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Le communautarisme du Rassemblement National - RN (ex FN).

par Christian DELARUE

Publie le dimanche 6 octobre 2019 par Christian DELARUE - Open-Publishing

Le communautarisme du Rassemblement National - RN (ex FN).

Le RN critique l’Union européenne telle qu’elle se déploie depuis plusieurs décennies, en mettant en avant les critères économiques, concurrentiels et marchands au détriment du reste. Il y a deux critiques à faire : une sur la critique économico-politique qui peut séduire. Une autre sur « le reste ».

La critique de l’UE par le RN attire une partie du peuple d’en-bas et du peuple de gauche (ce qui n’est pas la même chose même si il y a recoupement) alors que le RN est loin d’être le seul parti politique a critiquer l’UE, notamment sur les choix économico-politiques de son oligarchie. Plusieurs partis de gauche le font de façon variable mais avec une logique sociale que n’a pas le RN. Nous y reviendrons !

 Civilisation : pour exclure et avec fermeture (des frontières) !

L’important pour le RN et d’autres forces identitaires et autoritaires en Europe c’est le choix de la défense de la civilisation européenne historique à forte dominante blanche et catholique et avec l’anthropologie qui l’accompagne.

Le RN (ex FN) s’est rallié au thème de l’identité européenne. Mais il n’est pas moins nationaliste archaïque qu’avant, c’est juste une inflexion sur les origines des migrations qu’il opère. Autrement dit, il est plus « compréhensif et tolérant » sur les migrations entra-européennes mais plus sévère et opposé aux migrations extra-européennes, notamment celles des pays africains.

Le rejet des migrants extra-européens va se faire au nom de la « civilisation écologique ». Ici c’est civilisation qui importe, l’écologie étant absente du propos. Sous la rubrique écologie on trouve reprise en main de la politique agricole au niveau de la France, protectionnisme, relocalisation nationale de l’économie, sécurisation du nucléaire…mais absolument rien de strictement écologique. Quant à civilisation ce terme ne se rapporte certainement pas ici à « souci collectif pour les plus faibles » (façon Darwin par dessus l’épaule de Patrick Tort, la barbarie étant son mépris) mais à « bloc communautaire avec sa culture propre », culture menacée par les migrations notamment musulmanes. On peut et on doit pouvoir critiquer des pratiques culturelles ou religieuses de populations étrangères - celles des intégrismes religieux - que pour autant qu’on soit capable de porter des critiques internes. On ne saurait oublier que la France et la vielle Europe (Angleterre, Belgique, Italie, Espagne, Portugal) furent des puissances coloniales et qu’elles demeurent des puissances impérialistes de second rang.

 Deux distinctions RN à base communautaire

Cette division intra-europe/extra-europe se double d’une autre entre « ceux qui sont de quelque part » et « ceux qui sont de nulle part ». Il semble qu’il s’agit ici de faire pièce à Macron et à LREM plus qu’aux altermondialistes !
Je cite :
« Au-delà de la joute électorale européenne se joue un combat idéologique entre les nationaux et les mondialistes, entre les patriotes qui défendent « ceux qui sont de quelque part » et les postnationaux qui voudraient voir émerger des hommes nouveaux, « ceux qui sont de nulle part », entre les partisans de l’enracinement et les tenants de l’idéologie nomade. »

 Un vide qui perdure sur les questions d’égalité et de justice .

cf justice sociale, fiscale, territoriale, écologique et libertés démocratiques (cf 1)

Ce qui reste absent, et ce malgré plusieurs mois de contestation des « gilets jaunes » sur la question des « fins du mois » (difficiles), c’est l’ancrage social des individus. Sont-ils riches ou non ? Chômeur ou précaire au smic ou avec un emploi stable et bien rémunéré ? Membre du 1% ou du peuple-classe ? Sont-ils actionnaires agissant pour accroitre sa richesse ou fonctionnaires au service de l’intérêt général ? Etc, etc... Il y a bien chez le RN comme chez ses partenaires en Europe un réel communautarisme s’appuyant sur une forte valorisation identitaire et ce communautarisme, comme tout communautarisme, cache les différences de situation interne (les rapports sociaux et les inégalités sociales) et pose un ennemi externe. Si un ennemi intérieur est présent, c’est alors celui qui pactise avec l’extérieur, l’étranger. Ce ne sera pas le capitalisme et sa classe dominante ou le RN, comme le FN depuis 1972, n’a jamais rien dit !

Ce qui reste absent de son discours, à l’heure de l’explosion dangereuse des inégalités économiques et sociales, c’est le besoin de justice fiscale avec un « moins pour en-haut et plus pour en-bas ». Cela engage toute une politique redistributive qui est totalement absente de son projet ! Macron et Le Pen ne sont pas si loin de ce point de vue ! De même, le RN développe un travaillisme similaire à celui de Macron. Par travaillisme, entendez le souci - et même l’obsession - de faire travailler plus celles et ceux qui travaillent déjà. Je tiens comme critère de gauche une volonté de réduire le temps de travail (32 ou 30 heures hebdomadaires) sans baisse de salaire pour les 99%.

La justice territoriale est également absente. Le retrait massif des services publics dans les territoires avec la suppression massive de l’emploi public n’a pas encore suscité une réponse à la hauteur des enjeux. Va-t-elle se caler sur de maigres substituts de services publics dans les campagnes ? C’est la gauche que l’on attend ici face à Macron mais pas le RN qui ne dit pas mieux que lui. Il y a pourtant là une occasion d’aborder la question écologique (transport en augmentation) et celle de la satisfaction des usagers français (et autres résidents) de la périphérie.

Christian DELARUE

Le RN face à la destruction sociale - Ch DELARUE
http://amitie-entre-les-peuples.org/Le-RN-face-a-la-destruction-sociale

Le programme Environnement de Marine Le Pen : pour les voitures et pour le nucléaire
https://reporterre.net/Le-programme-Environnement-de-Marine-Le-Pen-pour-les-voitures-et-pour-le