Accueil > « LES IDEES S’AMELIORENT. LE SENS DES MOTS Y PARTICIPE »

« LES IDEES S’AMELIORENT. LE SENS DES MOTS Y PARTICIPE »

Publie le lundi 11 février 2019 par Open-Publishing

Voilà des mots qu’on pouvait lire sur les murs en mai-juin 68...

Au gré des évènements, des politiques menées, des manipulations, on se rend compte, pourvu qu’on s’y attarde que le sens des mots change.Vocabulaire manipulé ?
Perte du sens ? Mais aussi parfois signe de prise de conscience.

Noam Chomsky, célèbre linguiste, s’est attaché à mettre en évidence cette continuelle dérive. Le vocabulaire de la guerre, sans doute pour rendre celle-ci plus acceptable, nous donne quelques exemples...frappants. Ainsi on ne parle plus de « bombardements » mais de « frappes aériennes » ou même de « frappes chirurgicales ».

J’égrène à présent, comme cela me vient certains vocables tel qu’utilisés socialement, c’est-à-dire par les grands médias. Mais vous en avez peut-être d’autres.

Réformes

Au XIXe siècle, en France, le mot « Réforme » était pratiquement synonyme de « Révolution ». En ce début du XXIe siècle c’est devenu l’application d’une politique ultra libérale, la mise en place de mesures anti sociales.

La situation est un peu compliquée

Cela veut dire que ça va être très difficile de s’en sortir

Conseiller spécial

Complice un peu louche pas toujours efficace, capable de vous enfoncer dans le trou.

Premier Ministre

Appelé parfois « collaborateur » ou « fusible » par d’autres.

Grand Débat National

Sorte de concours de bavardages sans issue. Les organisateurs pensent ainsi distraire le Peuple de solutions concrètes, de faire oublier, hormis les flash balls, la passivité de l’Etat.

Assemblée Nationale

Terne chambre d’enregistrement des desirata du gouvernement en place. Ses débats sont rejetés dans l’ombre par le « grand débat national » animé en solo par le Président.

Entrons plus profondémment dans le monde politique....

Intérêt général

Expression utilisée surtout par les politiciens de tous bords, modulée des trémolos dans la voix au gré des exactions commises. Voir les cv de quelques personnages – la liste n’est exaustive - comme Fillion, Cahuzac, Sarkozy, Strauss-Kahn...

Citoyenneté

Il y a encore une trentaine d’années on employait peu le terme « Citoyen ». On a voulu lui donner une nouvelle noblesse. Et puis c’est pratique : on peut plus facilement ostraciser les métèques qui, eux, ne sont pas des citoyens.

Capitalisme

Ce mot avait semblé être quelque peu oublié, ou du moins mis de côté dans les années 1960. Les communistes avaient été les derniers à l’employer. En mai-juin 68 il est utilisé par les gauchistes pour dénoncer toute la société occidentale. Mais on estime alors que le bloc soviétique n’en fait pas partie puisque ce serait là le « monde socialiste »...
Tant que les affaires roulaient, tant bien que mal, il est vrai que l’on n’avait pas à s’interroger sur la nature de notre société, en déterrant un terme qui, dans le passé, avait été l’objet de tant de contreverses, de conflits.
Mais avec la grave crise financière de 2008, on fut bien obligé, dans ces élites mêmes qui se voulaient responsables, de s’interroger sur la nature de cette merveilleuse société. Et donc pour la définir, ce terme est revenu en première ligne

Libéralisme

Rappelez-vous : à l’ombre du gaullisme, Giscard d’Estaing, Jean-Jacques Servan-Schreiber, Alain Madelin nous serinaient que la France n’était pas un vrai pays libéral – sous-entendu : comme les Etas-Unis –. L’expression retrouva une nouvelle jeunesse, avec plus de précision dans les objectifs, dans ce que pouvait être une politique libérale. Le libéralisme, seule solution sociétale, est mis en opposition avec certaines dictatures taxées de « socialistes ».

Communisme

Le grand art de la mystification ne consiste t-il pas à qualifier, à couvrir d’oripeaux choisis le ou les entités que l’on veut discréditer ? Avec la Russie, devenue URSS, n’avait-on pas là l’épouvantail rêvé ? Socialisme ? Communisme ? Qu’est-ce que cela voulait dire exactement ? La tyrannie stalinienne ... Quelle triste blague !
Ce mythe resta longtemps aussi l’espoir sans perspective de nombre d’ouvriers. Tous les exploiteurs avaient intérêt à entretenir cette mystification. Les libéraux gagnaient ainsi sur les deux tableaux. Le modèle socialiste, vulgaire capitalisme d’état, dirigé de façon irrationnelle, ne pouvait supporter une analyse critique sérieuse. Et les classes laborieuses ainsi encadrés, mystifiées, se retrouvaient beaucoup moins dangereuses.
La faillite avérée de l’URSS, en 1989, ne consacra pas cependant un triomphe durable du capitalisme libéral. Dès les années 1990, des craquements inquiétants se produisent dans le système financier, amenant des crises toujours plus graves comme en 2001, ou en 2008. Si beaucoup croient toujours que le communisme fut le régime qui régna sur l’URSS jusqu’en 1989, un certain nombre savent aujourdhui qu’il ne s’est agi que d’une forme de capitalisme d’état et que sa faillite ne fut qu’une étape avant le krach final de l’ensemble du système capitaliste.

Démocratie Directe

Voilà une expression longtemps « oubliée », totalement exclue du langage « médiatique » de ces dernières années. Mais à partir des années 2000, avec l’usage par Ségolène Royal, des mots de « démocratie participative » une critique du système parlementaire s’affinait et on commença à répliquer en mettant en avant la « Démocratie Directe ».

La Démocratie Directe est l’argument politique des anarchistes dès le XIXe siècle contestant le régime de la démocratie parlementaire.

Avec l’effondrement du capitalisme et des institutions qui l’accompagnent, il redevient très « tendance »...

Prolétariat.

Ce terme utilisé par Marx n’est pas encore revenu à l’ordre du jour.Sans doute manque t-il pour mieux définir la sociologie de notre société. Et tout d’abord existe t-il encore un prolétariat ? Et les classes sociales elles-mêmes, n’ont-elles pas disparues ?
Il convient d’être solennel : celui qui trouvera ici la clef pourra ouvrir la porte du futur.