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Le séisme idéologique est plus important que le virus lui-même

par Michaël Verbauwhede et Seppe De Meulder - Solidaire

Publie le dimanche 13 septembre 2020 par Michaël Verbauwhede et Seppe De Meulder - Solidaire - Open-Publishing
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« Ils nous ont oubliés. Les travailleurs, la santé et la crise qui vient ». C’est le titre du nouveau livre de Peter Mertens, le quatrième depuis qu’il est devenu président du PTB en 2008. Avant même de commencer l’interview, il met les points sur les « i » : « Ce n’est pas un livre sur le virus, c’est un livre sur la société ». Rencontre.

Cet été, pendant que les présidents des autres partis se perdaient dans d’interminables négociations, vous avez décidé d’écrire un livre. Pourquoi ?

Peter Mertens. Je pense qu’il faut parfois prendre un peu de distance. Et quand on regarde ce qu’il se passe dans notre pays, on dirait parfois une scène d’une BD d’Astérix où quelqu’un se plaint d’un poisson pourri, et un peu plus tard, tout le village se lance du poisson au visage. Le mécanisme est est complètement déréglé : la responsabilité de la propagation du virus est désormais entièrement placée sur l’individu, alors que les problèmes structurels sont partout. Pas seulement chez nous, mais partout.

(Photo Solidaire, Stefaan Van Parys)
« Ils nous ont oublié » est le quatrième livre de Peter Mertens depuis qu’il est devenu président du PTB en 2008.

Avec le coronavirus, nous sommes confrontés à quelque chose d’inédit. Si vous aviez dit, il y a quelques mois encore, qu’un Conseil national de sécurité déciderait que chaque client devait prendre un caddie au supermarché, même pour un seul article, tout le monde aurait pensé que vous parliez d’un mauvais film de science-fiction. Tout est extrêmement confus. Les gens cherchent des réponses parmi des avis chaotiques. C’est pour cela qu’il est important de revenir sur un certain nombre d’éléments et de se demander si c’est le virus qui a rendu la société malade, ou si elle était déjà mal en point auparavant.

La classe des travailleurs

Le titre du livre est « Ils nous ont oubliés ». Qu’est-ce que cela signifie ?

Peter Mertens. Lorsque le coronavirus est arrivé dans notre pays, tout le monde a compris qu’on était face à quelque chose d’inédit. Passé le choc, il y a eu un immense élan de solidarité. Dans les quartiers. Et aussi beaucoup de respect pour les travailleurs, ceux que l’on a appelés « les héros ». Des gens ordinaires qui, au pic de la pandémie, ont fait tourner le pays.

L’Europe a calculé qu’une personne sur cinq travaillant dans les secteurs dits essentiels sont d’origine étrangère. Surtout dans les soins, le nettoyage et le secteur alimentaire. L’extrême droite fait tout ce qu’elle peut pour dresser les héros les uns contre les autres. Mais à chaque fois que nous avons applaudi une minute pour les héros, il y avait 12 secondes pour ces travailleurs d’origine étrangère.

Et pendant que la classe des travailleurs faisait tourner le pays, la classe des beaux parleurs continuait comme si de rien n’était. Puis la courbe a commencé à s’aplatir et on voit que certains voudraient nous faire tout oublier le plus vite possible : l’austérité imposée aux soins de santé, la commercialisation des maisons de retraite, l’échec du marché, la catastrophe confédérale de 9 ministres de la santé et de 7 ministres des masques. Mais aussi qui sont les héros de cette crise. Dans le livre, je cite Monica, qui travaille dans une unité de soins intensifs à l’hôpital de la ville italienne durement touchée de Crémone : « Quand ils avaient peur de mourir, ils nous ont tout à coup considérés comme des héros. Aujourd’hui, ils nous ont déjà oubliés. Bientôt, nous serons de nouveau perçus comme des gens qui ne font qu’essuyer des derrières, fainéants et trop chers ». Le sentiment d’être à nouveau oublié vit largement, et pas seulement dans le secteur des soins de santé.

Le virus touche aussi plus durement les travailleurs ?

Peter Mertens. En effet. Dans notre pays, il n’existe pas de statistiques sur le nombre d’infections au coronavirus par groupe professionnel. La Grande-Bretagne, par exemple, le fait. Ces chiffres montrent que les travailleurs à bas salaires sont fortement touchés : personnel soignant, chauffeurs de taxi et de bus, ouvriers du bâtiment. Et c’est logique, car ils sont beaucoup plus en contact avec d’autres gens dans le cadre de leur travail. Bien souvent, ce sont les personnes les moins bien rémunérées qui ont dû prendre le plus de risques. Et ces mêmes personnes vivent en plus dans des quartiers populaires surpeuplés. On ne vit pas la quarantaine de la même manière dans un petit appartement ou dans une villa avec un grand jardin. Les inégalités étaient déjà fortes avant que la pandémie n’éclate, et elle n’a fait que les renforcer.

Ce n’est pas nouveau. C’était aussi le cas lors des épidémies de peste, de choléra et de grippe espagnole. Il y a 175 ans, Friedrich Engels a écrit « La situation de la classe laborieuse en Angleterre ». En fait, il a été l’un des premiers à faire le lien entre les conditions de vie et de travail et la santé. Jusqu’alors, on n’envisageait ce lien que dans un sens : être malade rend pauvre. Engels inverse cette vision des choses et démontre que la situation sociale d’une personne peut également la rendre plus vulnérable à la maladie. Il montre également que la bourgeoisie se fiche bien qu’une maladie fasse rage dans les quartiers populaires. Sauf lorsqu’elle vient toucher les quartiers les plus riches de la ville. Tout à coup, on prend des mesures sanitaires. Le parallèle avec la situation actuelle saute aux yeux. Si la pandémie ne décimait que les favelas de Rio de Janeiro, on s’en préoccuperait probablement nettement moins.

Vous écrivez : « Un géant endormi s’est réveillé ». Que voulez-vous dire par là ?

Peter Mertens. Les montants qui ont été débloqués pour les soins de santé cet été, partout en Europe, sont impressionnants. Mais derrière cet argent, il y a la peur. Au cours des dernières décennies, le secteur des soins a évolué : plutôt caritatif, il est devenu combatif. On est désormais bien loin de l’image de la gentille infirmière, béni oui-oui. Le personnel des soins de santé a montré qu’il peut aussi taper du poing sur la table, avancer et imposer des revendications. Cet été, du Mexique à l’Afrique du Sud, ces travailleurs ont manifesté aux quatre coins du monde.

À ce moment-là, la classe des politiciens et des faiseurs d’opinion, d’habitude si bavarde, a dû se taire un moment, car ceux qui étaient en première ligne étaient au centre de l’attention. Elle craignait donc qu’ils n’inspirent un mouvement plus large qui dirait : « On ne va pas payer nos factures avec des applaudissements ». Qu’un peu partout, on se mette à discuter des salaires et des conditions de travail, que la logique du profit soit remise en question, etc. En Grande-Bretagne, 100 000 nouveaux membres ont rejoint les syndicats, et ce n’est pas un hasard s’il s’agit en majorité de femmes. C’est en ce sens que je dis qu’un géant endormi s’est réveillé. Et c’est pour cela que les pouvoirs en place se sont empressés de mettre la main au portefeuille pour la santé. Pour faire revenir le génie dans la lampe d’Aladin. Mais à l’échelle mondiale, c’est impossible.

(Photo La Santé en lutte)
« À ce moment-là, la classe des politiciens et des faiseurs d’opinion, d’habitude si bavarde, a dû se taire un moment, car ceux qui étaient en première ligne étaient en action ».

La santé

Dans votre livre, vous vous montrez très critique par rapport au drame qui s’est déroulé dans les maisons de repos. N’est-ce pas un peu facile de dire après coup ce qu’on aurait dû faire autrement ? 

Peter Mertens. Le fait que de grandes multinationales actives dans les maisons de repos comme Korian et Colysée veulent un rendement de 15 % sur les soins aux personnes âgées est une honte et conduit à des situations dégradantes. J’ai déjà écrit cela dans mon livre précédent, Au pays des profiteurs. Le coronavirus a amplifié toutes les contradictions dans la société.

Comment nous, en tant que société, traitons nos personnes âgées. Elles sont littéralement considérées comme du bois sec qui doit être coupé. Les 6 000 décès dans les maisons de repos sont notre Lombardie. La question centrale est de savoir quelles leçons nous en tirons. Médecins sans Frontières, qui intervient normalement dans des zones de conflit, a dû venir prêter main-forte aux maisons de repos. Ils ont rédigé un rapport assassin, dans lequel ils affirment : le plus grave est que nous ne sommes pas prêts pour une deuxième vague.

Au niveau des soins, vous plaidez pour qu’on s’inspire de ce qui se passe en Asie. Mais l’Europe n’est pourtant pas l’Asie, non ?

Peter Mertens. On ne peut pas réduire cela à une question d’Asie ou d’Europe. Je pense que le coronavirus doit également nous amener à réfléchir à la manière dont notre système de santé est organisé. Tenez : le virus fait rage partout en Inde, sauf dans l’État du Kerala qui s’en sort très bien. Comment est-ce possible ? Le secret du Kerala, ce n’est pas l’argent, mais la prévention. Le Kerala est pauvre, mais, dans chaque quartier, il y a un centre de santé. 26 000 agents de prévention, surtout des femmes, font du porte à porte. Ce sont des gens qui se préoccupent vraiment de leur quartier, et que tout le monde connaît. C’est un peu Médecine pour le Peuple, mais à grande échelle. Avec un tel système, on peut détecter très rapidement les personnes qui présentent des symptômes, les faire tester immédiatement et les confiner si besoin. Cela fonctionne.

Mieux vaut prévenir que guérir, dit le dicton. Et c’est vrai. Notre société est tournée vers le curatif : n’intervenir que lorsque les gens sont déjà malades. Nous devons revenir à un modèle de prévention, avec des soins de première ligne étendus, des centres médicaux dans les quartiers. Avec des personnes qui aident les enfants à faire leurs devoirs ou qui aident les personnes à mobilité réduite à faire leurs courses.

Après la Seconde Guerre mondiale et la résistance collective contre le fascisme, on a mis en place des logements sociaux, un système de santé publique. C’est de cette vision qu’est née l’Organisation Mondiale de la Santé. En 1978, elle affirme que des soins de première ligne accessibles à tous constituent la meilleure des préventions. Mais les néo-libéraux ne l’entendent pas de cette oreille. En effet, quelqu’un qui n’est pas malade ne rapporte rien à l’industrie pharmaceutique. Ronald Reagan a dit un jour que les soins primaires représentaient le chemin le plus court vers le socialisme. Le résultat de cette vision éclate aux yeux de tous aux États-Unis : 170 000 cercueils. 

Est-ce pour cette raison aussi que Donald Trump s’attaque aujourd’hui à l’Organisation Mondiale de la Santé ?

Peter Mertens. En effet. Entre-temps, la faillite de l’extrême droite devient de plus en plus claire. Crier « notre peuple d’abord » (le slogan du Vlaams Belang) à un virus qui ne connaît ni langue ni frontière ne l’impressionnera pas. 

En décembre, Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang, a fait venir Matteo Salvini (fondateur du parti d’extrême droite la Lega) à Anvers. Il a payé très cher l’avion privé de Salvini pour le recevoir comme une rock star. Le parti de Salvini dirige la Lombardie, et les Lombards pansent aujourd’hui leurs plaies. La gestion de la crise a été catastrophique et le gouverneur de Lombardie fait l’objet d’une enquête judiciaire pour corruption lors de l’achat de matériel médical.

Plus catastrophique encore, il y a évidemment la politique de Bolsonaro au Brésil. Le théologien de la libération Frei Betto affirme que ce pays subit actuellement un génocide. On laisse le virus proliférer, pour détruire les favelas (quartiers pauvres, NdlR). L’extrême droite affiche ainsi sa vision très élitiste de la société. Les riches d’abord. Et laissons crever toutes ces « racailles », ces misérables, et tous ces héros qui nous ont aidés à traverser la crise. 

La crise qui vient

La crise que nous traversons actuellement n’est-elle pas temporaire ? Lorsque nous aurons un vaccin, l’économie ne va-t-elle pas redémarrer ? 

Peter Mertens. En ce moment, on sous-estime ce qui se passe. Le Fonds monétaire international parle du « Grand Confinement », par analogie avec la « Grande Dépression » des années 1930. Le capitalisme se concentre entièrement sur la création de plus-value et de profit. S’il y a bien une chose qui ne devrait pas arriver, c’est l’arrêt de la production. Or c’est ce qu’ont décidé les gouvernements. C’est du jamais vu. Cette année, environ 170 des 195 pays de la planète vont connaître un déclin économique. Cela ne s’est même pas produit après le crash de Wall Street en 1929.

Les économistes traditionnels disent que nous allons remonter, comme dans une sorte de saut à l’élastique. C’est ce qu’ils appellent une courbe en V, ou une courbe en W, s’il y a une seconde vague. Bien sûr, notre croissance va reprendre. Lorsque vous touchez le fond, la seule possibilité est de remonter. C’est logique. Mais le capitalisme était déjà malade avant l’arrivée du coronavirus. Le virus s’est greffé sur un corps déjà malade. 

Depuis la crise bancaire de 2008, l’économie ne s’est jamais vraiment remise en route. L’Allemagne, le moteur de l’économie européenne, était déjà passée dans le rouge depuis l’été dernier. Et on ne parlait pas encore d’une chauve-souris… En août 2019, un journal financier titrait : « Le monde se prépare à une nouvelle récession. » On pense que l’offre va se rétablir assez rapidement. Que la production va reprendre. Mais la demande pose problème, car les familles ont été durement touchées. Les gens vont mettre du temps avant de consommer, car ils ont peur de ce que l’avenir leur réserve. On estime que 340 millions d’emplois seront perdus dans le monde. 

L’Union européenne a annoncé un plan d’investissement de 750 milliards d’euros. Cela devrait vous réjouir, non ?

Peter Mertens. À chaque pas que fait l’Union européenne, les fissures de la maison grandissent. Le « club des radins » - c’est comme ça qu’on a appelé les Pays-Bas, l’Autriche, le Danemark et la Suède - se sont opposés à toute forme de solidarité avec l’Italie et l’Espagne, qui ont été durement touchées. C’est une bonne chose que le nationalisme et le chauvinisme ne l’aient pas emporté, au sommet européen. Mais il est tout à fait normal de prévoir un certain nombre de mécanismes de solidarité minimaux. Mais avec cela, l’Union européenne n’est pas tirée d’affaires.

En ce moment, trois opérations sont en cours pour éteindre l’incendie. D’une part, le canadair de la Banque centrale européenne qui a largué 1 350 milliards d’euros dans l’économie. D’autre part, l’Union européenne investit 750 milliards dans une véritable aide d’urgence. Et enfin, chaque pays a son propre plan de sauvetage. Ce sont des montants astronomiques. Et on peut se poser des questions. À qui va cet argent ? Que fait-on avec ? Comment se fait-il que la Banque centrale européenne achète des obligations d’entreprises polluantes et championnes de l’évasion fiscale, comme Louis Vuitton, Shell, et Total.

Comment se fait-il que BMW distribue 1,6 milliards d’euros de dividendes, mais fait appel à l’État allemand pour payer le Kurzarbeit (variante allemande du chômage économique, NdlR) de ses 20 000 travailleurs ? Comment se fait-il que Lufthansa soit sauvé avec 9 milliards d’euros d’aides d’État, mais que les autorités n’ont rien à dire après ? C’est tout simplement indécent. Les similitudes avec les plans de sauvetage désastreux de 2008 sont grandes. On pense encore qu’il suffit d’arroser les grandes entreprises d’argent et qu’elles résoudront alors les problèmes du monde. Absolument pas ! Le retour de l’initiative publique est la seule issue structurelle à court terme.

(Photo Solidaire)
Il était important de s’extraire de la twittosphère et de toute cette superficialité. Je pense qu’il est parfois nécessaire de prendre un peu de hauteur.

Vous citez Philipp Blom, un philosophe, qui compare le coronavirus et le tremblement de terre de Lisbonne au 18ème siècle. Quel est le rapport ?

Peter Mertens. Que cela peut être un moment de basculement. Le 1er novembre 1755, plus de 500 fidèles se trouvaient dans la cathédrale de Lisbonne pour prier. À ce moment précis, la terre s’est mise à trembler. Et tous ces fidèles croyants sont morts. Ensuite, un raz de marée a submergé les quartiers du bas de la ville, tandis qu’un incendie ravageait le haut de Lisbonne. La fidélité aveugle au Tout-Puissant n’a pas vraiment porté ses fruits. C’est évidemment un symbole. Car c’est à ce moment-là que les premières idées de modernité et des Lumières ont émergé. Ce tremblement de terre a été un point de basculement. Philipp Blom écrit : « Bien plus important que le tremblement de terre de Lisbonne, fut l’esprit né à la suite de ce séisme. » 

Le coronavirus peut aussi créer un séisme idéologique. La croyance aveugle que le « Tout-puissant » marché va tout résoudre pour nous peut disparaître. Mais cela ne se fera pas tout seul. Il faut mettre les choses en mouvement et engager le débat. Sur le fait que le marché n’a pas fonctionné, qu’il n’y a pas de prévention, que les contradictions entre les riches et les pauvres dans le monde vont s’accroître à nouveau. Sur le fait que 6 à 12 000 personnes mourront de faim chaque jour d’ici la fin de l’année, soit plus que du coronavirus lui-même (le virus de la faim comme l’appelle Oxfam). Et puis en même temps le fait que la fête se poursuit dans les bourses et que la richesse au somment prend des proportions obscènes. Sur le fait que la commercialisation des soins de santé amène à des drames. Et que nous devons maintenir les géants privés éloignés des maisons de repos, et organiser nos centres de soins de manière beaucoup plus locale et à petite échelle, intégrés dans le quartier et dans la vie.

Voyez-vous déjà les germes d’un autre modèle apparaître aujourd’hui ?

Peter Mertens. Rien ne vient tout seul. L’avenir sera un théâtre de luttes. Il y a deux mouvements. Vous avez un mouvement potentiel d’en bas. On l’a vu dans toutes les villes, partout sur la planète. Des gens qui aident leurs voisins à faire leurs courses. Des jeunes qui aident à organiser des camps de vacances pour des personnes qui, sans cela, seraient coincées dans des immeubles. Au moment où la crise était la plus profonde, on a vu énormément de solidarité locale. C’est un mouvement dont on peut tirer beaucoup plus.

Mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi une vision. On estime qu’au total, 4 000 milliards d’euros sont investis dans le monde entier pour relancer l’économie. Cela en dit long sur la supériorité du marché auto-régulé : nous devons tous collectivement lui donner 4 000 milliards d’euros tous les dix ans. La question est alors : allons-nous à nouveau donner tout cet argent aux grandes entreprises ? Aux géants du pétrole qui détruisent notre planète ? Aux géants de la technologie qui dévorent notre vie privée ? Ou allons-nous utiliser cet argent pour apporter un réel changement dans les domaines des transports, de l’énergie, du numérique et des soins de santé ?

Une vision publique sur l’énergie, sur les transports, sur la révolution numérique et sur la santé, dans le sens large du terme, tels sont les quatre piliers de notre plan Prométhée. Un plan pour remettre l’initiative publique au centre tout en s’attaquant à la crise économique et écologique en même temps. Il s’inspire du Green New Deal proposé par la députée américaine rebelle Alexandria Ocasio-Cortez.

Je pense que ces deux mouvements devraient se rencontrer : le mouvement qui organise la solidarité d’en bas, et qui place les travailleurs au centre, comme organisateurs de la société et de la solidarité ; et le mouvement qui offre une perspective autour d’une initiative publique ambitieuse. Ce n’est pas un débat belge ou européen. C’est un débat qui aura lieu partout dans les mois à venir, et c’est dans cet esprit que de nouvelles graines de socialisme peuvent germer.

Source : https://www.solidaire.org/articles/peter-mertens-le-seisme-ideologique-est-plus-important-que-le-virus-lui-meme

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