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Bagnols sur cèze (30 Gard) : les raisons d’un incendie.

par L’iena rabbioso

Publie le lundi 25 mai 2020 par L’iena rabbioso - Open-Publishing
1 commentaire

Les raisons pour lesquelles j’ai déserté la moyenne banlieue parisienne pour le pays des cigales, ne sont pas très glorieuses.

Le confort d’une vie tranquille, le silence enfin, et surtout la fin de la peur de me faire taxer à chaque coin de rue.

Chaque jour, 1h30 pour rejoindre paris centre , 8h de travail cool dans une boite d’informatique cool, et 1h30 pour rejoindre mon domicile.
Soit en tout 11 heure de ma journée.

Vers la fin des années 1990, cette petite ville de moyenne banlieue a été la cible de promoteurs immobiliers, qui proposaient aux propriétaires de petits pavillons quelque chose entre 500 milles ou un million de francs (oui, 1998, c’était des francs) pour vendre leurs maisons.

En quelques années, la rue dans laquelle j’ai vécu une grande partie de ma vie, est devenue un alignement de cubes de bétons.

Or, comme je connaissais assez bien la proche banlieue parisienne, je savais ce qu’il allait arriver à moyen terme.

Une ville qui se réveille à 6h30, qui prend le train de 7h30, et qui est vide jusqu’à 19h30, avant que toutes les lumières ne s’éteignent après le film sur TF1, vers 22h45.

Et c’est une loi universelle : tout vide est occupé très rapidement.

Alors quels sont les gens qui ne prennent pas le train de 7h30 ?

Les retraités, les chômeurs, et quelques dealers qui ont trouvé un nouveau marché.

Bagnols s/c ne peut pas être définie strictement comme une banlieue, car la grande ville la plus proche, Nîmes, n’est pas une mégapole comme Paris ou Marseille.

D’une part, cette ville possède un vrai centre ville, d’ailleurs en train de crever doucement, et puis l’impression que l’horizon s’arrête aux sommets des HLM est pour l’instant indétectable, car l’espace manque moins.

Peut-être avez-vous entendu parlé des « violences » dans le quartier des Escanaux, et tout ce bla-bla autour des zones de non droits, des habitants qui ne comprennent pas qu’une chose pareille puisse arriver dans une ville si calme (je confirme que c’est moins animé que Berlin ou Londres), et évidemment le trafic de shit qui serait à l’origine de tous les problèmes.

Mais il faut faire un retour en arrière si on veut comprendre (c’est à dire contrairement au RN, qui comme d’habitude exploite cet épisode en demandant plus de flics et plus de flingues) quel est le processus tragique (et non pas dramatique) qui fait que les mêmes causes finissent pas terminer par les mêmes désastres.

Alors nous sommes en novembre 2018.
Un incendie démarre dans la cave d’un immeuble de ce quartier.
Bilan affiché : 8 blessés.

C’est ce qui n’est pas décrit pour ce fait divers est que l’immeuble en question était dans état de délabrement avancé.

Et qu’il n’y avait pas d’extincteurs à tous les étages, comme c’est normalement obligatoire.

Il n’est pas écrit non plus que les locataires n’ont pas eu d’autre choix que de rester dans leur appartement pourri, à tel point que les pompiers on dus défoncer certaines portes pour libérer les locataires, ce qui démontre encore à quel point le mot approprié pour ces gens est : abandon.

28 août 2018.
La tour G2 du quartier de l’Escanaux est partiellement détruite par un incendie déclenché à l’étage 14 qui a fait une morte :
Madame Aziza Houmas (oui vous devinez de quelle partie de la méditerranée elle était originaire).

Donc quelque mois avant le « drame » du deuxième incendie, quelque chose de très semblable était arrivé dans le même quartier.

Mais comme dirait un évêque, Dieu merci la victime n’était pas chrétienne.

Mars 2020 : Blessure par balle.
Sans beaucoup de précisions, sauf qu’il y a un consensus pour qualifier cela de règlement de compte entre racaille.
En effet celui qui a reçu les balles venait d’être libéré d’une peine liée au trafic de drogue.

Vendredi 22 mai 2020 : la presse titre comme d’habitude sur la chose terrifiante qui est l’incendie de poubelles et la résistance contre les CRS.
« Nuit d’émeute », c’est tellement vendeur.

Avril 2020 : Découverte d’un cadavre dans le petit village de Pouzillac.
On ne sait pas qui l’a tué mais c’est quelqu’un du quartier des Escanaux.
Or pour sans doute un manque de preuve, l’un des auteurs présumé du meurtre est libéré.

Dimanche 24 mai : Un groupe de jeunes venant du quartier manifestent juste devant le bâtiment de la police nationale.
Pour demander pourquoi celui qu’ils considèrent comme le vrai tueur a été libéré.

Il est clair qu’environ 99% de la population ne fera pas de lien entre ces dates.

Ces dates montrent pourtant une chose : Une fois qu’un quartier est convaincu d’être exclu de la justice, du droit d’être traité comme partout en France, sans le motif facile « état d’urgence », qu’une fois qu’ils ont compris que les seuls fonctionnaires qui viendront seront la Police ou les CRS, n’importe quel événement peut provoquer un mouvement de révolte.

J’ai le triste sentiment que rien ne va bouger, et que les HLM vont continuer de prendre feu, et que le seul discours sera : Violence urbaines.

Juste une dernière chose : Il y a eu des plaintes d’automobilistes garés devant les tours délabrés : En effet des débris tombaient depuis des étages encore habités.

Messages

  • "Dimanche 24 mai : Un groupe de jeunes venant du quartier manifestent juste devant le bâtiment de la police nationale. Pour demander pourquoi celui qu’ils considèrent comme le vrai tueur a été libéré."
    Paradoxe que tu pointes là camarade. Car, je suppose, que parmi ces mêmes jeunes qui vont demander des comptes à la police, il s’en trouvera certains pour incendier, s’"émeuter" quand les flics viendront dans leur quartier arrêter quelques dealers ; non ?
    "La police quand on veut, comme on veut, au moment ou l’on veut", c’est la loi des plus forts dans ces quartiers et autres lieux identiques, dont la population vit sous la coupe des dealers et des chefs communautaristes. Me trompe-je totalement ?
    PS : bien sûr là, le militantisme communiste ou même progressiste est, de facto, interdit.