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Pourquoi je suis favorable à une taxe citoyenne(1) sur les énergies fossiles ?

par Michel Piriou

Publie le vendredi 8 juin 2018 par Michel Piriou - Open-Publishing
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La petite aiguille de l’histoire s’accélère...Les battements de cœur des secondes sont plus rapides...Les sociétés humaines enregistrent des coups de semonce telluriques...en divers points du globe. Ces mini secousses économiques, sociales, environnementales...sont des nouvelles failles sur la façade déjà lézardée de l’équilibre mondial.

L’histoire nous enseigne que les plus fameux tyrans ont régné sur les plus grandes nations, et même des continents entiers depuis l’Antiquité. Au nom de quoi dans un monde profondément déstabilisé par la récession majeure, serions-nous garanties contre des coups de folie ; des coups de désespoir. Il suffit de constater les méfaits du libéralisme jusqu’au-boutisse de nos jours près de chez nous, et du retour du nazisme au pouvoir en Grèce. La terre de la Grèce jetée en pâture à la bête sera bientôt comme la face honteuse de la lune, un désert blanc vidé de vies. Rappelons-nous l’histoire de la matière transformée en or y compris la nourriture.

QUOI, nous courons à notre perte et personne ne fait rien. De fait, le décalage majeur entre les informations détenues par les scientifiques, les ingénieurs... et celles disponibles dans les médias. Pourquoi les élus sont-ils aussi peu actifs ? Qu’attendent-ils devants l’horreur qui nous attend ? Car nous supposons implicitement qu’ils sont déjà informés... hélas dans leur ensemble ils se contentent de lire les journaux. Souvent ils en savent beaucoup moins qu’un citoyen qui recherche et recoupe l’information sur Internet, se documente par les livres, et l’appartenance à des groupes de réflexion. En fait dans ce cas précis, beaucoup moins que ce citoyen qui est expert.

Nous nageons donc en plein marasme, non seulement les élus n’en savent pas plus que leurs électeurs mais, rendre les premiers moins ignorants n’aura qu’un effet marginal si les seconds ne changent pas. La servilité des élus étant directement liée à la passivité de leur électorat, ceux qui feront bouger la roue crantée entraîneront tout l’ensemble. La question centrale : la question centrale, c’est qui détient l’information la plus fiable ? Ensuite c’est l’affaire des réseaux sociaux, c’est le premier qui sait qui gagne. Cependant pour gagner il faut faire passer l’information au plus grand nombre, donc celui qui gagne c’est celui qui sait comment.

La contrainte volontaire en démocratie, s’il n’existe ni pénalisation économique ni sanction, ne poussera à l’action résolue guère plus de 1 % de la population, disons jusqu’à 3 % en fonction de la situation de crise. Pour les petits gestes aucun problème, les personnes sont de bonne volonté, nous trions, nous éteignons la lumière dans les pièces et rapportons nos ampoules. Comme la grenouille qui mijote dans l’eau tiède, sommes-nous destinés à enfler tant et plus pour crever ensuite et en faire crever bien d’autres avant ? Alors, faut-il désespérer du genre humain ? Dans un sens je répondrai par l’affirmative, dans un autre je resterai optimiste...car beaucoup savent au fond d’eux même qu’ils sont les jouets mais n’ont ni l’envie, ni la force de réagir. Ils se rassurent en constatant qu’il existe une frange citoyenne agissante et rebondissante.

Dans un système sans contrainte l’effort volontaire est difficile parce qu’il n’offre aucune garantie d’être imité. C’est le discours usuel je veux bien, mais pas tout seul... alors qu’elle est la solution ? Comment rétablir l’effort de tous ? Un exemple : la taxe !
Depuis des décennies les médecins expliquent que fumer est très mauvais pour la santé. Quels sont les résultats de ce discours ? Nuls. Par contre l’augmentation du prix du paquet de cigarettes a fait nettement diminuer le nombre de fumeurs.

En deux siècles la population humaine a été multipliée par six et la pression sur l’environnement par 100. Même avec un taux de croissance faible en apparence sur 200 ans, si on prend 5 % appliqué à n’importe quoi, cela donne à l’arrivée une multiplication par 17 000 ! Dans un monde limité et fini tous les effets de l’action humaine de manière exponentielle ne durent qu’un bref instant d’éternité et brillent d’un éclat insoutenable avant la nuit des temps. D’aucuns trouveront ces propos un peu réchauffés certes mais, tout ce beau monde oublie le raisonnement par induction.

Pendant 20 000 ans l’humanité a vécu dans la pénurie, pendant 200 ans elle a vécu dans l’abondance, pendant X. temps de millions d’années, elle retrouvera la pénurie. Nos enfants nous remercieront et les enfants de nos enfants aussi, ils nous abhorreront. Tocqueville avait prévu en 1840 qu’en démocratie les hommes deviendraient individualistes, perpétuellement insatisfaits de leur sort, se souciant surtout de consommation, très peu du long terme, tout en reprochant à leurs élus de ne pas s’en soucier plus qu’eux. Quand on se replonge dans Tocqueville et ses analyses, on est amené à se poser les questions de la déviance des institutions dans une démocratie censée instaurer l’égalité de tous. Quels remèdes contre ces déviances ? Quels contre-pouvoirs ? Eh bien, hier comme aujourd’hui c’est toujours le même, le pouvoir des associations qui en démocratie doit être celui des citoyens, que l’égalité pour tous des régimes par le jeu des déviances fait disparaître. Le rôle des associations et celui d’animer la vie publique et de mobiliser le peuple pour réagir face à la défaillance et la corruption de l’état, des élus qui ne sont guère plus que des représentants sur une scène théâtrale, pas des gouvernants. De ce fait, le citoyen sera amené à l’exercer.

Demandez un dirigeant du monde pétrolier dans combien de temps les 2 milliards d’indiens et de Chinois vivront comme des Français moyen le fera largement sourire. Nous vivons comme une élite très au-dessus des seuils de consommation renouvelable, tout le monde, pas seulement les riches. S’il suffisait d’éliminer tous les banquiers, les rentiers, les milliardaires, les millionnaires, pour supprimer le gaspillage, le problème sera simple à résoudre. Si seulement on supprimait les centrales nucléaires qui polluent... certes, mais le nucléaire ne consomme pas d’énergie fossile et ne rejette pas de CO² (c’est un épi-problème d’enfouissement). Le problème est ailleurs autour de nous et au-dessus. Raisonnablement, on pourrait repenser l’organisation du fret routier longe distance et essayer de basculer cette catégorie sur le rail. Là aussi, nous butons sur le prix. Il revient moins cher de faire rouler de camions que de tout repenser et de tout reconstruire. Il en est de même pour les transports en commun face à la voiture. Le scénario est identique quels que soient le pays il faudrait pouvoir repenser toutes les constructions, tous les habitats pour régulariser les flux. Une zone pavillonnaire c’est vingt maisons à l’hectare, soit environ 100 habitants. La densité n’est nullement intéressante pour la mise en oeuvre de gigantesques chantiers. Par contre, la mobilité actuelle est appelée à se réduire quand le prix de l’énergie enflera. Le prévoir serait des plus judicieux.

Pourquoi la SNCF n’a-t-elle pas développé le ferro-routage ? Tout simplement parce qu’il n’est pas rentable. D’ailleurs, regardons les pays où des camions montent sur les trains ; en avez-vous fait le compte ?
Quand un colis ou un changement monte dans un camion en France, il en redescend après avoir parcouru 95 km en moyenne. Dans toute l’Europe les camions qui sillonnent les routes déchargent tous les 95 km. Comment faire basculer sur le train un flux de marchandises correspondant à deux départements tout en conservant des coûts voisins de ceux des transports routiers. En termes de flux, celui des camions et de 7 fois celui des trains. Il faut multiplier les trains par 7 et les infrastructures par 5/10, soit vingt fois plus de gares.
Le niveau de la fiscalité ne doit dépendre que des impacts négatifs sur l’environnement. Tous les combustibles fossiles doivent être taxés en fonction du CO² émis. (Selon un poids défini, il y aurait une taxe définie). Maintenant, avec l’Europe c’est aussi un problème de mettre d’accord des populations disparates.

Coût réel de l’énergie
Prix réel de l’énergie

Ce qui crée notre intelligence, ce n’est pas le nombre de nos neurones mais, l’ensemble des connexions que nous pouvons établir entre eux. Vivre pour soi est impossible ; l’être humain a autant besoin de signification que d’oxygène, de sens et d’un sens à sa vie.
Ce n’est pas nous qui y gagnerons, ce sont nos enfants et petits-enfants qui vivront encore en paix et en démocratie. L’avantage d’une énergie plus chère et d’une taxe « pénurie » est sa répartition sur un ensemble de consommateurs. Le fait qu’il y ait des plus riches et des moins aisés n’entrent pas en ligne de compte, on ne changera pas une société capitaliste inégalitaire par des vœux pieux. La soufflerie qui chassera les relents mafieux du monde politique et économique est le défi de chacun et de tous, il s’agit ici de modifier des comportements, à commencer par les nôtres. Pour faire face à un coût de l’énergie de plus en plus élevés, l’industrie automobile en Europe à modifié ses conceptions et ses recherches en mettant sur le marché des petites voitures moins gourmandes. L’énergie plus chère c’est l’obligation de repenser l’organisation de la société avec plus de bon sens. Si on admet de payer des cotisations pour la retraite, la maladie, on admettra d’en payer pour l’énergie. Seule notre acceptation résolue ou résignée d’être touché au portefeuille fera de nous des citoyens vertueux. Pour le tabac, les campagnes répétées ont eu l’effet de rendre socialement acceptable les réformes, qui ont abouti à l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Il n’y a pas secret, toujours sur le métier remettre votre ouvrage – Semper repetere repeat exponam, iterum atque iterum —

La société capitaliste dotée d’un régime ultra-libéral est une société qui, dès le départ, était vouée à une durée limitée par son ostracisme de la réalité — réalité des rejets (humain, démocratie...) — réalité de la finitude (ressources, impacts, déchets...) autant de germes autodestructeurs.
1000 générations d’êtres humains se sont succédé depuis l’Homo sapiens sapiens et, il aura seulement fallu quelques générations pour passer à l’homo-énergéticus mais, un côté sapiens très discutable.

Photo/ Dérisoires marionnettes...d’un système à bout de souffle...

Entre deux mondes incertains...
Image un peu grotesque...

(1) citoyenne = dont les rentrées d’argent sont gérées par une entité exclusivement citoyenne et civile pour des projets d’autonomie énergétique.

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