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CCIF : deux faces

par Christian Delarue

Publie le samedi 24 octobre 2020 par Christian Delarue - Open-Publishing

CCIF : deux faces

On ne m’empêchera pas de penser que si le CCIF a pu agir correctement contre les discriminations il a pu aussi défendre des intégristes musulmans de tout niveau.

C’est fatal eu égard au fait que tout ce qui est islamique chez le comportement d’un croyant critiqué est pour lui à défendre, sauf le crime . Là je ne dirais pas qu’il défend le crime . Mais la possibilité de frapper peut être justifié par un certain islam, donc un musulman ayant frappé sa femme ou ses femmes sera possiblement défendu par le CCIF .

Je tiens cette officine pour ambivalente car à la fois progressiste et réactionnaire. Elle fait du positif et du négatif, du négatif car dans l’islam il y a du bien et du mal (comme dans d’autres religions). Elle n’est pas à prendre d’un bloc (pas plus ni moins que les autres grandes religions monothéistes). Dans un vieux corpus religieux, il faut interpréter choisir, écarter ce qui est réactionnaire et conserver ce qui est positif. Certains le font, pas tous. Ce qui exclue, selon moi, toute vision communautaire. Ne pas mettre tous les croyants et croyantes dans un même sac identitaire et communautaire. Jamais. Une règle que je me suis fixé après la longue nuit intégriste algérienne .

En tant que militant de gauche pour les émancipations diverses je suis solidaire qu’avec les progressistes, pas avec les autres. Le problème est dans la difficulté de bien repérer les uns ou les autres.

On sait que certaines musulmanes développent des positions progressistent sur certains thèmes mais se voilent à l’identique de ceux et celles qui mènent des campagnes de hidjabisation forcèe. C’est évidemment très choquant ! Cela pourrait néanmoins ne pas faire problème si il n’y avait pas aussi, en plus, intransigeantisme, signe de l’intégrisme religieux. Là çà ne passe plus ! Car ce jusqu’auboutisme est en totale adéquation avec les pires islamistes qui sévissent sur la planète depuis 30 ans. Donc pour moi c’est un point non négociable lorsque je dois faire des alliances pour lutter contre l’extrême-droite qui menace. Je cherche pour ces alliances politiques une position centriste, majoritaire dans l’opinion (pour peu qu’elles soient bien formulées) donc ni en copie du RN (Le Pen) ou de Riposte laïque , ni en laxisme servant à couvrir les intégrismes religieux. Fermeté sur les deux bords !

Le PEN et d’autres (Fillon et Valls) veulent interdire le voile partout. Je m’y oppose au nom de la liberté, des libertés, de l’inclusivité mais je pense qu’il faut des limites à cette avancée, à cette emprise. La loi du 15 mars 2004 contre les signes religieux ostensibles est ici un modèle universalisable de ce qui constitue une "laïcité à la française" soit un régime juridique non réductible à la loi de 1905. Là il y a un enjeu de civilisation face à cette "gangrène islamiste" (mais d’autres intégrismes religieux sont nocifs). Il faut donc maintenir certaines barrières. Elles se débattent mais encore faut-il les avancer.

Il se trouve qu’un Etat de droit pose toujours dans divers domaines, des libertés diverses qui sont premières et fondamentales mais qu’il y a toujours des exceptions, des limites pour éviter que les bénéficiaires des libertés n’abusent. Cela vaut pour les entrepreneurs capitalistes (qui n’exploitent pas librement la force de travail des enfants, des adultes, malgré les reculs de l’Etat social) comme pour les religieux bigots ou intégristes et d’autres catégories encore.

Christian Delarue