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Remember (pour se souvenir)Thomas Sankara...

par joclaude

Publie le dimanche 18 octobre 2020 par joclaude - Open-Publishing

Source : Site Youtube RT France - "NDLR : Petite histoire des crimes odieux du néo-colonialisme !Merci à l’ami pour sa transmission"
Il est possible que l’éminent fiston du "socialiste" Mythérrant dit "papa m’a dit" soit convoqué à la barre, si toutefois les toujours tontons de Paris ne mettent pas d’une manière ou d’une autre le holà à cette initiative...à moins que l’apprenti dictateur de l’Elysées n’ait un calcul politique dans ses projets à venir vizavi de ce qui reste de la Cour de l’époque, on sait que la dame Ségolène du Poitou par exemple est toujours royale mais difficile à maîtriser...

Vous trouverez à la suite une évocation très émouvante de Thomas Sankara assassiné dans le cadre de la Françafrique, notamment celle des orphelins qu’il avait envoyés à Cuba...il y a un extrait du film de Géraldine Bergé trés court, mais il faut aller sur "çà n’empêche pas Nicolas" pour le voir (film sur Viméo avec droits)

Burkina Faso :

 Avec AFP Burkina Faso : l’assassinat de Thomas Sankara devant un tribunal militaire © OLYMPIA DE MAISMONT

Le dossier de l’assassinat de Thomas Sankara, considéré comme le « père de la Révolution » burkinabè et tué lors d’un coup d’Etat le 15 octobre 1987, a été renvoyé devant le tribunal militaire de Ouagadougou. Les avocats de la famille de Thomas Sankara ont annoncé le 15 octobre que le dossier de son assassinat avait été renvoyé devant le tribunal militaire de la capitale du Burkina Faso, dans l’attente d’un procès. « Le juge d’instruction en charge du dossier a rendu son ordonnance de renvoi devant la chambre de contrôle du tribunal militaire de Ouagadougou, qui a été notifiée aux avocats des différentes parties », a fait savoir dans un communiqué Bénéwendé Sankara, l’un des avocats de la famille Sankara, à l’occasion du 33e anniversaire de sa mort. « Cette ordonnance de renvoi permet d’affirmer que suffisamment d’éléments ont été réunis pour permettre la tenue prochaine d’un procès [...] sur les événements tragiques du 15 octobre 1987 », a-t-il affirmé. Lire aussi Burkina Faso : l’Ex président Blaise Compaoré sous le coup d’un mandat d’arrêt international « 33 ans c’est suffisant pour que la lumière soit faite. Que ceux qui ont commis cette forfaiture répondent de leurs actes devant la justice », a réagi de son côté Ismael Kinda, porte-parole du Balai citoyen, une organisation de la société civile qui se réclame de l’idéal de Sankara. « Nous avons de grands espoir qu’à partir de début 2021, le dossier Sankara va s’ouvrir », a réagi Luc Damiba, secrétaire général du Comité du mémorial Thomas Sankara, à la tête d’une procession de 33 personnes symbolisant les 33 ans de son assassinat qui s’est rendue à la justice militaire. Le président Roch Marc Christian Kaboré a salué « les avancées judiciaires sur le dossier Sankara, qui permettront de rendre justice à sa famille », après avoir déposé une gerbe de fleurs au mémorial Thomas Sankara. Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1983, Thomas Sankara a été tué par un commando le 15 octobre 1987 à 37 ans, lors du putsch qui porta au pouvoir son compagnon d’armes Blaise Compaoré. La mort de Sankara, devenue une figure panafricaine et surnommé le « Che Africain », était un sujet tabou pendant les 27 années de pouvoir de Compaoré, renversé par une insurrection populaire en octobre 2014. L’affaire judiciaire a été relancée sous la transition démocratique et un mandat d’arrêt a été émis contre lui par à justice burkinabé le 7 mars 2016. Blaise Compaoré vit en Côte d’Ivoire, dont il a obtenu la nationalité du pays et d’où, à ce titre, il ne peut être extradé. « Recel de cadavres », « faux en écriture publique »... Outre Blaise Compaoré, son ancien chef d’Etat-major particulier, le général Gilbert Diendéré, condamné pour le putsch de septembre 2015, et 23 autres personnes, en majorité des soldats de l’ancienne garde présidentielle de Compaoré, sont poursuivis pour « attentat à la sûreté de l’État » , « assassinat », « faux en écriture publique » et « recel de cadavres ». En février 2020, une première reconstitution de l’assassinat de Thomas Sankara s’est déroulée sur les lieux du crime au siège du Conseil national de la Révolution (CNR). En 2017, lors d’une visite au Burkina, le président français Emmanuel Macron avait promis que tous les documents français concernant l’assassinat de Sankara seraient « déclassifiés ». Selon les avocats de la famille Sankara, un important lot de ces documents aurait été transmis à la justice burkinabè, qui n’en aurait pour l’heure pas communiqué le contenu.

En savoir plus sur RT France : https://francais.rt.com/international/79739-burkina-faso-assassinat-thomas-sankara-tribunal-militaire

Blog de Jean Lévy sur l’actualité politique au jour le jour.

"Les orphelins de Sankara" ou le rêve brisé de 600 orphelins burkinabè
17 Octobre 2020
« Les orphelins de Sankara », un film de Géraldine Berger.

« Les orphelins de Sankara », un film de Géraldine Berger. © Les Films d’un Jour

TV5MONDE

Alors que le pays commémore le 33e anniversaire de l’assassinat du président Thomas Sankara, le 15 octobre 1987, au Burkina Faso, un documentaire intitulé Les orphelins de Sankara, réalisé par la Française Géraldine Berger, revient sur l’un des projets phares de ce régime révolutionnaire.
En 1986, il s’agit de donner une chance à six cents orphelins et ruraux envoyés à Cuba pour y apprendre un métier et contribuer au développement du pays. Un documentaire inédit à découvrir absolument.
C’est une histoire méconnue, oubliée. Une histoire qui nous plonge au cœur des régimes successifs des présidents burkinabè Thomas Sankara et Blaise Compaoré. Deux destins que la vie a lié, y compris pour six cents orphelins, dont feu Thomas Sankara avait décidé de faire une partie de l’élite du pays.

Trois ans après son arrivée au pouvoir en 1983, il décide d’envoyer à Cuba, six cents enfants orphelins et ruraux, « avec la mission d’apprendre un métier et revenir développer leur pays en pleine révolution. »

L’assassinat le 15 octobre 1987 du président Thomas Sankara, puis la liquidation de la révolution qu’il avait instaurée, par son ancien compagnon de route Blaise Compaoré, vont compromettre cette belle utopie, au point où elle sera presque oubliée, comme effacée de la mémoire collective burkinabè.

Une découverte faite grâce à la radio
Aujourd’hui, grâce au documentaire de la réalisatrice française Géraldine Berger, Les orphelins de Sankara, il n’est plus possible d’ignorer cette histoire. C’est en écoutant l’émission L’Afrique enchantée, alors animée sur la radio publique française France Inter, par le journaliste ivoirien Soro Solo et l’ethnologue français Vladimir Cagnolari – la dernière de cette émission a eu lieu cet été –, que Géraldine Berger découvre l’histoire des six cents orphelins burkinabè.

J’étais frappée par le caractère épique de cette histoire.

Géraldine Berger, réalisatrice

En ce 23 août 2006, alors qu’elle est au volant de sa voiture, sur le périphérique parisien, Géraldine Berger entend parler de l’Afrique communiste, celle de l’époque de l’Union soviétique.

Mais elle est surtout interloquée par l’histoire de ces orphelins : « J’étais frappée par le caractère épique de cette histoire, se souvient-elle. Je n’avais jamais entendu ou lu une épopée d’enfants pareille. Six cents orphelins qui partent vivre sur une île lointaine, cela m’apparaissait déjà comme une promesse d’histoire passionnante. J’avais envie de savoir précisément ce qu’ils avaient en tête au moment de leur départ, pourquoi ils avaient accepté de partir vers l’inconnu, comment ils se représentaient Cuba, quel était le sens de leur engagement… »

Après quelques recherches, Géraldine Berger décide de consacrer un film à cet épisode de l’histoire contemporaine du Burkina Faso, et de ses relations avec Cuba.

Durant deux ans et demi, elle se heurte à un mur : personne ne se souvient de ces orphelins et ses appels à témoins sont vains.

Et puis finalement, en mars 2009, grâce à des alertes sur internet, elle retrouve en Espagne, la trace d’un des rares anciens orphelins qui avait quitté le Burkina Faso.

« Il n’a pas voulu témoigner, précise Géraldine Berger. J’en étais désespérée, mais il m’a dit qu’une association d’anciens de Cuba existait et m’a donné leur numéro de téléphone. Miracle ! J’ai appelé, je n’entendais presque rien car c’était là-bas la saison des pluies. Je ne devais pas rater cette chance. Bachir [un des membres de l’association] m’a vite proposé de venir les rencontrer pendant leur assemblée générale. Les choses se sont alors accélérées, j’ai trouvé un producteur et suis partie en repérages. »

Un film émouvant, bouleversant de vérité
Dix ans plus tard, le résultat c’est un film émouvant, bouleversant de vérité, de sincérité et de fraternité. Le film s’ouvre sur la sublime musique d’Abdoulaye Cissé, icône de la musique burkinabée, et sur un long plan séquence sur la Maison du peuple, symbole des luttes et de la démocratie contemporaine dans le pays.

Puis, arrivent ces mots de feu le président Thomas Sankara, s’adressant aux populations de Fada N’Gourma, dans l’est du pays, en octobre 1983 : « Vous n’avez pas d’écoles, vous n’avez pas d’hôpitaux, vous n’avez pas de barrages, vous n’avez pas de caniveaux, vous n’avez pas de routes, vous n’avez pas assez de bureaux, très bien. Vous les aurez ! »

Deux mois à peine après sa prise de pouvoir, Thomas Sankara affirmait là le caractère révolutionnaire de son régime, non pas seulement au sens idéologique du terme, mais aussi de façon pragmatique, concrète, tant il était conscient que l’essentiel dépendait en partie de la capacité des populations à se prendre en main et à retrousser leurs manches pour travailler.

Et c’est pour répondre à cette exigence, tout en offrant une perspective d’avenir à quelques-uns parmi les plus faibles, qu’il décide d’envoyer six cents jeunes burkinabè à Cuba, afin qu’ils s’y forment pour apporter au pays les compétences et l’expertise dont il avait alors besoin dans de nombreux domaines.

Le chef de l’Etat burkinabé profitait aussi de l’offre de bourses d’études qui lui avait été faite par son ami Fidel Castro.

Un des six cents orphelins, quelques mois après leur arrivée sur l’île de la Jeunesse, à Cuba.
© D.R.
C’est ainsi qu’en 1986, « six cents enfants orphelins et ruraux du Burkina Faso sont envoyés à Cuba avec la mission d’apprendre un métier et revenir développer leur pays en pleine révolution. » Un voyage épique, car tous découvraient l’avion.

Une fois à Cuba, tous les enfants sont acheminés sur l’île de la Jeunesse, alors symbole de l’éducation et de l’amitié entre les peuples, et située à quelques dizaines de kilomètres de la côte sud de la province de La Havane.

Les premières semaines sont difficiles, une quinzaine d’enfants vont même fuguer, avec l’ambition de retourner au Burkina à pied. Puis l’adaptation finit par se faire, tant bien que mal. En plus des cours et du travail manuel dans les plantations qui entourent le complexe scolaire dans lequel ils sont installés, les jeunes Burkinabè reçoivent une formation militaire. Les enfants d’un pays communiste qui se respecte devaient savoir manier les armes.

L’assassinat de Thomas Sankara et la fin du rêve
En novembre 1986, peu après leur arrivée, le président Thomas Sankara se rend à Cuba et décide d’aller voir ses petits protégés. Sur place, il prend le temps de saluer personnellement chacun d’entre eux, une attention dont ils se souviennent encore aujourd’hui avec beaucoup d’émotion.

Après cette visite présidentielle, tous ont compris que le pays attendait d’eux qu’ils soient exemplaires. Et pour eux, Thomas Sankara ne symbolisait pas seulement la figure paternelle, c’était aussi celui qui avait donné un sens à leur vie.

Le président Thomas Sankara en visite sur
l’île de la Jeunesse, à Cuba, en novembre
1986.

Le président Thomas Sankara en visite sur l’île de la Jeunesse, à Cuba, en novembre 1986.
© D.R.
Et lorsqu’ils ont appris l’assassinat du président Thomas Sankara un an plus tard, en octobre 1987, c’était comme si le monde s’écroulait pour eux. « On ne voulait pas nous dire d’une manière officielle qu’il est mort, se souvient Athanase Bouda. Et je crois que moi je l’ai mis parmi les pages les plus sombres de ma vie, parce que je n’ai pas connu mon papa. »

Avec cet assassinat, commencent d’insurmontables difficultés pour les six cents orphelins. Le nouveau régime de Blaise Compaoré ne veut pas de ceux qu’il considère comme de dangereux révolutionnaires. Il exige et obtient des autorités cubaines qu’elles suppriment leur formation militaire.

Il suspend la bourse burkinabée qui leur était attribuée jusque-là, compliquant sacrément leurs conditions de vie. Au même moment, le blocus imposé à Cuba par les Etats-Unis aggrave la situation économique du pays.

Sur l’île de la Jeunesse, les petits orphelins n’ont plus que du pain et de l’eau sucrée en guise de petit déjeuner. Entre eux, les liens se resserrent et les études deviennent une bouée de sauvetage.

Certains orphelins vont avoir la chance d’être « adoptés » par des familles cubaines. L’occasion pour eux de recevoir affection et reconnaissance.
Une fois leurs études terminées, les six cents orphelins sont tous revenus au Burkina, sans exception.

Réunion de l’associations des
anciens orphelins de Sankara, à Ouagadougou, au
Burkina Faso.

Réunion de l’associations des anciens orphelins de Sankara, à Ouagadougou, au Burkina Faso.
© D.R.
Là commencent leur difficultés : ils sont éparpillés par le régime Compaoré sur l’ensemble du territoire, afin qu’ils ne puissent pas se regrouper pour tenter un coup de force, ils sont marginalisés et ils ont toutes les peines du monde à obtenir des équivalences de diplôme. Beaucoup sont au chômage, dépriment…

L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et la fin du régime de Blaise Compaoré, sont vécu par l’ensemble des orphelins comme une délivrance, un grand soulagement, un moment porteur d’espoir. Aujourd’hui, grâce à leur association, ils discutent avec les autorités actuelles, et ne désespèrent pas de trouver une solution à chacun des anciens orphelins.