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Méditerranée : l’escalade dans l’ignominie

par MRAP

Publie le lundi 18 juin 2018 par MRAP - Open-Publishing
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Depuis des années, la Méditerranée est le théâtre de drames qui voient des milliers de migrants mourir pour échapper à des situations de violence ou de misère qu’ils ont fuies au prix de mille périls. Cette semaine a vu cette situation ajouter au drame humanitaire une horreur politique.

Le nouveau gouvernement ouvertement xénophobe de l’Italie a refusé l’accès aux ports italiens de 629 hommes, femmes (dont certaines enceintes) et enfants qui avaient été recueillis par une des missions humanitaires qui se substituent en Méditerranée au devoir de sauvetage des États. Par ce refus, au mépris de tous les droits humains et du droit de la mer, ce pouvoir a voulu afficher avec brutalité son refus radical de tout accueil de réfugiés.

L’Europe entière a une lourde responsabilité dans cette situation. Elle a ignoré depuis des années la situation des pays de premier accueil, comme l’Italie et la Grèce, invoquant de façon irresponsable les Accords de Dublin qui laissent à quelques États l’entière responsabilité de l’accueil des réfugiés gagnant l’Europe. Le MRAP, avec de nombreuses autres associations, a depuis longtemps demandé l’abandon de ces absurdes accords de Dublin.

Le gouvernement français a gardé un silence honteux sur la possibilité d’accueillir rapidement ces hommes, ces femmes et ces enfants en détresse. Il a attendu qu’un port espagnol offre une solution pour dénoncer hypocritement l’attitude du gouvernement italien. C’est à la frontière franco-italienne que depuis des mois se nouent des drames dus à la volonté de refoulement de la police française. La France doit cesser toute expulsion, en particulier des « dublinés », vers l’Italie, un pays dont le gouvernement peut violer les droits humains élémentaires des migrants.

D’autres responsables politiques sont allés plus loin, ont approuvé cette violence et ont proposé une invraisemblable solution criminelle : remettre ces réfugiés aux mafias libyennes auxquelles ils étaient en train d’échapper et que l’on prétend condamner ! Cela serait d’ailleurs cohérent avec une tendance politique affirmée en Europe « d’externaliser » la question des migrants : sur le modèle de l’accord entre l’Europe et la Turquie, d’autres accords ont été conclus avec les forces locales les plus douteuses de Libye et d’autres pays pour empêcher les migrants de finir leur dramatique périple vers l’Europe.

Le MRAP, comme de nombreuses associations, rappelle qu’au-delà de l’indispensable accueil humanitaire d’urgence, une vraie solution à ces situations passe par la mise en place de voies légales et sûres offertes à ceux qui, au péril de leur vie, fuient des situations insupportables.

Paris, le 15 juin 2018

Messages

  • C’est vrai que le gouvernement italien actuel l’a joué xénophobe. Mais fallait-il s’attendre à autre chose quand depuis longtemps, le reste des pays de la CEE ignorait les appels au secours ? Dans cette affaire, s’il faut jeter la pierre (les pierres) à quelqu’un, c’est à tout le monde. Le peuple italien a fait le choix de ce qu’il estimait urgent ; que cela nous plaise ou non. A la CEE maintenant de relever le défis non seulement en mettant des postes d’accueil dans les pays de départ ou des pays sûrs frontaliers mais également en se penchant sur les causes économiques et politiques d’une telle migration et en apportant son aide à des solutions viables du fait de ses responsabilités dans ces causes.
    il est plus que temps d’aller au bout de la raison, des générations de migrants à venir sont concernés.