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Notre Dame : qui a allumé le feu ?

par Patrick Samba

Publie le jeudi 25 avril 2019 par Patrick Samba - Open-Publishing
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On ne va pas tourner autour de la flèche, il n’y a pas trente six mille hypothèses, on en retiendra quatre :

Dieu  : sa main, son jugement, que sais-je, son courroux (« coucou ! » comme dirait son voisin actuel au Paradis, le regretté Desproges). Les croyants - c’est le moins qu’ils puissent faire - sont sommés de prendre cette hypothèse au sérieux. Dieu, en effet, n’aurait-il pas eu de bonnes raisons de rentrer dans une très sainte colère ? Bien sûr que oui. On l’imagine en effet tout d’abord fondre en larme en découvrant le discours d’Emmanuel (pas son fils, notre Président) dans l’après-midi du lundi 15 avril 2019 (une date à retenir) : Emmanuel a écarté le rétablissement de l’ISF, et n’est pas revenu sur sa décision de renationaliser la branche nucléaire d’EDF ! Et ne parlons pas de l’interdiction espérée du démarrage de l’EPR de Flamanville. L’effet « waouh ! » tant attendu par les commentateurs politiques ne concerne donc pas cette annonce de rétablissement de l’ISF, d’importante d’ailleurs toute relative dans la mesure où il n’est évidemment pas à la hauteur de sa création : c’est de la suppression de l’ENA dont il est question ! Dieu a jugé que c’était se foutre de son peuple, non élu certes, mais néanmoins chéri, la France étant la fille aînée de l’Église. En agissant ainsi Emmanuel Macron a fini par atteindre les sommets de l’indécence préfigurés par les abus inqualifiables de la fête de la musique à l’Elysée et de son comportement à Saint Martin. Et cela n’était pas tolérable pour Dieu : ses foudres pour viser Jupiter ont atteint la charpente de la très symbolique Notre Dame de Paris une heure avant l’allocution. Il ne pouvait pas le foudroyer directement s’il espérait un changement d’orientation. Si cette hypothèse est la bonne, on devrait en constater les effets jeudi prochain. A condition qu’Emmanuel fasse, du point de vue des croyants, la bonne interprétation : l’incendie est l’œuvre d’une colère divine.

Deuxième hypothèse : l’accident "laïc". Il a été présenté d’emblée de manière péremptoire par les Autorités, sans enquête approfondie, comme la version privilégiée. D’où le fait qu’on entende un autoritaire "version à privilégier" bien qu’elle soit décrite comme improbable par un expert. Et il s’avère qu’un tel évènement arrangeait parfaitement les desseins d’Emmanuel Macron. Persuadé du caractère inéluctable de l’échec de son allocution ; parce qu’il sait que cette affaire des Gilets jaunes a peu de chances de s’arrêter tant ces gueux veulent sa démission ; que la répression n’a pas eu l’effet escompté, bien au contraire le mouvement s’est radicalisé et ils ne lâcheront rien ; qu’il n’en est pas à exclure la dissolution de l’Assemblée, mais l’hypothèse s’exclut d’elle-même à proximité des Européennes ; et au fur et à mesure que l’on s’approche de l’heure fatidique, puisqu’il a été capable de l’idée géniale du Grand Débat, il aimerait se donner encore un peu de temps pour en trouver une autre et tester ses décisions sur les journalistes et les commentateurs politiques qui eux veulent une allocution solennelle et des surprises à la hauteur de leur demi-dieu. Et c’est alors qu’un évènement inespéré survient. On appelle cela une coïncidence ou de la synchronicité (Ce n’est pas de la métaphysique mais on n’en est pas très éloigné, car ça tient souvent du petit miracle vu le haut degré d’improbabilité. On parle aussi de providence en théologie).

Emmanuel Macron était dans une panade sans issue apparente, et une heure avant la diffusion de l’enregistrement de son allocution le feu démarre de la manière la plus inopinée et inimaginable qui soit, créant un immense brasier traumatisant l’édifice et les esprits du monde entier. Les travaux de rénovation en cours ne semblent pas pouvoir être suspectés puisque les ouvriers n’en étaient encore qu’au stade du montage de l’échafaudage. Et on ne met pas le feu à une poutre en chêne avec un mégot de cigarette jeté sur elle par inadvertance. Avec la récente restauration du système électrique, le haut niveau de sécurité incendie et la présence en permanence, 24h/24, de deux agents, l’ancien architecte en chef de Notre-Dame, Benjamin Mouton ne comprend pas ce qui a bien pu se passer. Un autre expert, anonyme, convoqué par un média européo-israélien voulant souffler sur les braises, ne peut concevoir qu’ « une forte charge calorifique » au départ du feu. Tandis que la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem subissait un début d’incendie au même moment que Notre Dame, venant accréditer l’hypothèse d’une synchronicité mondiale.

Pour qu’il s’agisse d’une coïncidence, elle nécessiterait une synchronicité de très haut niveau, l’improbabilité quasi-absolue, le vrai miracle. Et ça existe. N’est-ce pas Emmanuel (pas notre Président, Son fils) ? Mais ne me demandez pas de vous décrire le scénario, la succession de tous les improbables évènements pourtant bien réels menant au premier feu précédant l’incendie, je n’ai pas assez d’imagination.

L’attentat, n’en déplaise à Madame Loiseau, est une hypothèse recevable. Cette ancienne ministre et tête de liste LREM aux Européennes boutée d’Orléans samedi dernier par les Gilets jaunes, a jugé que Nicolas Dupont-Aignan méritait « deux claques » pour le seul fait d’avoir questionner la cause de l’incendie. Pas un appel à la Raison, non, pas un procès éventuellement, pas une claque ; deux ! Pour le seul motif d’avoir mis en doute la conviction du Procureur de la République et de Castaner privilégiant l’accident. Et il n’évoquait même pas l’hypothèse d’un complot !

Non seulement l’attentat ne peut être écarté d’un revers de main, mais on peut même considérer comme une faute morale, politique, voire philosophique le fait d’exclure l’action d’un déséquilibré, un attentat pathologique, celui-ci étant également une source possible de coïncidence. A New-York mercredi 17 avril, par exemple, l’homme arrêté à la cathédrale avec de l’essence a bien « été hospitalisé pour évaluation psychiatrique ».

Concernant l’hypothèse d’un attentat politique, on observe qu’à cette heure il n’y a eu aucune revendication, ce qui tendrait à écarter cette hypothèse. Même Daech n’a pas revendiqué l’incendie quand, dans le passé récent, l’organisation s’emparait en général de tout évènement dramatique ou à forte portée symbolique.

A moins qu’il s’agisse d’un de ces attentats ne nécessitant pas de revendication dans la mesure où sa signification est très clairement identifiable par les services d’Etat ? Un peu comme le survol des centrales nucléaires par des drones à l’automne 2014 et le casse du cerveau électronique de l’EPR de Flamanville début mai 2018 ? Et dans l’hypothèse d’un attentat, quelle organisation terroriste, quel pays pourraient être suspectés ? La Suisse, comme dans ma toute récente incrimination assez peu convaincante ?

En tout cas on voudrait attenter à la respectabilité du Président de la République française en attirant sur lui les soupçons de manipulation, qu’on ne s’y prendrait pas autrement. François Mitterrand aurait dit : "Les Français ne le savent pas, mais nous sommes en guerre contre les États Unis, une guerre féroce, une guerre invisible, une guerre sans morts ".

Reste enfin l’hypothèse la plus insupportable moralement : le complot interne, ou plus précisément la manipulation. Une origine à l’incendie que l’on ose à peine évoquer, sauf à voix basse entre amis, pour moins risquer d’être accusé de complotisme. Ou d’être roué de gifles ; voire pire. Et pourtant l’avocat Gilet jaune François Boulo a bien raison : ce qu’il y a d’inquiétant dans l’idée de complot, c’est d’y penser tout le temps ou de ne jamais y penser. Et Libération s’interroge : le gouvernement a-t-il interdit aux architectes des monuments historiques de répondre aux interviews ? Des internautes évoquent un projet architectural de l’ile de la cité datant de 2016 dans lequel le toit de Notre Dame est fortement remodelé, et observent que l’incendie tombe à pic 1, 2, 3. D’autres soulignent que la thermite, un puissant agent incendiaire, dégage en brulant une couleur jaune caractéristique, semblable à la fumée de l’incendie. Le très controversé site Panamza informe : Notre-Dame : les tours étaient « exceptionnellement » fermées. Sur la foi de cette information apparemment explosive (mais est-elle bien réelle ?), il accuse : « le site officiel de la cathédrale Notre-Dame avait annoncé - fin mars et jusqu’au jour même – que les tours seraient rendues inaccessibles aux visiteurs une heure plus tôt dans la journée du lundi 15 avril. (…) En clair : c’est précisément durant la tranche horaire de 17h30/18h30 (qui fut spécialement interdite aux visiteurs - mais aussi aux ouvriers qui avaient tous quitté les lieux à 17h30) que le foyer du feu fut activé… Accidentellement… Ou délibérément. ». Il sera intéressant de suivre la destinée de cette assertion.

L’attitude autoritaire de Christophe Castaner imposant une vision et une seule contraint tout esprit indépendant à suspecter l’hypothèse de la manipulation. Avec d’autant plus de conviction qu’une telle posture émane d’un politique inspirant peu confiance, d’une grande violence dans ses propos à l’égard de ses concitoyens, en l’occurrence Gilets jaunes, et ayant ou ayant eu des relations dans le grand banditisme.

Mais la seule interrogation qui vaille, après la lecture du livre de Juan Branco, Crépuscule .pdf, et d’un article tel que celui-ci : Emmanuel Macron et son harcèlement sexuel par mails, est la suivante : Emmanuel Macron peut-il nous apparaitre comme un politicien capable en période de grande crise politique intérieure de faire le calcul et le choix d’un attentat matériel impressionnant, de très forte charge symbolique et émotionnelle n’occasionnant pas de victimes, propice à un projet architectural, susceptible de ressouder la nation et d’offrir l’espoir d’éteindre le feu des Gilets jaunes ?

Voilà. Quatre hypothèses, pas plus. Et à moins d’être dans une dictature, il n’est pas interdit de les soupeser. Toutes.

Et quand je dis toutes, le fantôme de Johnny y compris ?

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