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Macron, un économiste stupide ? Ou de classe...

par Allain Graux

Publie le jeudi 1er novembre 2018 par Allain Graux - Open-Publishing
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Emmanuel Macron s’est engagé à baisser les dépenses publiques de 3 points de PIB, les prélèvements obligatoires de 1 point et la dette publique de 5 points d’ici la fin du quinquennat, soit de 60 milliards d’euros.

Lors du quinquennat de François Hollande la dette publique s’est creusée de 341,6 milliards d’euros. Et qui était le principal ministre de l’économie sous François Hollande ? N’était-ce pas un certain Macron ?

La dette

On pourrait légitimement le penser quand il prétend imposer – c’est le mot juste qui convient – une politique visant à rembourser la dette publique au terme du quinquennat présidentiel.

Car n’est-ce pas légitime de rembourser ses dettes, en bon père de famille, en bon gestionnaire du budget de l’Etat, comme s’il s’agissait d’une entreprise ?

La dette publique

Tout d’abord qu’est-ce que la dette publique ? C’est l’ensemble des engagements financiers pris sous formes d’emprunts par un Etat, ses collectivités publiques et ses organismes qui en dépendent directement (certaines entreprise publiques, les organismes de sécurité sociale, etc.). L’Etat emprunte, sur le marché privé auprès des banques, fonds de pension, organismes financiers, pour financer le déficit budgétaire de ses dépenses publiques (déficit public), lorsque les recettes fiscales, les produits (entreprises nationales), sont inférieurs aux dépenses : traitements des fonctionnaires, éducation, santé, défense, transports, etc...

En France, la dette cumulée s’élève à environ 2 000 milliards d’€ ; ce qui n’est pas considérable au regard du patrimoine qui s’élève à 12 000 milliards. La moitié du patrimoine des Français (5 000 milliards) est constitué de biens immobiliers, donc impossibles à transférer dans un autre pays. C’est d’ailleurs pourquoi les marchés financiers nous offrent des taux d’intérêt extrêmement faibles.

En France, nous avons donc un actif public plus élevé que notre passif et par conséquent, nos enfants et petits-enfants, collectivement, n’hériteront pas d’une dette mais d’un patrimoine net !

Même si le montant global de la dette privée des Français (130 % du PIB) est plus élevé que celui de la dette publique : 4200 milliards. Là, tout dépend de la situation personnelle de chacun. Mais pour l’Etat français, pas de souci !

Quand vous achetez un logement, vous empruntez, généralement sur 25 ans, disons 200 000 €. Avec un revenu annuel du ménage de 32 000 €, soit un rapport de :...625% !!! L’Etat, lui, n’a pas de limite temporelle pour rembourser, il ne meurt pas. Le Trésor britannique a terminé de rembourser une dette en 2015, pour des obligations émises en 1720...Alors, 80 ou 100 % de dette par rapport au PIB, cela ne signifie rien d’alarmant pour un Etat. Les Etats-Unis, le Japon, l’Italie, ont des dettes publiques bien plus importantes que la dette française. Sont-ils faillis pour autant ?

Les crises économiques : proviennent-elles de la dette privée ou publique ?

Un exemple : l’Espagne, très bon élève de l’UE avant cette date, avec seulement 40 % de dette publique, mais 317 % de dettes privées, à cause des emprunts pour l’immobilier. Des prêts à des gens qui n’avaient pas la capacité de rembourser, ni par les revenus, ni par le patrimoine. Il en était de même aux Etats-Unis, où on a encouragé à prêter sans compter et sans garanties suffisantes. Bush préférait ce système, en pensant que le marché régulerait tout ça, plutôt que d’augmenter les salaires. Ce fut le fameux système des subprimes dont vous connaissez la suite : une crise économique mondiale, la deuxième plus importante après celle de 1929. C’est ce système, avec ses dérives financières, la spéculation dans laquelle se sont impliquées les banques avec des produits pourris, qui a provoqué la crise. Et ce sont les Etats qui sont intervenus, augmentant la dette ...publique ! En France, elle était de 65% en 2007, en 2009 elle est passée à 79%...

Quelles mesures furent prises pour remédier à cela ?

Des mesures d’austérité : baisse des impôts pour les riches, baisse des prestations sociales pour compenser le manque de recettes fiscales. Ce qui provoqua la baisse de la consommation et de la croissance économique, le chômage. Et...accrût le déficit public !!! Et, malgré l’échec d’une politique libérale qui ne marche pas, ça continue...

N’aurait-on pas dû nationaliser les banques coupables, à moindre frais en période de crise ?

Séparer les activités de dépôt des activités financières ?

Accepter un peu d’inflation pour réduire la valeur de la dette ?

Aux Etats-Unis, utiliser l’excédent budgétaire, en 2000, au lieu de baisser les impôts des riches ; ce qui transforma l’excédent en déficit.

Si la dette publique est un problème, alors pourquoi les gouvernements successifs ont-ils baissé de 130 milliards d’€ les impôts entre 2000 et 2010 ? Se privant ainsi des recettes nécessaires pour ne pas augmenter le déficit...

Pourquoi l’UE ne prend-elle pas de mesure pour supprimer les paradis fiscaux au sein même de l’Europe ? Là, où s’échappent les produits de la fraude fiscale (21 milliards en France en 2015)...

Pourquoi Macron veut-il baisser les impôts – en priorité pour les riches (suppression de l’ISF, CICE, pacte de responsabilité, etc...) ? Il préfère dénoncer les fraudes aux prestations sociales (677 millions : 0,2 %) pour baisser l’allocation chômage et autres aides sociales.

Les prestations sociales : chômage, santé, retraites, handicap, ce n’est pas de l’assistanat, c’est un droit.

La stigmatisation du modèle social français hérité de la Résistance, des acquis sociaux de la Libération, a pour but de réduire la place de l’Etat et offrir au secteur privé la manne financière de services publics sur lesquels les compagnies d’assurances, les banques, les financiers lorgnent depuis longtemps.

Le privé fait-il mieux que le public ? A vous de juger

Le modèle social représente les institutions ayant pour but de protéger les Français : la sécurité sociale contre la maladie et les accidents, le droit du travail contre les excès du capital, le salaire minima, l’accès à l’éducation. Ajoutons les entreprises publiques pour assurer le chauffage, les transports, les communications, la distribution de l’eau et de l’électricité.

Baisser les cotisations sociales, les impôts pour augmenter les revenus de quelques euros, n’est-ce pas fallacieux ? Alors que par ailleurs tout augmente : le gaz (entièrement privatisé), le carburant, le fioul, la poste, l’électricité, les transports (tarifs TGV...), remettant en cause les principes d’égalité et d’équité, pour tous et en tous lieux. Et que les prestations sociales diminuent.

A cette politique, il y a une alternative...

Allain Graux

Le 30.10.2018

[1] Depuis Giscard, l’Etat ne peut plus emprunter auprès de la banque de France, Il ne peut pas emprunter non plus auprès de la Banque Centrale Européenne (BCE). Le taux d’intérêt pratiqué dépend de la note attribuée par des agences de notation privée...

http://allaingraux.over-blog.com/2018/10/macron-un-economiste-stupide-ou-de-classe.html

Messages

  • Tout est dit dans le premier paragraphe : l’État est contraint d’emprunter au secteur financier privé pour financer son budget. L’État n’a plus le droit souverain de battre monnaie. à peine le budget mis en oeuvre, avant même la première dépense, coucou la voilà, et la dette publique est déjà constituée ! Notre véritable gouvernement, ce ne sont pas les marionnettes que vous savez, c’est la haute finance ultralibérale. Nous, citoyens, sommes pieds et poings liés face à la gouvernance de l’argent. Notre "démocratie" n’est qu’une façade. Nous vivons sous la dictature du capital financier, qui en outre dispose selon son bon vouloir des principaux médias.
    En attendant n’oubliez pas de bien payer votre essence, et le reste...