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Coexistence : Promotion des valeurs abrahamiques

Publie le dimanche 25 octobre 2020 par Open-Publishing
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Coexistence : Promotion des valeurs abrahamiques

Nous avons la foi issue du Père commun aux trois grands monothéismes et cette foi est porteuse de bien commun et de civilisation

Nos défauts connus sous les formes de l’obscurantisme et du dogmatisme qui incitent certains à une « désabrahamisation du monde » ne doivent pas (ou plus) cacher que nous portons des valeurs positives communes, dites abrahamiques, que les athées peuvent aussi partager :

1 - Dignité des humains hommes et femmes et respect mutuel

2 - Egalité entre hommes et femmes malgré les différences qui perdurent

3 - Refus de diviser l’humanité en "races" car l’espèce humaine est unique

4 - Refus de la souffrance animale

5 - Admettre que les sexualités sont diverses et que l’essentiel réside dans un véritable consentement

6 - Refus de stigmatiser l’homosexualité y compris le lesbianisme

7 - Refus de stigmatiser l’athéisme

8 - Refus de la pédophilie

9 - Respecter la laïcité avec les valeurs de sobriété et de discrétion qui sont des valeurs abrahamiques fortes

10 - Refus d’user des différences entre hommes et femmes pour promouvoir l’oppression des femmes

11 - Le souci de l’environnement doit accompagner le souci des protections sociales et des services publics face aux logiques de profit, de marchandisation, de financiarisation des classes entrepreneuriales des économies dominantes

Citation :

Les responsables politiques devront se rendre compte que c’est l’idéologie des classes dominantes qui influe sur les masses populaires et oriente les conduites sociales.
https://www.maliweb.net/societe/preservons-nos-valeurs-2865996.html

Coexistence

Messages

  • LA CIVILISATION : localisée ou disséminée ?

    XX

    S’opposer à une version campiste du racisme commence (parfois) par ne pas adopter, franchement ou insidieusement une conception de la civilisation qui serait située soit au Nord ou en Occident, soit au Sud et dans le reste du monde pour d’autres. La civilisation (et son contraire la barbarie) n’est ni au Nord, ni au Sud car elle est partout, chaque nation, chaque continent (comme chaque individu d’ailleurs) étant pour partie porteur de tendances contradictoires .

    Ainsi des militants pour les droits humains auront tendance à voir les avancées gagnées au Nord contre la barbarie et les violences, ce qui est signe pour eux de civilisation avancée - même si il y a toujours des conquêtes à mener - et voir des retards importants au Sud ou dans les Suds ou les droits humains sont bafoués, les intégrismes religieux puissants, la corruption forte. Dans le camp opposé, on aura des militants des Suds ou pro-Suds qui fustigent l’impérialisme économique, politique, militaire de la Triade contre les Suds, avec un néocolonialisme reconduit et avec un racisme civilisationnel qui accompagne un « privilège blanc » et semblent voir le Nord comme barbare et les Suds comme civilisés. Les contradictions y sont relativisées dans chaque camp et le positif mis sous silence. Voilà, grosso modo les deux camps en présence.

    Or, une position non campiste est possible (plusieurs même ) : on peut être solidaire de chaque peuple-classe en lutte au Sud pour son émancipation sociale et politique et ne pas soutenir pour autant l’idée d’un « privilège blanc ». Quand au « racisme civilisationnel »l, si il ne manque pas de pertinence, car ce sont bien les Noirs, les Arabes venus d’Afrique qui subissent ce racisme venu du « camp » colonialiste, il tend trop souvent à se traduire dans une position par trop campiste - et c’est un gros défaut - avec d’un côté ceux qui luttent contre les seuls formes de racisme que subissent les personnes venues d’Afrique (Noirs, Arabes, Musulmans avec en plus les Asiatiques) et de l’autre ceux qui luttent contre l’antisémitisme et qui s’opposent aux intégrismes religieux, celui musulman surtout. Ce campisme n’est certainement pas satisfaisant. Il importe de lutter contre toutes les formes de racisme et de maintenir un cadre d’amitié entre les peuples (cf MRAP)

     Quelle conception de la civilisation ?

    Avant d’évoquer une conception campiste valorisant le Nord, posons celle transversale à chaque nation (et même à chaque individu) .

    La civilisation, dans une compréhension darwinienne prise au fil des ans par dessus les épaules de Patrick Tort (que j’ai rencontré au MRAP au début des années 80), refuse la sélection, refuse de tuer ou d’abandonner les faibles ou les fragiles ou les plus âgés comme de préconisait un Spencer (darwinisme social) bien accommodé par le néolibéralisme . La civilisation comme souci fort de solidarité est transversale aux nations et aux continents , au point d’en faire des Internationales (cf l’ouvrage ancien de Jean Ziegler contre la Raison d’Etat), de même d’ailleurs que son refus avec la liberté d’entreprise partout dans le monde, avec une liberté économique en faveur du « concurrentialisme » lié au néolibéralisme, avec la montée des autoritarismes divers (internationale des intégrismes et mondialisation de la finance prédatrice). On dira alors - c’est ma position depuis longtemps - que la civilisation est disséminée et transversale, tout autant d’ailleurs que la barbarie .

    Il y a des niveaux bien sûr : des formations sociales dépassent plus que d’autres les limites de la violence interne et externe. C’est tout l’enjeu de la promotion de régimes juridiques protecteurs des libertés et de la dignité des personnes.

    Dans cette conception transversale et non communautaire, on signifie qu’on peut trouver en tout lieu de la planète des groupes humains porteurs d’attention à autrui, hommes et femmes, tant à l’égard des humains que des animaux ; des groupes humains animés aussi, au-delà de la simple attention (qui n’est qu’un premier pas), d’un réel refus des dominations, oppressions, exploitations et conséquemment d’un réel souci de promouvoir liberté et d’égalité. L’un et l’autre. Tout cela au sein d’une inscription dans une culture dominante variable, plus ou moins contradictoire.

    A ces deux piliers la modernité a pu ajouter la laïcité et la fraternité, un principe politique et une valeur. On s’accordera sur le fait que la barbarie porte en elle les différentes formes de violence contre autrui, autrui étant compris sous toute catégorisation, qu’elle porte plus de dominations, plus d’inégalités économiques et sociales aussi et plus de guerres in fine.

    Mais il existe une autre compréhension de la civilisation qui se trouve elle localisée et localisée en Europe.

     Je cite ici, d’abord, Denis COLLIN (La Sociale - juin 2020) :

    "Ce qui est par­ti­cu­lier et qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, c’est ce qui se passe en Grèce après l’effon­dre­ment de la civi­li­sa­tion mycé­nienne et qui débou­che sur des inno­va­tions majeu­res : l’inven­tion de la démo­cra­tie avec les lois de Solon, com­plé­tée et mise en œuvre par Clisthène, l’inven­tion de la phi­lo­so­phie et l’inven­tion des scien­ces. On s’est évertué depuis long­temps à mini­mi­ser l’impor­tance de ces inno­va­tions, à en affai­blir la portée, en rela­ti­vi­sant ce que les Grecs ont inventé.

    Il poursuit son propos ainsi :

    On trouve certes des formes de déci­sion démo­cra­ti­que chez les tribus noma­des de chas­seurs-cueilleurs, mais un sys­tème démo­cra­ti­que comme Athènes, ins­tallé dans un État stable, dans une cité entou­rée de murs comme toutes les cités-empi­res de l’époque, c’est une inven­tion abso­lu­ment unique. Tous les citoyens sont égaux devant la loi (iso­no­mie) et ils sont répar­tis ter­ri­to­ria­le­ment en mélan­geant les clas­ses socia­les de façon à obte­nir une cer­taine homo­gé­néité. Concernant la phi­lo­so­phie, on pourra évoquer les thèses de Jaspers sur la période axiale de l’his­toire de l’huma­nité qui ver­rait s’ins­tal­ler pres­que simul­ta­né­ment de nou­vel­les maniè­res de penser en Chine, en Perse, en Inde et en Occident entre 800 et 200 av. J-C. Il y a du vrai dans cette thèse — on remar­quera aussi que les gran­des inven­tions qui mar­quent l’ère néo­li­thi­que sont, elles aussi, pres­que simul­ta­nées dans toutes les diver­ses bran­ches de l’espèce humaine. Cependant, là où il s’agit d’un chan­ge­ment des valeurs — et effec­ti­ve­ment on peut trou­ver de nom­breux points com­muns entre Confucius et Aristote — la phi­lo­so­phie grec­que apporte une nou­veauté en fai­sant de la ques­tion de la vérité et du ques­tion­ne­ment sur la vérité l’axe cen­tral de la phi­lo­so­phie. La vérité ne vient plus ni des dieux, ni de la tra­di­tion, ni de la nature, mais de l’acti­vité du logos, c’est-à-dire de la parole humaine. La démo­cra­tie trouve une jus­ti­fi­ca­tion de pre­mière impor­tance : chaque homme, pourvu qu’il soit éduqué et se place, comme Solon le deman­dait, sous le com­man­de­ment de la raison est apte à décou­vrir par lui-même la vérité et donc à déci­der en fonc­tion de ce qui est incontes­ta­ble­ment vrai. La phi­lo­so­phie est une affaire grec­que, trans­mise à tout le monde occi­den­tal par les Romains, des conqué­rants qui se sont mis à l’école du peuple conquis et qui s’est ensuite nouée d’une manière tout à fait spé­ci­fi­que avec cette secte juive qu’est, ori­gi­nai­re­ment, le chris­tia­nisme

    Défendre la civilisation contre les barbares - La Sociale
    https://www.la-sociale.online/spip.php?article445

    Mettre la civilisation du côté des puissances occidentales, toujours dominantes sur la planète me paraît tout à la fois hypocrite (cela cache sa barbarie impérialiste sous un communautarisme vertueux) et dangereux (nous sommes civilisés, les autres non ou moins ou franchement barbares).

    XX

     Une autre interprétation fait pièce à la précédente, celle de Said BOUAMAMA dans « Nouvel âge et nouvelles figures du racisme » -

    Extrait ci-après :
    "Le racisme n’est pas une malédiction, une tare, une simple « peur de l’autre », un « virus », une « méconnaissance de l’autre » ou une caractéristique ahistorique de l’humanité. Ces différentes variantes de la définition idéaliste du racisme sont courantes et occultent les causes réelles du racisme et donc produisent une riposte inadaptée. Seule une approche matérialiste permet, en effet, de prendre en compte la dimension systémique du racisme et en particulier ses fonctions sociales, politiques et idéologiques. Le racisme émerge et se développe dans des conditions historiques données et pour servir des intérêts sociaux. Il n’est pas sans histoire mais au contraire revêt les formes historiques lui permettant de garder son efficacité sociale et idéologique. Ce n’est pas un hasard s’il est formalisé et théorisé au moment où le mode de production capitaliste part à la conquête du monde. C’est pour justifier celle-ci qu’émerge cette théorisation que l’on peut en conséquence dater de 1492 et de la conquête sanglante du continent américain. La fonction sociale du racisme est justement de justifier l’injustifiable aux yeux des peuples des pays esclavagistes, puis colonialistes et enfin néocolonialistes. Après avoir revêtu une forme biologiste pendant plusieurs siècles, la classification et la hiérarchisation de l’humanité ont été contraintes par le rapport des forces sociales à revêtir de nouveaux atours. Théorisé initialement sous la forme du racisme biologique c’est-à-dire sous la forme de la double affirmation de l’existence de « races » biologiquement différentes et d’une hiérarchie de celles-ci, le racisme s’est brusquement trouvé délégitimé par l’expérience traumatique du nazisme.
    Pour la première fois avec Hitler la théorie des races biologiquement inégales était appliquée par des Blancs à d’autres Blancs. La victoire contre le nazisme rend impossible pour une longue période la figure du racisme biologique. Elle est devenue obsolète c’est-à-dire incapable de remplir sa fonction de justification. Émerge alors une nouvelle théorisation à base, non plus de « races biologiques » mais de « cultures » tout autant hiérarchisées que ne l’étaient avant les « races ». La confusion entre le racisme en général et ses figures historiques a eu comme conséquence l’illusion d’une disparition du racisme. Le recul du racisme biologique a été confondu avec le recul du racisme en général. Au premier âge du racisme qu’était le racisme biologique a succédé un second âge sous la forme du racisme culturaliste. Frantz Fanon a été, à notre connaissance, le premier à l’analyser [5] :
    « Le racisme n’a pas pu se scléroser. Il lui a fallu se renouveler, se nuancer, changer de physionomie. […] Ce racisme qui se veut rationnel, individuel, déterminé génotypique et phénotypique se transforme en racisme culturel. L’objet du racisme n’est plus l’homme particulier mais une certaine forme d’exister […] Le souvenir du nazisme, la commune misère d’hommes différents, le commun asservissement de groupes sociaux importants, l’apparition de « colonies européennes » c’est-à-dire l’institution d’un régime colonial en pleine terre d’Europe, la prise de conscience des travailleurs des pays colonisateurs et racistes, l’évolution des techniques, tout cela a modifié profondément l’aspect du problème. »
    Pour Fanon c’est donc une mutation matérielle – le rapport des forces antifasciste issu de la Seconde Guerre mondiale – et ses conséquences, tout autant matérielles – conquis sociaux nouveaux, abolition du code de l’indigénat, etc. –, qui enclenche le processus de reformulation du racisme. Ce dernier ne s’est pas déployé brusquement. Il n’est pas le résultat d’une décision politique unique ou d’un complot machiavélique. Un besoin et une demande d’idéologie ont simplement après une série de tâtonnements et d’ajustements finis par produire une offre adéquate. Il a fallu ainsi deux décennies c’est-à-dire la moitié de la décennie 60 pour que le culturalisme devienne hégémonique, les indépendances ayant encore accéléré l’obsolescence du racisme biologique.
    Or nous vivons aujourd’hui une nouvelle mutation d’ampleur du rapport des forces avec ce qui est communément appelé « mondialisation ». Loin d’être le résultat d’un développement des échanges, la mondialisation est le résultat de décisions politiques – de l’Organisation mondiale du commerce, de la Banque mondiale, du Fond monétaire international, de l’Union européenne, etc. – imposant par la contrainte financière – et au besoin par la contrainte militaire – la remise en cause de toutes les régulations et limitations à la logique pure du profit qu’avait imposé la séquence historiques antérieures et ses luttes – sociale dans chacun des pays, de libération nationale dans les anciens pays colonisés. Cette nouvelle grande mutation appelle une nouvelle adaptation du racisme pour qu’il puisse continuer à exercer sa fonction de justification. Il s’agit désormais de justifier un nouvel asservissement de la planète qui à bien des égards peut se comparer à une recolonisation. Après la « race » puis la « culture » c’est la notion de « civilisation » qui est mobilisée pour hiérarchiser l’humanité et justifier la domination. La théorie du « choc des civilisations » de Samuel Huntington [6] inaugure ce nouveau visage du racisme que nous proposons en conséquence d’appeler « racisme civilisationniste ». Les « civilisations » y sont présentées comme des entités homogènes et incompatibles entre elles. Elles seraient en lutte permanente les unes avec les autres. La « civilisation occidentale » y est présentée comme menacée en premier lieu par la « musulmane » puis par l’« orthodoxe » – autour de la Russie – et la « confucéenne » – autour de la Chine. L’Afrique subsaharienne est considérée pour sa part comme n’ayant même pas atteint un stade de civilisation ce qui ne l’empêche pas d’être construite comme menace pour la civilisation occidentale, pour des raisons démographiques cette fois-ci. C’est de cela dont nous parle un Sarkozy, un Valls puis un Macron lorsqu’ils parlent de « menaces sur la laïcité, l’identité nationale, le droit des femmes, la République, etc. » voire même avec Valls de « guerre de civilisation ». Comme lors du passage au deuxième âge du racisme, le passage au troisième a été progressif. Entre la publication du livre d’Huntington, l’importation et l’adaptation de ses thématiques à la société française et son caractère quasi-hégémonique d’aujourd’hui, il s’est déroulé plus de deux décennies caractérisées par les multiples polémiques sur le foulard, l’islam et les musulmans d’une part et par le thème d’un danger de submersion africaine d’autre part dont la théorie du « grand remplacement » n’est que la version d’extrême droite. Ce dernier thème est d’ailleurs présent dans les théorisations d’Huntington qui après son fameux livre en publie un autre [7] portant sur le pseudo-danger de submersion latino aux Etats-Unis constitutif affirme-t-il d’une menace pour l’identité nationale états-unienne définie comme centrée sur les Anglo-saxons blancs protestants"

    lire sur

    http://www.regards.fr/idees-culture/article/nouvel-age-et-nouvelles-figures-du-racisme

    Ma position est non campiste, refusant qu’un camp (Occident ou Orient - Nord ou Sud) possède par essence, fut-ce sous couvert d’une analyse matérialiste, le bien car il y a des rapport de force transversaux à chaque continent, chaque nation, chaque communauté, chaque religion, etc . Il y a des bourgeoisies compradores au Sud, des mouvements anti-impérialistes et altermondialistes au Nord. L’antisémitisme existe réellement et doit être combattu, tout comme l’emprise coloniale d’Israel sur les territoires palestiniens et le racisme contre les musulmans existe aussi et doit être combattu, ce qui n’empêche pas la critique de tous les intégrismes religieux de la planète, tant au Nord qu’au Sud et qui sont de factures réactionnaires sous plusieurs formes, y compris celui du monde musulman .

    Christian Delarue

    L’islamisme comme colonialisme intérieur dans le contexte de la « double impasse » - Christian Delarue - Amitié entre les peuples

    http://amitie-entre-les-peuples.org/L-islamisme-comme-colonialisme-interieur-Christian-Delarue

  • LA CIVILISATION : localisée ou disséminée ?

    XX

    S’opposer à une version campiste du racisme commence (parfois) par ne pas adopter, franchement ou insidieusement une conception de la civilisation qui serait située soit au Nord ou en Occident, soit au Sud et dans le reste du monde pour d’autres. La civilisation (et son contraire la barbarie) n’est ni au Nord, ni au Sud car elle est partout, chaque nation, chaque continent (comme chaque individu d’ailleurs) étant pour partie porteur de tendances contradictoires .

    Ainsi des militants pour les droits humains auront tendance à voir les avancées gagnées au Nord contre la barbarie et les violences, ce qui est signe pour eux de civilisation avancée - même si il y a toujours des conquêtes à mener - et voir des retards importants au Sud ou dans les Suds ou les droits humains sont bafoués, les intégrismes religieux puissants, la corruption forte. Dans le camp opposé, on aura des militants des Suds ou pro-Suds qui fustigent l’impérialisme économique, politique, militaire de la Triade contre les Suds, avec un néocolonialisme reconduit et avec un racisme civilisationnel qui accompagne un « privilège blanc » et semblent voir le Nord comme barbare et les Suds comme civilisés. Les contradictions y sont relativisées dans chaque camp et le positif mis sous silence. Voilà, grosso modo les deux camps en présence.

    Or, une position non campiste est possible (plusieurs même ) : on peut être solidaire de chaque peuple-classe en lutte au Sud pour son émancipation sociale et politique et ne pas soutenir pour autant l’idée d’un « privilège blanc ». Quand au « racisme civilisationnel »l, si il ne manque pas de pertinence, car ce sont bien les Noirs, les Arabes venus d’Afrique qui subissent ce racisme venu du « camp » colonialiste, il tend trop souvent à se traduire dans une position par trop campiste - et c’est un gros défaut - avec d’un côté ceux qui luttent contre les seuls formes de racisme que subissent les personnes venues d’Afrique (Noirs, Arabes, Musulmans avec en plus les Asiatiques) et de l’autre ceux qui luttent contre l’antisémitisme et qui s’opposent aux intégrismes religieux, celui musulman surtout. Ce campisme n’est certainement pas satisfaisant. Il importe de lutter contre toutes les formes de racisme et de maintenir un cadre d’amitié entre les peuples (cf MRAP)

     Quelle conception de la civilisation ?

    Avant d’évoquer une conception campiste valorisant le Nord, posons celle transversale à chaque nation (et même à chaque individu) .

    La civilisation, dans une compréhension darwinienne prise au fil des ans par dessus les épaules de Patrick Tort (que j’ai rencontré au MRAP au début des années 80), refuse la sélection, refuse de tuer ou d’abandonner les faibles ou les fragiles ou les plus âgés comme de préconisait un Spencer (darwinisme social) bien accommodé par le néolibéralisme . La civilisation comme souci fort de solidarité est transversale aux nations et aux continents , au point d’en faire des Internationales (cf l’ouvrage ancien de Jean Ziegler contre la Raison d’Etat), de même d’ailleurs que son refus avec la liberté d’entreprise partout dans le monde, avec une liberté économique en faveur du « concurrentialisme » lié au néolibéralisme, avec la montée des autoritarismes divers (internationale des intégrismes et mondialisation de la finance prédatrice). On dira alors - c’est ma position depuis longtemps - que la civilisation est disséminée et transversale, tout autant d’ailleurs que la barbarie .

    Il y a des niveaux bien sûr : des formations sociales dépassent plus que d’autres les limites de la violence interne et externe. C’est tout l’enjeu de la promotion de régimes juridiques protecteurs des libertés et de la dignité des personnes.

    Dans cette conception transversale et non communautaire, on signifie qu’on peut trouver en tout lieu de la planète des groupes humains porteurs d’attention à autrui, hommes et femmes, tant à l’égard des humains que des animaux ; des groupes humains animés aussi, au-delà de la simple attention (qui n’est qu’un premier pas), d’un réel refus des dominations, oppressions, exploitations et conséquemment d’un réel souci de promouvoir liberté et d’égalité. L’un et l’autre. Tout cela au sein d’une inscription dans une culture dominante variable, plus ou moins contradictoire.

    A ces deux piliers la modernité a pu ajouter la laïcité et la fraternité, un principe politique et une valeur. On s’accordera sur le fait que la barbarie porte en elle les différentes formes de violence contre autrui, autrui étant compris sous toute catégorisation, qu’elle porte plus de dominations, plus d’inégalités économiques et sociales aussi et plus de guerres in fine.

    Mais il existe une autre compréhension de la civilisation qui se trouve elle localisée et localisée en Europe.

     Je cite ici, d’abord, Denis COLLIN (La Sociale - juin 2020) :

    "Ce qui est par­ti­cu­lier et qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, c’est ce qui se passe en Grèce après l’effon­dre­ment de la civi­li­sa­tion mycé­nienne et qui débou­che sur des inno­va­tions majeu­res : l’inven­tion de la démo­cra­tie avec les lois de Solon, com­plé­tée et mise en œuvre par Clisthène, l’inven­tion de la phi­lo­so­phie et l’inven­tion des scien­ces. On s’est évertué depuis long­temps à mini­mi­ser l’impor­tance de ces inno­va­tions, à en affai­blir la portée, en rela­ti­vi­sant ce que les Grecs ont inventé.

    Il poursuit son propos ainsi :

    On trouve certes des formes de déci­sion démo­cra­ti­que chez les tribus noma­des de chas­seurs-cueilleurs, mais un sys­tème démo­cra­ti­que comme Athènes, ins­tallé dans un État stable, dans une cité entou­rée de murs comme toutes les cités-empi­res de l’époque, c’est une inven­tion abso­lu­ment unique. Tous les citoyens sont égaux devant la loi (iso­no­mie) et ils sont répar­tis ter­ri­to­ria­le­ment en mélan­geant les clas­ses socia­les de façon à obte­nir une cer­taine homo­gé­néité. Concernant la phi­lo­so­phie, on pourra évoquer les thèses de Jaspers sur la période axiale de l’his­toire de l’huma­nité qui ver­rait s’ins­tal­ler pres­que simul­ta­né­ment de nou­vel­les maniè­res de penser en Chine, en Perse, en Inde et en Occident entre 800 et 200 av. J-C. Il y a du vrai dans cette thèse — on remar­quera aussi que les gran­des inven­tions qui mar­quent l’ère néo­li­thi­que sont, elles aussi, pres­que simul­ta­nées dans toutes les diver­ses bran­ches de l’espèce humaine. Cependant, là où il s’agit d’un chan­ge­ment des valeurs — et effec­ti­ve­ment on peut trou­ver de nom­breux points com­muns entre Confucius et Aristote — la phi­lo­so­phie grec­que apporte une nou­veauté en fai­sant de la ques­tion de la vérité et du ques­tion­ne­ment sur la vérité l’axe cen­tral de la phi­lo­so­phie. La vérité ne vient plus ni des dieux, ni de la tra­di­tion, ni de la nature, mais de l’acti­vité du logos, c’est-à-dire de la parole humaine. La démo­cra­tie trouve une jus­ti­fi­ca­tion de pre­mière impor­tance : chaque homme, pourvu qu’il soit éduqué et se place, comme Solon le deman­dait, sous le com­man­de­ment de la raison est apte à décou­vrir par lui-même la vérité et donc à déci­der en fonc­tion de ce qui est incontes­ta­ble­ment vrai. La phi­lo­so­phie est une affaire grec­que, trans­mise à tout le monde occi­den­tal par les Romains, des conqué­rants qui se sont mis à l’école du peuple conquis et qui s’est ensuite nouée d’une manière tout à fait spé­ci­fi­que avec cette secte juive qu’est, ori­gi­nai­re­ment, le chris­tia­nisme

    Défendre la civilisation contre les barbares - La Sociale
    https://www.la-sociale.online/spip.php?article445

    Mettre la civilisation du côté des puissances occidentales, toujours dominantes sur la planète me paraît tout à la fois hypocrite (cela cache sa barbarie impérialiste sous un communautarisme vertueux) et dangereux (nous sommes civilisés, les autres non ou moins ou franchement barbares).

    XX

     Une autre interprétation fait pièce à la précédente, celle de Said BOUAMAMA dans « Nouvel âge et nouvelles figures du racisme » -

    Extrait ci-après :
    "Le racisme n’est pas une malédiction, une tare, une simple « peur de l’autre », un « virus », une « méconnaissance de l’autre » ou une caractéristique ahistorique de l’humanité. Ces différentes variantes de la définition idéaliste du racisme sont courantes et occultent les causes réelles du racisme et donc produisent une riposte inadaptée. Seule une approche matérialiste permet, en effet, de prendre en compte la dimension systémique du racisme et en particulier ses fonctions sociales, politiques et idéologiques. Le racisme émerge et se développe dans des conditions historiques données et pour servir des intérêts sociaux. Il n’est pas sans histoire mais au contraire revêt les formes historiques lui permettant de garder son efficacité sociale et idéologique. Ce n’est pas un hasard s’il est formalisé et théorisé au moment où le mode de production capitaliste part à la conquête du monde. C’est pour justifier celle-ci qu’émerge cette théorisation que l’on peut en conséquence dater de 1492 et de la conquête sanglante du continent américain. La fonction sociale du racisme est justement de justifier l’injustifiable aux yeux des peuples des pays esclavagistes, puis colonialistes et enfin néocolonialistes. Après avoir revêtu une forme biologiste pendant plusieurs siècles, la classification et la hiérarchisation de l’humanité ont été contraintes par le rapport des forces sociales à revêtir de nouveaux atours. Théorisé initialement sous la forme du racisme biologique c’est-à-dire sous la forme de la double affirmation de l’existence de « races » biologiquement différentes et d’une hiérarchie de celles-ci, le racisme s’est brusquement trouvé délégitimé par l’expérience traumatique du nazisme.
    Pour la première fois avec Hitler la théorie des races biologiquement inégales était appliquée par des Blancs à d’autres Blancs. La victoire contre le nazisme rend impossible pour une longue période la figure du racisme biologique. Elle est devenue obsolète c’est-à-dire incapable de remplir sa fonction de justification. Émerge alors une nouvelle théorisation à base, non plus de « races biologiques » mais de « cultures » tout autant hiérarchisées que ne l’étaient avant les « races ». La confusion entre le racisme en général et ses figures historiques a eu comme conséquence l’illusion d’une disparition du racisme. Le recul du racisme biologique a été confondu avec le recul du racisme en général. Au premier âge du racisme qu’était le racisme biologique a succédé un second âge sous la forme du racisme culturaliste. Frantz Fanon a été, à notre connaissance, le premier à l’analyser [5] :
    « Le racisme n’a pas pu se scléroser. Il lui a fallu se renouveler, se nuancer, changer de physionomie. […] Ce racisme qui se veut rationnel, individuel, déterminé génotypique et phénotypique se transforme en racisme culturel. L’objet du racisme n’est plus l’homme particulier mais une certaine forme d’exister […] Le souvenir du nazisme, la commune misère d’hommes différents, le commun asservissement de groupes sociaux importants, l’apparition de « colonies européennes » c’est-à-dire l’institution d’un régime colonial en pleine terre d’Europe, la prise de conscience des travailleurs des pays colonisateurs et racistes, l’évolution des techniques, tout cela a modifié profondément l’aspect du problème. »
    Pour Fanon c’est donc une mutation matérielle – le rapport des forces antifasciste issu de la Seconde Guerre mondiale – et ses conséquences, tout autant matérielles – conquis sociaux nouveaux, abolition du code de l’indigénat, etc. –, qui enclenche le processus de reformulation du racisme. Ce dernier ne s’est pas déployé brusquement. Il n’est pas le résultat d’une décision politique unique ou d’un complot machiavélique. Un besoin et une demande d’idéologie ont simplement après une série de tâtonnements et d’ajustements finis par produire une offre adéquate. Il a fallu ainsi deux décennies c’est-à-dire la moitié de la décennie 60 pour que le culturalisme devienne hégémonique, les indépendances ayant encore accéléré l’obsolescence du racisme biologique.
    Or nous vivons aujourd’hui une nouvelle mutation d’ampleur du rapport des forces avec ce qui est communément appelé « mondialisation ». Loin d’être le résultat d’un développement des échanges, la mondialisation est le résultat de décisions politiques – de l’Organisation mondiale du commerce, de la Banque mondiale, du Fond monétaire international, de l’Union européenne, etc. – imposant par la contrainte financière – et au besoin par la contrainte militaire – la remise en cause de toutes les régulations et limitations à la logique pure du profit qu’avait imposé la séquence historiques antérieures et ses luttes – sociale dans chacun des pays, de libération nationale dans les anciens pays colonisés. Cette nouvelle grande mutation appelle une nouvelle adaptation du racisme pour qu’il puisse continuer à exercer sa fonction de justification. Il s’agit désormais de justifier un nouvel asservissement de la planète qui à bien des égards peut se comparer à une recolonisation. Après la « race » puis la « culture » c’est la notion de « civilisation » qui est mobilisée pour hiérarchiser l’humanité et justifier la domination. La théorie du « choc des civilisations » de Samuel Huntington [6] inaugure ce nouveau visage du racisme que nous proposons en conséquence d’appeler « racisme civilisationniste ». Les « civilisations » y sont présentées comme des entités homogènes et incompatibles entre elles. Elles seraient en lutte permanente les unes avec les autres. La « civilisation occidentale » y est présentée comme menacée en premier lieu par la « musulmane » puis par l’« orthodoxe » – autour de la Russie – et la « confucéenne » – autour de la Chine. L’Afrique subsaharienne est considérée pour sa part comme n’ayant même pas atteint un stade de civilisation ce qui ne l’empêche pas d’être construite comme menace pour la civilisation occidentale, pour des raisons démographiques cette fois-ci. C’est de cela dont nous parle un Sarkozy, un Valls puis un Macron lorsqu’ils parlent de « menaces sur la laïcité, l’identité nationale, le droit des femmes, la République, etc. » voire même avec Valls de « guerre de civilisation ». Comme lors du passage au deuxième âge du racisme, le passage au troisième a été progressif. Entre la publication du livre d’Huntington, l’importation et l’adaptation de ses thématiques à la société française et son caractère quasi-hégémonique d’aujourd’hui, il s’est déroulé plus de deux décennies caractérisées par les multiples polémiques sur le foulard, l’islam et les musulmans d’une part et par le thème d’un danger de submersion africaine d’autre part dont la théorie du « grand remplacement » n’est que la version d’extrême droite. Ce dernier thème est d’ailleurs présent dans les théorisations d’Huntington qui après son fameux livre en publie un autre [7] portant sur le pseudo-danger de submersion latino aux Etats-Unis constitutif affirme-t-il d’une menace pour l’identité nationale états-unienne définie comme centrée sur les Anglo-saxons blancs protestants"

    lire sur

    http://www.regards.fr/idees-culture/article/nouvel-age-et-nouvelles-figures-du-racisme

    Ma position est non campiste, refusant qu’un camp (Occident ou Orient - Nord ou Sud) possède par essence, fut-ce sous couvert d’une analyse matérialiste, le bien car il y a des rapport de force transversaux à chaque continent, chaque nation, chaque communauté, chaque religion, etc . Il y a des bourgeoisies compradores au Sud, des mouvements anti-impérialistes et altermondialistes au Nord. L’antisémitisme existe réellement et doit être combattu, tout comme l’emprise coloniale d’Israel sur les territoires palestiniens et le racisme contre les musulmans existe aussi et doit être combattu, ce qui n’empêche pas la critique de tous les intégrismes religieux de la planète, tant au Nord qu’au Sud et qui sont de factures réactionnaires sous plusieurs formes, y compris celui du monde musulman .

    Christian Delarue

    L’islamisme comme colonialisme intérieur dans le contexte de la « double impasse » - Christian Delarue - Amitié entre les peuples

    http://amitie-entre-les-peuples.org/L-islamisme-comme-colonialisme-interieur-Christian-Delarue

  • "Egalité entre hommes et femmes malgré les différences qui perdurent"
    Dans l’islam, le témoignage d’un homme vaut celui de deux femmes, pas d’égalité pour l’héritage et dans aucune religion "abrahamique" (sauf récemment dans de petits groupes dissidents) il n’y a de prêtresses.