aimables bergers d’un troupeau folâtre que guette le grand méchant loup.

    Du côté du pouvoir, notre inénarrable Président et une poignée de ses co-locs jouent à cache-misère avec la volonté exprimée par les urnes : non seulement ils n’infléchissent pas d’un iota leur position sur le Traité, mais ils avouent cyniquement qu’ils cherchent un biais pour tout continuer comme avant, et nous jètent en pâture la grande priorité nationale qu’ils retiennent d’un scrutin qui disait presque le contraire : fournir du boulot à tous ces trous du cul de traîne-savates, ils nous feront moins chier quand ils seront occupés tous à payer nos impôts.

    Du côté des média, on se gargarise avec les "indices qui convergent" à montrer que la France est dans une situation pré-révolutionnaire, ce qui est sans doute beaucoup plus vrai qu’on ne l’imagine. Sur ce point encore, je renvoie à la splendide analyse de Mona Chollet, car qu’est au fond une "société sans miroirs" ? Si la réponse des Français n’avaient pas été motivée par le rejet d’un texte néfaste, combien croyez-vous que les peignes et brioches qui se présentent régulièrement à nos suffrages auraient chacun recueilli de voix ? 8%, 9 % ? Et le suffrage lui-même, combien aurait-il mobilisé d’électeurs ?

    La campagne référendaire – pas celle des média évidemment, celle qui a pu se développer grâce sur le terrain à Internet – a miraculeusement rencontré un peuple, un peuple beaucoup plus européen qu’on ne l’imagine et qu’on ne continue à le dire, et qui s’est passionné malgré toutes les difficultés du texte qu’on lui soumettait et malgré tous les leurres individuels et collectifs par lesquels il est habituellement divisé (clivages professionnels, clivages d’habitat, clivages de situation économiques, clivages politiques…). Car oui, ce peuple, quelle que soit la réponse que les individus qui le composent aient finalement donnée à la question qu’on leur posait, a dans son immense majorité prouvé son attachement à l’Europe, et démontré avant tout qu’on ne pouvait envisager de la construire sans lui. Et la situation pré-révolutionnaire qui semble faire frissonner si délicieusement les salonnards de la médiature serait certainement moins lourde de conséquences probables si cette médiature n’attendait pas que la volonté populaire, ivre d’être encore une fois méprisée, ne viennent dresser des échafauds au rez-de-chaussée des rédactions, et ne transforme au passage Jacques et Bernadette Chirac en Louis et Marie-Antoinette Capet. Ça ne manquerait pas d’un certain panache, mais est-ce bien nécessaire ?

    Serge RIVRON

  • Comment vous dire merci et mon admiration de votre courage à vous taper Christine Ockrent,July,Joffrin...Il faut pourtant bien s’y coller.

  • Petit cours d’arithmétique à l’usage des nuls assorti de quelques propositions pour sortir la France de l’ornière...

    Merci à Mona Chollet pour son texte magnifique... Et quelques commentaires de mon cru, non pas tant sur son texte qui ne mérite que des éloges, mais plutôt sur la situation dans laquelle nous sommes...

    Quand je mesure combien ceux qui nous dirigent se moquent de nous et combien peu de Français s’en rendent réellement compte, je suis effondré !

    Je sais, nous avons tout de même voté NON à 55%, c’est magnifique et cela prouve que notre peuple a encore de l’instinct de conservation.

    Seulement ce vote est, il est vrai, hétérogène, comme le disaient si volontiers les partisans du OUI (qui ne l’étaient pas moins)…

    Il y a autant d’opinions que de Français, je le crains ! Mais si nous voulons exister en tant que Nation nous devons nous rassembler, comme le disent si mal les politiques qui se déchirent à belles dents au sein de leurs propres partis…

    Je suis aussi, il faut bien le dire, atterré par l’absence de vrai débat, conséquence de l’usage abusif et stupide d’étiquettes : Souverainiste, Facho, Stalinien, Fossoyeur de l’Europe, Poujadiste, Bolcho, irresponsable… j’en passe et des meilleures !

    Excellent moyen, évidemment d’éviter la discussion sur les vrais sujets, excellent moyen aussi pour rester au chaud dans une pensée pré-formatée et pré-digérée ! Psychorigidité sous assistance médiatique, je le crains !

    UNE PAGE DE PUB : Français, vous êtes vraiment des CONS : dans 98% des cas vous tirez le signal d’alarme sans raison… C’est la SNCF, excellent Service Public qui finance ses immenses déficits sur nos impôts qui vous le dit (voir prix du spot télé !). Selon cette vision des Français, je suggère qu l’on considère que seuls 2% des ceux qui ont voté NON étaient habilités à s’exprimer et conscients de ce qu’ils faisaient, soit 55% x 0,02 = 1,1% - Ceux qui ont voté OUI, très intelligents eux, pèsent 45%, plus les 30% d’abstentionnistes qui étaient tous pour le OUI et qui se sont juste trompés de jour ou qui avaient un gros rhume !

    Soit 75% pour le OUI et 1,1% pour le NON, il n’y a aucun problème nous pouvons ratifier sans état d’âme…

    L’arithmétique a l’énorme avantage d’être une matière relativement simple : 1+1 = 2 et non pas 1,5 ou 3 ou Dieu sait quoi encore…

    L’Economie se prétend très complexe (tout dépend de la vitesse du vent, de l’âge du ministre, du taux de résistance des syndicats, de la Loi de Gauss et surtout de celle de Parkinson qui a découvert que les gens utilisent toujours tout le temps qui leur est accordé pour venir à bout d’une tâche), cela permet de faire n’importe quoi sans s’expliquer. Seulement toutes ces arguties sont frontalement des mensonges : l’économie d’un Pays, tout comme celle d’un ménage dépend exclusivement de… l’arithmétique !

    Quelles sont les recettes, quelles sont les dépenses ?

    D’où viennent les recettes ? En quoi les dépenses sont-elles justifiées ?

    Y a-t-il équilibre ou non entre recettes et dépenses, excédent ou déficit ?

    S’il y a déficit, comment fera-t-on pour le résorber et pour rembourser les dettes qui ont été créées ? Qui remboursera, quand et avec quel argent ?

    UNE PAGE HUMORISTIQUE :

    L’impôt sur le Revenu des Personnes Physiques a été créé en 1919, à titre provisoire, pour reconstruire le Pays, au taux fixe et unique de 2%. Il est devenu progressif et sa tranche maximale est monté à 58%, c’est amusant, non ?

    La CSG, imaginée par l’excellent Michel Rocard sous les lazzis et les quolibets haineux de la droite démocratique est aujourd’hui le premier impôt de France, elle a été très largement augmentée, à plusieurs reprises par ses opposants des débuts, grisés par son côté “invisible”… C’est le premier impôt sur l’argent non-perçu, idée magique par excellence : il n’est même pas nécessaire de gagner quoi que ce soit pour devoir payer, c’est beaucoup plus pratique ! Ce miracle du génie technocratique vient de trouver un écho magistral dans la création du travail sans salaire (lundi de Pentecôte). C’est oublier un peu vite que, de toute manière, les Français travaillent déjà 6 mois 1⁄2 par an pour l’Etat : jusqu’au 15 juillet…

    Arithmétique, je vous le dis… Tout cela est très simple !

    Pourquoi l’Etat Français prend-il autant à ceux qu’il devrait simplement administrer et protéger ? Tout simplement parce qu’il ne défend et protège que lui-même et son bras armé, c’est à dire les fonctionnaires. C’est même pour cela qu’ils sont si nombreux (record mondial largement battu pour un pays développé).

    Depuis des années nous assistons à la prise en otage de notre Pays par la fonction publique, sous le couvert d’une classe politique issue de ses rangs et qui, pour rien au monde, n’envisage de s’opposer à elle ou de la ramener à la raison !

    Et nos 1.100 milliards d’Euros de dette, n’est-ce pas de l’arithmétique ? Quand on les compare aux 250 milliards de recettes annuelles, et surtout quand on réalise que 28.000.000 de Français vont devoir sortir en moyenne 39.000 Euros (255.823 Francs) pour rembourser… ça va faire mal, c’est le moins que l’on puisse dire ! Le “Modèle Social Français” est vraiment brillant, vivant à crédit aux frais de nos malheureux enfants ! Non seulement nous ne leur laisserons pas d’héritage, mais nous nous sommes autorisés tous les conforts sur leur dos, leurs léguant un tel trou qu’ils ne pourront jamais le combler !

    TOUT EST A RECONSTRUIRE DANS NOTRE PAYS, ET DANS L’URGENCE…

    Voici quelques pistes et propositions :

     Ejecter une fois pour toute notre classe politique, toutes tendances confondues (Chirac, Hollande, Villepin, Sarkozy, Jospin… je les ai mélangés exprès, ils se ressemblent tant !) Tous ceux qui ont participé à la faillite de la France ! (Cela suppose d’occuper la rue le temps qu’il faudra, en sachant que les joyeux drilles qui ont rédigé le TCE posaient comme limite au “Droit à la Vie” généreusement accordé dans les premières pages du texte, les cas d’émeute ou d’insurrection, ce qui signifie en clair qu’ils trouvent normal de tirer dans la foule)
     Créer un gouvernement de Salut National (nous en sommes là, au moment où nous allons devoir emprunter au FMI, ce qui, sur la scène internationale équivaut à se déclarer en faillite).

    SES OBJECTIFS SERONT LES SUIVANTS :

     Réduire la Fonction Publique au strict minimum, soit environ 12% des actifs contre 25% aujourd’hui. Les 13% restant seront recasés dans des structures productives afin de participer – enfin ! – à la prospérité de la France (mais dans un premier temps au remboursement de la dette qu’ils ont eux-mêmes créée par incompétence et jean-foutrerie)

     Réduire les impôts, les taxes, les charges et les prélèvements de toutes natures à un niveau acceptable (20% du PIB au lieu de 55% actuellement) tout en s’assurant que le budget ne soit pas en déficit.

     Faire en sorte que les impôts sur les privilégiés ne soient pas d’un niveau dissuasif, et ne conduisent pas ceux qui devraient les payer à s’installer à l’étranger (Il vaut beaucoup mieux prendre un peu que rien du tout, c’est encore de l’arithmétique).

     Interdire les écarts insensés de rémunération, ce qui serait conforme au VRAI modèle social Français (38.000.000 d’Euros pour le Président débarqué de Carrefour c’est tout simplement obscène : 34.500 ans de SMIC, l’arithmétique est obstinément présente parmi ces chiffres). Faire en sorte, cependant de ne pas laisser filer les très grosses pointures à l’étranger : nous avons besoin de tout le monde, et surtout des grosses pointures !

     Se contenter d’un train de vie raisonnable : pas de duplex à 15.000 Euros par mois, beaucoup moins de Palais Nationaux, de domestiques, de gueuletons hors de prix !

     Elaborer un projet de société simple, compréhensible et motivant.

     Le soumettre au suffrage universel sans s’autoriser un matraquage médiatique indigne.

     En cas d’accord de la Nation, le mettre en application pour le bien commun.

     Envisager la création d’une Europe des hommes (et non de l’argent) qui laisserait à chaque Nation la liberté de ses propres choix, en accord avec sa culture. Garantir que la structure Européenne soit simple, économique, efficace. Et non pas un échelon administratif de plus (alors que le Département, en France, est déjà un échelon de trop). L’arithmétique toujours car cela a un coût. L’efficacité aussi et la volonté de diminuer les occasions de corruption imposent ce chemin.

     Garantir qu’une augmentation d’impôt ne pourrait avoir lieu que sur un projet précis et devrait être validée par un référendum. En cas d’impôt provisoire, il ne saurait être reconduit sans explication et référendum, là encore.

     Renoncer à faire poursuivre les automobilistes, de jour comme de nuit, par des effectifs de police très largement excessifs et seulement motivés par le besoin de dresser des Procès-Verbaux hors de prix (révision des grilles de PV, stationnement gratuit, et sévérité pour les comportements dangereux exclusivement… Vitesse libre sur les autoroutes, comme en Allemagne, afin de permettre à nos constructeurs de trouver un marché pour des voitures puissantes).

     Cesser de financer les partis politiques, ceux-ci devant faire en sorte de vivre des ressources accordées par leurs adhérents, dans la mesure où ils seraient capables de fédérer une part de nos concitoyens. Si tel n’est pas le cas, ils n’ont pas lieu de vivre dans le confort et de nous infliger des campagnes à l’Américaine dont nous nous passerions volontiers (ne sommes-nous pas en France ?).

    Cette liste est loin d’être exhaustive, j’espère que mes lecteurs la compléteront (et la critiqueront si nécessaire)…

    Pour le début des opérations, j’attend aussi des idées et des propositions, nous n’avons pas beaucoup de temps et la colère populaire pourrait se diluer dans les sacro-saintes vacances, ce serait dommage !

  • Excellente écriture, clarté, humour, merci donc à Mona Chollet pour son article, qui exprime les frustrations que nous, nonistes, ressentons face au mépris politique de nos dirigeants, français et européens, au lendemain du référendum.

    Beaucoup d’entre nous ont voté NON au traité à cause du traité, au texte lui-même, à ce gros tas d’articles qui prétendait cadrer au mieux une Europe désinhibée qui, paraît-il, est L€ rêve de 300 millions de personnes. Nous avons voté NON à une constitution qui signait l’arrêt de mort de la démocratie, sous les huées de - quand même - 45 % des français.

    Alors justement, nous avons eu droit à pléthore d’analyses sur les causes du rejet, aucune de très originale, aucune ne mentionnant les choses qui fâchent, et toutes se terminant par un magnifique : "les français ont exprimé un désir de changement profond de politique".
    Fais-en tes dimanches, comme on dit chez nous.

    En revanche, je ne crois pas avoir lu - mais peut-être l’ai-je loupée - une quelconque analyse du vote OUI, en dehors des statistiques ou autres sondages limite débilisants.
    Pourquoi 45 % des français ont-ils voté OUI à ce traité, qui sont-ils, comment ont-ils lu le texte, qu’est-ce qui a incité nos concitoyens à plébisciter un monde où la finance se substitue à l’humanisme, un monde où le marché fait loi et sur l’avenir duquel ils n’auront plus droit de regard ?
    Finalement, lequel du vote OUI ou du vote NON est-il le plus préoccupant en matière de diagnostic civil et de santé démocratique ?

    Si quelqu’un a un lien, un article traitant cette question, je lui serais reconnaissante de le communiquer, histoire de comprendre.. :-)

  • Il ne saurait y avoir de plus belle réponse à votre article qu’un de ses extraits (à la fin) : "Ça alors, et moi qui croyais que le « réformisme lucide », c’était précisément ce qu’avaient rejeté 55% des Français dimanche dernier... "

    Tout à fait d’accord et triste de ce constat d’aveuglement et d’immobilisme.

    Cordialement,

    Philippe