Accueil > « Vous avez aimé la première vague et le confinement … ?

« Vous avez aimé la première vague et le confinement … ?

par Lepotier

Publie le mercredi 14 octobre 2020 par Lepotier - Open-Publishing
3 commentaires

« Vous avez aimé la première vague et le confinement ? Eh bien, tant mieux car on va vous en resservir une bonne louche ! »

Tel pourrait être, en substance, sinon dans la forme, le propos de Macron, ce Mercredi soir…

En réalité, c’est, en France comme dans la plupart des pays, une sorte de relation sadomasochiste qui s’est installée entre les prétendues « élites » et les classes populaires.

Une relation qui détruit le peu qui restait encore d’humanité et de démocratie formelle. Et tout ça en prétendant œuvrer pour la santé publique !

Mais cette relation ne s’est pas installée « spontanément » ni sans intentionnalité autre que la pure perversité de nos gouvernants à tous les niveaux. Leur goût pervers du pouvoir est certainement un « lubrifiant » efficace de cette machine de mort, mais le plus simple et plus traditionnel goût du lucre faisait malheureusement déjà fort bien l’affaire comme « liant » du système de domination de classe.

En termes de « relance économique », c’est bien plutôt une nouvelle « casse » qui se profile, mais en termes de pouvoirs réel cette « deuxième vague » est bien une nouvelle avancée triomphale du banco-centralisme.

Avec la « première vague » la casse brutale de l’économie a fini d’enterrer les derniers vagues espoirs de « sortie de crise » réellement durable et renforcé la dépendance générale de la société à la dette publique et privée, qui en a « profité », si l’on ose dire, pour battre de nouveaux records mondiaux, toutes catégories !

A l’orée d’un quasi-reconfinement, ce n’est donc pas un hasard si sortent de partout de nouvelles études et articles vantant les capacités des « politiques monétaires » des banques centrales à assumer de nouveaux « déficits » des économies nationales des différents États, et bien évidemment, des Etats eux-mêmes, plus que jamais prisonniers de la dette, c’est-à-dire des banques centrales, donc, en fait.

Évidemment, un système économique mondial qui repose de plus en plus, et irréversiblement, sur la dette, c’est à priori contre-intuitif, même pour beaucoup d’économistes, qui le constatent, mais ne peuvent encore l’accepter comme un modèle durable et encore moins, l’intégrer dans leurs analyses de fond.

Quant aux pseudos-« marxistes », universitaires et/ou groupusculaires qui noircissent les écrans de la « gauche » française, oser simplement constater que la dette supplante le profit, tant en termes d’importance quantitative qu’en termes de rôle économique, c’est pour eux une sorte de « sacrilège », non pas à l’égard de Marx, qu’ils n’ont pas réellement lu, mais à l’égard des multiples « doxas » qu’ils radotent depuis plus d’un demi-siècle, déjà !

Bien évidemment, plus-value et profits continuent d’être le moteur immédiat du « développement économique » et de l’évolution des forces productives modernes, mais qu’est-ce qu’un « profit » dont l’accumulation ne permet pas de compenser, et même de loin, l’endettement global du système, sinon simplement une fraction de cette dette qui reste non remboursée et s’accroit même sans cesse ?

Constater simplement cette évidence, ce n’est pas une affaire de querelle « théorique » entre économistes de « droite » et de « gauche », indiscernables, pour la plupart, sur ce point, mais simplement une affaire d’addition-soustraction du tout premier niveau de l’école primaire…

Dans cette accumulation parasitaire encore malgré tout spectaculaire de profits, l’accumulation de plus-value extraite du travail humain continue de constituer une part importante, et même la « meilleure part » pour les capitalistes survivants, au sens où elle est la seule valeur encore véritablement créée par ce qui reste de l’ « économie réelle », mais en regard des profits et marges « commerciales » exorbitantes appliquées à la revente du moindre gadget elle ne constitue plus guère qu’une part devenue symbolique, même si symbole de travail pour ceux qui en ont encore…

L’ « alternative au plein-emploi » a donc en fait été « expérimentée » à grande échelle, et même durablement mise en place, en réalité, grâce au confinement généralisé de la « première vaque ».

C’est, comme l’explique lui-même Patrick Artus, voix « française » de la MMT, « théorie monétaire moderne » mondialisée, ce que représente vraiment le « chômage partiel » institué à cette occasion : une forme de « revenu universel de base » financé directement par les Banques Centrales, via la dette publique qu’elles « sponsorisent » !!!

C’est une application concrète de la théorie de l’ « helicopter-money » de Milton Friedmann, simplement adaptée aux conditions actuelles du développement des forces productives.

Ce qui n’est pas viable au niveau d’un État pris dans un environnement mondial « concurrentiel » devient tout à fait viable à l’échelle d’une économie mondialisée contrôlée globalement par les banques centrales, et cette mise en pratique se retrouve, sous une forme ou sous une autre, dans toutes les économies des pays les plus avancés technologiquement …et banco-centralisés, financièrement !

« Première vague », « Deuxième vague », « Troisième vague », ou autre formule, autre prétexte « sanitaire » opportunément « saisi au vol » ou carrément créé, si besoin est, l’expérience nous montre déjà qu’il n’y a pas de limite à ce processus, pas de limite autre que notre propre soumission de prolétaires, notre propre renoncement, à commencer par notre renoncement au plein-emploi, précisément.

Renoncer au plein emploi, que ce soit sous une forme de « revenu universel » ou une autre, y incluant le prétendu « salaire à vie » version Bernard Friot, c’est renoncer à l’unité prolétarienne et accepter que la bourgeoisie nous divise et nous soumette, par cette dépendance.

C’est, définitivement, renoncer non seulement à la Révolution Prolétarienne, mais tout de suite aux maigres restes d’humanité et aux dernières libertés que le système nous laissait encore « avant-Covid ».

Plein emploi ne signifie pas forcément, pour autant, que tout le monde travaille 35 à 40 heures par semaine, mais que tout le monde a la possibilité d’avoir une vie professionnelle contribuant à la construction et à la prospérité du pays.

Ce qui s’appelle le partage du travail.

Chacun contribuant ainsi, doit pouvoir vivre décemment, en retour, avec son salaire.

Si la production résultant du travail de tous est suffisante pour répondre aux besoins sociaux, ce qui est potentiellement le cas avec les forces productives modernes, le salaire doit nécessairement correspondre à un niveau de vie décent, quel que soit le temps de travail, une fois partagé.

Ce qui est donc déterminant, c’est d’affecter les crédits aux investissements utiles dans ce but.

Ce qui compte, en dernière analyse, c’est le contrôle démocratique du crédit par les classes prolétariennes et l’ensemble des classes populaires.

Ce qui implique également, comme condition de base, nécessaire mais pas suffisante, de nationaliser les banques.

Et ensuite, de les chapeauter par un Conseil National du Crédit, qui soit l’expression démocratique de la volonté populaire et prolétarienne et permette de coordonner les initiatives créatrices dans un plan économique représentatif à la fois des besoins sociaux et d’une utilisation appropriée des ressources.

Au lieu d’une telle Révolution vers une économie enfin socialement équilibrée, la voie banco-centraliste est celle de l’asservissement total des populations, réduites à un élevage de lapins enfermés dans des cages électroniques-informatisées, dans lesquelles ils sont « confinés » pour l’essentiel de leur vie, nourris physiquement et mentalement par l’entremise de leurs écrans, et disponibles, selon les besoins, comme main d’œuvre taillable et corvéable à merci, et le plus souvent, à mesure de la robotisation de la production et des services, sans même les sortir de leurs cages !

Grâce à la capitulation intéressée de la « gauche » et des pseudos « théoriciens marxistes » il n’existe actuellement plus aucune force politique prolétarienne organisée. La seule forme de résistance encore notablement active à l’échelle planétaire est celle des quelques bourgeoisie nationales résiduelles qui refusaient déjà de plier devant l’impérialisme, et continuent, de fait, leur résistance contre le banco-centralisme, également.

Le cas du Bélarus est caractéristique, à cet égard, où l’opposition, derrière la « sirène de l’Occident » Tikhanovskaïa, se profile l’ombre, non pas essentiellement de son démagogue de mari, mais du banquier Babariko, à la fois lié aux puissances financières de l’Occident et aux oligarques russes qui tentent encore de faire basculer leur pays « vers l’Ouest » et de le transformer en une République bananière banco-centralisée de plus, même si le fruit n’y est fort heureusement guère acclimaté, comme l’a montré l’échec et la déchéance du système « eltsinien », hérité de la période Gorbatchevienne.

Mais la bourgeoisie banco-centraliste, tout comme la bourgeoisie impérialiste, n’a qu’une seule obsession : écraser à tout prix la moindre flammèche de résistance, et en y mettant les moyens qu’il faut, question intox et autres, soutenus par les fonds sans limites de leurs « planches à billets » électroniques. 

Face à ce déluge médiatique et à cet acharnement de hyènes, les rares résistants prolétariens qui tentent de continuer le combat doivent rester particulièrement vigilants et attentifs à analyser les différentes forces en présence pour ne pas se trouver rapidement balayés.

Si la sphère banco-centraliste est définitivement en train de supplanter la sphère impérialiste, celle-ci n’en subsiste pas moins encore pour quelques temps, y compris avec ses guerres internes, comme le prouvent les conflits surgissant en permanence sur la planète, même si par forces supplétives interposées.

De même, toutes les sphères de développements économiques antérieures, tous les modes de production et simples moyens archaïques de survivances continuent de subsister, ici ou là, même si à échelle réduite et subalterne. En cherchant bien, on trouve même encore quelques groupes survivants de chasseurs-cueilleurs…

Si Marx et Lénine ont parfois semblé vanter les mérites politiques des bourgeoisies nationales, ce n’est évidement pas pour leur radicalité politique « progressiste », qui n’a jamais été que relative, mais bien comme pis-aller à considérer avec précautions et réserves, dans les cas où il n’existe pas d’autre forces politiques réellement populaires.

Dans les métropoles impérialistes principales, et désormais en voie de banco-centralisation complète, dont la nôtre, le problème est en grande partie résolu dans la mesure où il n’existe plus, localement, une telle fraction de la bourgeoisie. Néanmoins il est essentiel que les faibles forces politiques populaires résiduelles ne se laissent pas pour autant embarquer dans des campagnes de soutient politique aux forces de Kollaboration impérialistes et banco-centralistes dans d’autres pays où se continuent des résistances nationales bourgeoises, dont le Bélarus est là aussi un cas exemplaire par l’ampleur des manipulations médiatiques dont il fait l’objet, et actuellement encore secondées par la plupart des médias et intervenants de « gauche » en France.

De plus, ces bourgeoisies nationales, dans le contexte actuel de banco-centralisation, n’ont qu’une espérance de vie des plus limitées et ont donc un besoin indispensable et urgent de soutien populaire pour survivre encore quelques temps. Elles sont donc prises entre le marteau du banco-centralisme et l’enclume de leur nature archaïque capitaliste, mais sont amenées à faire des concessions sociales et démocratiques pour se reconstituer une base populaire de survie.

C’est également ce que l’on voit, au Bélarus, avec le processus de dialogue et de réforme constitutionnelle entamé par le Président Loukachenko, que notre gouvernement actuel refuse toujours de reconnaître. (*)

C’est également ce que l’on a vu avec le référendum constitutionnel en Russie, finalement assorti par Poutine de quelques concessions sociales sur le plan des retraites.

Ce qui est déjà possible par la logique même de la situation pourra donc être considérablement amélioré par l’émergence de forces politiques prolétariennes réellement conscientes de cette situation mondiale nouvelle et conséquentes dans leurs stratégies.

Mais bien évidemment, l’essentiel est que ces forces prolétariennes reprennent la place qui doit être historiquement la leur, à l’avant-garde du front uni de la Résistance mondiale contre l’impérialisme et le banco-centralisme, pour une transition révolutionnaire débutant avec le contrôle démocratique du crédit et du système bancaire.

Bien entendu les « gauchistes » et idéalistes petits bourgeois de toutes sortes qui prétendent jouer la « pureté » pour mieux dissimuler leur Kollaboration hypocrite avec le système crieront au « nationalisme », mais c’est une occasion de rappeler ces mots de Marx et Engels dans le « Manifeste du Parti Communiste » :

« Les communistes ont également été accusés de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n’ont pas de patrie. On ne peut pas leur prendre ce qu’ils n’ont pas. Comme le prolétariat doit d’abord conquérir le pouvoir politique, s’élever comme classe dirigeante de la nation, se constituer lui-même en tant que nation, il est encore lui-même national, même si en aucune manière dans le sens de la bourgeoisie. »

Briser définitivement les cadres nationaux, qui permettent, par la communauté de langage, l’exercice de la démocratie, c’est aussi l’un des buts essentiels poursuivis par le banco-centralisme, cherchant ainsi à achever un travail de destruction déjà bien avancé par la sphère impérialiste, et, tant qu’elle subsiste encore, en synergie avec elle, désormais.  

Lepotier

SOURCE >>>

https://nousnesommesriensoyonstout.wordpress.com/2020/10/13/re-con-finement-vous-avez-aime-la-premiere-vague-et-le-confinement/

(* BELARUS >>> ANTIFASCISME : Faire barrage au retour de la bête, sous toutes ses formes !

https://nousnesommesriensoyonstout.wordpress.com/2020/10/09/antifascisme-faire-barrage-au-retour-de-la-bete-sous-toutes-ses-formes/ )

Le Président de la République Française n’a pas à décider qui doit ou ne doit pas être le Président d’un autre État !

https://www.mesopinions.com/petition/politique/president-republique-francaise-decider-etre-president/106731

Le Président Emmanuel Macron doit reconnaître la légitimité du Président de la République du Bélarus, Alexandre Loukachenko, élu selon la Constitution et les lois de son pays.

Portfolio

Messages

  • Bonjour, pour le plein emploi et la mmt, serait il possible d’changer plus longuement avec l’auteur de cet article ? Je suis avec environ 125 personnes dfendre cette cause sur un serveur discord, merci

  • Pour bien comprendre la MMT le mieux est d’aller sur leur site :

    https://mmt-france.org/

    C’est une sorte de secte « théorique » et très dogmatique, avec manifestement un « gourou », un certain Warren Mosler, et quelques adeptes, dont certains recrutés chez les keynésiens, et qui tente d’imposer ses vues au reste de la communauté des économistes influents.

    Le meilleur résumé que l’on peut en trouver est celui-ci :

    https://mmt-france.org/2020/05/04/la-mmt-cette-inconnue/

    On peut donc mesurer à quel point ce truc est profondément débile, dogmatique et bourré de contradictions intrinsèques énormes et avec tous les fondamentaux de l’économie classique, également.

    Néanmoins, le tout a une cohérence formelle qui repose sur la création monétaire comme base de l’économie, et c’est pourquoi ce courant a manifestement inspiré et influencé la doctrine monétaire actuelle du banco-centralisme, même si cela n’est pas formellement reconnu. Du moins Patrick Artus (Natixis) en est arrivé naturellement à cette conclusion et je la partage, même si avec une approche très différente.

    Une bonne partie des théories MMT, inapplicables concrètement à un État seul dans un monde concurrentiel, deviennent fonctionnelles dans un monde banco-centralisé qui renonce, par la force des choses, à savoir l’évolution des forces productives modernes, à un développement économique fondé sur la valeur d’échange.

    Dans la théorie MMT, c’est l’État qui est seul à l’origine du marché, par la création monétaire et l’impôt, ce qui, en économie classique (…et même néo-classique) est évidemment une absurdité.

    Dans le banco-centralisme, la création monétaire ne « crée » pas le marché, mais lui permet déjà actuellement de survivre, ce qui, à terme, revient au même : le marché libre est remplacé par un marché artificiellement entretenu par la dette et le déficit également monétairement entretenu. (Roulement de la dette).

    Il y a donc bien identité du cycle, même si transposé d’un « État théorique », complètement chimérique, à l’économie mondiale banco-centralisée.

    Pour aller plus loin, il faut reprendre l’étude de la loi de la valeur, sous l’angle du rapport entre valeur d’échange et valeur d’usage.

    La notion de valeur d’usage a été réintroduite par les néo-classiques, sous la forme de l’utilité marginale, qui en est donc une transposition déformée.

    Elle prend évidemment de l’importance avec la modernisation des forces productives, qui réduit la part du travail vivant, malgré l’augmentation apparente de la plus-value relative, qui en réalité s’effondre, à partir d’un certain stade d’automatisation et de robotisation.

    C’est la recherche de ce point d’effondrement qui devrait faire l’objet du travail d’une équipe d’économistes marxistes, s’il en existait encore assez, et de suffisamment motivés…

    Ce n’est pas le cas, et tout seul, c’est au dessus de mes forces.

    Cela pourrait aider à comprendre le rôle du crédit dans une économie de transition à notre époque, qui ne sera donc plus basée entièrement sur la valeur d’échange, non plus, par la même force des choses, qui ne peut évidemment qu’augmenter !

    Il y a un ratio valeur d’échange/valeur d’usage à établir, de manière générale et selon les secteurs, pour une répartition sociale équilibrée des biens et services, tout en pratiquant le partage du travail, et donc, le plein emploi, même si éventuellement à temps réduit par rapport à l’actuelle durée hebdomadaire du travail.

    C’est ce qui peut permettre d’ajuster au mieux la masse monétaire circulant dans un pays socialiste, pour assurer à la fois un équilibre économique socialement dynamique et une stabilité monétaire.

    Lepotier