Accueil > Arkéa : les épargnants en danger !

Arkéa : les épargnants en danger !

par Guirec

Publie le vendredi 2 novembre 2018 par Guirec - Open-Publishing

Obnubilé par son projet d’indépendance, le patron du CMB Arkéa, Jean-Pierre Denis, fait courir de graves risques financiers à « sa » banque. Il met également en danger l’emploi de ses collaborateurs et les économies des millions d’assurés de Suravenir, la filiale d’Arkéa spécialisée en matière de prévoyance. Bref, une aventure tout bonnement égoïste.

À quoi joue Jean-Pierre Denis  ? Depuis qu’il a annoncé son intention de quitter la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM), le patron d’Arkéa ne parvient pas à rassurer sur l’avenir de la filiale bretonne. De fait, les conséquences financières d’une désaffiliation unilatérale d’Arkéa seraient potentiellement dramatiques pour la banque. Non seulement le coût de l’indépendance serait-il astronomique, mais encore Arkéa et ses clients sortiraient-ils affaiblis de l’opération. Panorama des risques encourus par une folle aventure égoïste.

Un milliard d’euros. C’est le montant minimal qu’Arkéa devrait rétrocéder au Crédit Mutuel en cas de désaffiliation, ce dernier exigeant que lui soit rendue une partie des «  3,5 milliards d’euros de réserves accumulées  », selon un communiqué de la CNCM, justifiant cette rétrocession en raison du «  bénéfice de mutualisation créé par la collectivité des clients et sociétaires  ». À cette somme colossale s’ajouterait «  l’indemnisation du Crédit Mutuel pour les dommages créés, en particulier la nécessité de redéployer son réseau dans le Sud-Ouest et en Bretagne  ».

La CNCM réalisant une mission de service public, elle se doit en effet d’être présente sur l’intégralité du territoire français. En d’autres termes, si le divorce est acté, le Crédit Mutuel sera littéralement contraint d’ouvrir de nouvelles agences en face de son nouveau concurrent. Une épine en plus dans le pied d’Arkéa, la banque bretonne étant également sommée par la CNCM de développer «  une marque et un logo ne créant ni confusion ni parasitisme  » — en clair, d’abandonner le nom Crédit Mutuel.

Ce changement n’aura, hélas, rien de cosmétique pour l’éventuel nouvel ensemble. La marque Crédit Mutuel est, en effet, la préférée des Français, «  aussi bien chez les hommes que chez les femmes, chez les moins de 35 ans que chez les plus âgés, en Ile-de-France comme dans le reste de l’Hexagone  », selon le dernier baromètre Posternak-Ifop. «  Avec “Une banque qui appartient à ses clients, ça change tout”, (le Crédit Mutuel) a préempté de manière moderne le territoire de la coopérative. C’est aujourd’hui une marque forte  », conclut la même étude.

Enfin, une désaffiliation de la CNCM porterait gravement atteinte à la crédibilité financière d’Arkéa. L’agence de notation Standard & Poor’s a prévenu, en janvier dernier, qu’elle mettait la note de la banque sous surveillance négative, envisageant de la rétrograder de «  A-A1  » hors de la catégorie d’excellence «  A  ». Une perspective qui rendrait le coût de l’argent prohibitif pour la banque de Jean-Pierre Denis.

Les considérations financières ne sont pas les seules dans la balance, loin s’en faut. L’avenir des hommes et des femmes qui travaillent pour Arkéa est, lui aussi, incertain. Si le patron Jean-Pierre Denis professe que son projet n’a pour but que de préserver l’emploi, ce n’est pas l’avis de nos camarades syndicats, qui, à l’unanimité, ont récemment voté contre le projet d’indépendance.

Les clients d’Arkéa ne sont pas davantage à l’abri. Sa filiale Suravenir, spécialisée dans les contrats d’assurance-vie, de prévoyance et d’épargne retraite entreprise, pourrait elle aussi pâtir de l’aventurisme de Jean-Pierre Denis. Suravenir gère en effet plus de 40 milliards d’euros d’encours en assurance-vie et 43 milliards d’euros de capitaux sous risques, pour le compte de 2,9 millions de clients. Autant d’assurés qui pourraient voir s’envoler leurs économies si l’avenir d’Arkéa s’assombrissait — ce que tous les experts lui prédisent si elle persiste dans son projet d’indépendance.

Portfolio