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A propos de « l’islamophobie douce »

par Christian DELARUE

Publie le dimanche 22 septembre 2019 par Christian DELARUE - Open-Publishing
3 commentaires

A propos de « l’islamophobie douce »

http://amitie-entre-les-peuples.org/A-propos-de-l-islamophobie-douce-Christian-DELARUE

Contribution et commentaire sous le texte de Shlomo Sand sur Mediapart

https://blogs.mediapart.fr/shlomo-sand/blog/160919/islamophobie-et-judeophobie-quelques-reflexions/commentaires

Du refus du racisme à « l’islamophobie douce » (Shlomo Sand) et aux critiques des pratiques venues des intégristes religieux.

Militant antiraciste de longue date (instance nationale du MRAP) j’approuve le souci de faire barrage au racisme qui frappe les musulmans ainsi que les biens immobiliers ou mobiliers de cette religion (tag sur les mosquées). Il en va de même pour d’autres religions. Refuser l’antisémitisme tout en ayant le droit de critique d’Israël.

On peut dire arabophobie au lieu de racisme anti-arabe mais la seconde expression est plus claire. On dit plus aisément antisémite que judéophobe, terme ancien mais qui vise aussi, de nos jours, depuis PA Taguieff, l’anti-sionisme, d’ou une prudence d’emploi (pour moi en tout cas) pour éviter un amalgame. PA Taguief assimile (encore en nov 2017) de façon douteuse « les juifs » (en général) à « les juifs d’Israel particulièrement porteurs d’une idéologie raciste d’Etat pro-juif (juillet 2018) et colonialiste contre les territoires occupés ». Ces juifs-là souvent assimilés, à tort ou à raison, à un néo-sionisme raciste n’ont en tout cas rien à voir avec les autres juifs et juives, surtout ceux et celles agissant contre toute forme de racisme et pour l’amitié entre les peuples, comme au MRAP. Le communautarisme protège les réactionnaires de toute communauté !

 Critique et désacralisation des fétiches

La lutte antiraciste ne doit pas empêcher d’être critique - principe intellectuel de base - et même vigilant , voire très méfiant - légitime méfiance historique - envers les religions notamment leurs tendances obscurantistes récurrentes à l’égard de la science, de l’évolution, de Darwin, des femmes, des homosexuels, de la sexualité, etc, etc. De leurs tendances conservatrices et réactionnaires donc. On peut donc être critique de LA religion - son principe même - et DES religions historiquement constituées, notamment les principaux monothéismes très en lien avec le patriarcat. Il y a aussi droit au blasphème.

Je suis aussi quant à moi critique par ailleurs des processus de fétichisation que l’on trouve aussi hors des religions : le drapeau national sacralisé par exemple ! Mais il s’agit d’une extension du principe de la nécessaire critique des dispositifs surplombant les humains.

 HPR & JLM comme vecteurs de « l’islamophobie douce » selon S Sand

«  On a le droit d’être athéophobe comme on a le droit d’être islamophobe ou catholicophobe  ». Est-ce l’athéisme ou les athées qui sont visés ? Est-ce le catholicisme ou les catholiques qui sont visés ? Est-ce l’islam ou les musulmans qui sont visés ? On peut critiquer des idéologies et des pratiques induites mais pas stigmatiser des personnes athées ou croyantes. Bémol pour les intégrismes comme pour les fascistes ? Disant cela, je ne crois pas une seconde que M Pena-Ruiz dit HPR estimable philosophe de la laïcité (1) et M Mélenchon dit JLM principale figure de gauche française soient des racistes ! On peut certes critiquer certaines positions de l’un et l’autre. HPR a-t-il oublié de critiquer les intégrismes religieux ? Je n’en sais rien mais j’aimerais savoir car c’est effectivement important. Ceci dit il ne serait pas le seul car Shlomo Sand l’a-t-il fait ? Le fait-il souvent ?

JLM a-t-il confondu lui tout migrant avec un islamiste ou un intégriste musulman ? Je ne le pense pas. Mais je lui proposerais bien de lire « Pour une politique ouverte de l’immigration ». (ATTAC groupe Migrations publié en 2009). Je serais ici plus proche du NPA sans pour autant donner dans la vindicte facile des dominants contre JLM.

Qu’il y ait une « islamophobie douce » cela relève, je crois, d’une part de l’indétermination actuelle du terme (cf wikipedia) et d’autre part d’une nécessaire critique de l’islam et de ses diverses pratiques de par le monde (ex : les campagnes d’hidjabisation des femmes mais aussi des gamines - un scandale islamophobe ?). J’ai pu parler jadis d’une « islamophobie raciste » et d’une « islamophobie non raciste ». J’ai abandonné cette ancienne distinction (Bellaciao) mais votre « islamophobie douce » m’y fait penser.

 Intégrismes religieux

Ceci dit il importe effectivement de souligner - comme je l’ai fait dans la contribution au livre collectif « URGENCE ANTIRACISTE - Pour une démocratie inclusive » (Ed du Croquant ) qu’il existe des fractions progressistes dans chaque grande religion comme il existe des intégristes dans chacune. La distinction permet d’éviter l’amalgame. Il faut sortir de la mise dans un même sac communautaire des croyants et croyantes.

La sexyphobie (haine viscérale de la peau, de la forme, de l’habit féminin ou jugé tel), le sexoséparatisme (séparer les femmes devant rester à la maison des hommes dehors ou si elles sortent c’est sous hypertextile), l’homophobie, l’athéophobie aussi constitue un ensemble de maux réactionnaires chez les juifs haredim comme chez les musulmans intégristes. Ces maux débouchent sur la volonté d’aller vers un hyper-patriarcat bien différent du capitalo-patriarcat actuel. A noter qu’on trouvait ces contre-valeurs identitaires et patriarcales jadis chez de nombreux catholiques avant épuisement et confinement au sein d’un petit contre-mouvement réactionnaire toujours présent et actif contre le « mariage pour tous ».

Bref, on ne saurait généraliser. Point de communautarisme stupide que ce soit pour des croyants ou pour des nationaux ! il y a des français progressistes et d’autres conservateurs voire réactionnaires. La généralisation est un procédé raciste. Tout comme l’essentialisme.

 Drapeau identitaire

Je laisse ici la question des SIGNES OSTENSIBLES de religion, de toutes les religions, qui sont interdits à l’école publique depuis mars 2004. Ces signes sont aussi souvent interdits en réception des entreprises ainsi qu’à l’Assemblée nationale ou au Sénat. C’est secondaire dans la mesure ou ce n’est pas l’essence d’une religion qui est visée mais simplement une attitude ou un comportement non discret dans une situation ou il peut être attendu un certain effacement, et ce sans demander un abandon de croyance. Cela fait débat. Il y a possibilité de se déambuler sous voile ou sous kippa dans la rue...

On voit des BURKINIS en piscine à Rennes et Grenoble - ce qui est de droit (puisqu’en néoprène pour l’hygiène et hors temps solaire) mais très contestable politiquement car phénomène apparu sous la montée d’un islam identitaire et ultra-pudibond et venu des courants intégristes. Le problème vient aussi qu’on voit des burkinis mais que les autorités interdisent le sein nu dans les piscines françaises. Sexyphobie d’Etat qui n’est nullement dénoncée par Shlomo Sand ni par la majorité du « libre habillement des femmes » qui défendent le voile surtout mais pas le string seins nus en piscine.

 Débat sur un mot.

Quand au terme d’ISLAMOPHOBIE - que le MRAP a décidé d’employé (2) - il faut reconnaitre que sa définition est variable et problématique. Il suffit de lire wikipédia pour la France pour s’en rendre compte. Pour certains elle est extensive, pour d’autre elle est plus stricte et autorise la critique et le blasphème.

Il faut dire que c’est parfois compliqué de séparer critique (autorisée) et racisme (prohibé). J’ai pu ainsi débattre jadis avec feu Mouloud AOUNIT et d’autres membres du BE du MRAP d’un texte d’un « philosophe » - dont je vais taire le nom pour ne pas infiniment le « charger » - qui avait dressé un long réquisitoire particulièrement sévère contre l’islam (partie autorisée) pour attribuer in fine cette idéologie archaïque et guerrière (selon son propos) à l’ensemble des musulmans sans nuance ni distinction . En fin de texte ce n’était plus une opinion critique mais du racisme, condamnable en tant que tel. L’attribution était ici explicite . Mais parfois c’est implicite et les juges - si procès - peinent alors à dire qu’il y a racisme.

Christian DELARUE

1) Les trois boussoles de la laïcité - Henri Pena-Ruiz - La France insoumise

https://lafranceinsoumise.fr/2019/08/30/les-trois-boussoles-de-la-laicite/

2) Le MRAP a défini l’islamophobie | Le Club de Mediapart

https://blogs.mediapart.fr/amitie-entre-les-peuples/blog/120919/le-mrap-defini-lislamophobie

https://www.facebook.com/christian.delarue.alter/posts/10212059432960484?notif_id=1568655744050748¬if_t=feedback_reaction_generic

nb : Il y a des niveaux dans l’idéologie religieuse réactionnaire et hyper-patriarcale :

Beaucoup, comme Shlomo Sand , ne distinguent pas un islam radical sexoséparatiste qui isole les femmes à la maison d’un islam intégriste sexyphobique qui autorise certes les sorties des femmes mais sous hypertextile, sous voile et vêtement informe et long ! Les deux formes d’autoritarisme patriarcal sont très réactionnaires !

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