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MERCI A L’EGLISE CATHOLIQUE, APOSTOLIQUE ET ROMAINE !

Publie le mercredi 15 juin 2005 par Open-Publishing
11 commentaires

de Patrick MIGNARD

« J’étais étranger et vous m’avez offert l’hospitalité » Matthieu 25-35

La toute petite semaine durant laquelle les familles de réfugiés, sans toit et sans papier ont pacifiquement occupé, en ce mois de Juin, succédant au mois de Marie, l’Eglise du Sacré Cœur à Toulouse a été pour moi, et probablement pour toutes celles et tous ceux qui y sont passé, un grand moment de retrouvaille de valeurs depuis bien longtemps oubliées.

« Toi l’étranger qui sur ta route
Cherche l’amour et l’amitié
Viens avec nous Jésus t’invite
A partager la joie d’aimer »

Les heures passées dans cette maison de Dieu m’ont permis de me ressourcer en consultant des ouvrages qui ne figurent pas dans ma bibliothèque... je veux parler du livre de messe, ce carnet de chant religieux disponible en dizaine d’exemplaires.dans le lieu occupé Ce recueil de prières et de chants, qui guide le fidèle dans son amour du prochain et de son berger.

« Humbles et pauvres
nous te supplions Seigneur
accueille nous
que notre sacrifice en ce jour
trouve grâce devant toi »

C’est donc avec confiance et sérénité que j’ai vu venir à nous le curé de la Paroisse dans laquelle des êtres errants et pourchassés s’installaient. Ce Monsieur devait être là depuis peu de temps et pas encore mis au courant des pratiques de la maison, pas plus qu’au courant des textes écrits et généreusement mis à disposition dans son édifice. Il ne s’est pas opposé à l’entrée du groupe mais a paru gêné, agacé,... oui, agacé serait le meilleur terme. Je me suis demandé pourquoi. Pourquoi était-il agacé alors que...

« Il nous accueille dans sa maison
Il nous abrite sous son toit
Venant de tous les horizons
Comme un ami il nous reçoit »

J’ai failli lui lire ce passage, mais il était déjà reparti chez lui... en face l’Eglise...sans demander quoi que ce soit... si les enfants avaient besoin de quelque chose,... sans proposer ses toilettes et sa salle de bain, ce qui aurait du être le minimum pour un « serviteur de Dieu » et un adepte des principes édictés par son fils.... Décidément il ne suivait pas le programme dont il parle tous les dimanches à ses fidèles... encore un qui n’apprend pas son texte.

« Toi l’affamé qui sur ta route
Cherche comment calmer ta faim
Viens avec nous, Jésus t’invite
A partager le même pain »
.

J’imaginais que la foule des fidèles se serait précipitée autour des nouveaux venus, que les dons et présents abonderaient, que ces exclus de notre sociétés seraient abondamment pourvus par une foule pleine de sollicitude et soucieuse de mettre en pratique cette charité dont elle se gargarise le dimanche matin entre les croissants et la poule au pot.... Non, rien de tout cela. L’indifférence de la part du plus grand nombre comme si tout le discours sur la charité, l’entraide, la solidarité s’arrêtait aux portes de l’existence de l’autre, au seuil de l’Eglise Pour ces gens là, l’autre n’existe que de manière théorique, il est concept désincarné.

« Toi qui es seul et sur ta route
Tu rencontres souvent l’ennui
Viens avec nous, Jésus t’invite
A partager les mêmes amis »
.

Et puis le temps passant, les jours succédant aux nuits, l’impatience est apparue. La perspective d’une messe dominicale en présence de pauvres, d’exclus, de « sans papiers » installés dans l’Eglise avait le don d’énerver l’Archevéché qui nous a clairement fait entendre qu’il fallait faire « place nette »... autrement dit, sans nous le dire, elle nous jetait dehors. Elle a bien été obligée de nous le dire puisque la police n’avait pas l’air de vouloir nous chasser. Tout compte fait, a dû se dire la noble institution, Jésus a bien chassé les marchands du temps,... mis à part qu’ici il ne s’agit pas de marchands. Bref, on nous a dit de partir

« Toi sans abri qui sur ta route
Cherche un refuge et un chez soi
Viens avec nous, Jésus t’invite
A partager le même toit »

Non mais, rendez vous compte, des gens qui demandent a être hébergés par l’Eglise, des gens qui dorment sur des matelas, qui ont des enfants, qui mangent, bref qui vivent !. Mais qu’elle idée de venir perturber le bon déroulement !

Peut-être que si l’on avait mis ces familles dans une étable avec un âne et un bœuf, les fidèles se seraient précités... C’est une idée qu’il va falloir que le Collectif de l’Espoir creuse pour une autre fois. Mais je me demande si pour ces gens là des statues de plâtre ne sont pas mieux que des êtres en chair et en os, une statue c’est plus propre, ça ne mange pas, ça ne boit pas, ça n’a besoin de rien, mais ça représente le symbôle de ce que l’on ne dit pas, de ce que l’on est capable de faire pour l’Autre.

Pour terminer sur une note positive je propose à l’Archevéché, à Monsieur de curé de la paroisse du Sacré Cœur et à ses fidèles qui sont passés à côté de nous sans nous voir, à méditer sur ces paroles extraites du petit livre (page 4 de la LITHURGIE DE LA MESSE) qu’il tiennent entre leurs mains tous les dimanches (pour certain-e-s tous les jours) :

« Je confesse à Dieu Tout puissant,
je reconnais devant mes frères
que j’ai péché
en pensée, en parole
par action et par omission. »

Ainsi soit-il !

Patrick MIGNARD
Soutien aux « sans papiers »
Juin 2005

Toutes les citations sont extraites du livre des chants de la paroisse du Sacré Cœur.

Messages

  • et pourquoi Mignard, qui gagne fort bien sa vie, n’en hébergerait pas 10 ou 15 dans son salon ?
    lui qui est si prompt à nous faire sa morale...

    • Bel exemple d’une réaction stupide, d’une personne qui s’est senti profondément visé ??
      Monsieur Mignard, a sans doute, une famille et ne possèdent sans doute pas un appartement d’un gaymard ( 600M²).
      C’est une manière d’évacuer le problème et de se donner bonne conscience !
      Nous sommes tous à la même enseigne, sans doute de mauvais chrétiens, par peur ou confort, mais c’est d’autant plus choquant venant de ceux qui se prétendent être les représentants de Dieu !

      Jean Ruhlmann (d’altermonde)

  • Merci Patrick Mignard de ce témoignage. Cela me rappelle l’église Saint-Bernard à Paris en 1996. Sauf que le Père Coindé, dans cette paroisse déshéritée du quartier Barbès/La gouute d’or, avait su être au rendez-vous des sans-papiers, et à l’écoute de ses Evangiles (Et qu’il fut par la suite sanctionné par la hiérarchie ne changea strictement rien). Finalement ce sont des "sans dieux" qui un jour redonneront vie à ces beaux textes !

  • j’espère simplement que ce témoignage saura réveiller quelques consciences anesthésiées par le confort et la sécurité que leur procure l’appartenance "aux élus de l’Eglise" qui ne savent même plus voir l’autre et qui ont oublié le message initial
    Merci Patrick Mignard

    • Je trouve "très fort" que l’on fasse l’apologie de l’église pour l’accueil de particulier-es alors que pendant des millénaire et aujourd’hui encore l’église, comme toutes les autres religions, est l’institution même de l’exclusion, de la stigmatisation, de l’incarcération et de la "sainte" morale .

      L’église repentante, avec moi, ça ne prends pas !

      Eïnte.

    • Vous n’avez pas bien compris l’article, Einte, il ne s’agit ici pas d’une apologie de l’église. Mais au contraire de la mise en évidence du fossé entre l’attitude égoïste ou indifférente d’une certaine église, dans le cas d’espèce (et libre à vous de juger qu’on peut élargir cette attitude à l’Eglise en général), et les textes sur lesquels elle est censée fonder son action (son apostolat, sa mission "évangélique").
      (le titre merci à l’église catholiqque est évidemment ironique).
      Ensuite, on peut aussi être sensible à la beauté et à l’éthique des textes évangéliques cités en extraits dans l’article, y compris si l’on est pas croyant et/ou qu’on soit anticlérical.
      Mais libre à vous aussi, d’exprimer votre sentiment sur "le bilan globalement négatif" des églises.

    • Einte est sympa, mais il ne sait pas lire. C’est tout et c’est quand même domage.

    • Excusez-moi, mais je n’aime pas beaucoup ces jugements à l’emporte-pièce : "un tel ne sait pas lire" ; "bidule a du avoir du mal au certificat d’étude", "trucmuche" est un sombre imbécile etc. On peut faire remarquer à quelqu’un, qu’à son point de vue, il n’a pas bien compris le sens d’un texte, qu’ila commis un contre-sens, ou l’a perçcu de façon erronnée, dans le cas d’espèce, et dans la circonstance. de là à en inférer - qu’en toutes circonstances, intrinsèquement et par essence, il ne sait pas lire, est complètement abusif. je souligen cela, parce qu’il y a souvent des réactions de ce type dans les commentaires et les discussions sur ce site. Et je trouve que ces "excès de langage" induisent une idéologie disqualifiante - "tu es un idiot, tu es un imbécile, tu es un salaud" - qui ne favorise guère la confiance, mais stimule plutôt la paranoïa. On peut, et il n’y a rien de scandaleux, avoir lu un texte un peu trop vite, et ne avoir pas précisément preçu son sens. cela arrive à tout le monde, et cela ne me semble pas devoir justifier qu’on tombe "à bras raccourcis" sur le locuteur. Ensuite, on peut aussi percevoir, comme un "halo", une atmosphère qui se dégagerait d’un texte, et que justement, au-delà du contenu manifeste et explicite du texte, on a envie d’énoncer un jugement ou une opinion, qui nous tient à coeur, sur ce "halo" ou ce contexte qu’on a cru percevoir. On tombe parfois à côté du sujet, on commet quelque approximation trompeuse (et on s’expose à se oe voir rappeler). mais en même temps cette attitude est parfaitement humaine (et que le premier qui n’a jamais pêché dans ce sens me jette la première pierre") et arrive à tout le monde à un moment donné. Monter en généralité dans la disqualification de la personne à ces occasions me semble aussi un peu contre-productif et facteur d’inhibition. (Mais ici aussi, que celui qui hn’a jamais pêché etc. , et nous agissons tous aussi, de temps à autre de cette façon.)
      Bref j’arrête là cette petite leçon de "morale", dont j’ai un peu honte (!). Que le lecteur me pardonne (on n’en sort pas ?!....).
      Buena notte.

  • Article "un peu rapide" et qui ne dit peut-être pas tout les faits :

    1- a été demandé au responsable de l’église un hébergement
    2- acceptation de ce même responsable
    2- un fois les familles en place, "l’occupation" a été déclarée

    En la matière, il ne s’agit pas d’avoir un débat sur l’église et les gens d’église, mais sur de telles pratiques de "soutien".
    De plus, pourquoi manier le thème de la misère dés qu’on parle des sans-papiers ?
    Beaucoup de sans-papiers insistent aujourd’hui pour qu’on parle d’eux réellemnt, et eux le font. Par ex. dire qu’ils travaillent, qu’ils subviennet à leur besoins...Autrement, c’est la répétition des paroles de Sarkozy "ils n’ont pas de logement, ils n’ont pas de travail, ils faut les expulser".
    Affirmons des points positifs : les sans-papiers travaillent ici, ils doivent avoir les droits ici !

    • Si, justement, en la circonstance il s’agit plus de l’attitude de l’Eglise qui n’hésite pas à se méler de tout que du problème spécifique des sans papiers. Je vois trés bien où tu veux en venir en éludant le débat sur le scandale de l’attitude de l’Eglise. Cette expérience, au delà du problème des "sans papiers" qui est, on est bien d’accord un grave problème, est un révélateur extraordinaire du double discours du clergé et de son hypocrisie qu’il faut absolument dénoncer.

      Rémi (Toulouse)